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par  BBJane Hudson

 

 



Fiche technique :

Avec Donald Sutherland, Chad Lowe, Mia Sara, Knut Husebo, Rutanya Alda, Eddie Jones, Minnie Gentry, Mark Burton, Adrian Sparks, Tiger Haynes et Blain Fairman. Réalisation : Ralph L. Thomas. Scénario : Alan Scott et Wesley Moore. Photographie : Kelvin Pike. Musique : Charles Gross.

Durée : 97 mn. Disponible en VO.

Résumé :

Amérique, 1927. John Reese (Donald Sutherland), guérisseur itinérant et adepte de la magie blanche, séjourne dans un village de Pennsylvanie. Il soigne les malades, guérit les troupeaux touchés par des épidémies, et à l'occasion "purifie" des lieux réputés maudits. Il fait la connaissance du jeune Billy Kelly (Chad Lowe), adolescent analphabète et solitaire, à qui il enseigne la lecture dans l'intention d'en faire son assistant. La fiancée de Billy, Alice Spangler (Mia Sara), considère d'un assez mauvais œil l'amitié toujours plus étroite et exclusive des deux hommes, d'autant que le comportement du "docteur" Reese ne laisse pas d'être inquiétant. Victime d'un mal inexplicable et sujet à de violentes convulsions, le guérisseur se croit victime d'un envoûtement pratiqué par un vieil ermite du voisinage, Lars Hoeglin (Knut Husebo). Après un séjour à Philadelphie, où il tente de se faire exorciser par une magicienne black (Minnie Gentry), Reese revient au village pour affronter Hoeglin avec l'aide de Billy.

L'avis de BBJANE :

(This post is affectionately dedicated to Miss Wendell.)

Ce film étant inconnu de tout un chacun, j'aurai beau jeu d'affirmer qu'il s'agit de l'une des meilleures allégories jamais filmées sur le thème du refoulement de l'homosexualité, et des ravages qu'il ne peut manquer de causer. En toute humilité (mais certainement pas en toute inconscience), le réalisateur R.L. Thomas se paye le luxe de faire le tour quasi complet d'une question épineuse : en quoi toute forme de Foi (croyance religieuse, superstition populaire ou catéchisme social) est-elle la meilleure entrave que l'homme puisse opposer à son épanouissement ? Dès son premier visionnement, à la faveur d'une sortie vidéo au début des années 90, Apprentice to Murder a trouvé sa place dans le « top 10 » de ma Cinémathèque Idéale, dont les étagères virtuelles sont moins encombrées de chefs-d'oeuvre avérés que de bandes modestes, intègres et soignées, attachantes jusque dans leurs imperfections. À la lisière du fantastique, le film de Ralph L. Thomas explore avant tout les angoisses, les incertitudes et les lâchetés d'âmes bien humaines, confrontées à ce qu'une société répressive et bigote les incite à prendre pour leurs gouffres – alors qu'il ne s'agit que d'aspirations légitimes à l'harmonie avec soi-même.

Les producteurs d'Apprentice to Murder se sont donnés un mal de chien pour vendre leur produit en tant que film d'horreur parfaitement calibré aux attentes des fanatiques du genre. Affiches, bande-annonce, jaquettes des éditions VHS puis DVD, tout concourait à racoler (avec quelques années de retard) la clientèle de L'Exorciste, Rosemary's baby ou Evil dead (et pourquoi pas celle de la fantasy, le visage du "sorcier" sur l'affiche allemande n'étant pas sans évoquer Gandalf.)

Résultat de cette mascarade : le film n'a jamais trouvé son public, que l'on situerait plutôt parmi les amateurs d'un fantastique en demi-teinte, à la fois suranné, poétique et élégiaque. Toutes proportions gardées, Apprentice to Murder évoque plus volontiers le climat nostalgique et la peur subtile de L'Autre de Robert MULLIGAN ou le "fantastique-réel" de L'Enfant miroir de Philip RIDLEY, que la grosse artillerie du demon-flick.

Rien, hormis les apparences, n'est à proprement parler surnaturel dans ce film. Chaque scène relevant du fantastique peut-être interprétée comme une hallucination émanant du cerveau de plus en plus troublé et instable de John Reese – on notera d'ailleurs que le guérisseur est toujours seul lorsque les forces occultes se déchaînent ; il est l'unique témoin de leurs manifestations.

Et d'où vient, me demanderez-vous, que le bon docteur Reese ait l'esprit si troublé ?

C'est – vous répondrai-je – qu'il est tout bonnement amoureux de son jeune disciple.

Ça recommence ! protesterez-vous. Décidément, vous voyez des pédés partout !

