L’été arrive, et les gens nagent dans le bonheur. Dans un mois à peine, la moitié des Français qui
auront coulé des jours heureux de RTT et de fins de semaine longues comme des viaducs ou le pont d’Avignon vont partir en vacances. Certes, en majorité ils les passeront dans un camping de
pauvresses. Peu importe, ils n’en foutent pas une rame de toute façon. Entre-temps, des étudiants en grève depuis janvier se verront décerner le diplôme le plus dévalorisé de tous les temps.
Ils sont heureux, ils n’ont rien branlé d’autre que leurs sexes pendant six mois et ils sortiront diplômés de la Fac. Le temps de réaliser qu’ils n’auront droit qu’au chômage n’est pas encore
venu. Ils sont jeunes, ils sont heureux, ils vont profiter de leurs vacances et de leur jeunesse entre copains et copines, forniquer dans les dunes, prendre des bains de minuit et des cuites
mémorables dont le souvenir adoucira le triste quotidien qui les attend au tournant de l’âge adulte et des responsabilités qui seront les leurs.
L’été arrive, et les gens se fichent pas mal des élections européennes. Vingt-huit listes en présence
rien qu’en Ile-de-France, voilà de quoi décourager les meilleures volontés. Eh quoi ! d’ailleurs c’est le jour de la Fête des Mères. Pour peu qu’en plus il fasse beau, faudrait être maso
pour aller se faire chier au bureau de vote du coin, non ? Alors, j’active le mode révolutionnaire, version mi-Che mi-Fidel, et appelle tout le monde à s’abstenir massivement d’aller
voter le 7 juin ! Non pour rejeter l’Europe et la construction européenne dont je me réjouis, encore que sur ce point j’aurais préféré que l’on approfondisse et consolide les
institutions avant d’élargir à tout-va l’Espace communautaire, mais pour signifier aux guignols qui nous gouvernent et à la masse de cloportes qui veulent devenir députés européens qu’on les
envoie se faire foutre ! Avec leurs conneries, ils finiront bien par tuer la démocratie. Donc, le 7 juin, fêtez votre maman, dites-lui que vous l’aimez de toutes les façons que ce soit,
et oubliez le reste. Avec 80 % d’abstention, Zanzi criera victoire ; à 85 % ou plus, ce sera un triomphe !
L’été arrive, et je suis toujours célibataire. Ça m’ennuie de croiser des couples qui affichent un
bonheur indécent. Être jeunes, beaux et heureux sous le soleil est une insulte à ma détresse sentimentale. D’aucuns diront que je ne fais pas vraiment ce qu’il faut pour changer les choses.
Je réponds : à quoi bon ? À quoi bon essayer de trouver l’amour à Caribouland alors que dans un peu plus d’un an je vais quitter ce pays, et que personne ne me suivra quelle que
soit ma future destination ? À quoi bon, aussi, essayer de trouver l’amour en France, puisque je suis encore bloqué à Caribouland pour un an et que les relations à distance sont vouées à
l’échec ? La quadrature du cercle, me direz-vous ? Les mathématiques et la géométrie n’ont jamais été mon fort. Combien de temps devrai-je encore attendre pour goûter à la joie de
vivre et éprouver du plaisir à être vivant ? Je ne veux plus attendre.
L’été arrive, et pour en profiter au maximum, j’ai décidé de me la péter en roadster cabriolet
(1) et de faire mon coming-prout. Je reconnais que cela ne remplace pas l’amour, mais en attendant, ça met du baume au cœur. Dimanche 31 mai, sous
le soleil, j’ai éprouvé une joie enfantine au volant de ma nouvelle voiture. Rouler cheveux au vent, c’était un rêve d’enfant. Il est devenu réalité. Je suis allé à la marina de Shediac, et
l’on aurait dit un festival de voitures de sport et de cabriolets. Des BMW, des Corvette, et ma mienne. Flambant neuve, à peine 300 km au compteur, une sellerie en cuir rouge, un bijou. Et
vous savez quoi ? Les gens d’ici s’en fichent. Je ne fais pas d’envieux, et c’est très bien ainsi. Je satisfais mon plaisir personnel, à bien y réfléchir il s’agit d’une forme
d’onanisme. Personne ne me regarde dans la rue ou quand je sors le samedi soir, personne ne me regarde davantage quand je suis au volant de ma voiture. Seul avec mon joyau de 200 chevaux, je
zappe sur les canaux de la radio satellite et puis je me fous de tout le reste.
En conduisant mon roadster, j’ai laissé mon esprit vagabonder vers un ailleurs dont les contours ne sont
pas très bien définis. Et j’ai rêvé que je conduisais une vieille Jeep sur une piste à moitié désertique, pleine de bestioles qui font peur, style mygales, tarentules, cobras, et des plantes
qui piquent, comme des cactus. J’aurais un vieux chapeau vintage pour protéger ma tête des rayons du soleil, tout serait vintage en fait, cabossé de partout, avec un réel vécu au fond de
l’âme. Je commence d’ailleurs à être vintage, moi aussi. Ne suis-je pas l’un des plus anciens blogueurs des Toiles Roses ? Cela fera 3 ans à la fin du mois d’août. Quand l’été
qui arrive entamera son déclin.
Zanzi, le 1er juin 2009 (2)
(1) Suite à cet achat, et parce que je ne suis pas
hypocrite, j’ai quitté le groupe « Exister n’est pas consommer » sur Facebook. Quand je l’ai rejoint, il s’appelait « Il faut plus qu’un sac Vuitton pour
m’impressionner ». Et c’est vrai ! C’est d’un m’as-tu-vu…
(2) Bon anniversaire à Norma Jeane Mortensen Baker, alias
Marilyn Monroe (83 ans) et à Diana Frances Spencer, Princesse de Galles (48 ans).
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