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(HORS-SÉRIE)





 

Dans la cité des anges, quand le crépuscule tombe sur le boulevard, il arrive que certains s’endorment en sachant pertinemment qu’ils ne verront pas l’aurore.

Il s’appelait Steven, il était des nôtres. Il aimait la vie et la mordait à pleines dents. La dernière fois que je l’ai vu, en juin dernier à New York, il voulait encore m’emmener dans le genre de fête où l’on s’étourdit sur les rythmes les plus récents, où l’on danse jusqu’à l’aube, en espérant croiser le compagnon d’une nuit qui en réalité n’est qu’un jour qui s’y substitue, le temps de rompre, entre ses bras inconnus, la monotonie de la solitude.

Steven était une « tête ». Avec son bagage universitaire, il aurait pu trouver un emploi en or. Juriste multi diplômé, il avait renoncé à une carrière toute tracée dans de prestigieux cabinets pour devenir, à 30 ans, un simple secrétaire d’une grande entreprise française. Mais cette entreprise lui offrait la possibilité de voyager et son rêve, c’était l’Amérique. Il parlait aussi l’espagnol, l’italien et l’espéranto.

Il s’est battu pour être affecté en Californie. La DRH a longtemps soufflé le chaud et le froid. Et puis, alors qu’il avait commencé à planifier d’autres projets à San Francisco dans une optique de vie plus bohème qui l’aurait rapproché de Madame Madrigal et de Michael Tolliver, son vœu fut exaucé : il fut muté à Los Angeles. Aujourd’hui, je me dis qu’il aurait mieux valu que ses pas l’aient conduit plus près de Barbary Lane que de Mulholland Drive…

Pendant deux ans, Steven s’est éclaté sous le soleil californien. Il était heureux. Et puis, l’été dernier, est arrivé son nouveau patron. Un genre de maquignon qui achèverait volontiers les derniers mustangs du Nevada – en existe-t-il encore ? – , ces ultimes chevaux sauvages et libres que Clark Gable et Monty Clift attrapaient au lasso dans Les Désaxés. Un homme autrefois important, ou qui plutôt se donnait de l’importance ; un roquet qui était la voix aphone de sa maîtresse. En France, il est de tradition de récompenser les médiocres dont on ne veut plus en leur offrant une belle promotion. Voyez par exemple ce qui se produit de-ci de-là avec la crise boursière internationale. Ce fut donc la côte ouest, là où la vie passe pleine de songes et d’illusions…

Rapidement, la pression exercée sur Steven par son nouveau chef de service, probablement ravi de jouer les despotes à qui il faut obéir au doigt et à l’œil et qui ne supporte aucune contradiction, a pris les atours d’un harcèlement moral insidieux propre à saper les fondations les plus résistantes. Or, malgré sa haute carrure, Steven était un colosse aux pieds d’argile. Un gentil Goliath face à un méchant David. Un être sensible, comme moi, comme nous tous, peut-être un peu plus fragile. Je sais ce qu’il a enduré depuis trois mois pour l’avoir enduré moi-même pendant un an avec mon précédent patron, et bien que cette immonde ordure soit partie depuis 5 ou 6 semaines et que son remplaçant soit du genre « cool » et à tout le moins normal, le mal est fait et j’en ressens les symptômes.

Samedi dernier, pendant que Juju et Roméo se croisaient en boîte de nuit, prêts à offrir le spectacle d’une scène de ménage dont ils ont le secret, quelque part de l’autre côté de l’océan, une âme en peine, un esprit au bout du rouleau, préparait sa sortie de la vie.

Dans la cité des stars, Steven est parti comme une star. Médicaments et alcool, le cocktail tout en douceur qui ne figure pas sur la carte du Zanzi’s Bar. L’histoire ne dit pas quelle était la composition de ce mélange magique qui met un terme à toute souffrance physique ou morale. À quel point de non-retour sa détresse avait-elle pu le conduire pour qu’il ne lui fût plus possible d’envisager une autre option, et ainsi de renoncer à ses rêves, pour nous quitter en pleine jeunesse ? Il a laissé un message à son ami, tout en s’assurant qu’il ne pourrait être sauvé. À moins que la seule manière de se sauver d’un monde barbare et impitoyable réside dans la fuite. Un grand saut dans les ténèbres ou une échappée belle vers de nouveaux horizons où l’herbe est plus verte. Une capitulation ou un sursaut vers la victoire.

Sa mort brutale, incompréhensible, inattendue, résonne en moi comme un écho à mon propre abandon. Elle me donne aussi une piqûre de rappel, pour me que je n’oublie pas que je n’ai pas vocation à me laisser broyer par le système, laminer par d’odieux petits chefs, ni à baisser les bras parce que ma vie n’est pas encore telle que je voudrais qu’elle soit, mais que je dois au contraire redresser la tête et foncer me donner les moyens d’atteindre mes objectifs, quitte à tout plaquer. Mais pas comme lui, pas comme ça. En allant de l’avant, vers l’aventure. Vers la vie.



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