Avec Fred Blanco, Randy Brown, Angel Ceja, Jesus Covarrubias, Smith Forté, Dan Franck, Bunny Gibson, David Vincent Holland, Randy Huiting, Eli
Kabillio, Ericka kein, Koing Kuoch, Mark Larson, Elizabeth Mehr, Alex Mercer, Bernet Nelson, T.J. Paolino, Alejandro Patino, Robert Pecora, Gary Perez, Tymme Reitz, Antonio Rosas et Lobo
Sebastian. Réalisation: Doug Witkins. Scénario : Doug Witkins. Musique : Bob Christianson.
Durée : 90 mn. Disponible en VO et VOST.
Résumé :
Ils sont cinq, quatre garçons et une fille, colocataires/amis/amants. Ils habitent tous ensemble une grande maison à Los Angeles dans les
collines d’Hollywood. Tom, le quasi gourou du groupe, meurt dans un accident qui pourrait être un crime. Leurs vies sont profondément bouleversées par cette mort. Kevin (Smith Forte qui est le
pivot du film), le propriétaire, doit rechercher un nouveau co-locataire pour boucler ses fins de mois. Après avoir reçu quelques déjantés, il accepte un employé de banque gros et serviable, une
sorte d’eunuque à voix de fausset dont la duplicité se révèlera progressivement.
Un chassé-croisé sentimentalo-sexuel se met en place. Wendy (Ericka Klein), la seule fille du groupe, avoue être enceinte des œuvres de feu
Tom. Kevin, l’ancien amant de Tom, demande Wendy en mariage. Le mignon Vince (Korny Kuoch), un asiatique efféminé et adorable de 18 ans tombe amoureux du macho Ramon (Tymme Reitz), un mignon
latino de son âge, un voisin, dont la mère courtise Andy, danseur gay... Mais bientôt une intrigue policière va dévoiler le côté sombre de chacun.
Les habituels clichés gays sont, à la fois, habilement utilisés et détournés. Par un jeu de quiproquos, de retournements de situation et de
coups de théâtre, la vie et surtout la sexualité ambivalente des protagonistes vont se révéler, hésiter, osciller. Le message de Doug Witkins est clair, presque trop clair : la sexualité n'est
pas chose figée, bien que latente en chacun de nous, elle peut se révéler au gré des expériences. Et pourtant, la volonté d'une vie amoureuse impose nécessairement un choix. Et c'est à travers
une bande de copains devenus co-locataires, partageant une maison à Hollywood Hills, qu'il nous entraîne dans un véritable marivaudage gay.
C'est d'abord la disparition de Tom elle-même, en tant que source de deuil et de manque affectif, qui va déclencher dans notre maisonnée
quelques petits remaniements surprenants. Puis la thèse du meurtre et une sombre histoire d’argent volé va prendre la relève afin d'exacerber les passions et de révéler les vrais visages de
chacun.
Cette intrigue policière n'est qu'un prétexte, mais elle fonctionne bien comme telle et n'enlève rien à la fraîcheur de ce premier film. Mais à
ce stade du scénario, l'agitation l'emporte quelque fois trop sur l'humain, et c'est dommage. Défaut très américain, s'il en est. Cette intrigue est du reste tellement rocambolesque qu'elle
s'inscrit bien davantage dans une comédie que dans un vrai polar. Il ne faut surtout pas s’attacher à la vraisemblance des péripéties. On sent bien que Doug Witkins ne se prend pas au sérieux. Il
parvient néanmoins à rendre les personnages attachants, et à nous emporter dans un élan d'euphorie.
D'un personnage à l'autre, No Ordinary Love passe en revue les principaux thèmes clefs liés à l'homosexualité dans le cinéma :
découverte de sa sexualité, identité sexuelle, rapports aux parents (ici, à la mère), coming out, homophobie, information gay, regard des autres, vie amoureuse, rapports passionnels, rapports à
l'autre sexe, bisexualité, désir d'avoir des enfants… Ça nous fait un film un peu compulsif, une sorte de film-catalogue, qui agace parfois mais qui est servi par quelques très bonnes trouvailles
scénaristiques dont la meilleure est peut-être la façon dont la bixesualité des protagonistes brouille régulièrement les cartes, empêchant de prévoir l’évolution des différentes histoires
d’amour. La mise en scène est souvent inventive dans des espaces très réduits et toujours délurée (particulièrement dans les fantasmes et souvenirs des personnages) malgré un tout petit budget de
tournage. No Ordinary Love emprunte la structure d’une sitcom télévisée qu’il subvertit par l’indifférenciation sexuelle des comportements.
La principale faiblesse de ce Petit meurtre entre amis gay réside dans les flash-back, dans lesquels nous découvrons le mort, Tom (Dan
Frank), qui apparaît plus comme un manipulateur cynique et une franche crapule que comme un ami charismatique. Mais Witkins a réussi le contrat qu’il s’était apparemment fixé : raconter une
histoire pleine de rebondissements, pimentée de sexe avec légèreté et humour, jouée par de beaux et bons acteurs.
Le réalisateur, qui est par ailleurs le boss de l'excellente maison d'édition américaine « Picture This ! Entertainment »,
n’oublie pas son militantisme : seules seront sauvées par le scénario les liaisons homosexuelles.
Réalisé en 1994, No Ordinary Love a déboulé sur les écrans français, ou plutôt sur un écran, celui du cinéma l’Accattone
qui l’a projeté en exclusivité. On comprend d’ailleurs assez mal l’intérêt soudain d’un distributeur pour ce premier film américain sans grand intérêt si ce n’est celui de sa marginalité (aussi
bien économique que thématique). Et comme la faiblesse des moyens n’excuse pas celle de l’œuvre, on aura vite fait de ranger Doug Witkins dans la catégorie des cancres
pseudo-subversifs...
Résumé de l’objet : quatre garçons et une fille partagent une maison à Los Angeles. Mais le jour où l’un deux (Tom) meurt dans des
circonstances mystérieuses, tout est remis en question. L’arrivée de Ben, le nouveau colocataire, n’arrange pas les choses. Surtout que chacun porte sa croix : Kevin est pédé mais sa maman
l’ignore ; Vince est pédé et aimerait bien se faire donner par Ramon, le petit voisin latino (mais qui dit latino dit hétéro) ; Andy est bisexuel et se tape la mère de Ramon ; Ben
est gros et con, et Wendy est une fille. Dure, dure, la vie... Mais attention, No Ordinary Love n’est pas qu’un long épisode de Melrose place revisité par Gai
pied, car derrière le sexe se cache une trame de film noir digne d’un collégien accro à Navarro. Entre sodo, hold-up, meurtre et coming-out, l’éclectisme est donc de rigueur.
Malheureusement, l’ensemble est traité avec une décontraction qui frôle l’incompétence. Et si l’on pardonne les cadrages approximatifs et la laideur de la photo, il est difficile de ne pas
s’insurger contre l’inconsistance des personnages et, a fortiori, des dialogues. Forcément, l’obèse se bâfre, l’un des homos s’habille en drag-queen, et le latino réprime ses tendances gay.
Alors, les bobines ont beau défiler, l’on demeure avec l’impression d’assister passivement à un spectacle se contentant de sa propre et terrible vacuité. Simplement du vide dont ne se détache ni
un plan, ni même une image. No Ordinary Love ? Un film de plus, un film pour rien.
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