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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

en collaboration avec : homo6

 

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Nadia Galy, Le Cimetière de Saint-Eugène, Albin Michel 2010, 246 p. - 16 €

 

Handigay et orphelin algériens à la recherche d'un père…

Nadia Galy fait vivre le métissage des cultures avec le talent d'une orfèvre de la langue. Ses protagonistes de l'Algérie des années 80 ont une personnalité et une finesse hors du commun. C'est avec le plaisir de celui qui détaille petit à petit un bijou, le caresse puis le repose pour ne pas en épuiser immédiatement tous les détails que j'ai parcouru les allées du Cimetière de Saint-Eugène en compagnie de Slim, Moka, Inès et Clémentine.

Le beau Slim et Moka le boiteux à la « hanche dissidente » forment un couple : Nadia Galy adopte la juste distance pour décrire leur relation qui devra un jour aboutir (p.76) au mariage de chacun d'entre eux. Pas de faux-semblants non plus sur ceux qui draguent dans les fourrés du Château : Moka sait bien qu'ils sont là pour assouvir une pulsion bien précise. Il ne s'agit pas d'avoir recours à des artifices dus aux tarifs trop élevés des prostituées ni à une sexualité de substitution, en attendant de passer aux choses sérieuses. Mais vivre son amour pour un être aussi tourmenté que Slim est pour Moka plus important que ses problèmes de hanche.

Slim découvre progressivement une face cachée de ces origines. Son ami, son amour, Moka est à ses côtés mais c'est sa mère Inès qui détient les clés d'un secret qu'il devient de plus en plus inutile de garder. Avec l'aide de Clémentine, jeune française en mission à Alger, les deux hommes et les deux femmes font une plongée vers les véritables racines de Slim. Dans un univers où la France est un miroir chargé de répulsions multiples, comment gérer la découverte de la moitié de ses origines du côté des colonisateurs ?

Sans aucun stéréotype, avec une tendresse finement distillée dans le grand alambic de l'amour, Nadia Galy offre un aperçu tendre et sans complaisance des déchirements algériens à travers une aventure humaine qu'ont vécue, mutatis mutandis, les enfants de Boches. Elle y apporte une solide expérience qui montre la valeur du métissage et l'enrichissement des cultures croisées face à la stérilité de l'enfermement et du repli sur soi, dans une langue qui cisèle les phrases les plus simples comme un grand moucharabieh derrière lequel on observe, en toute discrétion, la vie des autres.

Une vie où les morts, héros du FLN, inconnu sur une photo égarée ou pied-noir au volant d'une voiture dévalant un ravin, ont autant d'importance que les vivants qui essaient de redécouvrir les racines de Slim, le beau tourmenté.

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

- Interview de Nadia Galy par Philippe Valler sur France Info le 13 mars 2010,

- Nadia Galy à Cosmopolitane (France Inter) pour son premier roman, Alger, lavoir galant, Albin Michel, 2007.


 

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© Mathieu Zazzo

 

 

INTERVIEW DE NADIA GALY

Par  Gérard Coudougnan

 

Les Toiles Roses : Nadia Galy, bonjour. Je vais commencer par vous remercier pour les moments de plaisir que j'ai ressenti en lisant Le Cimetière de Saint-Eugène. Je n'ai pas lu votre premier roman et c'est pour moi la découverte d'un auteur au style qui me touche par la complicité que vous parvenez à établir avec le lecteur. Je confesse avoir de fortes accointances avec la langue et la culture arabe, mais je pense que tout lecteur sensible peut éprouver les mêmes émotions. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?

Nadia Galy : Tout d’abord merci à vous de m’accueillir sur vos pages ! J’ai 48 ans, je suis architecte et expert judiciaire près la Cour d’appel de Paris. J’ai vécu à Alger, à Paris, et puis 6 ans à Saint-Pierre-et-Miquelon où j’ai commencé à écrire mon premier roman Alger, Lavoir galant, chez Albin Michel également.

Je m’intéresse à ce qu’on ne dit pas mais qu’on ressent souvent fort douloureusement. J’aime passionnément creuser l’intimité dans ce qu’elle peut avoir de noble et de moins noble. Mon premier livre parlait de la détresse sexuelle de la jeunesse algérienne au travers d’un personnage très laid, mais formidablement attachant. Cet homme voulait seulement faire l’amour avant de se marier. Il n’était que désirant sans jamais perdre de vue l’honneur de sa dulcinée. Il y parvient, mais tout bascule et passe cul par dessus tête.

