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Je serais un Ginkgo Biloba.

Papy Potter


Pour la vingtième livraison de cette série de textes basée sur les hypothèses "Si j'étais homosexuel(le)" pour nos ami(e)s hétéros gay-friendly et "Si j'étais hétérosexuel(le)" pour nos ami(e)s gay hétéro-friendly, j'ouvre mes branches à notre collaborateur et ami belge Papy Potter, l'auteur de la chronique "Le Chaudron Rose" sur notre blog. Papy Potter est né en pleine folie hippie de parents qui ne l'étaient pas. Depuis lors, il vit au milieu de ses arbres avec son adorable pirate des trains, tout au bord d'un marais nommé « du ru d'amour ». À quelques kilomètres de là, s'étend une vaste forêt où il travaille. Dans le chaudron rose, comme il est devenu vieux (il a presque 40 ans) et que Moudulard a fermé ses portes depuis longtemps, il glose sur le lien sulfureux et amoureux liant les gays aux diverses spiritualités du monde.


        Si j’étais hétérosexuel, je serais un Ginkgo Biloba. Pourquoi ? Parce que cet arbre appartient à une minorité sexuelle et que ses amours sont, comment dire, contrariées…

        J’appartiendrais donc à la plus ancienne espèce sylvestre vivante. Elle existait déjà avant les dinosaures. Je ne pense pas que cela soit une perspective très excitante pour l’homo standard de moins de cinquante ans. À cette idée, il fourrerait plutôt dans sa trousse de survie un flacon familial d’anti-rides, vendu par caisses au rayon « toujours gay, toujours jeune » de sa parapharmacie préférée. À moins que je ne précise qu’en tant que ginkgo, je suis le père de tous les spermes du monde floral. Sperme, hmmm ? Vous avez dit sperme ? Wouw ! Oui, très chers. Gymnospermes, angiospermes, toutes ces classes végétales qui sentent le foutre comme un châtaigner au printemps descendent en fait du Ginkgo Biloba. Enfin, je crois. Je me suis laissé dire.



        Mais laissez-moi plutôt me plaindre. J’ai quelques jérémiades à vous confier. Car, voyez-vous, l’évolution a eu l’outrecuidance de favoriser d’étranges modalités en matière de reproduction. Je suis, en conséquence, un des rares arbres hétérosexuels sur cette terre. Les essences plus jeunes sont presque toutes bisexuelles, je le déplore. À plus de quatre-vingt dix pourcents, rendez-vous compte. Toutes monoïques. Donc, toutes bi. Ou à peu près. J’en ai le cœur au bord des lèvres quand j’y songe. Ils reniflent le pollen du voisin comme on hume une petite culotte, ces salopiauds. Ils ouvrent béant le cul de leur pistil et attendent les abeilles en frétillant. Vous le croyez, ça, vous ? Cela va ainsi de nos jours. Ces saloperies d’hyménoptères s’en vont branler joyeusement un voisin. Elles se remplissent les pattes de foutre. Je veux dire, de pollen. Puis elles s’en viennent vous en badigeonner les orifices en vous secouant à votre tour les antennes. J’en suis puissamment dégoûté. Je préfère décharger au hasard et on n’en parle plus. Où va le monde, Seigneur ?

        J’ignore si cela justifie un témoignage chez Delarue. Mais je suis fier de dire que je suis, moi, un des rares spécimens arborés restés hétéros dans le monde. Un presque fossile, je vous l’accorde. Un vieillard acariâtre, à ce qu’il parait. Mais chacun a son caractère. Je vote à droite, bien sûr, car la gauche est pleine de pédés, tout le monde sait ça. Et surtout, ça me gonfle de savoir qu’être hétéro est totalement « has been » dans la gent végétale depuis des millénaires. Ils avalent le sperme de leurs congénères tout en se paluchant les étamines, comme dans un vieux porno des années d’avant sida. Cela m’écœure, tout bonnement. Du coup, dans ce monde joyeusement plurisexuel, je fais office d’emmerdeur de service, de bourgeois près de ses bourses, si vous me pardonnez l’expression. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on m’a surnommé « l’arbre aux mille écus ». Parce que moi, ma bonne dame, j’ai encore la notion du patrimoine, de l’héritage et du terroir à partager. Heureusement. Qui l’aurait sinon ? Avec tous ces jeunots qui se laissent abattre à la moindre débroussailleuse. J’ai survécu, moi. Je me suis battu. Oui, monsieur. J’ai fait la guerre des arbres et je m’en vante. C’était à une époque où les chamans asiatiques nous parlaient avec révérence. Comme je vous le dis. Maintenant, les hommes ont même oublié que nous avons une âme. Les cuistres.



