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IV - 1919/1939 : Des années vraiment folles

Après la Première Guerre mondiale, une douce parenthèse, avec, pour déesse, la chanteuse Suzy Solidor. Période brutalement balayée par l’Occupation.

Après quatre ans de guerre, le besoin de s’étourdir est dans tous les esprits. Paris va ainsi connaître les Années folles, qui pour les homosexuels resteront synonymes d’une relative liberté et de réjouissances débridées, comme le fameux bal de Magic-City. Les lesbiennes aussi profitent de l’embellie : le rôle joué par les femmes pendant le conflit a favorisé un mouvement d’émancipation qui explose au même moment. Il est alimenté en 1922 par la publication du roman de mœurs de Victor Margueritte, La Garçonne, et par les grands couturiers – Chanel en tête – qui dessinent une silhouette androgyne. En 1923, triomphe au Casino de Paris Barbette, un transformiste qui ne révèle sa véritable identité qu’au salut final. Le Bœuf sur le toit passera à la postérité comme le lieu sans doute le plus emblématique de cette période « faste ». Fondé en 1921 par Louis Moysès, rue Boissy-d’Anglas (8e), ce bar-dancing mondain devient vite le rendez-vous de l’avant-garde et de tous les homosexuels élégants de Paris. On y croise des poètes, des musiciens, des peintres, des éditeurs et les écrivains les plus en vue. Après avoir déménagé en 1925 rue de Penthièvre (8e), le Bœuf sur le toit accueille certaines chanteuses ouvertement lesbiennes (Dora Stroeva s’accompagnant à la guitare, la fascinante Yvonne George et la truculente Jane Stick). On trouve aussi, place Blanche (9e), le restaurant Chez Palmyre, fréquenté avant la Grande Guerre par les lesbiennes, qui devient en 1919 le Liberty’s Bar. Dirigé par le danseur Bob Giguet et le transformiste Jean d’Albret, spécialiste des répliques drôles et parfois cruelles, l’endroit plutôt sélect sera surnommé « Chez Bob et Jean ». Au-delà de ce cercle restreint destiné à une clientèle chic, il existe aussi toute une panoplie d’établissements discrètement contrôlés par la brigade mondaine : des restaurants (près de la gare de Lyon), des brasseries et des bars « mondains » (entre Pigalle et Blanche), des bars interlopes (dans le quartier de la Bastille, vers les portes Saint-Denis et Saint-Martin, près des Halles et à Montmartre). Ces derniers sont aussi des nids de drogue et de prostitution, tout comme le premier cabaret de travestis à Montmartre : La Petite Chaumière, rue Berthe, au pied du Sacré-Cœur. Dans cette boîte minuscule tenue par « Monsieur Tagada », les travestis dansent entre eux et se produisent dans de petits ballets. Parmi les habitués du lieu, un jeune homme nommé Zigouigoui apostrophe les invités avec esprit. Quelques bals musettes sont aussi concernés, comme le Bal de la Montagne-Sainte-Geneviève, au 46 de la rue du même nom, surnommé le « bal des lopes ». On y voit chaque fin de semaine une majorité d’homos et de lesbiennes de toutes les classes sociales, menés par la Grande Paulette, vedette du lieu. À la Bastille, il existe des bals au public mélangé, comme Les Trois Colonnes, rue de Lappe, fréquentés par des voyous qui font danser des éphèbes en casquette et foulards multicolores.

Ce petit monde est chapeauté par quelques figures de proue, personnages dont l’excentricité est tolérée, voire appréciée. Ainsi Charpini, un fantaisiste aux dons vocaux exceptionnels, qui forme avec le pianiste et ténor Antoine Brancato un duo irrésistible. Ils parodient les grands airs du répertoire lyrique en les ponctuant de reparties cinglantes ou cocasses. Charpini et Brancato chantent au Liberty’s ainsi qu’au Bosphore, cabaret élégant du 18 rue Thérèse, près de l’Opéra, qui sera bientôt rebaptisé Chez Charpini. L’autre grande figure du Paris homo de l’époque est O’dett (alias René Gil), qui a débuté au Liberty’s. En 1934, il prend la direction du cabaret Le Fiacre, 46, rue Notre-Dame-de-Lorette, une boîte qui fera sa réputation de camelot et de farceur. Se déguisant en vieille châtelaine, O’dett invective la clientèle entre deux chansons désopilantes et sa boîte reçoit la visite de nombreuses vedettes. Il ouvre ensuite La Noce, place Pigalle, qui deviendra en 1938 le cabaret-dancing Chez O’dett.

