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© D. R.




Idole des fameuses « ménagères de plus de cinquante ans » (et de la Annie Wilkes du Misery de Stephen King), Liberace fut l’un des entertainers américains les plus follingues et Camp du siècle dernier. Pianiste de formation classique, il perçut sa vocation de showman lorsque le public d’un concert lui demanda d’exécuter quelques variations swingantes et endiablées de pièces célèbres de grands compositeurs. L’exercice fut accueilli avec un enthousiasme délirant, et devint sa marque de fabrique. Sous ses doigts diligents, le Concerto pour Piano n°1 de Tchaïkovski, ramené à deux minutes trente, était sans doute fort éloigné de la partition originale, mais gagnait un punch incontestable. Liberace est de ces pianistes dont les disques ne seront jamais chroniqués dans « Classica », mais dont le succès et la popularité avaient de quoi faire pâlir d’envie un Glenn Gould ou un Karajan. Il se disait indifférent aux attaques des critiques, mais précisait avec humour que son frère George – qui l’accompagnait au violon et gérait ses finances – en était très affecté, et « pleurait sans discontinuer sur le chemin de la banque. »

Au fil des ans, son extravagance vestimentaire et la flamboyance de ses performances scéniques l’apparentèrent davantage à Zaza Napoli qu’à Claudio Arrau, ce qui ne l’empêcha pas de nier son homosexualité sa vie durant. Il gagna un procès retentissant contre une gazette à scandale qui avait plus que suggéré ses inclinations, mais faillit perdre celui que lui intenta à un ancien amant trop prompt à faire état de leur liaison. Le Sida l’emporta en 1987, à l’âge de 67 ans.

Fut-il aussi grand virtuose que grande folle ? Pour les puristes culs pincés et autres constipés de la trompe d’Eustache, certainement pas. Pour la légion de ses fans et pour le public gay, qui en fit une icône, Liberace fut et demeure l’un des performers les plus euphorisants du XXème siècle.

Pour en savoir plus :

Son site officiel : http://www.liberace.com/

Le Liberace Museum : http://www.liberace.org/

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