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Fiche technique :

Avec Michel Bouquet, Didier Haudepin, Louis Seigner, Francis Lacombrade, Lucien Nat, Gérard Chambre, Henri Coutet, Dominique Diamant, François Leccia, Dominique Maurin, Bernard Musson et Colette Regis. Réalisation : Jean Delannoy. Scénario : Jean Aurenche. Dialogues : Pierre Bost. D'après l'œuvre de Roger Peyrefitte. Directeur de la photographie : Christian Madras. Compositeur : Jean Podromidès.
Durée : 100 mn. Disponible en VF.



Résumé :
Un élève de quinze ans, d'agréable figure et porteur d'un grand nom : Georges de Sarre, entre pour passer sa troisième dans un collège de Pères où son intelligence et sa secrète ambition lui font briguer aussitôt les places d'honneur. Toutefois, privé d'affection et hypersensible, Georges s'acclimate mal à l'établissement. En quête d'une amitié, il remarque au cours d'une cérémonie, un élève plus jeune que lui et d'une grande beauté. Georges qui s'était fait un camarade de Lucien Rouvère est ému par la grâce de l'enfant, n'a de cesse de le connaître, et, usant de toutes les manœuvres de la séduction, finit par rencontrer Alexandre. Une amitié pure et exclusive naît entre eux, ponctuée de rendez-vous furtifs, de lettres rapides, de vers recopiés. Le père de Trennes, brillant, mordant, un peu inquiétant, surprend leurs manèges. Dès lors il s'acharne sur Georges et même sur l'honnête Lucien pour percer à jour le comportement des élèves. Surveillant le dortoir, il commet l'imprudence de recevoir les garçons dans sa chambre la nuit. Georges qui sent monter le danger dénonce anonymement le père de Trennes qui, aussitôt, est chassé du collège. L'enivrante amitié entre Georges et Alexandre va donc pouvoir s'épanouir glorieusement. Un autre père, M. Lauzon, découvre les rendez-vous dans la serre. Il dédaigne d'en référer au supérieur, décide de résoudre lui-même le problème et de remettre les enfants dans le droit chemin. Il met en demeure Georges de déclarer à Alexandre, par son intermédiaire, qu'il a rompu. Décidé à continuer, Georges feint de se repentir et rend ses lettres à son ami, sans commentaires. Après la distribution des prix, Alexandre désespéré ouvre la portière du train et se jette sur la voie. Georges sera informé du suicide par le père Lauzon. Atterré, le jeune homme révèle au professeur que, pour lui, rien n'avait été brisé et qu'il ne désirait qu'une chose : poursuivre cette amitié si semblable à l'amour.

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L'avis de
Jean Yves :
Adapté du roman de Roger Peyrefitte, ce film révèle la culpabilité et le chantage à la religion. Deux jeunes collégiens se prennent de passion l'un pour l'autre tout en aiguisant la curiosité malsaine du père de Trennes, leur directeur de conscience. L'atmosphère du livre de Roger Peyrefitte est parfaitement recréée par Jean Delannoy dans ce film sur l'amitié amoureuse, entre deux jeunes et beaux collégiens dans un pensionnat de Jésuites.

Dans cet univers d'intolérance, ils doivent se cacher, mais ils sont dénoncés par un des Pères qui les oblige à rompre. Michel Bouquet et Louis Seigner complètent la distribution de ce film qui fut à sa sortie en 1964 honteusement « interdit aux moins de 18 ans » Si Georges, à la fin du film, décide de ne pas mourir après tant de dénonciations et de feintes, ce n’est pas par une ultime lâcheté, mais avec la certitude que son ami vivra désormais en lui, qu’ils auront ensemble « quinze ans ». Ce film est aussi une célébration lyrique de cet âge à la fois chaste et trouble, aussi éloigné d’une vaine innocence que de la perversité des hommes, de ce printemps éphémère qu’Alexandre, en mourant à treize ans, choisit de ne jamais trahir. La construction dramatique du film de Delannoy, tiré du roman de Roger Peyrefitte éponyme est sans doute une pierre blanche sur le chemin de la construction d'un cinéma gay même si ce n’est pas le premier film du cinéma a aborder l’homosexualité comme on l’a souvent écrit.