Ce à quoi je repartirai : Je n'en vois que là où ils se montrent, ou mettent trop d'insistance à se dissimuler.

Vous : Alors comme ça, Sutherland kiffe Chad Lowe ?... Développez, qu'on rigole un peu...

BBJane : John Reese est épris de Billy Kelly, parfaitement. Au départ, il ne s'agit, semble-t-il, que de l'élan de sympathie éprouvé par un homme vieillissant, pèlerin solitaire marginalisé par ses dons, pour un jeune garçon au profil similaire. Billy est mal à l'aise au sein de la communauté et de sa propre famille (père alcoolique, mère soumise) ; il dissimule ses dons artistiques, éprouve peu d'attrait pour l'existence rurale et laborieuse qui lui est promise. Reese se lie à lui et le prend sous son aile, en vertu d'une sorte de reconnaissance : il distingue, chez le jeune garçon, un tempérament semblable au sien.

Sentiments paternels ?... Pas si sûr...

Leur première rencontre a lieu lors de l'irruption d'un chien enragé dans une rue du village. Reese parvient à calmer la bête par des signes de croix et quelques paroles apaisantes. « Dieu nous a créés, toi et moi », lui dit-il. Les premiers mots de Reese et sa première action appellent à l'union, et à la négation de la notion de différence entre les créatures vivantes – message n'ayant aucun poids sur les villageois : l'un d'eux abattra froidement l'animal, pourtant apaisé.

Billy se rend ensuite chez le rebouteux pour lui demander un remède pouvant guérir son père de l'alcoolisme, et pour faire soigner une blessure que ce dernier lui a infligée.


"Avec cette baguette et le sang précieux du Christ, je chasse la douleur et fais le Bien"
(Chad LOWE et Donald SUTHERLAND)


En dédommagement, il offre à Reese un portrait de lui-même, dessiné de mémoire suite à leur première rencontre. Ce portrait, plein d'affection et d'une stupéfiante ressemblance, signale non seulement la fascination éprouvée par l'adolescent pour le guérisseur, mais annonce également l'ambivalence de leur relation future : au verso du dessin est en effet représenté le visage, également "croqué" par Billy, de Lars Hoeglin, le fermier à l'allure démoniaque qui lui inspire une crainte instinctive. En découvrant cette sinistre figure, Reese éprouve un premier malaise – l'association des deux visages sur une même feuille de papier est un symbole transparent de la dualité profonde de Reese, dont ce dernier n'a que trop conscience. D'un côté, le bon docteur affable et souriant ; de l'autre, un être démoniaque – en réalité, un malheureux ermite en qui Reese et Billy croient distinguer l'incarnation du Mal, et qu'ils n'auront de cesse de détruire.

 

Les deux visages du docteur Reese. Recto...

... verso.

 

Vous : Et alors ? Où est l'homosexualité, là-dedans ?...

BBJane : Comme tout hétéro qui se respecte, vous me tendez une perche que je m'empresse de saisir... L'homosexualité, c'est d'abord le portrait amoureusement dessiné puis offert par le jeune garçon à son mentor. Ce sont ensuite les visites nocturnes de Billy à Reese, et les longues heures d'apprentissage de la lecture par l'adolescent, sur un petit ouvrage cher au coeur du guérisseur et intitulé The Long lost friend (L'ami depuis longtemps perdu). C'est aussi, pour ces deux êtres pétris de croyance religieuse et effrayés par les sentiments qu'ils découvrent en eux, le rejet de ce qu'ils croient être leur faute sur une tierce personne : Lars Hoeglin, qu'ils suspectent d'incarner le Démon, quand il n'est que l'incarnation de leur refoulé... Et puis, il y a la fiancée de Billy...

 

Roméo et Roméo

 

Vous : Alors comme ça, Billy a une petite amie ?... C'est la preuve qu'il n'est pas pédé !...

BBJane : C'est surtout la mission fréquemment dévolue aux petites amies : démontrer que le héros est hétéro. Notez que celle de Billy, Alice Spangler, lui apparaît pour la première fois dans un accoutrement masculin (salopette, fichu masquant la chevelure). Mais passons...

 

Mia SARA, plus mignon que jamais.

 

Le comportement du jeune garçon envers la demoiselle s'avère encore plus éloquent. Elle est la fille de la logeuse de Reese, et c'est sous les fenêtres du guérisseur – non sous celles d'Alice – que Billy opère ses factions nocturnes (elle ne manque pas de le lui reprocher...) Il met, du reste, un temps assez long avant de céder à ses avances (un hétéro aux inclinations assurées ne lanternerait pas tant que ça, croyez-moi – d'autant que Mia SARA est plutôt craquante... habillée en mec.) Lorsqu'Alice lui propose de s'enfuir avec elle à Philadelphie, Billy ne cesse de barguigner (synonyme de "lanterner", employé plus haut... j'ai les répétitions en horreur...) ; il n'y consent d'ailleurs qu'accompagné de Reese, au grand désespoir de sa belle.

