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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

SPÉCIAL FRANÇOIS REYNAERT

& BASILE POLSON

François Reynaert est chroniqueur au Nouvel Observateur et dans l'émission Le Fou du roi de Stéphane Bern sur France Inter et il est l'auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Nos amis les journalistes où le lecteur fait la connaissance du journaliste Basile Polson, qu'il retrouvera dans le roman Nos amis les hétéros et dans Rappelle-toi... François est l'invité du blog "Les Toiles Roses"...


       

       François REYNAERT, Nos amis les journalistes : Roman comique, Nil, 2001, 263 p. ; (poche) Pocket, 2004, 256 p.

        Vous hésitez encore sur votre destination de vacances estivales ? Vous voulez fuir les lieux recommandés par Têtu Voyages mais ne refuseriez pas de viriles étreintes avec de jeunes soldats peu farouches ? Le Tourdistan est LA destination qu'il vous faut ! À cheval (ou plus exactement, à chameau) entre les zones d'influence iranienne, turque et ex-soviétique, ce pays offre une palette d'émotions aussi diverses que variées à celui qui saura faire l'effort de fuir les clichés et les idées reçues sur des univers à l'exotisme... exotiquement exotique.

        Pour le découvrir, foncez chez un bouquiniste, à la bibliothèque la plus proche (si elle a une « bonne » politique d'achats !) ou sur une librairie en ligne (l'édition originale semble plus disponible que celle de poche) et avec Nos amis les journalistes, vous aurez un aperçu vivant et assez détaillé des « mille et un visages de Tourdistan ». Avec un trio de reporters de choc, dont le jeune pigiste gay Basile Polson, impossible de s'ennuyer dans ce pays qui a raté de peu la une des médias.... mais qui pourrait bientôt s'y installer (1).

        François Reynaert est là-dessous, oui celui que vous filez directement retrouver dans sa chronique du Nouvel Obs, que « Le classement des hôpitaux », «Le salaire des cadres », « La vérité sur les Franc-maçons » ou « Les derniers prix de l'immobilier » soient ou non en couverture ! Et même si vous ne lisez pas ce journal, si chez le dentiste ou le coiffeur vous sautez sur L'Auto-journal, Femme Actuelle ou Ici Paris... cela n'est pas vraiment important...

        Le bougre n'est pas que chroniqueur, il sait aussi nous tenir, souvent hilares, en haleine au long d'un récit qui est plus et mieux qu'une satire du milieu de la presse. Un véritable amant de la langue française déploie ici ses talents, que ce soit dans la pratique du moliérien idiome par d'étranges étrangers plus subtils que d'hispaniques bovins ou dans une autodérision qui pourrait valoir à Basile Polson des sanctions !

 

(1) on murmure au Quai qu'un jeune et influent diplomate français, actuellement en poste au Caribouland, devrait y être « promu » ...

POUR EN SAVOIR PLUS :

Sur l'auteur, sa biographie (officielle ??) : http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Reynaert

Chez son éditeur : http://www.laffont.fr/livre.asp?code=2-84111-224-1

Sur le Tourdistan :

Le site de l'Office de Tourisme du Tourdistan (non disponible en français) :

http://www.kase.kz/ru/page/normative_base

 


       François REYNAERT, Nos amis les hétéros : (Roman de genres), Nil, 2004, 273 p. ; (poche) Pocket, 2005, 273 p.

        Basile Polson, héros de cette enquête ethnologique, a l'impression désagréable d'être le « pédé de service » dans son hebdomadaire quand on lui demande de préparer un dossier spécial sur les homos…

        Qu'a cela ne tienne, le jeune homme a du répondant et l'enquête pour ce numéro « être gai, ça n'est pas triste » va le conduire dans un monde étrange et pénétrant, celui des hétéros !

        Basile n'aime pas les simplifications, c'est un esprit libre qui agit avec une vraie empathie. Ses amis, ses collègues, son Victor en font ici l'expérience à un degré étonnant.

