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(5.08)


(c) D. R.


Il y a quelques mois de cela, Zanzi m’a gentiment proposé de le rejoindre à Caribouland pour mes vacances. Je ne sais plus si c’était avant ou après que je lui ai expliqué que, vu que j’avais acheté un appartement, j’allais passer mes vacances pendant les dix prochaines années chez mes parents, mais la proposition est venue tout naturellement. Ma réserve naturelle, ma timidité et mon bon sens m’ont tout de suite amenée à refuser. Et puis l’idée a fait son chemin, doucement, lentement et sûrement. À tel point que je me suis vue lui dire, il y a deux semaines, « Je suis en vacances ! »

Il a renouvelé sa proposition Zanzi. Simplement, tranquillement. J’avais besoin d’air et je n’étais pas certaine de pouvoir le trouver chez mes parents cet air-là. J’ai donc accepté. Très vite, trop vite pour prendre le temps de réfléchir. Si je réfléchis, après, je pèse le pour et le contre, je prends conscience de la folie de mes décisions et je ne fais plus rien. J’ai donc pris l’adresse de Zanzi, acheté un billet d’avion et fait mon sac.

Je suis une fille, certes, mais je suis lesbienne. J’ai été élevée en Haute-Loire. Je sais donc faire un paquetage léger. J’ai maudit Zanzi d’habiter à Caribouland, évidemment. Il ne pourrait pas profiter de mes dernières chemises sexy, de mes pulls à col en V, de mes supers chaussures achetées récemment. Non, il aurait pu habiter sous le chaud soleil de la Réunion mais il a préféré le froid. J’ai eu une pensée émue pour Lucy Diamond qui, dans DEBS, avait fait comme moi et s’était réfugiée au chaud pour fuir ses problèmes, à Reykjavík. Bref, j’ai entassé des jeans, des tee-shirts à manches longues et à col roulés, des pulls chauds et des chaussettes en laine. Ne cherchez pas à savoir, je ne dirai rien sur mes sous-vêtements, bande de pervers.

Une fois mon sac prêt, je me suis vue me rendre à l’aéroport, prendre l’avion et atterrir à Caribouland sans avoir eu le temps de réaliser ce que je faisais. Si j’avais compris, l’aurais-je fait ?

Quand je suis sortie de l’avion et que j’ai foulé le sol canadien, Zanzi était là à m’attendre sur le tarmac. Il se remarque cet homme vous savez. Il dégage une certaine classe et une certaine prestance, même avec un anorak qui le fait paraître deux fois plus gros qu’il ne l’est en réalité… et cette capuche fourrée. L’air frais m’a fouetté le visage et j’ai remonté un peu plus la fermeture éclair de ma veste de ski. Finalement, c’était juste un peu plus froid que chez mes parents… quelques degrés d’écart…

On s’est dit bonjour. Je crois qu’il était aussi mal à l’aise que moi. Peut-être qu’il pensait que je n’aurais pas les couilles… les ovaires de venir. Peut-être qu’en fait c’était par simple politesse qu’il m’avait proposé de venir mais qu’il ne le pensait pas vraiment. Peut-être que…  J’ai arrêté de me poser des questions quand, après 20 minutes de route, on est arrivés chez lui. Je n’en revenais pas de toute cette neige partout, de nos pieds à l’horizon. C’était beau.

Il est passé devant en portant mon sac. Je crois qu’il a compris que les lesbiennes aussi pouvaient être coquettes quand il a vu le poids du truc. Il m’a montré ma chambre, m’a proposé de me rafraîchir et m’a laissé un peu de liberté le temps que je trouve mes marques. Ça je lui en serais toujours reconnaissante. Je suis quelqu’un de terriblement indépendant. Je ne supporte pas d’avoir en permanence des personnes autour de moi et parfois, souvent en vacances, j’ai besoin de me retrouver seule, tout simplement. Zanzi l’a compris ou l’a peut-être perçu à ma mine défaite et à mon énervement croissant.

