JE SUIS MALADE...
Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
Comme certains d’entre vous le savent, je suis infirmière. Vous êtes déçus d’apprendre que je ne vis
pas de ma plume, malgré ce réel talent qui m’habite… désolée de vous décevoir. C’est ça la vie, on ne fait pas toujours tout ce que l’on veut et ce que l’on aime.
Bref, je suis infirmière et aujourd’hui, je suis malade. Oui, je suis infirmière et du coup, je n’ai
pas le banal rhume qui vous touche tous plus ou moins. Non, moi, je ne suis pas enrhumée. Moi je suis malade, vraiment malade. J’ai mal à la gorge, le nez qui coule et une toux sèche.
Parfaitement !
Et j’ai de la température. Pas besoin de la prendre pour le savoir. J’ai chaud, j’ai froid, j’ai des
frissons. En service, si j’avais été une patiente, on m’aurait piqué des hémocultures depuis belle lurette et on m’aurait collé sous antibiotiques. Oui mais non ! Justement parce que je suis
infirmière, je ne veux pas de médicaments. Non ! Mon immunité naturelle va venir à bout de cette énorme maladie et je serais sur pied dans quelques jours. Alterner l’aspirine et le
paracétamol sert seulement à accélérer un processus de guérison que je sais déjà en marche.
Je suis donc malade et, alors que tant de choses me rapprochent de ma mère, là je dois avouer que je
ressemble plus à mon père. Déjà il ne faut pas me parler, bon, le gros avantage d’être célibataire et de vivre seule c’est que ça facilite les choses de ce point de vue là. Ensuite, il faut me
laisser faire la gueule autant que je veux et me murer dans le silence si j’ai envie. Enfin, il faut me laisser me plaindre. Ben oui, je suis stoïque, j’affronte l’insurmontable, personne ne le
voit, il faut bien que je prévienne quand même.
Alors que je me mouche pour la millième fois de la journée, je dois reconnaître que je viens de
découvrir l’avantage d’avoir une poubelle de bureau. Elle ne sert peut-être à rien en temps normal mais là, elle rend le jeter de mouchoirs presque agréable.
J’ai pensé à demander une hospitalisation à domicile. Oui, on ne se rend pas compte mais quand on est
épuisée et malade et qu’on doit faire les courses, faire la cuisine, se laver, c’est horrible, c’est presque insurmontable. Heureusement que je suis une femme forte, vous savez.
Je vais donc de ce pas regagner mon lit afin de laisser mes petits globules blancs se réunir en
véritable armée pour combattre l’envahisseur et lui apprendre à vouloir venir conquérir nos terres. Il ne sera pas dit que nous ne vaincrons pas.
Ah et si jamais ce terrible rhume venait à triompher, j’aimerai que sur ma tombe soit inscrit :
« A combattu avec courage mais l’adversaire était trop fort. »
Bien à vous.
Isabelle B. Price
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