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Fiche technique :

Avec Ariane Ascaride, Jonathan Zaccai, Jimmy Tavares, Hélène Surgere, Lucas Bonnifait, Nicolas Pontois, Frédéric Sendon, Marcelle Lamy, Frédéric Voldman, Aliette Colas, Hanako Bron, Camille Dumalanede et Magali Hervieu. Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Scénario de Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Directeurs de la photographie : Matthieu Poirot-Delpech et Pierre Milon. Musique : Philippe Miller.
Durée : 97 mn. Disponible en VF.

 



Résumé (dos du dvd) :

Pour filmer ses entraînements de patinage artistique, la grand-mère d’Etienne lui offre un caméscope. L’adolescent se met alors à enregistrer sa vie quotidienne avec ses amis et sa mère, à Rouen, sans voyeurisme, par jeu et pour se constituer des souvenirs. S’il s’intéresse de près à un de ses professeurs, c’est, croit-il, parce qu’il serait un compagnon idéal pour sa mère. La relation qui s’installe entre eux lui donne rapidement raison, mais lui fait aussi découvrir que son propre désir était plus ambigu qu’il ne le croyait.

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L’avis de Shangols :
Ma vraie Vie à Rouen
me réconcilie franchement avec les Martineau/Ducastel, après l'expérience éprouvante de Crustacés et Coquillages (j'ai vu leurs films dans le désordre). Celui-ci est un film franchement intéressant, au niveau purement formel en tout cas.
Un jeune gars, patineur de haut niveau, ado soucieux des mêmes choses que les autres ados (les copains, l'amour, le sexe, le beau-père, la maman...), se voit offrir une caméra vidéo, et tente de filmer sa vie, dans son quotidien le plus banal aussi bien que dans ses drames et ses doutes. Par ce dispositif très simple, tout le film étant tourné par cette caméra légère, les réalisateurs réussissent parfaitement à montrer un cinéaste en train de se faire. Les images montrées, de mieux en mieux maîtrisées, cadrées, intéressantes, au fur et à mesure du film, donnent une nette impression que, en même temps que Etienne raconte sa vie, il trouve les moyens esthétiques de la raconter. On assiste donc à toute une « naissance » du cinéma, des plans heurtés et accidentels du début aux très jolis cadres sensibles de la fin.

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Etienne tente tout ce qui fait le cinéma : caméra emportée sur son vélo, caméra cachée, image par image, gros plans, travellings, raccords subtils, décadrages, regards caméra, et surtout mise en scène progressive de son monde (il fait « jouer » sa mère, filme son copain en train de dire du Corneille, traque ses souvenirs d'enfance par la seule magie du plan...). Le journal intime et maladroit de l'adolescence devient un plaidoyer de plus en plus adulte sur la différence et le monde moderne (une manifestation anti-Le Pen réelle, de longs plans d'ouvriers qui déchargent des camions, etc.), jusqu'au coming-out final : tout cela n'a servi qu'à dévoiler l'homosexualité du filmeur. Ce qui est montré est mis parfaitement en parallèle avec la façon dont on le montre. Bien vu : Martineau et Ducastel ont compris que le cinéma montre non pas le filmé, mais le filmeur. Les quelques scènes où un autre personnage attrape la caméra d'Etienne sont révélatrices : il n'est pas acteur, il est metteur en scène de sa vie, et sa caméra-stylo ne sert qu'à filmer son intimité la plus profonde.
Le film rappelle souvent le superbe Ten de Kiarostami, par cette tentative, vaine bien sûr, d'effacer le réel metteur en scène pour laisser le champ libre à la caméra seule. On sent que c'est effectivement le jeune acteur qui filme la plupart des scènes (on voit son ombre se profiler sur le paysage). Mais le film arrive à se retourner complètement, par une mise en abîme subtile et intelligente : petit à petit, les deux réalisateurs reviennent à l'attaque. C'est bien Ducastel/Martineau qui filment Etienne qui filme sa vie.
Alors bien sûr, le scénario du film est un peu trop écrit pour être sincèrement crédible, trop pensé pour donner vraiment cette impression de direct. Bien sûr, les acteurs sont bien souvent mauvais (Hélène Surgère surtout, qui a du mal à trouver le naturel de la chose), mis à part Ascaride, très émouvante. Bien sûr, cette métamorphose de l'ado en homo assumé est un peu cousue de fil blanc. Mais Ma vraie Vie à Rouen reste une très belle expérience formelle, quelque chose entre un bel hommage au cinéma et une expérimentation contemporaine. Chapeau bas.

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L'avis de Mat :
Ma vraie vie à Rouen est un film hybride, une première, une expérimentation de part le choix de la réalisation. La caméra des réalisateurs se confond en effet avec le caméscope offert à Jimmy Tavares qui joue Etienne dans le film. Un concept original que les deux réalisateurs français vont utiliser de bout en bout de leur film. Celui-ci commence donc avec la mise en marche du caméscope, clos une scène prématurément avec l’arrêt du caméscope, saute une période à cause d’une réparation nécessaire au caméscope, bref Etienne est LE réalisateur de ce film, c’est lui qui détient la caméra, c’est lui qui montre aux spectateurs ce qu’il a envie de montrer... jamais dans l’histoire du cinéma on a été aussi loin pour traduire à l’écran la vie d’un personnage. Et donc jamais dans l’histoire du cinéma on a été aussi proche du héros d’un film. Il met en scène sa vie sous nos yeux ébahis !

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Alors bien sûr, le contenu de l’histoire doit nous satisfaire pour adhérer totalement au film. Sur le fond, la partie la plus intéressante est celle où Etienne se cherche en amour. L’homosexualité est l’un des combats mené tambour battant par Ducastel et Martineau. Etienne est un personnage presque autobiographique : Olivier Ducastel ayant passé son enfance à Rouen et Jacques Martineau ayant pratiqué le patinage artistique ! S’inspirant de souvenirs, ils ont construit un ado qui leur ressemble avec un entourage qu’ils ont connu... L’adolescence étant la période de grands chamboulements intérieurs, d’affirmation de soi, de découverte de son corps : tout était bon pour parler de l’amour à cet âge là.
Deuxième engagement pour Ducastel et Martineau : la lutte contre le Front National. Alors que les scènes de réactions à l’élection présidentielle 2002 étaient déjà en boîte, la "surprise" de voir le FN en deuxième position à la suite du premier tour, remet en cause totalement ce qui a déjà été tourné... Appelant en urgence Jimmy Tavares, Ducastel et Martineau (avec Ariane Ascaride, le chef op’ et le preneur de son) s’engouffrent dans les immenses bains de foule venus manifester leur opposition au groupe d’extrême droite. Une vraie manifestation dans un film qui devient engagé, c’est fort et beau à la fois.

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