If ever you're in my arms again,
This time I'll love you much better?
Ce refrain de Peabo Bryson restera à jamais le thème musical des premiers tourtereaux d’un savon mythique des années 80 : Kelly Capwell et Joe Perkins, les amoureux de Santa Barbara. Lancé sur la chaîne américaine NBC le 30 juillet 1984, le feuilleton débarque un an plus tard sur TF1, dans la grille de rentrée de 1985. Tout commence avec le meurtre du beau Channing Capwell junior (dont on apprendra plus tard qu’il était gay) au cours d’une réception donnée en son honneur et qui tourne à l’horreur.
Joe Perkins, le fiancé de Kelly, la jeune sœur du bellâtre assassiné, est retrouvé penché sur le cadavre de ce dernier. Rien que ce détail l’envoya en prison pour meurtre pendant cinq ans. À son retour, il retrouve Kelly fiancée à Peter Flint, leur ancien professeur de mathématiques. Joe n’a qu’une idée en tête : retrouver le véritable meurtrier de Channing jr, prouver son innocence et reconquérir la belle Kelly.
Dans la vraie vie, Robin Wright et Dane Witherspoon (premier interprète du rôle de Joe, avant Mark Arnold) ont vécu pendant quelques années une véritable love story, avant qu’elle n’épouse Sean Penn et accole son nom au sien. Dans le feuilleton, Kelly et Joe affrontent mille tourments avant de se retrouver et de se marier au cours d’une fête grandiose. Malheureusement, Joe périra sous les balles du « tueur à l’œillet » qui, à défaut d’être celui de Channing jr, n’était autre que Peter Flint que sa rupture avec Kelly fit sombrer dans la folie et en fit un « stalker » qui dégomma successivement toutes les blondes californiennes qui peuplaient le générique de la première saison, au motif qu’elles ressemblaient à Kelly. C’est ainsi que moururent prématurément, entre autres, Summer Blake, sœur de Gina DeMott et fiancée de Warren Lockridge, ainsi que Veronica, la secrétaire de C.C. Capwell (Channing senior).
La mort tragique de Joe laissa un vide qu’il fallait absolument combler. C’est ainsi qu’un nouveau couple, le plus emblématique de ce feuilleton, se mit à occuper l’espace : celui formé par Eden Capwell et Cruz Castillo, dont nul fan n’a oublié les roucoulades :
— Oooooohhhh Cruuuuuuuzzzzz…
— Oooooohhhh Eeeeeeeeeeeeden…
Est-il besoin de préciser que leur première cérémonie de mariage fut annulée pour une broutille, puis que chacun s’est marié de son côté sous la pression des scénaristes bien décidés à contrarier leur histoire d’amour ? Il leur faudra attendre trois longues années pour convoler (en 1988).
Lorsque cet épisode fut diffusé en France, le feuilleton était déjà condamné à disparaître prématurément de la grille de première chaîne privatisée. TF1 avait, d’ailleurs, commis l’erreur de diffuser des moitiés d’épisode (soit 22 minutes au lieu de 45, format américain), contrairement à ce qu’elle fit par la suite pour les Feux de l’Amour. Cela avait pour double conséquence de ralentir l’intrigue et de prendre du retard par rapport aux diffusions outre-Atlantique.
C’est ainsi qu’en France, sur les huit années que dura Santa Barbara, on n’en vit que la moitié. Ce savon eut un tel impact qu’il marqua d’une empreinte indélébile le PAF. Premier savon américain diffusé en France (sur TF1) après deux telenovelas brésiliennes (Danse avec moi etCœur de diamant), Santa Barbara fut le précurseur du genre sur nos petits écrans. C’est grâce à lui qu’apparurent ensuite Les Feux de l’Amour, Top Models alias Amour, Gloire et Beauté, Loving, Days of our Lives…
Présenter tout le casting serait très compliqué, il faut dire qu’en l’espace de quelques mois, pas moins de quatre acteurs ont incarné le personnage de C.C. Capwell : Lloyd Bochner (pour le seul premier épisode), Peter Mark Richman, Paul Burke et Charles Bateman, avant que Jed Allan ne prête ses traits au chef du clan de 1986 à la fin du feuilleton. Trois actrices se succédèrent dans la peau de Santana Andrade (Ava Lazar – la meilleure de toutes, Margaret Michaels et Gina Gallego), et j’en passe. Les personnages changeaient de tête, ça ne posait aucun problème. Pas le temps de regretter l’ancienne, on s’habituait très vite à la nouvelle. Sacré savon dans lequel jouèrent d’anciennes vedettes du cinéma, comme l’éblouissante Virginia Mayo (qui fut Pêche-Melba dans la première saison) et bien sûr Judith Anderson, nominée aux Oscars de 1940 pour son personnage trouble dans Rebecca d’Alfred Hitchcock, et qui fut la savoureuse Minx Lockridge, personnage truculent qui s’illustra dans des scènes plutôt cocasses, comme celle-ci :
Je me souviens qu’avec mon frère et mes parents, nous étions scotchés tous les soirs devant ce cinquième élément de la famille qu’est la télévision, à suivre les (més)aventures des Capwell, des Lockridge, des Perkins et des Andrade. Santa Barbara était diffusé en access prime-time, il précédait d’une heure le dîner qui allait suivre sous le cortège de mauvaises nouvelles du JT. Ce savon nous permettait de nous retrouver, tous ensemble, pour la première fois depuis le matin. Les devoirs à la maison étaient suspendus le temps de l’épisode du jour, tandis que la cuisine tournait au ralenti. Nous nous accordions 25 minutes de détente, pause publicitaire comprise, trépignant d’impatience de connaître la suite, une suite et une fin que, ni vous ni moi, n’avons eu le plaisir de suivre sur la petite lucarne.
Les accros et les curieux pourront enfin savoir comment Santa Barbara a évolué, et comment son histoire à multiples rebondissements s’est terminée, en consultant le site français archi-complet (avec résumé des épisodes, les grandes intrigues, les acteurs et les personnages, ainsi que des suites imaginées par des fans).
PS : Lundi 4 décembre dernier, c’était la sainte Barbara.
et pour les vrais fans, un deuxième générique de fin, celui de l’épisode de la première cérémonie avortée du mariage d’Eden et Cruz en 1985, chanté par Ashford & Simpson (« Solid ») :
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