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(5.12)




Retour aux basiques. Avant de devenir la série cultissime des Toiles Roses, « Zanzi and the City » était, au départ, la chronique d’un billet d’humeur. Bon, eh bien, je vais laisser éclater mon humeur.

Tout est parti du billet de mon vrai-faux fiancé franco-espagnol Philippe Ariño (que je n’épouserai jamais, tant pis pour les rêves de midinette de Daniel qui nous voyait déjà convoler dans les jardins de l’Alhambra de Grenade, car Philippe est promis à Quelqu’un d’Autre de beaucoup plus Grand que moi avec Qui je ne peux rivaliser) consacré à la passion qu’éprouvent les personnes homosexuelles pour LA chanteuse kitsch du paysage musicologique français : Mylène Farmer, et de la réaction rapide de Lucian Durden sur le sujet. Comme cela ne me surprendrait pas que mon ex-amant wanna-be boyfriend Vincy Thomas ponde un bazar sur ce sujet explosif, j’ai décidé de franchir ce rubis con avant lui pour vous dire que, franchement, moi, Zanzi, je me fous de Mylène Farmer !

Je me moque de ces pétasses hystériques qui se déhanchent dans les soirées parisiennes sur les rythmes de Laurent le boutonneux et les paroles fredonnées par la diva aux cheveux de feu. Je me contrefiche qu’un garçon qui me fait du gringue depuis plus d’un an et n’assume pas ses préférences me montre sur Facebook une photo où on le voit, dans l’une de ces soirées-là, embrasser à pleine bouche un illustre inconnu alors qu’il sort avec quelqu’un d’autre tout en espérant me voir le mois prochain et connaître l’extase qu’offrent mes lèvres expertes dans l’art du baiser (cette phrase personnelle n’est ni hors sujet ni hors contexte ni hors milieu, il s’agissait bien d’une soirée « spéciale Mylène Farmer » !).

Adolescent, je n’ai pas été marqué plus que cela par les chansons de MF. Certes, mon œil d’artiste a apprécié à sa juste valeur le célèbre clip de « Sans contrefaçon » et sa référence explicite au libertinage du XVIIIe siècle et à l’histoire du Chevalier d’Eon, l’androgynie et l’ambiguïté sexuelle du personnage n’ont pas contribué à façonner ce que je suis et surtout qui je suis. Aucun processus d’identification et d’affirmation, donc. Et quant au viol, je découvre à peine ce dont il s’agit en lisant les billets de notre Araignée du désert.

Mylène Farmer me laisse à peu près indifférent. Je ne dirai pas qu’elle m’agace, non, ce qui m’agace, c’est la vénération et l’idolâtrie dont elle fait l’objet. Le fait que je lui reconnaisse malgré tout certaines qualités artistiques, ainsi qu’un don évident (avec l’aide précieuse de son boutonneux) pour se mettre en scène et se vendre au moyen d’une stratégie marketing éprouvée, ne m’empêche nullement de considérer ce phénomène de masse avec un regard critique et distancié.

Lorsque j’ai commencé à sortir dans le milieu homosexuel, la flamboyante rouquine lançait sur le marché du disque sa fille pas du tout naturelle, Alizé. Tout à ma joie des premières fois et des premiers émois, je reconnais m’être trémoussé, effet d’entraînement oblige, sur l’insipide « Moi Lolita », gazouillé par l’adolescente post-pubère et pré-nubile que certains surnommaient, à juste titre, « Mi-coton Mylène ». L’expérience a fait long feu, et la princesse héritière n’a pas détrôné la reine mère. Aux dernières nouvelles, elle serait la compagne discrète d’un ancien élève de la Star Ac qui lui aurait fait un bébé. Mylène Farmer est grand-mère par procuration !

Pour conclure, si je vous révèle (mais vous le savez déjà) que je suis désenchanté par l’innamoramento, parce que l’amour n’est rien, mais que malgré cela j’attends, peut-être toi, et qu’en t’attendant, je m’ennuie et aimerait que tu appelles mon numéro, vous allez penser que je subis peut-être, comme tant d’autres, l’influence de cette fée-sorcière ! Eh bien pensez ce que vous voulez ; moi, je m’entête à me foutre de tout… et je me fous de Mylène Farmer !

 

Zanzi, le 29 mai 2009


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