Le compte à rebours est enclenché. Dans trois semaines, ce sera la saint
Glinglin Valentin. Têtu nous le rappelle avec sa dernière livraison dont la couv’ sur papier glacé nous offre en pâture un couple trop
beau et trop parfait, avec ce titre plein d’arrière-pensées électoralistes : « les homos votent pour l’amour ». J’ouvre une parenthèse :
(Que l’on ne se méprenne pas sur mes propos : aux prochaines élections, je compte voter pour le/la candidat(e) qui mettra le mariage pour tous à son programme) Je ferme la
parenthèse.
Aussi loin que remonte mes souvenirs sentimentaux, la S.V. m’a toujours posé problème. La pseudo-fête des amoureux, qui tombe la veille
de mon anniversaire, n’a jamais été la mienne. Il y eut pire. En 2005, je me suis fait larguer par mail la veille de la S.V. Joyeuse fête des amoureux et happy birthday ! En 2006,
sentant venir les prémices de la re-belote, j’ai perdu mon sang-froid et piqué ma crise sur le blog d’une pédéblogostar qui écrivait qu’il fallait « sauver l’amour » et avec
qui, sans le vouloir et à mon grand regret, je me suis fâché. Et tout ça pour quoi ? Pour rien sauf que, même motif, même punition, la S.V. 2006 fut la copie conforme de la S.V.
2005.
C’est dire si je sens déjà monter une sourde angoisse au tréfonds de moi-même. Sauf qu’en ce moment, je suis officiellement
célibataire. Officieusement, aussi.
« Jamais deux sans trois ». Si cet aphorisme devait se vérifier à l’occasion de la S.V. 2007, je ne sais si j’aurais la force
morale de le supporter. Pourtant, je ne demanderais pas mieux que de m’ouvrir de nouveau à l’amour, de connaître l’émoi des premiers rendez-vous, d’éprouver les frissons du flirt et du
premier baiser. J’ai dans ma manche des soupirants potentiels et même l’embarras du choix. Seulement voilà, je suis assez superstitieux et c’est pourquoi je n’en rencontre aucun. Alors je
tergiverse et réponds aux abonnés absents.
En définitive, quoi qu’il advienne, je suis perdant. Si je cours le risque de démarrer une nouvelle relation maintenant, je suis
pratiquement convaincu qu’elle va s’arrêter autour du 12 ou 13 février. Et si je décide d’attendre… de toute façon, je serai seul le 14. J’ai peut-être tort, mais je ne me sens pas assez
cuirassé pour endurer un nouvel échec à cette époque précise de l’année. J’aurais mieux fait de venir au monde à la mi-mars comme cela était prévu au commencement. C’est toujours triste,
une S.V. de solitude, quand votre anniversaire tombe le lendemain. Au moins, ceux qui sont nés le 14 ont la possibilité d’organiser une fête d’anniv’ ce jour-là pour avoir du monde autour
d’eux.
Pendant ce temps-là, des milliers de cœurs à prendre vont profiter des trois prochaines semaines pour se caser à tout prix afin de
fêter dignement le jour J. Les fleuristes et les restaurateurs vont encore une fois se frotter les mains. Et mercredi 14 février 2007, l’équipe de Télématin filmera au point du
jour les Don Quichotte de l’amour achetant un joli bouquet pour leur dulcinée. Tous les médias vont s’ingénier à nous le rappeler : nous sommes obligés d’aimer.
C’est que ça tient chaud, l’amour. En plus l’hiver vient d’arriver. Le froid est tombé sur la France avec la mort de l’Abbé Pierre.
Voilà un homme qui connaissait l’amour vrai, le don gratuit que l’on fait de soi, sans rien attendre en retour, et qui est récompensé au centuple. Un amour pur, métaphysique, qui
transcendait les passions charnelles et ne s’adressait pas à une personne en particulier mais à tout le monde, surtout ceux qui en avaient le plus besoin.
Si nous sommes obligés d’aimer, si donc aimer est un devoir, alors je revendique le droit à l’amour opposable. Je veux qu’on m’aime et
qu’on me le dise, qu’on me redonne l’élan vital.
Fais un pas dans ma direction,
Alors je marcherai vers toi.
S’il te plaît, prends-moi dans tes bras,
Et dis-moi qu’en toute saison
Tu m’aimeras, tu m’aimeras…
*****
Ajout de Zanzi [14h20] : « Je viens d'apprendre que mon employeur va m'envoyer travailler l'été prochain au Canada. Les
conditions ne sont donc pas favorables à l'éclosion d'une nouvelle relation dans les prochaines semaines... »
Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez
ici.
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