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MON 11 OCTOBRE
OU LA JOURNÉE DU COMING-OUT


Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
 



Depuis que je m’implique un peu plus dans la vie LGBT (excusez mais je ne savais comment expliquer cela), j’ai découvert que le 11 octobre était une journée particulière pour tout homosexuel qui se respecte. Vous ne connaissez pas ? Non, ce n’est pas que vous ne vous respectez pas, c’est simplement que ce n’est pas la date la plus connue qui soit. Eh bien pour vous faire partager ma culture homosexuelle, sachez que le 11 Octobre est la « Journée du Coming-Out ».

Oui, parfaitement, depuis 1988 date à laquelle 500 000 manifestants se sont réunis pour une marche à Washington, cette journée est devenue particulière. Bien évidemment ce sont les Américains qui sont une nouvelle fois à l’origine de ce fait historique et il aura fallu attendre 1991 pour que le tout traverse l’Atlantique et arrive en Europe, en Suisse pour être plus précise.

Peu importe en fait. L’important c’est que cette date existe, point barre.

Et je me suis donc interrogée sur le pourquoi de l’importance d’une telle date.

Ben oui, c’est légitime. Autant je comprends parfaitement que nous ayons une journée contre l’homophobie, une journée contre le racisme, une journée pour la paix dans la monde… Mais je me suis demandée en quoi le coming-out était suffisamment important pour avoir droit à une journée rien que pour lui.

Sortir cette question du coming-out de son contexte pour essayer de comprendre en quoi ça n’était pas important m’a semblé une excellente idée. Non, c’est vrai, est-ce que les noirs ont une journée spéciale où ils annoncent au monde entier et aux personnes qui les entourent qu’ils sont noirs ? Non. Et puis ensuite je me suis rappelée de cette journée de la Femme et du pourquoi elle existe, à savoir une revendication de l’égalité, des droits, des chances et de tout le reste.

Voir la journée du coming-out de ce point de vue-là aurait donc un sens. Revendiquer une égalité dans le droit d’être différent mais pareil.Et en même temps parler du coming-out en niant toute la peur qu’il entraîne de la part de celui qui s’apprête à le faire est la pire des idioties. La plupart des écrits que j’ai lus, la plupart des témoignages que j’ai récoltés parlent de coming-out difficiles, de rejets, de cris, d’ignorance et d’incompréhension. Quand le moment est donc arrivé pour moi de faire le mien, il y a quelques années, tout m’est apparu dur et insurmontable.

Et pourtant, rien ne s’est passé comme dans les livres ou les émissions télé. Peut-être parce que j’ignorais qu’il existait une journée spéciale pour ça ou peut-être parce que je ne m’étais pas préparée ou peut-être parce que ma famille, elle, l’était.

J’ai dit à ma mère que j’étais homosexuelle un beau jour d’été, alors que j’habitais encore chez mes parents et que je n’avais pas terminé mes études d’infirmières. Je ne l’avais pas prévu. Je m’étais promis d’attendre d’être diplômée au cas où, comme je l’avais si souvent découvert grâce à mes lectures secrètes sur Internet on « me jette dehors ». Et puis je sais pas, le bronzage aidant, l’eau du ruisseau me berçant, les oiseaux chantonnant, mes barrières se sont petit à petit abaissées. Alors que la conversation glissait calmement sur tous les secrets qui étouffent ma très grande famille, ma mère m’a expliqué que mon père et elle ne nous avaient jamais menti ou caché des choses. Effectivement, ils nous ont toujours parlé, avec des termes simples, adaptés à notre âge, mais ils ne nous ont pas caché la mort de mes grands-pères ni la maladie de ma tante ni les raisons de la brouille avec le frère aîné… J’avais donc toutes les raisons du monde de croire ma mère. Et là ça devient moins précis, je ne sais plus comment elle a posé la question mais je me rappelle que ça ressemblait à quelque chose du genre « Et toi, tu as des secrets ? Tu as peur de nous parler de certaines choses ? » Un truc comme ça.