        Les livres américains du style Retrouver le mâle qui est en soi, Elevez vos garçons comme des garçons ou le terrible Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus (adapté en pièce de théâtre !) provoquent chez lui un urticaire intellectuel partagé par toute la section littéraire des Toiles Roses… C'est avec un altruisme sincère, désintéressé et aux conséquences parfois cocasses qu'il va mener sa barque dans des remous de jalousie, d’adultère, et d’autres crises conjugales. Les altérophiles (1) sont parfois des êtres déroutants (2) en comparaison avec le couple que forment Basile et Victor dans le contexte où les récentes années sida sont évoquées (p.105 à 107) avec maestria.

        Que l'on ait ou non partagé les aventures de Basile Polson, pigiste envoyé spécial au Tourdistan (3) importe peu. L'heure est au coming out familial, à la tendresse avec ce beau philosophe qu'est Victor, au pacs flottant… tout un contexte où l'amour s'affiche sur cinq colonnes à la une pour Basile, qui doit suivre ses amis (dont quelques vrais ours !) dans un quotidien de faits divers aux conséquences moins brèves que prévu.

        Un cocktail de réflexions existentielles plus que pertinentes, d'interrogations fondamentales mais jamais pédantes au milieu d'une aventure humaine : l'insolite déclaration d'amour de Basile à Victor sur près de trois cents pages.

 

(1) cf. Pascal Fioretto, Gay Vinci code, Chiflet&Cie, 2006, p.87 « Par opposition à l'homophilie, l'altérophilie est la tendance à éprouver des pulsions amoureuses pour un sexe opposé au sien »

(2) Voir à ce sujet les brillantes chroniques de Monsieur Durden, notre « hétéro de service » :

http://www.lestoilesroses.net/categorie-10924403.html

(3) Dans Nos amis les journalistes déjà évoqué dans cette rubrique.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Chronique de François Reynaert sur « la confusion des genres » …

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2083/articles/a250756.html

 


       François REYNAERT, Rappelle-toi, Nil, 2009, 228 p.

        Internet a fait de notre vie un Perdu de vue potentiel… on peut retrouver ses copains d'avant pour en faire, éventuellement ses coquins d'aujourd'hui ! Voilà comment le héros de François Reynaert reçoit un mystérieux courriel d'un certain Patrick Legoff, compagnon de vacances adolescentes au camping des Tournesols dans la Manche. Patrick Legoff ????

        Quadragénaire épanoui dans sa relation de couple avec Victor, professionnellement serein et reconnu dans son hebdomadaire et à la télévision, Basile Polson vit ici son aventure la plus intime dans une plongée vers un passé incertain où les ombres ont un charme envoûtant qui donne au présent un relief nouveau.

        Roman sur la maturité où l'humour et une lucidité décapante ne font jamais défaut, Rappelle-toi est écrit comme une enquête policière : en cherchant à résoudre l'énigme de base, Basile va faire le point sur son bonheur actuel tout en goûtant à de délicieux flashbacks dont fait partie le beau Tony, son « premier mec ». Roman d'apprentissage du quadragénaire de ce début de XXIe siècle, ce livre nous touche encore plus que les précédentes aventures de son protagoniste : il est un tout qui peut être lu sans être passé par les étapes antérieures.

        Serons-nous nombreux à faire savoir à son auteur que nous en voulons encore et que nous n'aimons pas l'idée que le point imprimé page 229 soit le point final des aventures de Basile Polson ?

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Très belle interview de François Reynaert par nos amis de Polychromes avec une bonne analyse de Rappelle-toi :

http://www.polychromes.fr/spip.php?article219

 

 

Fragile, Basile ?

Une chronique hommage de Gérard Coudougnan

 

        Avez-vous déjà entendu parler du Tourdistan ? Avez-vous lu un dossier spécial « Être gay ça n'est pas triste » dans un célèbre hebdo français ? Étiez-vous juilletiste au camping des Tournesols à Juniac au début des années 80 ? Si vous avez répondu oui à une de ces questions, vous connaissez donc Baz, Babaz, Basou : Basile Polson. Ce nom ne vous dit rien ? Veinards : une belle rencontre vous attend.

        Lisez-vous Le Nouvel Obs ? Lûtes-vous 20 ans ? Écoutez-vous Le Fou du Roi sur France Inter ?

        Vous connaissez donc François Reynaert, l'un de Nos amis les journalistes, auteur des trois romans qui nous ont fait découvrir son collègue Basile avec qui il a quelques points communs.

