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Fiche technique :
Avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni, Brigitte Roüan, Grégoire Leprince-Ringuet , Jean-Marie Winling, Alice Butaud, Yannick Renier et Esteban Carvajal Alegria. Réalisation : Christophe Honoré. Scénario : Christophe Honoré. Photo : Rémy Chevrin. Musique : Alex Beaupain.
Durée : 100 mn. Actuellement en salles en VF.


Résumé :
Ismael vit avec Julie mais un jour cette dernière, pour pimenter leur relation, fait entrer dans leur lit Alice. S’installe alors un ménage à trois qui pratique ce que l’on appelait naguère « l’amour libre ». Mais Julie s’aperçoit bientôt qu’elle ne trouve pas son compte dans cette nouvelle géographie amoureuse, ce qu’elle confesse lors d’un repas de famille. Mais avant qu’elle prenne une décision sur le devenir de son couple, elle meurt brusquement d’un arrêt cardiaque au sortir d’un concert. Ismael et la famille de Julie parviennent mal à faire face au deuil. Heureusement, dans la vie d’Ismael surgit Erwann qui tombe immédiatement amoureux de lui et qui va le sauver du désespoir.


L’avis de Bernard Alapetite :
Les Chansons d’amour est le plus beau film français depuis... Depuis si longtemps que je ne me souviens plus du précédent film qui pourrait rivaliser dans mon panthéon cinématographique avec lui... Depuis peut-être Laisser-passer de Tavernier qui n’a strictement rien à voir avec Les Chansons d’amour...
Les amoureux de Paris, et particulièrement ceux des parages allant de la Place de la Bastille jusqu’à la Gare de l’Est en passant par la Porte Saint-Martin, doivent se précipiter pour voir le film, tant Christophe Honoré a le talent de nous faire redécouvrir la ville et de l’inscrire dans la trame de son histoire avec la géniale idée d’avoir toujours filmé ses scènes d’intérieur, soit au premier étage, au rez-de-chaussée ou à l’entresol si bien que la vie de la ville est toujours en arrière-plan du champ. Déjà il nous avait fait partager cette faculté d’habiter les lieux dans Tout contre Léo et surtout Dans Paris où il n’y avait guère que cela à sauver et la dernière scène. Le Paris de Christophe Honoré est le Paris d’aujourd’hui, dans lequel apparaît notre nouveau président au détour d’une affiche, un Paris multicolore, de nuit et de jour, de la fête et du travail. À mille lieues du Paris momifié et fantasmé d’Amélie Poulain mais aussi bien loin de la ville de Dans Paris qui n’était qu’un musée de la cinéphilie. Le tour de force du cinéaste est d’avoir réussi le mariage du réalisme de la ville avec le comble de l’artifice qu’est par essence la comédie musicale. Le cinéaste s’explique de son choix : « Le Xe est l'un des rares arrondissements où l'on travaille dehors, avec des gens qui déchargent des camions de livraisons... Il ne s'agissait pas de bloquer des rues pour tourner, je voulais que la vie s'infiltre le plus possible dans les plans, et aussi respecter la géographie des lieux. Je m'étais donné cette contrainte non pas tant pour produire un effet de réel que pour m'empêcher de fantasmer un film. » Ce qui nous vaut parfois des regards caméra des passants tout à fait surprenants mais qui curieusement donnent l’impression d’authentifier l’action qui se déroule sur l’écran.
Mais Christophe Honoré et son chef opérateur Rémy Chevrin ne se bornent pas à être des paysagistes, ils parviennent aussi à rendre la texture du moindre objet. On a envie de tendre la main pour toucher l’écharpe de Julie tant elle existe.
Pourtant c’est peu dire si j’allais voir le dernier opus de Christophe Honoré à reculons, craignant une nouvelle déception de celui qui semblait tant promettre après Tout contre Léo. Bien sûr, il y a encore deux ou trois scènes ratées : celles où Louis Garrel se prend encore pour Jean-Pierre Léaud et quelques allusions cinéphiliques lourdingues comme ces marins, sortis du Lola de Demy, en tenue d’été, croisés sur un trottoir parisien en plein hiver. Mais ce film, toujours sur le fil du rasoir, parvient à nous émerveiller et à nous émouvoir presque constamment si bien que l’on regrette de ne pas rester quelques minutes de plus sous l’enchantement et que certains personnages ne soient pas plus développés tel celui de la sœur cadette de Julie (Alice Butaud) ou celui du frère aîné d’Erwan, sans oublier le personnage du père de Julie remarquablement interprété par Jean-Marie Winling que l’on aurait aimé voir plus.
On peut légitimement penser que quelques imperfections du film sont dues à sa vitesse de tournage et de production comme en témoigne le plan sur l’affiche du film Les Ambitieux, sorti en janvier 2007. C’est un tour de force que Les Chansons d’amour soit présent au Festival de Cannes en mai, quatre mois après son tournage.


