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Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

LAISSEZ-LE VIVRE

 

      

Retour sur Nos Bonheurs Fragiles (voir BHV précédent).

Interview de son auteur, Laurent Fialaix.

 

 

 

Vincy Thomas : Comment le roman a-t-il été écrit ? Comme un journal improvisé ? Dans le but initial d'en faire un récit ?

Laurent Fialaix : J’ai toujours eu pour habitude de jeter les mots sur le papier dans les moments difficiles, mais jamais jusqu’ici je ne les avais sortis de mon ordinateur. C’était mon jardin secret, un exercice personnel, une sorte de journal intime provisoire puisque n’existant que le temps du mal-être. Lorsque j’ai commencé à écrire sur ce sujet, cela participait du même principe. Ce n’est qu’au fil du temps que l’idée d’en faire autre chose m’est venue…

 

Pourquoi un livre, et pas un blog, par exemple ?

Justement, ce livre est né d’un blog. En fait, je savais, vu le chaos dans lequel j’étais, que me contenter d’écrire sur un fichier Word ne me suffirait plus. J’ai donc ouvert ce blog, anonymement, sous pseudonyme, sans le dire à personne si ce n’est à quelques amis proches. Et j’y ai écrit comme on va chez un psy. J’ai une nature très pudique ; je suis un ancien grand timide et j’en possède encore quelques restes. Alors, paradoxalement, l’idée de me livrer – même si elle venait de moi – m’était assez violente. Sans doute je cherchais à me bousculer un peu pour ne pas m’embourber… À ma grande surprise, assez vite j’ai reçu des mails d’inconnus. Surtout venus de femmes, d’ailleurs. Sans avoir vécu la même histoire, elles me disaient se reconnaître dans la mienne, dans mes interrogations, dans mes douleurs, parfois dans mes sursauts. Ces réactions m’ont beaucoup touché, et surtout beaucoup surpris. Elles ont fait leur chemin petit à petit. Et cela a fini par me convaincre de partager plus largement ma petite expérience, puisque j’avais la démonstration qu’elle pouvait aider. Je crois que je ne l’aurais jamais fait sans cette assurance-là. Alors, pour ne pas trop me disperser, j’ai arrêté le blog, j’ai retravaillé les textes publiés, et le livre a commencé à prendre forme.


Quelle part de roman y a t il dans ce livre autobiographique ?

À partir du moment où j’ai voulu en faire un livre, l’exercice narcissique ne m’intéressait pas du tout. Chacun a dû ou devra, un jour ou l’autre, se reconstruire. Que ce soit à la suite de la disparition d’un être cher ou après une séparation, par exemple. Je voulais faire le journal d’une reconstruction, raconter une histoire universelle qui dépasse celle de deux hommes et puisse ainsi parler au plus grand nombre. Pour cela, il me fallait faire l’impasse sur certains aspects qui auraient accentué la spécificité homosexuelle en empêchant ceux qui ne le sont pas d’y trouver une résonance. J’ai ajouté quelques détails aussi, pour mieux faire passer (en tout cas je l’espère !) certains messages. Disons qu’il est autobiographique à 80 %, et que les 20% restant sont tout à côté de la réalité, vraiment tout à côté !

 

Quels sont ces messages ?

Dans mes ambitions les plus folles j’aimerais que certains y trouvent quelques pistes pour réagir au mieux face au chagrin d’un de leurs proches. Les mots peuvent faire tellement mal… Si d’autres pouvaient enfin comprendre qu’un deuil reste un deuil avec les mêmes conséquences, que l’on soit hétéro ou homo, alors ce serait formidable aussi ! J’ai tellement ressenti la différence de traitement. Dans la tête de bien des gens, on ne peut pas avoir les mêmes douleurs vu qu’on n’a pas, selon eux, les mêmes sentiments. J’ai aussi essayé de montrer que l’homoparentalité n’avait pas à faire peur, qu’elle n’était en aucun cas un problème, que cela pouvait très bien se passer. Et pour tous ceux qui traversent un deuil j’ai tenté de montrer qu’il ne faut pas avoir peur de descendre tout en bas, de s’écouter, de prendre son temps pour remonter la pente même si ça paraît interminable. Il faut en passer par là, je crois, pour mieux évacuer ses culpabilités inutiles, pour se redresser, et s’autoriser à revivre vraiment.  « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort », dit-on. C’est une évidence absolue !


As tu été obligé de t'autocensurer, de jeter des pages trop intimes ?

Obligé, non. Mais j’ai tenu à le faire. J’ai supprimé des paragraphes entiers qui auraient pu blesser inutilement quelques-uns de mes proches, et que j’avais écrits sous le coup de la colère ou de la déception. Entre le temps de l’écriture et celui de la dernière correction, il s’est passé plusieurs mois et je n’étais plus ni dans la rancœur ni dans le ressassement. Il y a aussi pas mal de choses que je n’ai pas pu ou voulu dire, ne serait-ce que parce que cela aurait desservi le propos, et finalement l’ensemble du livre. Parfois la vie rattrape le roman et la dépasse à ce point qu’on m’aurait reproché d’en rajouter !