        Baz a fait irruption sur la scène littéraire en 2002 : jeune pigiste au Journal, il a brillé dans un reportage à hauts risques à Moulighour, capitale du pays mentionné dans la phrase d'accroche de ce papier. Gay assumé mais pas encore vraiment sorti du placard, c'est en 2004 qu'il a fait son coming out dans une brillante enquête sur un monde étrange et pénétrant, celui de Nos amis les hétéros. Nous voilà à peine en 2009 que Basile revient en quadra tourmenté dans Rappelle-toi dont on apprend avec un effarement doublé d'une irrépressible (irréfrénable, incommensurable, insondable) tristesse doublée d'une égale (à vous de voir, donc) indignation qu'il clôt une trilogie (quatrième de couverture) !!!

        Basile, vous ne pouvez pas nous faire ça !!! Reprenez avec moi tous en chœur : Basou c'est pas chou, Babaz t'es trop naze !

        On vient à peine de faire ta connaissance que tu nous lâches : tu as pris vingt ans entre 2002 et 2009, d'accord. C'est le droit de ton papa, une « licence littéraire », on la lui concède. Mais nous laisser en plan au bout de 767 pages, c'est petit, c'est mesquin. Et puis ta quarantaine avec Victor, ton compagnon prof de philo, même si tu restes un gars fragile, elle nous a encore plus émus que tes précédentes aventures.

        Ta sensibilité et ta culture, ton sens de l'autre, cette empathie qui te conduit à te comporter en aoûtien pour ne pas blesser un fracassé de la vie, ton relativisme par rapport aux divers engagements qui te tentent sans jamais t'aveugler touchent beaucoup de lecteurs.

        T'avoir comme pote était un plaisir régulier : là tu avais su nous faire attendre. Cinq ans entre le numéro deux et le trois, le Polson était mollasson. Mais on pouvait te retrouver avec tes amis journalistes ou hétéros en attendant. Ta prose était légère, ton humour caustique et tu restais disponible même à une deuxième ou troisième lecture, on se délectait encore en découvrant un quatrième degré à certaines de tes réflexions.

        Rappelle-toi, Basou, comme il fut doux de te suivre roue dans roue sur les routes aux multiples trous des I love you des années Scooby-Doo... Hou le voyou !!!

        Tu te barres, nous ne voulons pas y croire.

        Ton public est là, Babaz ! Tou les entends dans le noir, ils sont tous là : les zomos, les zétéros, les journaleux, les filles à pédés, les mamans qui se demandent si leur fiston ne serait pas « comme ça », les lecteurs de tout poil, les potaches, les amateurs de bonnes histoires comme les quadras sensibles qui se sont un peu identifiés à toi.

        Qu'est-ce que tou croyais ? Devenir comme ça Babaz le Prix Renaudot ? Eh bien, non, tou es Basile Polson, de Mer (Département de la Manche), ancien voisin de madame Leguen et neveu du Général Roger Lefranc !

Alors voilà, tu nous fais sans doute le coup des « adieux au music-hall ». Cela ne marche pas : nous avons tous tout compris. Nous bissons de joie, à l'idée de te retrouver dans quelques années.

        Une trilogie ? C'est pagnolesque, Basile. Sois au moins wagnerien et essaie donc la tétralogie, on verra bien plus tard.

        Nous avons les moyens de nous faire entendre via ton Journal. Nous sommes une majorité à l'ouvrir fébrilement à la recherche de « la » chronique de F. R. Et si nous nous abstenions d'observer ? Et si nous cessions de l'acheter ?

        Cela pourrait commencer dès vendredi, si Basîle déserte.

 


Basile Polson

Interviewé par Gérard Coudougnan

(Merci à l’ami François Reynaert d’avoir transmis

nos questions à son collègue)

 

        Bonjour Monsieur Polson, c'est un immense honneur que vous faites aux Toiles Roses de nous offrir votre première interviouve, en exclusivité interplanétaire. Si je vous présente comme un self-made journaliste quadragénaire, travaillant depuis une vingtaine d'années pour un grand hebdo national, pacsé avec Victor, qu'avez-vous envie d'ajouter à cette première ébauche de portrait ?