La très bonne surprise est de découvrir que des comédiens français comme leurs homologues anglais sont capables de chanter et de faire passer l’émotion de leur scène par leur chant dans des morceaux poétiques, irrévérencieux, qui ne sont jamais plaqués sur l’intrigue mais qui, au contraire, la font avancer. Christophe Honoré réussit à ce que le passage du parlé au chanté, puis le retour au parlé, paraissent naturel. Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des films avec chansons, ces dernières ont souvent tendance à mettre une distance entre le spectateur et l’émotion alors que dans Les Chansons d’amour elles la suscitent. Leur texte souvent d’une salutaire crudité, « du bout de ta langue nettoie-moi partout », est le vrai hommage à La Maman et la putain de Jean Eustache que certains voudraient voir, surtout dans le triolisme du début. Honoré les a écrites avec Alex Beaupain, son ami d’adolescence, dans un registre entre Delerme et Daho. Ce sont de vraies belles chansons avec couplets et refrains et non des dialogues chantés comme chez Demy. En voici un petit avant-goût :

« As-tu déjà aimé
Pour la beauté du geste
As-tu déjà croqué
La pomme à pleines dents
Pour la saveur du fruit
Sa douceur et son zeste
T'es-tu perdu souvent
Pour la beauté du geste...
 »

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Christophe Honoré n’a pas renoncé à son obsession référentielle mais heureusement avec beaucoup plus de légèreté que dans son film précédent. Le premier plan de Ludivine Sagnier, de dos, est la copie de celui de Catherine Deneuve dans Les Parapluies de Cherbourg : même coiffure à barrette, mêmes cheveux blonds mais heureusement Ludivine Sagnier est moins rigide que la Deneuve d’alors. Par ailleurs, comme Les Parapluies de Cherbourg, le film est divisé en trois parties par des intertitres identiques à ceux du film de Demy : Le départ, L’absence, Le retour. Il faut dire que l’adulation de Christophe Honoré pour Demy vient de loin. Lorsqu'il était journaliste aux Cahiers du cinéma, il écrivait sous le pseudonyme de Roland Cassard, le diamantaire que Deneuve épousait dans Les Parapluies de Cherbourg, et Romain Duris chantait la chanson de Lola à la fin de 17 fois Cécile Cassard.
On peut être encore agacé par l’imitation de scènes entières des films de Truffaut, avec le même jeu et le même cadrage. Quant à la scène des trois lisant dans un lit chacun un livre, on l’avait vu aussi dans Changement d'adresse d'E. Mouret, déjà inspirée de celle de Domicile conjugal avec Jean-Pierre Leaud/Claude Jade, le ménage à trois étant celui de La Maman et la putain (Bernadette Laffont, Françoise Lebrun/Jean-Pierre Léaud). On l’avait déjà dans Dans Paris. Le réalisateur a poussé le mimétisme jusqu’à mettre des lunettes à Ludivine Sagnier comme en portait Claude Jade. À noter que si les films de la Nouvelle vague se passaient essentiellement rive gauche à Saint-Germain et Montparnasse, Christophe Honoré déménage sur la rive droite vers la Bastille comme il l’avait déjà fait dans Tout contre Léo, mais à la fin du film retour épisodique sur la rive gauche avec la très belle scène du cimetière Montparnasse au coucher du soleil, avec en fond la tour. Les cinéphages du quartier reconnaîtront leurs cinémas préférés dans les plans sur le fronton de deux cinémas de Montparnasse : Le Bretagne et l’UGC Montparnasse.
Si les références au cinéma sont multiples, les livres sont très présents : normal pour un écrivain avec de nombreux plans sur des couvertures de romans d’Hervé Guibert, Edmund White, A. L. Kennedy, James Salter... comme chez Godard...
On peut aussi reprocher à Christophe Honoré de nous raconter, aussi bien dans ses livres que dans ses films, toujours la même histoire : celle d’une famille traumatisée par la disparition tragique d’un de ses jeunes membres. Toute son œuvre est placée sous la trinité de la famille, du sexe et de la mort.


