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SI UN JOUR JE DEVAIS ME MARIER...

 

Un billet d'humeur d'Isabelle B. Price, d'Univers-L

 

Ellen_DeGeneres_et_Portia_de_Rossi_mariage_4.jpg (c) D. R.

 

 

Hier, Helena Peabody et moi étions en train de travailler sur nos recueils de données. Alors que je notais le nom de jeune fille et le nom de femme mariée de l’une des patientes, j’ai lancé avec une platitude de trottoir de rue : « J’aimerais bien changer de nom si je me marie un jour. » Connaissant mon orientation sexuelle, le commun des mortels aurait très justement ignoré la remarque. Mais Helena ne fait pas partie du commun des mortels. Elle m’a demandé très gentiment pourquoi. Et là mes amis nous nous sommes engagées dans une conversation de vingt minutes qui ne nous a pas fait avancer côté travail. Par contre, elle m’aura permis de verbaliser pour la première fois ma position sur cette épineuse question.

Tout naturellement Helena m’a interrogée pour connaître les raisons qui me poussent à vouloir me marier un jour. Pour vous expliquer en quelques mots, Helena ne s’appelle pas Helena Peabody pour rien. Elle a connu son premier mari à 16 ans, l’a épousé, a eu un enfant avec lui. Puis elle a divorcé, rencontré un autre homme qu’elle a épousé et avec lequel elle a eu un autre enfant. Autant dire qu’après l’échec de son premier mariage, elle ne pensait pas se remarier un jour. Ce n’est pas pour rien qu’elle avait éclaté de rire en pensant à une blague quand son mari actuel lui avait demandé de l’épouser. Elle a divorcé et a souffert du regard que la société posait sur elle à ce moment-là. Sa vision du mariage est donc forcément très différente de la mienne.

Moi j’ai des exemples de mariages réussis et d’autres totalement ratés autour de moi. Mais si je ne devais en retenir que deux, je retiendrais le mariage de mes parents qui sont toujours ensemble et amoureux après 29 ans et celui de ma tante et de mon oncle qui habitent dans un trou perdu à une heure de Paris. Parce qu’ils se sont trouvés. Ils sont forts seuls mais ils sont invincibles à deux. Et ça, une fois que vous l’avez vu, vous ne pouvez pas l’oublier.

Je n’avais jamais vraiment songé à ce que représentait le mariage pour moi, ni pourquoi j’étais pour. Je savais que j’étais pour, pour la simple raison que c’est un droit pour chaque citoyen et citoyenne, et que c’est de la discrimination que d’empêcher un couple de même sexe de s’unir. Comme à une autre époque, il était discriminatoire d’empêcher les noirs et les blancs de se marier entre eux. En clair, cette discrimination justifie en elle-même que je me batte pour obtenir les mêmes droits que mes deux frères.

Mais cela n’explique pas pourquoi j’aimerais me marier un jour. J’ai regardé Helena droit dans les yeux en réfléchissant et j’ai tenté de lui expliquer toute l’importance de ce symbole. Tout ce que revêt un tel engagement au niveau de la société et de la famille. Je lui ai démontré que pour moi, un mariage c’était un engagement devant toute la famille et le monde entier. Une manière de montrer contre vents et marées que tu as choisi cette personne pour être ta compagne pour le reste de ta vie et qu’elle va intégrer la famille, qu’ils soient d’accord ou non. En fait, c’est plus un moyen de montrer à mes racines, à ces personnes qui partagent des souvenirs et un patrimoine commun avec moi, que j’aime cette personne et que je l’ai choisie pour fonder ma propre famille, qui va elle aussi appartenir à notre grande famille.

Helena a très bien compris mon point de vue mais elle n’allait pas me laisser gagner si facilement. Elle m’a demandé en quoi c’était utile que tout le monde sache que j’étais mariée. Je lui ai gentiment expliqué que quand tu es mariée, tu n’es plus seul, tu es une unité propre, une famille et que donc la société te considère différemment. Et puis qu’à ce moment-là tu appartiens d’une certaine manière à cette personne. Elle a tiqué sur le mot appartenir… Et moi aussi après l’avoir dit. Pas appartenir dans ce sens-là. Appartenir dans le sens où nos vies sont indubitablement liées, quoi que l’on fasse, on le fait en sachant que l’autre est là et que cela va avoir des répercussions sur elle.

