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Critique de Bernard Alapetite

Dans le numéro de mars 2007 de Positif, Matthieu Darras s’indignait à juste titre du pillage sur Internet des revues de cinéma par certains sites. Il stigmatise en particulier « Allociné », ce qui ne dédouane pas nombre de blogs (Les Toiles Roses et ses contributeurs étant une des rares et glorieuses exceptions). Bien des signatures de cette excellente revue sont issues de l’université et à la lecture de L’Homosexualité dans le cinéma français, pondu par un universitaire, Alain Brassart, chargé de cours à l’université de Lille III, je constate que la pratique du copier/coller est entrée dans les mœurs universitaires.

Il n’est rien de dire qu’un livre sur le sujet était attendu par la population cinéphile (surtout quand celle-ci tapiolise), le dernier ouvrage et le seul, en langue française, traitant de l’homosexualité au cinéma étant L’Homosexualité à l’écran de Bertrand Philibert (ed. Henri Veyrier, épuisé) datant de 1984. La déception est à la mesure de l’attente.

Déjà l’intitulé de l’ouvrage m’avait mis en garde. Je ne voyais pas la pertinence d’aborder ce thème en ne considérant que la seule cinématographie française… sauf si l’on démontre dans un préambule qu’il y a une particularité dans le traitement du sujet dans ce cinéma. Ce qui n’est pas fait dans cet essai, tout simplement parce que ce n’est pas le cas. La représentation des gays dans le cinéma en France, comme ailleurs, est presque toujours le reflet de leur position dans la société au moment où est tourné le film qui les met en scène. Une telle exclusive est donc destinée à réduire le champ de l’étude. Certes qui trop embrasse mal étreint, mais une telle posture exclut toutes comparaisons avec la représentation des gays à l’écran à la même période dans d’autres pays. Si je persiste à dire que la critique ne se borne pas à la comparaison, comme on le voit trop souvent, s’en priver ramène celle-ci à la seule analyse. Est-ce pour cette raison que dans le cas présent, quand elle existe – rarement, elle est particulièrement « capilotractée » ! Quand ensuite, on écarte les œuvres télévisuelles, les courts-métrages et surtout le cinéma expérimental (premier cinéma à avoir fait une place à l’homosexualité, même si le cinéma français n’a pas eu son Kenneth Anger), force est de constater qu’il ne reste plus grand chose. À la lecture de l’ouvrage, on comprend vite que tant de restrictions n’ont qu’une seule raison d’être : la méconnaissance de la plus grande partie des films dont, même en restant dans le domaine français, l’auteur devrait traiter. Il est bon de rappeler cette évidence : pour écrire sur le cinéma, il est indispensable de voir beaucoup de films...

Le cinéma d’avant 197O est expédié en quelques pages qui ne sont visiblement que le recyclage poussif d’un cours médiocre sur Marcel Carné. Dans ce chapitre, j’ai tout de même appris au passage que Grémillon était bisexuel mais pour tout dire, je ne vois pas que cette information puisse modifier mon regard sur un chef-d’œuvre comme Remorques... Il est surprenant pour cette époque de ne rien trouver sur des acteurs comme Jean Tissier ou Jean Parédès, qui jouèrent de façon récurrente des homosexuels tout au long de leur carrière et il est surtout dommage de lire une bourde comme l’homophobie de Robert Brasillach. Si l’on peut reprocher bien des choses à l’écrivain, que son engagement pro-nazi mena devant un peloton d’exécution en 1945, il est ridicule de traiter d’homophobe cet homosexuel dont le penchant transparaît en filigrane de toute son œuvre (mais faut-il encore l’avoir lue !). L’amalgame avec Laubreaux, qui lui était bien homophobe et qui servit de modèle à Truffaut pour son Daxiat du Dernier métro, est absurde. Bien peu de choses également sur « le cinéma d’hommes » d’un Jean-Pierre Melville dont l’homosexualité me parait beaucoup plus prégnante dans l’œuvre que dans celle de Grémillon.

Mais la lacune la plus criante est l’escamotage de tout le cinéma gay des années 70, pas un mot sur Philippe Vallois, sur Gérard Blain, sur Lionel Soukaz… à la place, nous avons droit à une étude comparative assez oiseuse de la charge homosexuelle latente de Delon et de Belmondo. Heureusement que probablement ces pages n’arriveront pas sous les yeux de ce dernier car la lecture pourrait lui provoquer une attaque fatale. Cette ébouriffante analyse des carrières croisées de Belmondo et Delon, vu du coté gay plus qu’aux habituels ouvrages de cinéphiles, m’évoque le Roger Peyrefitte des années 60 qui voyait dans chaque homme, un tant soi peu connu, un homosexuel dissimulé.

