12. The Mireille Mathieu
Experience...
J'ai vu Mireille Mathieu au Koln Arena le 12 avril 2008, si je me souviens bien. L'hiver à Cologne, où
je résidais alors, touchait à sa fin. Un ami d'un ami s'était déplacé de Zurich pour venir voir son idole. C'est parce que personne autour de moi ne voulait la seconde place qu'il avait
achetée que j'ai accepté de l'accompagner. Je me disais que, après tout, ça ne pouvait pas être pire qu'un concert de country ou une prestation de la chanteuse Robert à l'Olympia (dont
j'apprécie les chansons format studio, notamment L'Appel de la Succube, que j'avais « osé » reprendre, mais surtout pas hélas les prestations sur scène).
À vrai dire, il ne me serait jamais venu à l'idée d'aller voir Mireille Mathieu en concert. Ni même
d'acheter ses disques. D'ailleurs que connaissais-je d'elle ? Deux chansons populaires au Gabon, où j'avais en partie grandi : Une
Femme amoureuse, et la très belle et très simple chanson On ne vit pas sans se dire adieu, dont l'air m'a toujours
obsédé ‒ peu importe que ce soit Mireille Mathieu ou une autre personne qui la chante, c'est la chanson elle-même qui m'a toujours ému.
Que dire d'autre ? Je savais qu'elle chantait dans toutes les langues, qu'elle était célèbre pour sa
coupe au bol. J'ai souvent entendu ma grand-mère la surnommer « Mireille la Japonaise » car paraît-il, il y eut une période où elle était très connue là-bas. Voilà. Dans l'ensemble,
mes goûts musicaux ne portaient pas sur Mireille Mathieu. D'ailleurs je suis aussi passé à côté de la pop, du reggae, du rock, de la grosse variété, écoutant principalement Poulenc, Ravel, ou
alors carrément Mylène Farmer, William Sheller (et par patriotisme partiel, le chanteur folk gabonais Pierre Akendengué).
Et pourtant ! Il faut savoir quelque chose : le Koln Arena est immense. On dit de Mireille Mathieu
qu'elle est ringarde. Je rêve d'être aussi ringard pour avoir plus de 3 000 spectateurs dans un petit stade. Et je crois que je ne suis pas le seul. Bon j'avoue, je n'ai pas un répertoire
facile et je crois que même pour mes 10 ans de carrière, le maximum que je puisse faire c'est l'Européen et ses 300 places. Les carrières ne se ressemblent pas et il faut composer avec les
aléas de la vie. Lorsque j'ai avoué, j'utilise le mot « aveu » car croyez-moi c'est plus difficile qu'un coming-out, que j'avais assisté à un concert de la demoiselle d'Avignon, on
m'a souvent répondu : « Qui l'écoute encore ? » Et bien, ce 12 avril 2008, des milliers de personnes l'écoutaient dans une ambiance étonnante, assez survoltée, un public allemand
acquis, et des fans venus de Belgique, France, Russie, Pologne, Mexique, Brésil qui se bousculaient pour déposer de volumineux bouquets de fleurs aux pieds de la dame en noir. La voix de la
chanteuse était loin d'être parfaite, loin de l'idée que je m'en faisais (par rapport au passé) mais je me souviens d'une voix pleine d'éclat, pas veloutée, mais franche. Claire sans être
sèche. Les choristes, efficaces, l'orchestre excellent, un mélange habile de chansons françaises et de chansons allemandes, de temps en temps du rythme. Tout fonctionnait.
Un concert c'est un moment court dans la vie de quelqu'un en général, je parle ici du spectateur.
L'artiste, lui, doit y verser toute sa générosité, sa passion, pour un instant fugace. Je sais que certains, à la mentalité un peu fonctionnaire, se contentent de faire « leur
truc ». Qu'ils se cassent au plus vite car ils font du mal au milieu musical. La musique vaut mieux que ça, ce n'est pas un jeu. Dire que depuis je suis fan de Mirelle Mathieu, non, mais
je la regarde autrement tellement j'ai été décontenancé et d'un œil lointain, d'une oreille faussement distraite, je suis son actualité. Bon là c'est le simple auditeur qui parle, pas le
chanteur.
Et puis mon avis, elle ne le connaît pas... et elle s'en fout, c'est normal et ce n'est pas bien
grave.
TO BE CONTINUED...
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