Ma mémoire est troublée, confuse. J’ai encore du mal à me souvenir de tous les détails. Certains, sans doute, sont oubliés à tout
jamais. Quand il m’a retrouvé inconscient aux abords de Matane, Martin ne m’a pas reconnu tout de suite. Seuls les
vêtements que je portais au moment de ma disparition et mon passeport témoignaient encore de mon identité. Le choc fut rude. Tout d’abord, j’ai appris que tout le monde, lui le premier,
me croyait mort ou, à tout le moins, mystérieusement disparu. Cela ne m’étonne pas. Ce qui m’est arrivé ce samedi 10 février est tout simplement ahurissant, et difficilement explicable.
Aussi vais-je me contenter de narrer les faits, pour autant qu’il m’en souvienne, sans rien retrancher ni ajouter.
Après avoir décollé de Québec, j’ai effectivement changé mon plan de vol et décidé d’aller me poser sur l’île d’Anticosti pour y faire
un touch and go d’une heure ou deux. Je prévoyais toujours de reprendre ensuite le trajet jusqu’à Gaspé où j’avais prévu de passer la nuit. C’est alors que tout s’est emballé.
Une tempête de neige venait brusquement de se lever, réduisant fortement la visibilité. À mesure que nous approchions de l’île, le tableau de bord est devenu complètement fou, comme si
nous traversions le fameux Triangle des Bermudes. Très inquiet, le pilote a réussi à faire poser l’appareil tant bien que mal. Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne neigeait pas
sur l’île. En revanche, la tempête faisait rage sur l’autre rive, le continent. La route de Gaspé nous sembla alors interdite. Je décidai donc de rester sur Anticosti, où il faisait un
temps splendide mais où la nuit venait déjà de tomber.
Un habitant du coin vint nous voir pour nous proposer son aide. Il prétendait être mécanicien et pouvoir aider le pilote à réparer
l’appareil. Je les laissai donc à leur besogne, profitant de l’occasion pour explorer les environs et trouver, si possible, âme qui vive avec un téléphone pour prévenir Martin car,
bizarrement, mon cellulaire était tombé en panne en même temps que les instruments de vol. Alors que je m’étais éloigné de l’avion d’environ cinq cents mètres, une explosion me fit
sursauter.
Revenant sur mes pas en courant, je trouvai le Cessna complètement détruit, des flammes déployant un large cercle autour des débris
éparpillés. Qu’est-ce qui avait bien pu provoqué une telle explosion ? Je l’ignorais, mais savais que je ne devais pas m’attarder dans le coin. L’autochtone, qui venait de périr dans
cette tragédie en même temps que le pilote, avait garé sa voiture un peu plus loin. Par bonheur, en bon nord-américain qu’il était, il avait laissé les clés sur le contact. Je démarrai en
trombe pour aller chercher de l’aide.
Je devais avoir fait à peine un kilomètre lorsque la voiture s’arrêta soudainement. Le réservoir semblait plein, et il n’y avait aucune
raison apparente pour que cette machine stupide me fasse le coup de la panne. Angoissé, je sortis du véhicule pour continuer à pied jusqu’à un hameau qu’un panneau indiquait à trois
kilomètres de là. Je venais de faire quelques pas lorsque des lumières aveuglantes attirèrent mon regard vers le ciel. Je n’en croyais pas mes yeux ! Un énorme vaisseau spatial était
en train de se poser devant moi. Éberlué mais aussi quasi hypnotisé, je n’ai pu m’empêcher de me diriger vers ce monstre d’acier d’un autre monde lorsque celui-ci s’ouvrit sur une lueur
attirante d’où provenaient des chants mélodieux et ensorcelants. Ce moment intemporel et rare me rappela un épisode de Dynasty II – Les Colby :
Un alien d’une étrange beauté m’accueillit à l’entrée du vaisseau, laissant le sas se refermer sur nous…
(to be continued / à suivre)
Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
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