Quant au cinéma gay contemporain, nous avons droit à un autre recyclage de cours, cette fois sur Téchiné, qui n’apprendra rien au cinéphile moyen et à quelques considérations guère plus pertinentes sur Ducastel et Martineau, affublés du concept d’homosexualité tranquille… Toutefois les pages sur Drôle de Félix et Crustacés et coquillages sont assez intéressantes et de loin les meilleures du volume.

Ce système de réutilisation des restes laisse de côté les films uniques dans une filmographie, pas de trace du Ciel de Paris de Bena, des Amoureux de Corsini ou de La Confusion des genres d’Ilan Duran Cohen... On n’en finirait pas d’énumérer les manques.

Comble pour ce qui se présente comme un essai, on n’y trouvera ni thèse ni jugement de valeur, mise à part une détestation d’Ozon dont la particularité serait « la froideur stérile » : avis qui aurait pour le moins demandé un développement que l’on ne trouvera pas. En revanche, on y découvre plusieurs pages aussi peu pertinentes qu’elles sont mal écrites sur la misogynie d’après Brassart des cinéastes gays. Ozon s’y retrouve en première ligne en compagnie de Chéreau et de Lifshitz, considéré brièvement que sous cet angle. C’est la seule thèse que j’ai découvert dans ce livre et elle me parait totalement erronée…

Après ce triste fond, voyons la forme. Et là, on n’est pas loin de crier au scandale. Le livre se résume, pour les films cités, à une revue de presse des articles parus lors de leur sortie en salle. Peut-être est-il nécessaire de rappeler à monsieur le professeur que l’on n’écrit pas avec de la colle et des ciseaux... Ceci dit, on comprend mieux l’utilisation de ces instruments lorsqu’on lit les rares phrases qui ne sont pas des emprunts. Je ne résiste pas au plaisir de vous donner un exemple : « Cette mutation du monde prostitutionnel est révélatrice de l’évolution des goûts de la clientèle : les manques ressentis par certains hommes n’ayant pas assimilé l’évolution des rapports sociaux de sexe vont entraîner une attitude défensive à l’égard des femmes et une réévaluation des fantasmes masculin. »

S’il y a quelque chose à sauver dans ce livre, c’est le regard novateur que l’auteur porte sur la place de l’homosexuel dans le cinéma populaire. Paradoxalement, Brassart semble plus à l’aise avec ce type de films qu’avec le cinéma d’auteur pour lequel il parait avoir une acrimonie rance et un peu honteuse.

Assez surprenant pour un universitaire, l’ouvrage est émaillé d’erreurs, comme ces « cuirs » : homonyme pour éponyme, comique pour comics (le comique américain Flash Gordon ! Sacré clown va !)… Et des erreurs de détail sur la vie courante : Minute n’a jamais été un quotidien mais un hebdomadaire, Jean-Luc Roméro n’a jamais été député (il le voudrait bien, le pauvre), ou beaucoup plus gênant : la constante confusion entre malade du sida et séropositif. Sans parler d’incongruités comme de traiter pour un film tourné en 1998, Antoine de Caunes… de jeune garçon.

Cet essai brille surtout par la méconnaissance de son auteur du sujet qu’il est sensé traiter. Il est patent que même pour les cinéastes cités, Brassart n’a pas vu l’intégralité de leur filmographie. Il ne semble connaître de Lifshitz que Presque rien et n’avoir pas vu de Ducastel et Martineau Ma vraie vie à Rouen, tout comme il ignore Le Temps qui reste d’Ozon.

À ces manques et erreurs, on peut ajouter une aberration de construction qui relègue le chapitre le plus valable, celui sur l’amitié virile, en fin de volume. Il faut aussi signaler la malhonnêteté de faire figurer dans l’annexe filmographie, des films qui ne sont même pas mentionnés comme Les Amis de Gérard Blain, par exemple. Mais encore plus fort, choisir comme couverture l’affiche de L’Homme de sa vie alors qu’il n’en est pas question une seule fois dans l’ouvrage !

Vous avez compris que je vous conseille d’économiser les 23 € que coûte ce bouquin et de continuer à lire Les Toiles Roses, tout en espérant que bientôt paraisse en français un livre digne de ce nom sur le cinéma gay.

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