J’ai senti d’un coup revenir cette énorme boule dans mon ventre, la même qui encore aujourd’hui m’empêche de rembarrer gentiment mes collègues de travail qui ne cessent de me dire que je suis Catherinette. J’ai flippé et comme je ne sais pas mentir, j’ai tenté de le faire sans grand succès. Ma mère avait beau être enduite de crème solaire, en maillot de bain, affublée de ses lunettes et les yeux fermés sur sa chaise longue je pense que mon malaise était tellement perceptible que la ville voisine à dû le ressentir.

Enfin bref, d’un coup je me suis jetée à l’eau et je lui ai dit que j’étais homosexuelle. J’ai pas dit lesbienne ni gay, je lui ai dit « Je suis homosexuelle. » Elle m’a demandé depuis quand je le savais et j’ai dit deux ans environ et là j’ai senti la blessure d’une mère. La vraie blessure. Pas celle dont parlent les documentaires de Jean-Luc Delarue, non, celle réelle d’une mère qui vous a donné la vie, qui vous a choyée et aimée et qui réalise que vous avez eu peur d’elle pendant deux ans.

Elle s’est redressée sur sa chaise longue et elle m’a regardé droit dans les yeux en me disant « Mais pourquoi tu ne l’as pas dit avant ? » Ben… heu… c'est-à-dire… t’as vu le dernier Ça se discute ?... enfin tu comprends… J’ai pensé tout ça, j’ai pensé à tous ces fichus témoignages et j’ai dû murmurer un petit « Je sais pas. » Et la réponse s’est faite sentencieuse et reste elle, gravée dans ma mémoire parce que la plupart de mes insécurités ont disparu avec elle ce jour-là « Si tu penses que ta sexualité va changer quoi que ce soit à ce que tu es ! Tu es ma fille, tu es une fille exceptionnelle et je ne dis pas ça parce que je suis ta mère. Je t’aime telle que tu es ! » Je crois qu’il y a eu des compliments au milieu sur le combien je suis exceptionnelle mais ils ne sont pas restés.

On a parlé ensuite un long moment, c’est la seule fois où on a parlé ouvertement de ce que je ressentais. Pas qu’aujourd’hui je ne le puisse plus, non, simplement qu’aujourd’hui je n’en ressens pas le besoin. Et puis ma mère a dit « Bon maintenant faut que tu le dises à ton père parce que je n’ai aucun secret pour lui. » Put*** de secrets de famille, quand vous vous y mettez !

Pour un coming-out improvisé, ça s’annonçait bien. Je l’ai dit à mon père dans l’après-midi, après le repas, pendant qu’il tentait de faire sa sieste dans le jardin. Je me suis approchée discrètement et j’ai demandé « Papa, tu dors, je peux te parler ? » Il a grogné un truc inaudible et j’ai pris ça pour un oui. J’ai tenté un demi-milliard d’approches pendant environ dix minutes. Enfin ce qui m’a semblé dix minutes. À chaque fois que j’essayais d’aborder le sujet de manière détournée visant à ce qu’il rebondisse dessus pour que je lui dise, mon père ne répondait pas. De guerre lasse, j’ai été directe comme je peux parfois l’être. « Papa, j’ai dit un truc à maman et elle m’a dit de le dire parce qu’elle a pas de secret pour toi. » réponse de mon père « Hum hum. » « Je suis homosexuelle. » Il n’a même pas ouvert un œil. Il n’a même pas tressailli et pourtant je peux vous dire qu’à ce moment-là mon cerveau enregistrait tout. Il n’a pas eu un mouvement et laconique il a dit « Je m’en doutais. » J’ai attend une suite, vainement. Quand il s’est mis à ronfler, je suis partie. Pas de rejet, pas de cris, pas de jugement. Partie dans ma lancée je l’ai dit à mes frangins.

Alors je sais que ce genre de coming-out n’est pas représentatif mais j’aime à dire en rigolant que quand je l’ai dit à ma mère, j’ai cru qu’elle allait me coller une gifle pour avoir ne serait-ce qu’imaginé que ça allait changer quoi que ce soit à l’amour qu’elle me portait. Ça n’a rien changé non plus à ma relation avec mon père. Il est toujours aussi peu causant mais c’est quand même lui qui a récupéré au travail dans un magazine qui traînait un dossier complet sur le Dinah Shore Week-End et me l’a offert pour m’aider dans mes recherches pour mon site. C’est également mon père qui m’a dit quelles couleurs choisir pour le même site et qui m’a suggéré de mettre des images parce que « les gens ils aiment les images ».

