Fiche technique :
Avec Charles berling, Mehdi Dehbi, Alexis Loret, Abbec Zahmani, Julia Maraval, Clotilde de Bayser, Ouassani Embarek, Lofti Abdelli, Fathi Heddaoui et Hichem Rostom. Réalisé par Abdelkrim Bahloul. Scénario de Abdelkrim Bahloul, Charlotte Guigue et Jean-Pierre Peroncel-Hugoz. Directeur de la photographie : Charlie Van Damme.
Durée : 85 mn. Disponible en VF.
Résumé :
Ce film tourne autour de la figure de Jean Sénac, poète pied-noir qui après l’indépendance de l’Algérie, a choisi d’y rester. Dans tout le pays, un large public écoute alors son émission radiophonique « Poésie sur tous les fronts ». Tout se passe bien les premières années. Puis le nouveau régime va le stigmatiser, le persécuter pour sa différence parce qu’il est d’origine française, catholique, et en plus homosexuel, dans un pays qui s'appuie sur l’Islam. Sa rencontre avec deux étudiants Hamid et Belkacem, dont la pièce vient d’être refusée par le Festival de Théâtre Algérien, car écrite en français sera l'occasion de suivre son combat pour amener le peuple algérien à la conscience de sa propre identité jusqu'à son assassinat en 1973.
L'avis de Jean Yves :
Ce film au scénario fictionnel (les deux étudiants sont inventés) conserve une majorité de faits réels et n'est jamais caricatural.
Le réalisateur, Abdelkrim Bahloul, a eu la bonne idée de ne jamais exagérer la diabolisation du poète, excellemment joué par Charles Berling. Au contraire, il s'attache à seulement montrer la suite de ses désillusions face aux tracasseries imposées par le régime. A aucun moment, on ne voit les ordres donnés par le pouvoir pour contrer le poète : cette répression, qui semble venir de nulle part, impalpable, exacerbe la cruauté qui lui est faite.
Le réalisateur a très bien intégré la poésie de Jean Sénac. Elle est même le moteur nullement artificiel du film puisque chaque passage permet d'insister sur sa vision humaniste. Ce qui rend le film plutôt optimiste.
Jean Sénac est l'emblème de celui qui devient étranger dans son propre pays (sa famille était pourtant là depuis cinq générations et il s’est battu au sein du F.L.N pour l’indépendance). Le film montre à plusieurs reprises la césure qui peut exister entre un peuple et son régime : la gêne du concierge à qui on a ordonné de ne plus donner au poète les clés du studio de radio où il travaille d'habitude ; l’embarras du public face à Sénac quand ce dernier doit justifier son amour des garçons. On sent bien avec cette scène comment le régime a pu utiliser l'homosexualité de Sénac pour le discréditer aux yeux de ses auditeurs.
Un film qui parle tout à la fois d'espoir et de la difficulté d’un pays à vivre avec sa diversité. Le titre Le soleil assassiné résume bien cette dualité.
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