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Des études sérieuses ont avancé que le réchauffement climatique a bouleversé le temps, au sens météorologique du terme. N’aurait-il pas quelque peu influé également sur le cours du temps, au sens chronologique ? Je vous laisse en jugez : chaque année, fin juin/début juillet, à peine les premiers estivants sont-ils déjà partis envahir les plages que les supermarchés étalent les fournitures scolaires pour la rentrée de septembre, et fin octobre/début novembre, magasins petits et grands décorent déjà leurs vitrines aux couleurs de Noël. Le temps des fêtes est arrivé.

Pourquoi tant de précipitation ? Est-ce parce que nous envions aux américains leur tiercé gagnant (Halloween – Thanksgiving – Christmas) qui leur permet d’enchaîner trois fêtes sur deux mois ? Ou s’agit-il de prolonger, en l’anticipant, la vieille magie d’antan ? Mais où est la magie dans cette société de surconsommation, hormis dans les romans de J.K. Rowling ? C’en est trop, jusqu’à l’écœurement. Trop de Noël tue la magie de Noël. Mais ce n’est pas vraiment pour ça que je déteste Noël.

Noël est une fête directement liée à l’enfance. Sur le plan religieux, le 25 décembre c’est la Nativité, la naissance de l’enfant Jésus. Par application de la symbolique du sacré au profane, Jésus représente tout enfant, la crèche est sa maison, il y est entouré de ses parents aimants et de ses animaux domestiques (l’âne et le bœuf remplacent le chat et le chien). Cet enfant va recevoir des cadeaux : les rois mages lui apportent leurs offrandes. Plus tard, ces trois personnages merveilleux se fonderont en une double figure, l’une réelle et l’autre imaginaire : saint Nicolas et son avatar laïque de renommée mondiale : le Père Noël.

Seulement voilà, l’enfance est loin derrière moi. Le réveillon du 24 décembre n’est plus qu’un prétexte pour se retrouver en famille, entre adultes, plus par obligation pour ne pas causer un chagrin hystérique à une mère juive catholique. On s’échange les cadeaux le soir, entre le fromage et le dessert, tel est le rituel depuis une dizaine d’années. C’est répétitif, sans la moindre spontanéité. Les paquets attendent au pied du sapin depuis plusieurs jours. Le 25 au matin, il en restera encore, pour la « famille élargie » qui viendra rendre une petite visite d’ici la fin de l’année. Et traînent les étrennes…

Noël 2006 ne devrait pas être différent des précédents, nonobstant un fait nouveau susceptible d’en changer, mais probablement pas avant deux ans, les modalités : la naissance d’un enfant dans la famille. Quand Bébéva se tiendra sur ses deux jambes, que son gazouillis commencera à céder la place à des phrases et que, de différentes façons, par les yeux, les gestes et le verbe, elle manifestera son émerveillement et sa joie, alors, peut-être que je ne détesterais plus Noël.

Et peut-être aussi que, ce jour-là, par la grâce d’une fée exauçant un très vieux souhait, un manteau de neige immaculée me surprendra à mon réveil.



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