Les comédiens sont épatants. Pour Louis Garrel, on peut parler de résurrection après son calamiteux pastiche de Jean-Pierre Leaud dans le précédent film de Christophe Honoré. On regrette que Ludivine Sagnier, très émouvante dans un registre nouveau pour elle, quitte si vite l’écran. Il y a quelques années, on avait découvert Grégoire Leprince-Ringuet, encore enfant mais déjà très bien, dans Les Égarés, ce qui est peut-être le meilleur Téchiné à ce jour parce que le moins téchinien justement... Ici, il campe un lycéen homo sans complexe, à la fois fou d’amour pour Ismael mais qui parvient à maintenir cette passion sous contrôle et s’avère plus mature que son aîné. Un très beau personnage que le jeune acteur parvient à imposer en quelques scènes. Le cinéaste nous explique ce qui a motivé le choix du jeune homme : « Grégoire représente une certaine jeunesse sans être du tout dans les clichés, ni dans le fantasme sexuel d'aujourd'hui. Sa beauté est franche, pas tapageuse. Je tenais à représenter un jeune qui ne doute pas de son homosexualité mais qui n'a pas encore eu d'aventure. Erwann n'est pas tourmenté par sa sexualité mais par ses sentiments. Grégoire avait une simplicité, une sorte de bonté qui m'a très vite convaincu. »
Chiara Mastroianni a bien du mérite à tirer son épingle du jeu dans le seul rôle antipathique, de la sœur aînée de Julie, larguée et qui éprouve la culpabilité du survivant. Une mention spéciale pour Clotilde Hesme, dotée d’un physique singulier avec une certaine androgynéité (pont pour Ismael entre l’hétérosexualité et l’homosexualité), la révélation des Amants réguliers de Philippe Garrel qui confirme son grand talent.
La position de Christophe Honoré sur l’homosexualité est aussi décomplexée qu’originale. Voici ce que l’on peut lire à ce sujet dans le Têtu n° 123 de juin 2007 : « Je ne voulais pas qu’on dise que Les Chansons d’amour racontait l’histoire d’un hétérosexuel dont la copine meurt et qui devient homo. Ça aurait été abominable. Même chose pour la relation entre les deux filles au début du film. Par rapport à l’homosexualité, je n’ai jamais été dans le registre de la revendication, de l’explicatif ou du tourment. Ça ne m’a jamais intéressé de présenter des personnages homosexuels dont le souci était l’homosexualité. Ils ont de plus gros problèmes... Souvent chez les pédés, l’idée c’est que le sexe, ça se faisait hors de la famille. Moi, j’ai toujours pensé que la sensualité était familiale. D’ailleurs, ramener son copain chez soi, faire du sexe dans la maison de ses parents, c’est ultra excitant. »
Quel culot de terminer le film par les belles scènes d’amour entre Erwann et Ismael, certes chastes avec seulement un plan fugitif sur les fesses précocement poilues mais appétissantes de Grégoire Leprince-Ringuet.
...Et puis vous en connaissez beaucoup des films où le héros, au départ hétérosexuel, est sauvé du désespoir par une relation homo ? Ce n’est pas Jules et Jim, c’est Jules avec Jim ! La dernière réplique est la plus jolie déclaration d'amour du cinéma de ces derniers temps : « Aime-moi moins mais aime-moi longtemps ». Et c’est un garçon qui le dit à un autre garçon...
Un hymne à l’amour libre, une tragédie musicale optimiste qui nous offre en finale la plus belle scène d’amour entre deux garçons du cinéma français.

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