J’ai pris une petite douche pour éliminer les restes du voyage et j’ai rejoint Zanzi juste après. Il était dans la cuisine, il faisait la vaisselle. Je me suis assise sur un tabouret devant le bar et je l’ai regardé bosser. Je suis une féministe. Quand un homme travaille, j’apprécie des choses aussi simples que le regarder faire. Il s’est tourné vers moi avec son sourire qui fait craquer tous les mecs et j’ai pensé « Amusant, Vincent a le même sourire. En fait c’est ça leur secret. » Il m’a alors demandé :

— Tu veux quelque chose ?

— Ben manger. Il est 19h30.

— Tu viens de descendre de l’avion. Avec le décalage horaire… Et tu n’as pas mangé dans l’appareil ? a demandé Zanzi l’air surpris.

— Ils m’ont servi un tout petit sandwich sans même mettre des chips pour l’accompagner. Et puis j’ai dormi un peu. Donc le décalage horaire ça va.

— La moitié d’une baguette tu trouves ça petit comme sandwich ?

Là il a regardé ma silhouette et j’ai compris qu’il se posait des questions. Mince, je n’ai pas à m’excuser d’être un estomac sur pattes. Si ? Non ! Je n’ai pas m’excuser d’être comme Obélix et d’avoir toujours faim, de savoir exactement quand il est 12h12 parce que j’ai toujours faim à 12h12. Oh quand même. Du coup j’ai joué les divas. Je sais jouer les divas quand l’occasion se présente. J’ai simplement dit :

— Quoi ?

— Et tu l’as mis où le sandwich ? Il a demandé en se moquant de moi.

— Tu me fais une omelette avec des lardons et je te le dis ! J’ai répondu en m’accoudant plus confortablement sur le bar, un sourire de défi aux lèvres.

— Allez, c’est parti. Il s’est mis à sortir les ingrédients et je l’ai regardé faire en me disant que j’avais intérêt à choisir un plat plus compliqué pour le lendemain. Il sait cuisiner en fait Zanzi.

— Je les cache juste aux bons endroits. Dans mon opulente poitrine et mes superbes fesses rebondies !

Là il a éclaté de rire. Il s’est foutu de moi parce que je n’ai ni une opulente poitrine ni de superbes fesses rebondies. La glace était brisée. On avait beau être à Caribouland, il faisait plus chaud chez Zanzi désormais. J’ai pris un air vexé en expliquant que je faisais du sport, des fois, et que c’était ce qui me permettait de continuer à faire 57 kg pour 1m74. Il a tiqué sur le « des fois » mais il a eu le bon goût de ne pas relever.

Pendant que l’omelette cuisait, il a mis le couvert et il a déclaré un truc sympa mais qui a amené une discussion catastrophique derrière :

— Tu n’étais pas obligée de venir seule. Tu aurais pu amener quelqu’un.

J’ai hésité à jouer l’idiote qui n’a pas compris. J’ai failli répondre que Titou était en cours mais je me suis retenue. J’ai mis direct les pieds dans le plat en me disant, « une fois que ce sera fait, ce ne sera plus à faire. »

— On peut parler d’autre chose que de ma vie amoureuse ?

— Hum… Il a fait mine de réfléchir, en face de moi, accoudé sur le bar, le menton posé au creux de sa main. Non ! On ne peut pas. Elle a quoi ta vie amoureuse ?

Des fois il est chiant Zanzi. Il sait exactement de quoi vous ne voulez pas causer et il vous oblige à y faire face. J’ai joué les gamines de 25 ans, je sais parfois très bien jouer ce rôle. J’ai supplié du regard, j’ai été très inspirée par l’horloge murale. Rien n’y a fait, il était comme un chien tenant un os dans sa gueule, comme Vincent devant le dernier Final Fantasy, comme le chef devant le calendrier des Dieux du Stade. Il ne pouvait pas lâcher.

— S’te’plaît. Tu veux pas plutôt qu’on parle de la forme des nuages quand j’étais dans l’avion.

— Non, c’est pas aussi intéressant comme sujet.

— Ce sujet-là non plus il n’est pas intéressant.

— Raconte quand même. Il a fouillé au plus profond de mon âme avec son regard clair et je me suis retrouvée devant le pire des détecteurs de mensonges.