 

Regard désapprobateur de la Belle sur les Bêtes.
(Notez qu'elle tient le parapluie comme d'autres la chandelle.)

 

L'attitude de Reese est encore plus significative à cet égard. Elle ruine totalement l'allégation de « sentiments paternels » évoqués tout à l'heure. Connaissez-vous beaucoup de pères manifestant un attachement aussi exclusif à leur fils ? La plupart seraient enchantés qu'il se dégotte une belle et bonne épouse – qu'ils ne rechigneraient pas à lutiner un brin. Tel n'est certainement pas le cas de Reese. Non seulement il n'éprouve aucun attrait pour Alice, mais il lui manifeste une hostilité résolue, bien que silencieuse. Si l'on considère Reese comme un père de substitution, force est de constater qu'il adopte un comportement peu commun, et se conduit en vraie mère-poule, jalouse et castratrice.

Vous : Vous voulez à tout prix que Reese soit amoureux de Billy !... Qu'est-ce qui le prouve ?...

BBJane : Une foule d'indices, qu'à moins d'être un crétin fini le réalisateur n'a pu glisser innocemment.

À commencer par ces phrases du guérisseur à son disciple : « J'ai rêvé de toi, Billy... Les hommes vieux auront des rêves, dit le Livre Sacré... Je peux t'apprendre plus que l'écriture... »

Reese demande au jeune garçon de lui dessiner des hexagrammes. Lorsqu'il examine l'un de ceux-ci, la toile sur laquelle est peint le motif se soulève "magiquement", de manière carrément évocatrice d'une érection.

 

Qu'est-ce qui se cache sous l'hexagramme ?

 

Enfin – et plus important que le reste –, lorsque Billy énonce, sans grande conviction, son intention d'aller vivre à Philadelphie, Reese se trouve en proie à de subites convulsions (qu'il attribuera au "démon" Hoeglin), signes d'une "possession" manifeste, et argument fort pratique pour convaincre le jeune garçon de l'emmener avec lui, sous le prétexte qu'il pourra recourir, dans la grande ville, aux services d'une exorciste réputée. La possession de Reese est révélatrice de deux choses : d'une part, sa détermination à suivre Billy où qu'il aille ; d'autre part, la nécessité de rejeter ce qu'il croit être sa faute sur un bouc émissaire (Lars Hoeglin).

 

"Deviendrais-je folle, gentil miroir ?"

 

Lorsqu'il prend conscience de la vraie nature de ses sentiments pour Billy, Reese commence à perdre ses pouvoirs de guérisseur, et s'attire la haine des villageois. Plus que jamais, il devient un paria – aux yeux de la communauté comme aux siens propres. En conflit avec sa Foi, il réagit en l'affirmant avec plus d'ardeur. C'est le processus habituel de la formation de tout fanatisme : on ne s'accroche aussi vigoureusement à ses croyances que lorsque l'on commence à en percevoir l'inanité. Tout est dit dans la formule que Reese lance aux mécréants : « Dieu ? Impuissant ? Quelle arrogance ! » L'impuissance, pour le guérisseur, résulte du trouble causé par la tentation homosexuelle, qu'il identifie non seulement à la perte de ses dons, mais aussi à celle de sa virilité.

Vous : Du délire !... Vraiment n'importe quoi !...

BBJane : Voyez le film... Son finale est éloquent... Je ne veux pas jouer les "spoileuses", mais je dois signaler que le combat de Reese et Billy contre le "démon" – et ce sur quoi il aboutit – est on ne peut plus limpide. Tout n'est que mascarade, faux semblants, auto-aveuglement.

Cette dernière scène peut d'ailleurs être envisagée comme métaphorique du film lui-même, des conditions de son exploitation, et de sa postérité. Pour avoir trop joué la carte du "fantastique" afin de dissimuler son propos, pour l'avoir encombré d'une bimbeloterie d'épouvante, il s'est condamné au Purgatoire cinéphilique... À vous de l'en tirer !...

Vous : Faudrait d'abord pouvoir le voir !...

BBJane : Il est parfois diffusé sur le câble, et peut être commandé ici.

 

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.

 

Pour plus d’informations :

Je ne vois guère que la fiche imdb et ses commentaires, dont l'un semble plus avisé que les autres... Si je maniais la langue anglaise avec suffisamment d'aisance, je pourrais presque l'avoir écrit...

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