        Je rêve parfois d’une réunion de tous les hétéros végétaux du monde. Il y en a peu, mais il y en a. L’ortie par exemple. On défilerait dans une marche des fiertés en hurlant des chansons datant de la Belle Époque. Car dans ces folles années, ma chère, on chantonnait encore le lilas ou le cerisier. Les deux sont monoïques, je pense, mais on s’en moque. Je vous parle d’un temps où les gramophones chevrotaient des chansons ruisselantes d’amour et poisseuses de guimauve. Et on y parlait de nous. À cette époque, les arbres fleuraient le romantisme. Même les rares qui restent hétéros. C’était tellement bandant. J’en suis si nostalgique. J’en pleurerais.

        Je suis donc un ginkgo biloba. Et je suis hétéro. En le disant de cette manière, j’ai l’impression d’être dans une réunion des alcooliques anonymes mais passons. Je n’ai pas eu l’extravagance de pousser près d’un temple bouddhiste, ne vous déplaise. La zénitude des jardins de rocaille ne m’inspire guère. J’aime le bruit, l’aventure. Mes gènes jurassiques conservent le goût du hurlement des prédateurs au crépuscule. J’ai donc préféré déployer mes racines en plein cœur de ce qui a fini par devenir une ville. Je suis face à la gare. Tout au bord de la route. Et un de mes plus grands bonheurs est de sentir la pluie tomber sur moi. J’aime toutes les pluies. De la plus grasse à la plus légère. Toutes me sont bonnes. Sentir l’eau ruisseler sur mes feuilles m’est plus goûteux qu’une tige de cannabis pour vous. Ça me rend l’âme poète et déjantée. Vous ne l’imaginez même pas.



        Voilà, d’ailleurs, qui me rappelle un événement. Car nous aussi, nous avons nos histoires. Pourquoi croyez-vous que nos feuilles font du bruit quand le vent s’y déverse ? C’est notre manière à nous de bavarder. Il n’y a pas si longtemps, un peuplier nous a conté un fait étrange. Le houx, qui écoutait avec moi, ça lui a troué le cul. Je crois que depuis lors, il fait très gaffe à son feuillage. Bref, donc, l’histoire ! Dans un jardin, un jeune Ginkgo avait perdu ses feuilles. Le pauvre. Un des deux hommes qui vivaient là a bien tenté de le sauver mais rien n’y fit. Vous remarquerez qu’il s’agit de deux mecs. Des tapettes, bien sûr. On se demande comment ils font pour être si nombreux, ils n’ont même pas la chance d’être des arbres. Mais passons. Nous étions donc au printemps et son écorce se flétrissait. Je parle du Ginkgo, of course, pas de la folle qui gémissait en caressant son tronc comme si c’était un gode. Les éventails de son feuillage se mirent d’abord à sécher, puis ils roussirent. Et enfin, ils tombèrent. Alors que l’arbre voisin, lui, était encore vert, le fumier. Le ginkgo déplumé fut abattu sans autre forme de procès. C’est une sale manie chez les hommes. Pour autant, on lui laissa ses racines. L’homme emporta le tronc et enleva les branches. Non, il ne s’en est pas servi pour se polir un gode. Enfin, soyez réalistes. Un gode en bois, ça doit finir par être plein d’échardes. Ah, je vous jure, les humains manquent d’esprit pratique parfois. Donc, il ramena le tronc chez lui, ôta l’écorce et mit le cœur de l’arbre à nu. À ce passage de l’histoire, je tourne souvent de l’œil, je vous l’avoue. J’ai tendance à m’identifier, voyez-vous ? Et rien qu’à imaginer que l’on m’écorche de la sorte, j’en ai des coulées de sève. Mais bon, l’arbre était mort. Je suppose qu’il ne sentait plus rien. L’homme prit ensuite un pinceau, vous savez, ces branches amputées pleines de poils, ainsi qu’un pot de peinture noire. Et là, il se mit à tatouer le pauvre arbre défunt. Il le couvrit littéralement de symboles et de décorations. Il ne voulait pas que son ginkgo soit mort. Il désirait le conserver. Le brave chéri. Vous imaginez ça, qu’il y ait encore sur cette terre, des humains qui espèrent garder les arbres le plus longtemps possible. Quel snobisme ! De nos jours, la mode est plutôt à l’abattage intensif ! Les jours passèrent. Et l’été arriva. Le jeune homme retourna à la souche restée là, au milieu du jardin. Il eut ainsi une incroyable surprise. Des feuilles poussaient sur le reste de la souche. Le ginkgo abattu vivait encore. Le gars avait simplement oublié que les arbres ont le pouvoir de renaître. Pour accomplir la même performance, les hommes, eux, ont dû s’inventer des dieux.



