GAYDAR ET CODE SECRET
Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
(c) D. R.
Je n’avais pas vraiment d’idée pour ce nouveau billet que je devais écrire
mais, parce que c’était l’heure, je devais bien trouver. J’ai donc repris, sans le moindre scrupule, la liste que m’avait faite le chef sur les sujets à traiter. Une petite liste qui contenait
cette question : « Existe-t-il un ‘gaydar’ pour les filles qui aiment les filles ? »
Déjà je tiens à dire que si vous croyez qu’il existe un ‘gaydar’ pour les
garçons qui aiment les garçons (oui, j’écris garçons et pas hommes parce que le chef a écrit filles et non pas femmes, je suis comme ça, œil pour œil, dent pour dent ;-), donc, si vous
croyez à l’existence d’un ‘gaydar’ masculin, vous devez obligatoirement croire à l’existence d’un ‘gaydar’ féminin. Ça va de pair. Comme l’homosexualité masculine va de pair avec l’homosexualité
féminine. Parfaitement !
Après, tout est une question de croyance et Dieu sait que j’admire les
gens qui croient. Je suis incapable de croire en quelque chose qui n’est pas tangible de mon côté, déformation professionnelle je suppose, bien que Scully, même après avoir vu des
extra-terrestres de ses propres yeux et avoir donné naissance à une fille dont elle n’avait pas accouché, a toujours continué à être catholique. Donc je suis incapable de croire… et c’est donc
très facile pour moi de dire que personnellement, je n’ai pas de ‘gaydar’.
Enfin pour être plus précise, ce n’est pas que je n’ai pas de ‘gaydar’,
c’est juste qu’il est déréglé depuis des années et qu’il ne m’indique que les hommes. Et je peux vous dire qu’une chose est sûre, c’est totalement inutile pour une lesbienne de savoir que tel ou
tel homme est gay. Ça ne sert à rien du tout ! Mais bon, c’est l’une de mes grandes capacités et je devrais en être fière. Il n’empêche que je suis totalement incapable de savoir si telle ou
telle femme est lesbienne.
Mon binôme de boulot, Helena Peabody, qui est une hétéro finie, m’a posé
la question la dernière fois, elle aussi. Du style : « Mais si tu n’arrives pas à savoir, je sais pas, tu ne peux pas utiliser un code secret ? » Ben voyons, j’en ai plein des
codes secrets sous la main, et alors le code secret pour déceler des lesbiennes, trop trop facile ! Je l’ai regardée avec un air interrogateur pour lui faire comprendre qu’elle ne venait pas
de la planète Terre si elle osait me poser cette question. Même pas choquée, Helena a fait croire qu’elle ne comprenait pas et que c’était moi qui étais anormale.
Comment pouvez-vous dire à quelqu’un que votre ‘gaydar’ ne fonctionne pas
alors même que c’est le genre de chose très difficile à définir. Le ‘gaydar’ s’appuie sur des codes qu’il faut essayer de capter, certains y sont plus réceptifs que d’autres, c’est tout. Et moi,
je ne suis absolument pas réceptive. Helena vous dirait que c’est parce que je ne regarde pas les gens, elle aurait raison. Je ne regarde pas les gens. Je suis totalement incapable de vous dire
comment est habillée telle personne avec qui j’ai discuté pendant une heure. Ça ne m’intéresse pas. Par contre je suis capable de vous ressortir la conversation en totalité si elle m’a captivée.
Je suis une auditive, pas une visuelle.
J’ai donc réfléchi à ce ‘gaydar’ que je n’ai pas mais que possèdent
certaines de mes amies, capables de se retourner sur une fille dans la rue en disant : « Elle, elle est lesbienne », alors que moi je n’ai même pas vu qu’on avait croisé une nana…
Y croire est donc très difficile pour moi surtout que, quand vous posez la question stupide : « Comment tu le sais ? », elles vous répondent toutes inexorablement :
« Ça se voyait. »
Mais qu’est-ce qui se voyait ? Ce n’était pas tatoué en gros sur leur
front quand même !
Je n’ai pas de ‘gaydar’ et je n’ai pas encore déniché le super code secret
qui vous permettent de savoir, en échangeant deux simples mots avec elle, qu’une femme est lesbienne. Des fois, je me dis que ce serait beaucoup plus simple et facile. Des fois, je me dis aussi
que ce serait beaucoup moins marrant. Finis les plans sur la comète, les sourires à deux balles, les surprises… euh… surprenantes, et les quiproquos.
Sachez cependant que sans ‘gaydar’, on peut vivre très tranquillement et
normalement. Et puis il faut reconnaître que ma technique de drague est bien rodée. Je fais ce que font la plupart des lesbiennes. Je regarde passer les femmes et j’attends que l’une d’entre
elles fasse le premier pas.
C’est d’une facilité déconcertante et puis au moins, comme ça, je suis
tout de suite fixée.
Isabelle B. Price (mai 2010)
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