        B. P. : Comme vous l'avez remarqué avec finesse, les livres dans lesquels on me fait le plaisir de parler de moi sont assez flous en termes de chronobiologie. Une fois je suis un perdreau de l'année, dans le roman suivant, j'ai déjà 40 ans. En clair, il serait bien d'arrêter de parler d'âge, ce qui, de toute façon, est inconvenant. Disons que, comme tous les gens raisonnables, je pratique le célèbre adage que Sacha Guitry appliquait au beau sexe : « c'est entre 30 et 31 ans que les femmes passent les dix plus belles années de leur vie ».

Pour le reste, vous avez tout dit, et Victor se porte comme un charme. Il a pris le soleil, son teint est de pêche, la douceur de sa peau d'un abricot. Je ne me lasse pas de la caresser de toutes les façons possibles, des yeux et des mains.

 

        Vous avez, Basile, un vrai sens de l'autre, une ouverture qui déteste enfermer les personnes dans des cases les résumant à un statut social, un métier, une origine, une orientation sexuelle : ne vous fait-on pas parfois grief de ce « grand angle » ?

        Votre question est trop gentille pour que j'aie l'immodestie d'y répondre. Ça me fait trop penser à une vieille interview à la radio de Bernard-Henri Lévy – tout au moins ai-je quelques amis qui prétendent l'avoir entendue, mais je ne saurais y croire, tout ça est trop beau. En tout cas, selon eux, l'interviewer avait commencé par : « Bernard-Henri, vous êtes jeune, vous êtes beau, vous êtes intelligent... » Et BHL, sans se démonter, de répondre : « Bien, reprenons point par point ».

Sans blague, disons que je n'aime pas enfermer les gens dans des stéréotypes, parce que si souvent, j'ai juste envie de les enfermer dans mes bras.

 

        Parmi les débats actuels de la planète gay française (lutte contre la transphobie, mariage gay, homoparentalité, etc.) y a-t-il des sujets qui interpellent plus personnellement François et Vincent, oh pardon : Basile et Victor ?

        Je suis très admiratif du travail militant en général. On vit dans une société dominée par le fric et la gagne. Penser que des tas de gars et de filles donnent de leur temps et de leur énergie pour faire avancer leur lutte, c'est magnifique.

        Je dois vous avouer, par ailleurs, qu'à titre personnel, j'ai un peu de mal à m'intéresser aux débats trop français, parce que j'ai trop mal au cœur en pensant à la situation de tant d'homos hors de France. Bien sûr, je serais content que l'on obtienne un mariage de plein droit, et la garantie que mon petit Victor sera aussi bien protégé par ce statut que le sont nos amis les hétéros. Mais après, je vois ce qui se passe au Sénégal, au Cameroun, en Russie, en Irak, en Iran, je pense aux gays qui sont persécutés, martyrisés, juste parce qu'ils sont ce qu'ils sont, et je me dis qu'il est peut-être raisonnable de penser en priorité à les aider eux, non ?

 

        Nous sommes bien d'accord sur ce point : nous savons que notre blog est consulté depuis de nombreux pays où nos revendications peuvent passer pour des caprices d’enfants gâtés en comparaison avec la répression, la négation dont les homosexuels sont les victimes permanentes.

Ma question suivante est un exemple type de ce contraste entre nos démocraties et ces pays où nous serions traités comme des parias : Basile, avez-vous une opinion sur un sujet qui a récemment déchiré Les Toiles Roses, à savoir Mylène Farmer ?

        Carton rose. Non, carton jaune ! Enfin le carton qu'on sort quand on ne sait pas répondre, c'est quoi déjà ? Ah oui, un joker.

 

        Entre Ziegmens, la honteuse du Journal, et Tony, votre premier garçon au temps des vacances à Juniac, pourriez-vous détailler ce qui vous fait hurler chez le premier et craquer chez le second, en sachant que l'on pourrait, trop rapidement, les faire entrer tous les deux dans une case que vous n'utilisez jamais, celle des bisexuels ?