        J’aime bien cette histoire. C’est mon côté mystique. Elle me garde en mémoire que je peux être millénaire quand la plupart des animaux, eux, ne font que passer. J’en suis fort aise, notez. Les gens qui traînent dans mon ombrage regardent parfois mon tronc tortueux avec envie. Ils voient en lui une sorte de phallus noueux géant alors qu’en fait mes organes sexuels n’ont rien à voir avec mon tronc. On en a plus que vous et je suis sûr que ça vous rend jaloux, en fait. Normal, vous ne pensez qu’au sexe et à l’argent. Pauvresses ! J’en vois aussi qui caressent mon écorce en frissonnant. Il est vrai qu’il est plus rugueux qu’une barbe. La faute aux chats qui viennent y faire leur griffe. J’imagine que certains humains s’en excitent. De mon écorce rugueuse, pas des chats qui me lacèrent ! Ils doivent bien compter la sylvophilie (c’est le fait de baiser avec des arbres) parmi leurs nombreuses perversions, ces cloportes-là. Après tout, il y a bien des zoophiles, non ? L’homme est un étrange animal, vous devez bien me l’accorder. Tout lui est bon pour prendre du plaisir. Sauf la pluie. Ça, je l’ai remarqué. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de grogner sous la douche mais bon. S’il était une plante, l’homme serait un liseron. Toujours à prendre, incapable de donner. Il est futile et inutile. Je l’ai toujours pensé.

        Il est des fois, pourtant, où les humains m’apportent du plaisir, je le confesse. C’est quand ils vomissent à mes pieds. J’adore cela. L’odeur fabuleuse du vomi excite mes sens et me chatouille l’écorce. Il y a une raison très logique à cela. La senteur de vos vomissures m’évoque le fort parfum des fruits de ma femelle, quand ils sont déjà vieux et avides d’être fécondés. L’ovule bien mûr se lézarde tout du long et appelle la dorure bienfaisante de mon foutre. Quand un homme gerbe à mes racines, je ne fais pas la différence. Pour moi, ça sent la femme, c’est tout. Cela me rend les bourses chatouilleuses et je décharge mon pollen en couinant. Ah, le doux spectacle enivrant de mes flocons vainqueurs ! Oh, les voir s’étaler dans la grasse chevelure d’un humain hoquetant ! J’en déborde d’émotion.



        Il faut dire que les hommes ont été assez vaches avec nous. Sous prétexte que les femelles ginkgo puent du con, ils les ont décimées. Il paraît que l’odeur de leurs fruits, celle-là même qui me porte vers des abîmes d’extase, leur est purement insupportable. D’abord, cela leur évoque le beurre rance, ce qui est doux à mes narines. Quand je perçois au loin cette senteur affolante, j’en ai les étamines qui turgescent et poudroient de bonheur. Au fur et à mesure que la saison s’écoule, le parfum évolue et se transforme en jus de poubelle. Un peu semblable à l’élixir joyeux craché en jets d’acides d’un estomac gavé de bière. Moi, ça me rend dingue. Je suis un ginkgo mâle. Il est normal que j’apprécie les effluves d’une femelle en rut. Mais les humains ne partagent hélas pas mon opinion. Ils ont donc écarté les femelles ginkgo de leurs plantations. De sorte que, vous l’avez compris, il ne reste plus que des mâles partout. Non mais, vous vous rendez compte ? Ces salauds-là nous privent de nos bonnes femmes. Au nom de qui ? Au nom de quoi ? Ils méritent bien que j’éjacule dans leurs cheveux quand ils gerbent à mes pieds, moi, je vous le dis.

        Être ginkgo n’est pas une sinécure. Les hommes cherchent à nous dévier. Ils veulent nous transformer en pédales. Je refuse. Je résiste. Déjà que mes feuilles ont une forme d’éventail. Vous connaissez beaucoup de mecs hétéros qui se baladent en s’éventant ? Moi pas. Des femmes, oui. Des tapettes, peut-être. Mais pas des hétéros. Ils préfèrent amplement dégouliner à la Johnny. Je n’en connais pas un qui se munirait d’un quelconque éventail. Mais nous, ginkgos, nous n’avons pas le choix. Notre feuillage est ainsi fait. C’est ridicule, je vous l’accorde, mais c’est comme ça.



        Et moi ? Suis-je condamné à me branler en regardant des hommes vomir ? Je dis « des hommes » car des femmes qui dégueulent, c’est plus rare, on doit leur reconnaître cette finesse. N’ai-je pas le droit d’aspirer aux transports amoureux que tout mâle est en droit d’éprouver pour une femelle de son espèce ? Hein, dites-moi ? Je suis sûr que vous, vous me comprenez.

        Je vous en supplie, humains, faites quelque chose. Lancez des pétitions, je ne sais pas, moi. Je ne peux pas finir ma vie ainsi. Vous devez bien me comprendre. Après tout, nous vivons un peu la même chose, non ? Ce n’est pas toujours facile non plus pour vous de vous trouver un partenaire. Alors, pensez à nous à qui VOUS avez volé nos femmes. Ami, fais-le pour moi.

        Sauve mon hétérosexualité.

        Plante un ginkgo femelle dans ton jardin.

        Et achète un diffuseur d’huiles essentielles, ça masquera le goût.

       Homos et Ginkgos, même combat ! Protégeons les minorités sexuelles. Croyez-moi, c’est une lutte importante. Ne l’abandonnez jamais.

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