C’est mes frères qui m’ont dit que je devais mettre ce petit site en ligne. C’est eux qui m’ont parlé de cette idée de forum. C’est encore eux qui me réparent les bugs qui ne manquent pas.

Je l’ai dit à quelques membres de ma famille, ceux qui l’ignorent c’est parce que je ne les vois pas ou que je ne leur parle pas ou que l’occasion ne s’est pas présentée. Je ne cache pas les livres ou les dvds chez moi et pourtant, techniquement, je ne suis pas « out ».

Je ne suis pas « out » parce que je n’ai rien dit à mon travail où je veux être considérée avant tout comme une infirmière dont on se souvient parce qu’elle a fait les gestes qu’il faut au moment où il le faut et non pas parce qu’elle est lesbienne. Je veux être reconnue pour mes compétences et non pas pour mes préférences sexuelles. Je veux que mon travail reste le milieu professionnel où j’évolue et que ma vie privée reste le lieu où je suis vraiment moi. Et pourtant, on ne peut pas vraiment dissocier les deux. Je ne suis qu’une seule et même personne à chaque fois.

En clair rien n’est jamais aussi simple et facile que ce que l’on voit ou écrit. Une seule journée ne pourra jamais résoudre l’importance et la complexité du fait de parler à une personne que vous connaissez ou non de ce que vous faites dans votre chambre à coucher et accessoirement dans le reste des pièces si vous avez un grand appartement. Donc, une journée en l’honneur du coming-out, ça sert à quoi en fait ?

Petite liste non exhaustive du pourquoi il est intéressant de faire son coming-out au moins en famille :

— Parce que vous pouvez ainsi débattre pendant des heures sur le pourquoi du comment Charlize Theron est plus votre genre qu’Angelina Jolie, même si vous ne diriez pas non à cette dernière.

— Parce que vous aurez le droit de montrer à votre petit frère le dernier clip des Pussycat Dolls en vous offusquant de l’image hyper sexualisée de la femme, tout en matant à mort.

— Parce que vous pourrez enfin répondre à la question : « Et toujours pas de fiancé ? » Réponse : « Non, de toute manière ça sert à rien de se fiancer tant qu’on n’a pas le droit de se marier. »

— Pour pouvoir balancer enfin à ceux qui vous diront : « Je m’en serais jamais douté ! » un : « Ah bon, pourtant j’ai tout du stéréotype, les cheveux courts, les pantalons, le tatouage, je jouais aux voitures et je détestais les Barbies™ étant enfant. Et tu t’es jamais posé de questions ? »

— Parce qu’à la question : « Qu’est-ce que tu as contre les hommes ? » vous répondrez en toute gentillesse et discrétion : « Rien mais je n’en veux aucun dans mon lit. »

— Parce que comme ça votre frangin n’arrêtera pas de vous demander quand vous comptez enfin lui présenter une fille et que vous pourrez lui fermer son caquet en lui répondant : « Quand toi tu auras décidé d’en changer moins vite que l’éclair pour j’arrive enfin à retenir leur prénom avant qu’elles disparaissent. »

— Parce que vous pourrez mater avec vos deux frères, l’air de rien, les fesses de la même nana en moto et apprécier comme jamais les deux roues.

— Pour pouvoir étaler votre culture gay et expliquer à votre petit frère de 18 ans que Freddy Mercury était gay et que « We Are The Champions » s’adresse aux homos. Rien que la tête qu’il fera à ce moment-là vous amènera à apprécier cette sous-culture à un point phénoménal.

— Pour pouvoir faire comme Amélie Mauresmo et remercier la personne qui vous offre le calendrier des Dieux du Stade et rétorquer que vous allez enfin pouvoir faire un cadeau à votre boss sur Les Toiles Roses.


Isabelle B. Price (2008)

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