Bien évidemment, Helena m’a fait remarquer que si j’avais besoin de le montrer à tout le monde, je ne quitterai pas mon alliance et que je serai dans le paraître. Elle m’a fait grimacer. Je n’avais pas réfléchi à cela. Non, je me moque de l’alliance, pour moi elle n’a pas d’importance. Que tu la mettes ou que tu ne la mettes pas, le principal c’est la symbolique du mariage. Un symbole admis par tous, même s’il a perdu de son prestige depuis plusieurs années. Parce que le « j’ai épousé cette femme », il sonne fort. C’est un message d’engagement.

Helena m’a fait remarquer que pour elle le mariage n’était plus cet engagement qu’il était il y a 10 ans. Quand elle a divorcé, il a perdu cet aspect-là. Par contre, elle considère qu’un enfant engage beaucoup plus. J’ai confirmé. Un enfant, tu le fais, tu l’assumes toute ta vie. Des fois je me demande si mes parents n’en ont d’ailleurs pas ras-le-bol de m’assumer. En clair, j’étais totalement d’accord. Et c’est là où je me suis rendu compte que j’avais été hyper formatée et que j’avais totalement intégré le schéma hétéro. Pour moi, l’engagement du mariage, entraîne ensuite, un palier au-dessus, l’engagement pour fonder sa famille. Mais c’est dans cet ordre-là. C’est parce que deux personnes se sont unies qu’elles ont créé leur propre cellule familiale qu’elles ont ensuite des enfants.

Je ne condamne pas les gens qui ne se marient pas. Je ne condamne pas les gens qui font des enfants tout seul. Je ne condamne personne. J’ai juste réalisé de manière très surprenante que j’avais la même vision étriquée que ma grand-mère sur le sujet. Et ça c’est assez déstabilisant. J’essaie d’être un poil « révolutionnaire » (à ma manière) et je réalise que j’ai en fait des principes très archaïques.

Forcément on a dévié sur les enfants. Forcément on a discuté du fait que la France n’était pas prête d’autoriser le mariage gay. Forcément on a parlé du Pacs et de l’absence totale de symbole qu’il véhicule. Forcément on a parlé des pays dans lesquels je devrais immigrer si je voulais avoir le droit de me marier. Forcément un sujet en a entraîné un autre. Ce que j’aime avec Helena c’est qu’elle m’écoute parler tout en comprenant mon point de vue. Elle m’a laissée faire face à mes propres incohérences, découvrir mes propres réserves. En clair, elle m’a relancée pour que je précise ma pensée sans jamais me juger. Elle a encore râlé que la France était en retard quand je lui ai cité le nombre de pays où le mariage entre personnes du même sexe était légal. Elle n’en revenait tout simplement pas. J’adore, quand je lui parle, des fois, j’ai presque l’impression d’être intelligente.

On a terminé notre discussion et nous sommes retournées à nos dossiers. Je m’étais replongée dans celui que je traitais quand Helena m’a demandé : « Et si elle veut prendre ton nom de famille à toi ? » Je l’ai regardée en la maudissant. J’aime l’idée de pouvoir changer de nom et de devenir, en quelque sorte, une autre personne sans pour autant renier mes racines. J’aime l’idée d’appartenir à une autre famille, d’être dépositaire d’une autre histoire que la mienne. Je l’ai regardée en la maudissant et je lui ai dit : « Tu penses vraiment qu’elle voudra s’appeler Price et avoir droit à toutes les blagues possibles et imaginables sur Leader Price et le reste ?! » Et là, Helena dans toute sa splendeur a rétorqué : « Ben si elle s’appelle Salope ou Connasse, t’auras toujours envie de changer de nom ? »

Je la déteste quand elle fait ça. Elle ressemble à mon père…


Isabelle B. Price (août 2010)

 

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