D’aucuns pensent que la quête de l’amour occupe une
trop grande place dans ma vie. Peut-être y accordé-je trop d’importance, mais que voulez-vous ? Aimer est dans ma nature de garçon, et je crois sincèrement que, comme dans la chanson
« Nature Boy », la plus grande chose que l’on puisse apprendre est d’aimer et d’être aimé en retour.
Je me suis souvent interrogé sur l’origine de ce besoin, presque viscéral, et ne doute pas un
instant qu’il plonge ses racines dans l’histoire de ma famille. Ce que je m’apprête à révéler est très impudique, mais qu’importe ! Il faut que ça sorte. Je suis le fils premier né d’un
couple insolite, ou plutôt improbable. Je connais les détails de la rencontre de mes parents, au cours de leurs vacances en Tunisie. En revanche, ce qui demeurera pour toujours un mystère
jamais résolu, c’est ce qui les a conduits à se marier. Les intéressés se sont toujours montrés évasifs sur le sujet. « Ça s’est fait comme ça », ou une phrase du même style, se
veut une assertion qui n’explique rien du tout. Rien, dans leur démarche, ne semble receler la moindre once de romantisme et de sentiment amoureux.
J’ai donc grandi, et me suis construit, en ayant la
conviction profonde d’être le rejeton d’un foyer hors normes, donc anormal. Je passe sur l’inversion des rôles – mère au travail, père au foyer – quand j’avais deux ans, concept pionnier et
révolutionnaire à l’époque, pour en venir à l’essentiel : la perception, voire la certitude, que mes parents ne s’aimaient pas. À charge de la preuve, l’absence de manifestation de
tendresse (bisous), de mots doux (je ne les ai jamais entendus se dire « je t’aime », ni s’appeler « mon chéri, ma chérie »), et de comportement habituel aux couples
« normaux », comme le simple geste de se tenir par la main en marchant dans la rue.
Peut-être me suis-je trompé sur toute la ligne,
peut-être s’agit-il seulement d’un excès de pudeur exacerbée, renforcée par leur vécu personnel avant de se connaître. Je l’ignore, mais cela ne change rien au résultat. J’ai eu (et les ai
encore) des parents aimants, mais j’ai été privé de parents amoureux, capables de m’offrir un modèle de stabilité, de complicité et de sérénité. C’est pourquoi je m’évertue à faire
tout mon possible pour ne pas suivre leurs traces.
Quand j’aime, j’ai besoin de le dire, de l’écrire, de
le montrer et ce, peut-être, au risque d’en faire de trop. Emballements, coups de cœur et coups de foudre sont logés à la même enseigne : Auberge de la Passion. Il arrive que le feu soit
uniquement intériorisé : sentiments non réciproques, ou volonté de ne pas aller trop vite dans la relation pour ne pas effrayer l’autre, en constituent les raisons majeures. Mais le feu
est là, et bien là. Comme le feu grégeois, la flamme brûle en permanence au fond de moi et n’attend qu’un souffle (d’amour) pour se transformer en brasier.
Aimer, c’est faire don de soi à autrui, et ça passe par
le toucher. Mes nuits d’amour comptent presque autant de baisers que le ciel compte d’étoiles. C’est invariable : quand j’ai quelqu’un dans mes bras, je couvre de baisers le corps offert
à mon étreinte, à n’importe quel moment de la nuit. Un mouvement indique l’éveil ou le demi-sommeil, et voici que ma bouche se pose sur la première parcelle de peau qu’elle peut toucher.
Épaule, dos, cou, oreilles, cheveux, lèvres si le visage me fait face, et c’est parti pour une salve de bisous.
Sans doute ne dormons-nous pas beaucoup, mais nous
dormons très bien ! Faire l’amour, cela peut n’être que ceci : embrasser la personne que l’on aime. Songez qu’à l’école primaire, des enfants qui s’embrassent sur la bouche pensent
qu’ainsi ils font l’amour ! Comme ils ont raison ! Écoutez les mots tout simples des enfants, ils disent la vérité. S’embrasser est l’acte le plus intime et le plus personnel qui
soit. Il n’est jamais anodin, car il révèle un sentiment, une émotion. C’est un acte d’amour. Mes baisers en disent long sur mes sentiments.
Je suis certainement un incorrigible romantique, un
rêveur assoiffé d’amour et gourmand de câlins, un monstre de tendresse qui dévore sa proie à grands coups de bisous. Ce que je suis, pour le meilleur et pour le pire, je le dois à ceux qui
m’ont fait.
Zanzi, le 24 juillet 2009
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