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L’avis de Didier Roth-Bettoni, extrait de
L’Homosexualité au cinéma :
La force du film de Jean Delannoy, fidèle en cela au texte très autobiographique de Roger Peyrefitte, tient à sa peinture du contexte répressif imposé par l’institution religieuse à l’intérieur du collège mais qu’il n’est pas très difficile de transposer à l’ensemble de la société : d’autant que, comme le raconte le cinéaste dans ses mémoires, l’Église catholique a tout fait pour censurer le film, son activisme ayant conduit à son interdiction aux moins de 18 ans. Delannoy relate ainsi une rencontre entre Christine Gouze-Rénal, la productrice, et le président de la Centrale catholique, influent groupe de pression qui avait son mot à dire à l’intérieur de la Commission de censure et dont l’anathème jeté sur un film pouvait lui coûter la moitié de ses recettes : « Vous vous asseyez sur une bombe. Renoncez à ce film. Nous vous aiderons à en produire d’autres. » Laïque et socialiste, Christine n’a pas obtempéré. Elle m’a dit : « J’aurais voulu avoir un appareil enregistreur pour vous faire écouter tout ce que m’a dit ce religieux pour me dissuader de produire notre film. C’est incroyable. » On est ici en plein dans Les Amitiés particulières car c’est un peu la même manière mêlant menaces et chantage, donnant-donnant et interdits, bienveillance bonnasse et répression sans états d’âme qui caractérise l’attitude des prêtres face à ce qui se noue entre Georges et Alexandre, cette émouvante amitié particulière qui finira par le suicide du plus jeune après qu’un religieux lui eut fait faussement croire que son ami l’avait abandonné. (…) Alors, certes, Les Amitiés particulières se clôt sur un drame comme tant de films consacrés à l’homosexualité. Faut-il en conclure que, comme c’est le cas dans les films américains, il s’agit là d’une nouvelle illustration du malheur, de l’impossibilité d’être gay, d’une nouvelle illustration de ce fatum homosexuel qui ne peut que conduire au désastre ? Certainement pas : car ce n’est pas son homosexualité qui tue Alexandre, c’est le mensonge ; ce n’est pas l’impossibilité de son amour avec Georges qui le pousse à se jeter du train, c’est de penser que cet amour est mort. Quant à Georges — dont on peut penser qu’il est le double ici de Roger Peyrefitte — la fin tragique d’Alexandre n’est pas la fin pour lui de ses amitiés particulières mais bien plutôt le début d’une prise de conscience sur sa condition d’homosexuel, ainsi que le dit avec émotion la voix-off finale.

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Ce n’est donc pas un hasard si le film (qui représente la France au festival de Venise) plutôt bien accueilli par la critique et le public à l’époque, suscite à sa sortie beaucoup d’émotion chez les homosexuels français, comme l’écrit Delannoy lui-même : « Bien entendu, les milieux homosexuels revendiquent le film. Nous avons assisté, Christine Gouze-Rénal, son mari Roger Hanin, Juliette et moi, à un banquet de 500 couverts organisé par la revue "Arcadie" dans un vaste local de la rue de Lancry. Quand nous sommes arrivés, ces 500 homosexuels se sont levés dans un silence, dirais-je, religieux. Nous avons gagné une longue table qui dominait la salle, où se tenait le président, un homme d’une grande culture, entouré de personnalités choisies. Après deux ou trois discours de bienvenue, d’un style très vieille France, l’atmosphère a commencé à se réchauffer, en restant toutefois très réservée. J’avais l’impression qu’il y avait, chez tous ces hommes de milieux très divers, une gêne à devenir le point de mire d’hommes et de femmes, étrangers à leurs mœurs. »
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