 

Quelles peurs as-tu conjuré en écrivant ce livre ?

La peur du vide, celle de la solitude. L’absence, son silence. J’avais sans cesse sous les yeux des images obsédantes, et les coucher sur le papier les a éloignées. Au moins un peu. Et puis, avec le recul, je crois qu’il y a aussi une peur plus ou moins inconsciente qui nous habite dans ces moments-là : celle d’avoir laissé partir sa propre vie en même temps que l’autre, et d’être à ce point anéanti qu’on se persuade n’être plus capable de rien.

 

Et quelles pudeurs as-tu eu ?

La principale touche mes enfants, évidemment. Les passages qui les concernent ont été les plus difficiles à écrire. De loin… Comme je sais qu’un jour ils me liront, quelques autres moments ont été assez compliqués aussi. Je pense surtout à ceux où je parle de sexe. Pour autant, je ne pouvais pas faire l’impasse. Dans une reconstruction, c’est un sujet absolument essentiel. À un moment donné, cette question-là arrive et tu dois la surmonter, te débrouiller avec ta culpabilité, tes appréhensions, le supposé jugement des autres… tout cela sans la moindre arme pour t’aider ! Se protéger derrière des pudeurs inutiles aurait été vain. Comment décrire la douleur sans se donner totalement ? Je crois que c’est impossible. De toute façon, en parler ne veut pas dire raconter dans les moindres détails !


Que doit-on changer pour faciliter l'homoparentalité, de fait, comme la tienne ?

Je ne peux parler que de ce que je connais. Or, je n’ai jamais eu à batailler. Tout a toujours été fait en parfaite intelligence. Je ne me vois vraiment aucune différence avec un père hétéro divorcé. Ou alors j’ai la chance que personne ne me l’ait jamais faite sentir. Mais mes enfants sont nés dans un schéma classique où leurs parents étaient mariés et vus comme un couple on ne peut plus traditionnel. Et je m’entends parfaitement bien avec leur mère. Cela change tout, je pense !

 

Les psys ont mauvaise image dans ton livre. Crois-tu que Freud est dépassé par notre époque ?

Non, pas du tout. Même si je n’aime pas cette ère du tout psy, que les choses soient claires : je n’ai absolument rien contre eux. J’en ai rencontré des formidables. Certains lui ont sauvé la vie. Ils ont fait des miracles. Le mien, je l’égratigne en effet, mais dans la réalité je lui dois aussi d’être resté debout. Et je conseillerais à tous ceux qui traversent ce genre d’épreuves de se faire aider. J’ai essayé de faire sans, mais j’ai vite été rattrapé par cette nécessité. Seulement, comme dans toutes les professions, certains sont à fuir ! Par exemple, cette psy dont je parle au début du livre, qui m’a convoqué aux urgences de l’hôpital où il avait été conduit, fait partie de ces quelques-uns qui, par leur intolérance, leurs idées toutes faites, leur homophobie rampante, vous détruisent. Vous en même temps que l’image d’une profession tout à fait respectable. Et indispensable… à condition de ne pas en abuser !

 

Quels conseils donnerais-tu à propos du mal-être prégnant chez les jeunes gays ?

Vaste question ! Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour y répondre. Expérience faisant, il me semble tout de même que l’une des principales difficultés est de se libérer de ce que j’appellerai nos « chaînes invisibles ». Qu’on le veuille ou non, beaucoup d’entre nous nous trimballons avec une lourde culpabilité. Il faut parvenir à prendre de la distance face au poids du regard des autres. En particulier du regard des nôtres. Je sais, c’est facile à dire !… Mais on ne vit pas pour nos parents. On vit pour soi, d’abord et avant tout ! Je crois qu’il faut parler, faire son coming out dès qu’on en ressent la nécessité. Tant pis pour les conséquences immédiates. Il faut aussi se faire violence et ne rien exiger de suite, laisser le temps à nos proches de « digérer » l’information, si j’ose dire. Certes, le moment n’est pas simple, il en coûte souvent quelques larmes, mais au bout du compte j’ai le sentiment qu’on se sent finalement plus libre. On s’est débarrassé d’un poids. Quant au reste du monde, on s’en fiche, non ?


Parle-moi de ta vision de l'homosexualité, de la perception de l'amour gay par ton entourage...