        Je ne crois pas que Ziegmens soit bisexuel. Ziegmens est un type d'un autre temps comme il y en a encore beaucoup, qui est un homosexuel planqué, et tellement obsédé à l'idée de cacher ce « terrible secret », qu'il parle de femmes tout le temps, ou, pire encore, d'homosexualité sur un ton faussement détaché. Ziegmens, c'est le garçon qui passe 98 % à parler des gays avec un air très libéral en précisant : « Attention, moi personnellement ça ne me dérange pas du tout », et passe le reste de l'après-midi à mater dans son bureau le calendrier des rugbymen. J'en connais plein, des comme ça. En général, personne n'est dupe, c'est ce qui est amusant avec ce genre de types. Tout l'entourage fait semblant de rentrer dans son jeu, de croire à ses conquêtes féminines imaginaires, tout en disant après : « Tu comprends, ça le gêne tellement son homosexualité... »

        Tony c'est autre chose, Tony il est plus qu'homo ou hétéro, il est sexuel tout court. Quand je pense à lui, je pense à ses jambes, à son torse. Il faisait beaucoup de football, à l'époque. Le foot, ça cambre les reins, ça muscle les fesses, et ça fait des jambes très légèrement arquées. Si vous saviez comme c'est beau, des reins qui chutent sur des fesses rondes et musclées portées par deux jambes de cow-boy.

Passons à la question suivante, je sens que je m'égare.

 

        Parmi les personnages de Rappelle-toi, vous avez cité, page 170, Laurence, une mère docu « à la mémoire d'éléphant ». Avez-vous pensé à des documentalistes de presse ou à de vraies enseignantes, collègues du Père Docu qui vous interroge actuellement ?

        Dans le journal pour lequel je travaille, qui s'appelle donc Le Journal, j'ai les meilleures relations avec mes copines de la doc. Je passe mon temps dans leur bureau. C'est ma petite thébaïde, mon aire de doux repos, j'aime y passer parfois, à piapiater de tout et de rien avec des filles rieuses, intelligentes, et cultivées.

 

        Vous faites rougir votre interlocuteur : c'est donc vous qui aviez interviewé BHL (rires)...

Que savez-vous de votre public : avez-vous une idée de sa composition ? Pourriez-vous nous confier quelques réactions à certaines de vos trois aventures ?

        C'est difficile à dire parce que le public a été très différent à chaque fois. En général, le premier, Nos amis les journalistes, a plutôt fait rire la profession, et le deuxième, Nos amis les hétéros, a plutôt fait rire les homos. Quant au troisième, Rappelle-toi, il me semble qu'il a touché quelques lecteurs, des petits cœurs sensibles, comme le mien. Je me souviens d'un garçon – un beau garçon – qui m'a arrêté dans la rue pas loin de là où j'habite, qui a commencé à dire « Je me suis beaucoup retrouvé dans... » et qui n'a pas réussi à finir parce qu'un sanglot montait dans sa gorge. Avant de s'enfuir, il a juste dit : « Je suis trop ému ». Je n'ai même pas pu lui répondre : « Et moi donc ! »

 

        Vous savez que cette interviouve est destinée à un site de cinéphiles. Nous sommes donc contraints, vous et moi, à un minimum de réflexions à caractère cinématographique : si vous avez envie de vous lancer, allez-y, vous qui savez placer en tête des gaffes les plus terribles « défendre Lelouch devant le directeur des Cahiers du cinéma » (Nos amis les hétéros, p.155). Si vous souhaitez conclure là-dessus, vous avez les moyens et toute la liberté de vous faire aimer d'un public exigeant mais ô combien sympathique (bonjour public !) et de le rassurer sur la pérennité de votre œuvre littéraire, rayon grâce auquel on essaie de détourner un peu ces obsédés de l'image, maniaques de l'écran...(Aïe ! C'est pô vrai, il y en a qui lisent !)

        Alors soyons simples. J'adorerais que mes aventures deviennent un film, un jour. Ça a été en cours à un moment, et puis, problème de producteurs, problème de tous genres comme il en arrive cent fois par semaine dans ce milieu compliqué, c'est tombé un peu à l'eau. Mais puisque des amis cinéphiles nous lisent, qu'ils se lancent, nom d'une pipe ! Regarder c'est bien les amis, mais faire c'est mieux !

 

        Parmi tous les richissimes producteurs qui forment l'essentiel du lectorat des Toiles Roses, il est impossible que ce discret appel reste sans réponse !

        Et je confirme : Basile est une perle rare. Merci Basile et à bientôt pour le tome quatre...

 

Les photographies et les réponses de Basile sont © François Reynaert.

Un grand merci à vous, François, pour votre disponibilité, votre talent et votre gentillesse.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées : lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

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