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Fiche technique :
Avec Noel Palomaria, Charles Lanyer, Malcolm Moorman, Michael Waite et Mitchell Grobeson. Réalisation : John Huckert. Scénario : John Huckert & John Matkowsky.
Musique : John Huckert & Phil Settle. Montage : John Huckert. Réalisation : John Huckert. Scénario : John Huckert & John Matkowsky. Musique : John Huckert & Phil Settle. Montage : John Huckert.
Durée : 100 mn. Disponible en VO et VOST.



Résumé :

Jack (Malcolm Moorman) est un beau mec, super macho, mais c’est surtout un serial killer gay qui sévit à Los Angeles. Il s’attaque aux jeunes prostitués et autres auto-stoppeurs qui ont le malheur de croiser sa route. Il ne stocke pas, comme un de ses célébrissimes confrères, les morceaux des corps de ses victimes dans son réfrigérateur en prévision de festins cannibalistiques savoureux. Les quelques victimes qu’il n’étrangle pas et ne châtre pas, immédiatement après les avoir torturées et sodomisées, sont transportées dans le sous-sol caverneux d'un théâtre abandonné où elles sont bâillonnées et ficelées comme des rôtis dans l’attente de davantage de sévices et de l’exécution libératrice.

Raymond Vates (Noel Palomaria), un jeune inspecteur fraîchement promu, enquête sur cette série de meurtres. Il se trouve que Raymond est gay mais profondément enfoui dans le placard. La nuit venue, Raymond redevient Ramon, un hispano-américain homosexuel draguant dans les bars et accumulant les aventures sans lendemain… Ses deux grandes peurs sont que ses collègues découvrent qu’il est gay et que les mecs qu’il lève s’aperçoivent qu’il est flic. Un soir de drague dans son bar préféré, Raymond branche Jack qu’il emmène chez lui pour faire l’amour. Si Jack est un psychopathe froidement persuasif, il est aussi habile pour la séduction que pour les homicides. Mais quand le détective se réveille au matin, il se retrouve menotté à son lit. Au lieu de libérer Raymond, Jack le défie en lui avouant qu’il est le tueur. Un implacable jeu du chat et de la souris s’engage...


L’avis de Bernard Alapetite (
Eklipse) :
Le film de John Huckert vérifie la maxime de William Carlos Williams : « La terreur tout comme la joie agrandit son objet. »

Une fois que l’on a reconnu ce que doit Hard au Cruising de Friedkin et aussi aux films traitant du fonctionnement de la police américaine comme Serpico et à ceux qui s’intéressent aux serial killer tel Seven, il faut reconnaître qu’avec ses moyens minuscules Hard en dit plus et mieux que les films cités sur les tueurs en série, la police et la perception de l’homosexualité par la société américaine. Contrairement à Cruising qui était un peu le cuir gay expliqué aux hétéros, Hard n’est jamais démonstratif. Ne barguignons pas : Hard est plus intéressant que la plupart des films chroniqués ici, d’abord parce qu’il résulte d’un vrai projet nourri par une urgence – celle de dénoncer l’incurie de la police devant les meurtres perpétrés sur de jeunes prostitués homosexuels. La police classait ces affaires sans même faire d’enquête. Ce qui ne veut pas dire que le film soit sans défaut.

Une des scènes les plus originales et les plus vraies du film est celle où Raymond, après avoir baisé avec un amant de passage, va dans sa salle de bain enlever la capote de son sexe qui bande encore et examine prosaïquement sa queue pour voir si tout va bien de ce coté-là. Une scène d’une parfaite banalité, pourtant je ne l’avais jamais vue au cinéma. En revanche nous avons tous vu, des centaines de fois, une tête éclatée par un gros calibre ou par une batte de base-ball. J’aimerais que vous vous posiez cette simple question : est-ce normal ?

Un des intérêts du film est son aspect documentaire sur la police. Il nous renseigne sur son attitude envers les gays et plus particulièrement envers les policiers gays. Une partie du scénario s’attache à décrire les avanies que subit Raymond, l’archétype du gay clandestin divorcé et père d’un enfant, de la part de ses collègues homophobes après qu’ils l’aient outé. Ces épisodes sont tirés de ce qu’a vécu le premier policier gay de Los Angeles à avoir révélé son homosexualité, Mitchell Grobeson qui, clin d’œil, interprète un petit rôle de flic qui profite de ses vacances pour devenir l’amant d’un soir de Vates. Mitchell Grobeson a été surtout l’un des conseillers techniques du film pour tout ce qui avait trait au quotidien des policiers.

John Huckert, toujours par souci de réalisme, s’est inspiré de la vie de Jeffrey Dahmer pour créer le personnage de Jack. Dahmer a avoué avoir assassiné dix-sept jeunes hommes entre 1978 et 1991. Il ne tuait pas pour le plaisir de tuer ou de voir souffrir mais pour assouvir ses fantasmes nécrophiles. Son but était d'avoir un contrôle total sur le corps de ses victimes. Dans notre cas Jack mélange bondage, torture et mutilations en tous genres. Il aime la mise en scène ainsi que d’espionner les forces de police lorsqu’elles s’activent autour de la scène du crime.