Comme je l’écris dans le livre, à mes yeux une relation homosexuelle est une histoire d’amour comme une autre, sans la moindre différence hormis quelques reliefs… Point barre. Je ne comprends pas comment, en 2009, on peut encore être gêné par ce qui n’est rien d’autre qu’une évidence ! Je suis stupéfait de voir combien nombre de mes proches sont surpris aujourd’hui par l’intensité de l’amour que je décris. Il y a quelques jours encore, une femme de ma famille m’a appelé pour me dire qu’elle avait beau nous avoir bien connu tous les deux, elle n’avait pas du tout compris combien je pouvais l’aimer. Sans doute parce qu’ll y avait beaucoup de souffrance dans notre relation, mais derrière ses mots, il y avait aussi : « je ne savais pas que deux hommes pouvaient s’aimer comme ça ! ». Je ne crois pas qu’il faille parler d’homophobie. L’image d’Epinal y est pour beaucoup ; elle est bien ancrée dans l’inconscient collectif. Tout gay est un obsédé immature et instable qui collectionne les mecs sans jamais être capable du moindre vrai sentiment. Alors, je me dis que si ce livre peut faire évoluer les mentalités ne serait-ce que d’une poignée de personnes, je serais le plus heureux des hommes.

 

Le milieu des médias est évidemment cruel, mais tu as pourtant bonne presse, une surprise ?

Si je disais que je ne suis pas surpris je serais d’une prétention terrible ! Je suis extrêmement touché par cet accueil. Pas seulement par les articles parus mais par les nombreux messages que je reçois, aussi. Comme quoi, ce milieu n’est pas toujours si cruel qu’on le dit ! Pourvu que ça dure…


Comment vis-tu au milieu des requins que tu décris dans le livre ?

Je ne vis pas au milieu d’eux. Je ne suis pas du tout mondain. Plutôt ours, même. Alors, je ne les vois que de loin… Ceux que j’évoque dans le livre m’étaient insupportables parce que j’étais à fleur de peau, et que ces gens-là, lorsqu’ils sentent la fragilité, se précipitent. Je n’ai jamais senti autant de présences intéressées. Je ne comptais plus ceux qui, après m’avoir « offert » cinq minutes de réconfort, réclamaient leur dû : un article, un piston, que sais-je encore… Tout cela n’est pas lié qu’au milieu des médias. Je ne l’ai pas vécu que dans mon milieu professionnel, loin s’en faut ! Simplement, depuis, j’ai appris à les reconnaître, et à les écarter ou à les fuir. Et aujourd’hui je suis formidablement bien entouré.

 

Finalement cette société semble sans valeurs, ultra communicante et pourtant incapable de communiquer. Le paradoxe est que nous nous immergeons dans des outils immatériels comme Facebook. En permanence tu trouves ces outils vains par rapport aux sentiments que tu ressens. Pourquoi ne te déconnectes-tu pas ?

Au moment où j’écrivais, j’ai fermé mon compte. J’étais lassé de la superficialité des uns, du narcissisme des autres, de ceux qui jour et nuit viennent te parler de boulot. Et de cette lâcheté si facile quand on se réfugie derrière un clavier d’ordinateur et quelques statuts ou quelques mails assassins. Lorsque j’ai cliqué sur « Désactiver le compte », étrangement je me suis senti comme libéré d’un poids que je m’étais imposé tout seul. Mais, finalement, je n’ai pas pu résister : j’y suis revenu assez rapidement. Aujourd’hui je n’en garde que le meilleur. J’ai appris la prudence. Facebook peut être très amusant quand on l’utilise sans en attendre rien. Et, pour moi, c’est aussi un outil comme un autre pour informer mes contacts sur l’actualité du livre. Des lecteurs viennent à moi par ce biais, en me demandant en « ami » ou en me laissant un message sur le groupe du livre. Ce serait beaucoup moins direct sans cela. Vu sous cet aspect, c’est un très bel outil de communication. Depuis la parution du livre, j’y vis des moments très forts. Pas autant que dans la vie réelle, heureusement, mais ils ne sont pas à négliger.


Tu ne crois plus en l'amour absolu. Est-ce un subterfuge, une pudeur, une crise de foi ? Ou cette prise de conscience que tous ces bonheurs sont trop fragiles pour y croire réellement ?

Un subterfuge, certainement pas. Je n’ai jamais calculé, et j’en suis encore moins capable aujourd’hui. Je suis moi, avec mes forces et mes faiblesses, mes avantages et mes inconvénients, et c’est à prendre ou à laisser ! Longtemps je l’ai rêvé, cet amour absolu, oui. Comme on rêve du prince charmant. Mais je me suis trompé. Je n’y crois plus. Et ce n’est pas plus mal. Aussi romantique que l’on soit, il faut l’admettre : tous nos bonheurs sont fragiles sans quoi on s’ennuierait ferme, non ? N’y a-t-il pas plus ennuyeux que l’idée d’un bonheur solide qui exclurait les coups de gueule et les réconciliations, qui écarterait les doutes, les interrogations, les bons moments qui succèdent aux mauvais ? Ce n’est pas parce qu’il n’est pas absolu et solide que l’amour ne vaut pas le coup d’être vécu. Bien au contraire… L’amour entier, fort, intense, bien sûr que je continue d’y croire. Je l’attends même. Et de pied ferme !

 

 

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TO BE CONTINUED...

 

Vincy (30 septembre 2009)
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