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Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le Japon offre une tradition culturelle de l'homosexualité. Qu'ils exaltent les vertus guerrières du samouraï ou qu'ils se travestissent dans le théâtre nô, les hommes ont tous le culte de la beauté et de l'amitié virile. Illustration de la décadence et de la persistance d'une certaine conception de l'homosexualité purement nippone.



Une autre sphère où se développe une culture homosexuelle, la moins noble certes, mais qui a survécu jusqu'à aujourd'hui, est en effet celle du théâtre. Elle naquit de la rencontre du monde des moines avec celui de la cour impériale. Tandis que la noblesse aimait à fréquenter les monastères pour goûter la danse des chigos, elle introduit dans l'enceinte du temple l'art de vivre des seigneurs. Désormais, les chigos eux aussi se maquillent et se drapent d'étoffes rares, à l'image des éphèbes, posant de fait les bases du travestissement théâtral.


Au XIVe siècle, le Shôgun Yoshimitsu (ci-contre), envoûté par un spectacle de sarugaku ou danse de singes, et plus encore par le fils de l'acteur, décide de faire venir ce dernier dans sa cour. Fujiwaka devient dès lors l'amant préféré du shôgun et le fondateur du théâtre nô.

Nombreux sont ensuite les disciples de Fujiwaka qui suivront le chemin de leur maître, comme si celui qui désirait devenir acteur devait de fait être l'amant de son protecteur. Enfin, il est significatif que la propagation d'un art de vivre pédérastique aille de pair avec le développement du nô, non plus réservé au monde des shôgun, mais de plus en plus apprécié par le monde des campagnes. Cela ne signifie pas pour autant que l'homosexualité n'y existât pas auparavant. Mais à partir de ce moment, elle se conçoit comme éthique inspirée par les Puissants. Elle devient un acte de civilisation, un bien, une valeur de référence.


Très vite, de même que l'éphèbe remplace peu à peu les enfants dans le coeur des amants, les chigos vont laisser leur place au wakashu, au sein du théâtre nô. Parallèlement, de même qu'on passe d'une culture pédérastique à une culture homosexuelle, le théâtre kabuki va gagner en popularité par rapport à la tradition du nô.


A l'origine, les femmes tenaient leur rôle dans le kabuki. Mais très vite les autorités interdirent leurs prestations, la scène leur servant de faire-valoir pour s'adonner ensuite à la prostitution. Des garçons habillés en femme, et souvent avec plus de grâce que celles-ci, prirent donc leur place. La morale était sauve. Mais, si l'éphèbe était amant dans le nô, l'acteur reste prostitué dans le kabuki. Il s'agit d'un véritable statut social.


L'esprit japonais vise toujours à un idéal de beauté. Le prostitué ne peut donc se concevoir comme un simple agent de passe, la scène servant d'étal pour apprécier les qualités du jeune homme. Comme l'acteur, le prostitué joue un rôle social. On ne se décide pas prostitué ; on doit le mériter par un très dur apprentissage.


Le statut d'oyama est un peu différent. Cet acteur qui joue uniquement des rôles de femme, ne doit pour parvenir à la perfection, jamais relâcher son attention. Autrement dit, en ville comme sur la scène, il lui est nécessaire de se conformer en tous points à l'image d'une femme.


Yukio Mishima, dans une nouvelle célèbre, Onnagata (1), brosse le portrait d'un de ces acteurs :

« Oui, Mangiku était entièrement féminin, aussi bien en paroles qu'en gestes dans la vie réelle. Si Mangiku avait été plus masculin dans sa vie quotidienne, les instants où le rayonnement du rôle qu'il venait de jouer s'effaçait lentement pour se fondre dans la féminité de sa vie quotidienne – qui était un aspect du même faire-semblant –, ces instants auraient figuré une absolue séparation entre la mer et la terre, la fermeture d'une impitoyable porte entre le rêve et la réalité... L'onnagata naît de l'union illégitime du rêve et de la réalité. » (1)

L'homosexualité commence à être mise en marge dès l'avènement de l'ère Meiji (1868-1912), qui correspond à une phase de modernisation et d'occidentalisation du Japon. Sa condamnation n'est pas tant le fait d'une propagation des idées chrétiennes et de la morale catholique (les Jésuites du XVIe siècle n'avaient pu que constater le péché abominable, sans pouvoir l'interdire – leur vie en aurait aussitôt été menacée) qu'une réaction du Japon moderne contre tout ce qui pouvait représenter les valeurs féodales, donc, en premier lieu, l'homosexualité.


Une culture de plusieurs siècles oubliée en quelques années, tel est le paradoxe de l'homosexualité nippone, aujourd'hui calquée sur le modèle occidental.



(1) Dans le recueil La mort en été, Yukio Mishima, Editions Gallimard, Collection Du monde entier, 1983, ISBN : 2070251101, page 200


A LIRE : La voie des éphèbes : Histoire et histoires des homosexualités au Japon de Tsuneo Watanabe et Jun'ichi Iwata, Editions Trismégiste, 1987, ISBN : 2865090248

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