L'auteur :
Stephen Spender, considéré comme l’un des plus grands poètes britanniques du XXe siècle, est mort en 1995 à Londres à l’âge de
quatre-vingt-six ans.
Il était aux yeux des critiques l’un des trois principaux poètes de son pays, avec Wystan Hugh Auden et Cecil Day Lewis. Tous trois avaient formé le noyau d’un mouvement littéraire influencé par
des idées humanistes de gauche. Spender avait adhéré au Parti communiste britannique en 1936 pour démissionner quelques mois plus tard en raison d’un désaccord sur la guerre d’Espagne. Il avait
participé au lancement en 1953 du magazine Encounter, qu’il avait quitté en 1967 lorsqu’il avait appris qu’il bénéficiait d’un
financement de l’agence de renseignement américaine CIA. Professeur d’anglais à University College de Londres de 1970 à 1977, il avait été anobli en 1983.
L'avis d’Oli :
Les rencontres d'un jeune étudiant d'Oxford, poète à ses heures perdues, avec d'autres garçons de son âge, à Oxford et en Allemagne, en 1929,
dans l'insouciance de cette République de Weimar qui n'arrivera pas à détecter l'arrivée du nazisme.
Ce roman est d'abord une histoire à la thématique « homo » très marquée. Assurément à classer au rayon arc-en-ciel. D'une époque où il était inutile de décrire en termes crus une
relation hot pour être mis à l'index, où de simples évocations d'amitié, de lectures de poésie et de plages naturistes au bord du Rhin suffisaient à émoustiller le lecteur et le censeur. C'est
très bien écrit et très bien traduit (traduction de Guillaume Villeneuve) d'ailleurs, ce qui donne un cachet particulier à ces histoires entre garçons – on est loin du porno-trash sexuel allant
de Bret Easton Ellis aux scripts de porno XXL.
Ecrit en 1929, avant d'être retravaillé un demi-siècle plus tard pour être enfin publié, c'est aussi un témoignage sur l'Allemagne des années folles (sans jeu de mots). Une certaine indolence, un
culte du corps et une vie sociale intense pour des jeunes fêtards, c'est un peu l'Amérique des 70's, c'est la tranquillité d'une époque qui constate naïvement l'existence de groupes de gens
admirant un petit brun moustachu aux propos incohérents mais galvanisants. On les traite avec le mépris dû à leurs idées, mais on ne se laisse pas tracasser par ça outre mesure. Un témoignage
historique aussi, donc.
Je ne suis pas tellement habitué à la lecture d'œuvres du rayon homo (au-delà d'Oscar Wilde), j'ai donc à la fois peu de référents du genre, et une certaine surprise à la découverte du style.
Surtout un style imagé d'époque (« L'autre se tortillait rageusement contre lui, luttant pour atteindre l'orgasme » étant une des phrases les plus crues de tout le livre...). Une
découverte, donc, mais dont la dimension historique m'a davantage intéressé. Homosexualité soft et Histoire de l'Europe des années folles, ça vous fait deux raisons pour lesquelles vous pourriez
lire le livre.
Pour plus d'informations :
Disponible chez Christian Bourgois Editeur et chez 10/18 en poche
(France)
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