— Je me suis servie d’une parfaite inconnue pour me sentir désirable. J’ai été en-dessous de tout et je n’arrive plus à me regarder dans le miroir.

— Sympa. Dis-moi en un peu plus.

— On avait été au ciné un soir. On s’est retrouvées pour une autre séance ciné. J’étais crevée. Elle a demandé si elle pouvait me prendre dans ses bras, j’ai dit oui. Elle a demandé si elle pouvait m’embrasser, je ne suis pas partie en courant.

— Tu parles de spontanéité. Elle était obligée de toujours demander ?

— Zanzi arrête. C’est pas drôle.

— Oh si, ta tête en ce moment est très drôle.

— Et après.

— Après quoi ?

— Après le baiser. Tu as fait quoi ?

— Je suis partie.

Là il a éclaté de rire. Il est vraiment pas drôle Zanzi quand il s’y met.

— Tu es partie donc.

— Oui, je travaillais le lendemain.

— Pour de vrai ou c’était une excuse ?

— Pour de vrai. J’étais de matin ! Je devais me lever à 5h15 !

— Et alors maintenant…

— Maintenant elle veut me revoir et je ne sais pas ce que je dois faire.

— T’es une vraie gamine.

— Merci, ça c’est un conseil qui m’aide beaucoup.

— Elle t’a appelée ?

— Non, je lui ai dit de ne pas m’appeler, que je n’allumais jamais mon portable. Du coup j’ai éteint mon téléphone depuis une semaine. Mais elle m’a envoyé un message dans ma boite mail. Et ça fait 10 jours que j’ai pas répondu.

— Et tu es partie à l’autre bout du monde pour y voir plus clair.

— Je suis à ce point un livre ouvert ?

— Oui. Bon on va essayer d’y voir plus clair. Tu as aimé l’embrasser ?

— Non. Oui. Non. Mais en fait c’est pas le problème. C’est pas mon genre et on n’a rien en commun. J’ai craqué pendant un moment de fatigue.

— Ou tu as simplement oublié de réfléchir ce qui ne doit pas te faire trop de mal des fois.

— Tu m’énerves.

— Elle te manque ? Tu as envie de la revoir ?

— Non et non. Je peux pas lui faire croire que j’ai été enlevée par des extra-terrestres ?

— C’est fin et léger comme idée Isa. Non, tu vas l’appeler, tu vas la revoir et tu vas simplement lui dire la vérité.

— Céline aussi m’a dit ça. Mais je préférais l’idée de disparaître de la surface de la terre. C’était moins désagréable.

— Je ne t’imaginais pas comme quelqu’un qui n’assume pas ses actes.

— Oui mais en fait je me demande si je ne réagis pas comme ça parce que j’ai peur de l’intimité et que je fuis avant de lui donner une chance.

— Mais elle te plaît ?

— Ben en fait j’ai une autre personne en tête mais je sais qu’avec cette autre il ne se passera rien.

Stop stop. On se calme. On va reprendre depuis le début et calmement pendant qu’on mange.

Là il nous a servi l’omelette et j’ai attaqué de manger. Je mourrais littéralement de faim et puis un compte-rendu de mes dernières boulettes, ça me creuse toujours.

— C’est marrant je te voyais beaucoup plus sûre de toi et plus sérieuse.

— Non. C’est un truc du chef. Je crois qu’il aime bien les bras cassés.

— Merci pour moi.

— Mais t’es dix fois pire que moi Zanzi. Vas-y parle-moi de ta vie amoureuse en ce moment !

Là il a enfourné un gros morceau d’omelette dans sa bouche qu’il s’est mis à mastiquer très méticuleusement. Il a pris son temps, tout son temps. Il avait le regard perdu dans son assiette. Les secondes se sont égrenées et quand enfin il a levé les yeux vers moi, la bouche vide, il a simplement déclaré :

— Ils étaient comment ces nuages vus de l’avion ?

 

TO BE CONTINUED…

Demain, sur Les Toiles Roses, dans « Et les filles, alors ? »…

 

Isabelle B. Price (20 Mars 2009)

 

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