Sorte d’enseigne du mouvement lesbien, Suzy Solidor (1906-1983) a quitté sa Bretagne natale au début des années 20 pour devenir mannequin à Paris (cliquez sur son portrait). Sirène aux cheveux de lin coupés court, servant de modèle à tous les grands peintres contemporains, elle se lance dans la chanson et ouvre fin 1932 un cabaret au 12 rue Sainte-Anne, près du Palais-Royal, qu’elle baptise La Vie parisienne. Entourée d’un essaim de jeunes femmes élégantes et parfois androgynes, Suzy accueille le Tout-Paris dans une ambiance luxueuse. D’autres chanteuses lesbiennes ou bi suivront son exemple en ouvrant leur propre cabaret. Ainsi naît fin 1938 Chez Agnès Capri, rue Molière, voisine de la rue Sainte-Anne, qui attire une clientèle homo des deux sexes et devient la plaque tournante de l’intelligentsia parisienne, à commencer par Jacques Prévert. Outre quelques salons de thé attitrés et deux librairies spécialisées de la rue de l’Odéon, certaines lesbiennes fréquentent aussi Le Monocle, cabaret plus discret du boulevard Edgar-Quinet, sans vedette et réservé aux garçonnes. Elles y dansent en couple sous l’œil de la patronne, une maîtresse femme surnommée « Lulu de Montparnasse ». Cette visibilité acquise par les homosexuel(le)s durant les Années folles sera brutalement balayée par l’Occupation.


V - Pendant l’occupation : sexuellement coupables

La clandestinité sexuelle, c’est souvent à l’abri des vespasiennes. Fréquentées aussi par les soldats allemands.


Dans son roman Pompes funèbres, Jean Genet évoque le souvenir de la « Drôle de revue » donnée en janvier 1940 au music-hall l’ABC, où O’dett faisait une imitation de Hitler en folle. Six mois plus tard, la drôle de guerre s’achève par la signature de l’armistice. Paris est occupé, mais la vie continue. Music-halls et cabarets reprennent leurs activités devant un public où se mêlent soldats et officiers allemands. Si les folles ont toujours droit de cité dans le Paris bei Nacht, c’est que les homosexuel(le)s n’intéressent pas directement l’occupant. La pression morale vient davantage des orateurs français favorables au « redressement national », et qui ne jurent que par la famille. Le mouvement zazou, caractérisé par son apologie de l’exubérance, des vêtements précieux en dépit du rigorisme ambiant et son aversion pour l’ordre nouveau, devient une forme d’exutoire pour certains jeunes homos. On les rencontre surtout dans le quartier Latin et sur les Champs-Elysées, près de l’Étoile. Alors que la danse est interdite, des bals clandestins sont organisés au rythme du swing. Bien que le climat ne s’y prête guère (surveillance policière, indicateurs et mesures de rétorsion font partie du quotidien), la drague continue, elle aussi, et notamment dans les vespasiennes. Certains cherchent à consommer sur place ; d’autres, plus prudents, préfèrent fixer des rendez-vous. Aujourd’hui président de l’association Les Gais Retraités, Jacques Lemonnier avait 18 ans en 1941. Il se souvient: « J’ai fait de belles rencontres dans les pissotières. On y faisait d’ailleurs toutes sortes de rencontres. J’ai même couché avec des gars de Doriot. Et beaucoup d’Allemands homos draguaient à la "tasse" du Palais-Royal et dans celles du bas des Champs-Elysées… » Mais cette drague en extérieur n’est pas sans risques. La police française fait parfois des rafles dans les pissotières. Les gars pris en flagrant délit doivent payer une amende et peuvent faire quelques mois de prison. Lorsqu’ils en sortent, on les envoie le plus souvent comme travailleurs « libres » en Allemagne. Leur dossier porte la mention « homosexuel » et on leur réserve les travaux manuels les plus durs. Le fichage va bon train… Le climat s’assombrit davantage avec l’adoption, le 6 août 1942, d’une loi de répression homophobe, la première depuis l’Ancien Régime. Désormais, les homos doivent se faire le plus discrets possible.


SOURCES : France Culture, Le Nouvel Observateur...

Jean Yves


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