Le film met en parallèle la vie du policier et celle du tueur. D’une certaine façon, ils essaient de se sauver l’un l’autre sans jamais y parvenir. Leur relation est un mélange d’attirance et de répulsion. Une lutte d’influences, mêlée de désir, de soumission, de violence et de tendresse se développe entre eux. Elle se matérialise dans la scène d’amour entre les deux hommes qui se déroule sur une chanson de Georges Michael !

Le réalisateur a eu l’habileté d’enrichir la trame principale d’intrigues secondaires, comme celle de la relation amicale qui se tisse entre Raymond et son partenaire Ellis (Charles Lanyer), un vétéran de la police qui au début rabroue le jeune inspecteur mais qui au final sera son unique soutien. Faisant miroir à cette amitié, dans un bel équilibre scénaristique, nous suivons aussi le rapport qu’entretient Jack avec Andy, un homme marié (Michael Waite). Leur rencontre nous vaut une des séquences les plus réussies du film, lorsque Jack aborde franco ce qui nous apparaît comme un hétéro de base, pas particulièrement appétissant, et ne tarde pas à lui demander : « T’aimes la bite ? » On s’attend à ce qu’il prenne un sévère pain mais l’autre d’une petite voix lui réplique : « J’ai un endroit... » C’est ainsi que Jack parvient à se faire héberger au domicile conjugal d’Andy en tant qu'invité. Il ne tarde pas à peloter, puis menacer le jeune fils de son hôte. Après quelque temps, il s’arrange pour que la femme d’Andy le surprenne en pleine relation sexuelle avec son mari...

Le film est rythmé par les découvertes des meurtres des jeunes victimes. Le choix de celles-ci, genre crevettes larguées, rend le film beaucoup plus crédible qu’un Cruising dans lequel le tueur s’attaquait à des cuirs mastards. Le dernier des gîtons a la vie sauve, c’est moral car c’est le plus agréable à regarder et la mise en scène ne nous cache rien de son anatomie. À ce propos, la réalisation n’est pas plus pudibonde que voyeuriste. Les assassinats se déroulent hors champ, ce qui stimule l’imagination. Il est dommage que le film ne garde pas sa rigueur scénaristique jusqu’au bout. La fin verse dans le grand guignol surenchérissant sur le Seven de David Fincher.

Hard
a été tourné à l’arrache avec un budget misérable, pour un long métrage, de 100 000 $. Ce manque d’argent ne transparaît pas à l’écran grâce notamment à la multiplicité des lieux de tournage et à l’abondante figuration. C’est d’autant plus méritoire que la production s’est heurtée pendant tout le tournage à l’homophobie. Elle a culminé quand deux des principaux laboratoires californiens refusèrent de développer le film. Ils se dirent choqués, non par les scènes de crime mais de voir que des hommes s’y embrassaient ! Le tournage a été bouclé en 32 jours pendant lesquels toute l’équipe a du se montrer polyvalente. Le réalisateur, lui-même, joue un petit rôle d’inspecteur.
La première scène, autant solaire que le reste du film est sombre, par ses beaux plans et son travail sur le cadre est bien représentative de la qualité d’ensemble de la mise en scène qui est souvent directe, brutale et frontale, au diapason d’un scénario riche en thèmes et en ressorts dramatiques qui ne juge pas ses personnages, laissant ce soin aux spectateurs. L’alternance de séquences filmées caméra à l’épaule, celles de la découverte des meurtres par exemple, avec d’autres posées, aux cadrages soignés, renforce le côté documentaire et dynamise la narration. Les éclairages mettent en évidence la brutalité, par des lumières blafardes pour les extérieurs, qui sont souvent légèrement surexposées et qui contrastent avec la violence des rouges et bleus dans les scènes nocturnes.

Les acteurs sont incroyablement motivés et impliqués et cela se sent. Ils n’ont pas été rémunérés. Le tournage du film s’effectua dans la quasi clandestinité en ce qui concerne les séquences urbaines.

John Huckert a non seulement mis en scène et écrit le scénario mais il a aussi produit et monté son film. Il est même le coauteur de la musique !

On ne peut que féliciter les Éditions du Chat qui Fume (!!?) d’avoir exhumé ce film enfoui malgré une certaine renommée après sa tournée des festivals gays. Si la jaquette est assez moche, l’habillage du DVD est bien dans la tonalité de l’œuvre. Le contenu est aussi complet que passionnant. S’il est dommage que l’éditeur français n’ait pas reconduit les commentaires audios du réalisateur et de son acteur principal, présent sur le DVD américain – sans doute en raison du coût de leur traduction, il les a néanmoins remplacés par ceux, très pertinents, du critique Francis Barbier. Mais le bonus le plus intéressant sont les interviews du public filmées (mal) lors de la présentation du film dans différents festivals gays. À ne pas manquer celle de Mitchell Grobeson racontant ses expériences de flic gay, ni les réactions très « politiquement correct » du public des festivals gays choqué par le film, qui est bien sûr proposé en version intégrale. Il en existe une censurée pour les télévisions américaines, dans laquelle la scène de la capote et celle de sexe entre Jack et Ramon/Raymond ont été coupées !

Hard
est un film gay d’une étonnante authenticité avec des scènes crues mais jamais gratuites, mises en images avec un tact et un talent évidents et jouées avec beaucoup de conviction. Il n’en est pas moins avant tout un thriller implacable.
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