En Algérie, les hommes ‒ ce n’est que d’eux dont on parle ‒ se marient pour se « poser », fonder une famille, prendre une place dans la société. Bien sûr, c’est fréquemment vrai, que la volonté de se conformer à l’imagerie traditionnelle l’emporte absolument. Mais je ne peux m’empêcher d’être convaincue que s’ils se marient si impérieusement, c’est pour enfin avoir des relations sexuelles régulières et consenties. D’ailleurs, cela est entendu voire justifié par les mères, à mots à peine couverts. Le désir des femmes, lui, n’existe forcément pas. Une fille de bonne famille n’éprouve pas de désir en dehors de celui d’avoir des enfants, c’est bien connu !

Certes les choses changent un peu dans les grandes villes, mais ce pays n’est pas fait que de grandes villes !

Ce sont ces méandres que j’ai envie de creuser. Que fait l’amour de nous ? Jusqu’où nous entraine-t-il ? Par là, j’entends toutes les amours, physiques, et platoniques, belles ou sombres, sinueuses. Je veux aussi tenir compte de l’existence de ces désirs impérieux du corps de l’Autre, de sa chaleur.

Pour tenir mes lecteurs, je me dis qu’à défaut de l’histoire, je vais les garder avec les mots, les images que je tords et contorsionne pour les étonner, les surprendre. Je travaille presque mot à mot, pas à pas. Je veux qu’en me lisant on entende parler de soi, que l’on soit arabe ou pas. Je veux qu’on rie et qu’on pleure. Enfin…j’aimerais qu’on rie et qu’on pleure et qu’on apprenne des choses.

 

Votre double culture est en effet un atout précieux pour aborder aussi subtilement les fondamentaux entre êtres humains algériens et français. Vivez-vous plus en France ou en Algérie ?

Je suis née à Alger, j’y ai grandi et vécu jusqu’à 18 ans, entre un père algérien, et une mère française. J’ai adoré mon enfance, mon adolescence. J’étais algérienne sans conteste. Pourtant… ma grand-mère, bretonne, vivait avec nous, maintenant elle est enterrée là-bas. J’étais au lycée Français d’Alger, j’étais francophone bien que parlant l’arabe dialectal avec l’autre partie de ma famille, dans la rue etc. Les questions d’identité étaient reléguées à plus tard, je vivais en Algérie, j’étais algérienne, point.

Et puis, lorsque j’ai eu mon bac (un bac français donc) le gouvernement algérien a décidé d’arabiser toutes les universités. D’un coup, durant l’été. Ça a été le choc : je n’étais pas capable de suivre un enseignement supérieur en arabe. Il a fallu partir pour la France. Mon père a renâclé, mais peu. Et surtout, puisque ma mère était française, j’avais droit à la nationalité française moi aussi ! C’est là qu’ont commencé à se poser à moi les questions d’identité. De là, date ma prise de conscience que je suis double et incapable de trancher. Pour preuve, je suis maintenant en Corse, c'est-à-dire à mi-chemin entre Alger et Paris. Voilà pour ce qui est sûr !

Je retourne plusieurs fois par an à Alger, la maison de mes parents est le seul endroit que j’appelle « la maison ». Toute ma famille est là-bas, mes frères sont près de mes parents, je suis la seule à être partie et j’en consens parfois une belle culpabilité. Une culpabilité familiale surtout, je suis souvent absente lors des petits évènements qui soudent une fratrie par exemple… Je ne me vois pas revivre en Algérie, je suis devenue française pour beaucoup de choses, sauf que, suivant les sujets, je dois d’abord me demander si je réfléchis en française ou en algérienne ! Je suis toujours en train de chercher l’équilibre, pour ne pas me sentir ingrate envers l’une ou l’autre culture. Simple !

 

Slim est homosexuel. Sa mère est du genre « possessive » et il est orphelin de père : pourquoi avoir créé un profil aussi freudien ?

Pour résumer, je voulais parler d’identité : que se passe-t-il lorsqu’on découvre qu’on est un autre que celui qu’on croyait ? Qu’est-ce qu’être homosexuel ? Qu’est-ce qu’être algérien ? Qu’est-ce qu’être un fils ? Que doit-on à sa propre légende ?

J’écris pour apprendre des choses à mes amis français. L’Algérie est si méconnue… Au départ, je voulais expliquer que du côté algérien nous avons été éduqués dans le culte de la guerre d’Indépendance, que ce culte perdure. Je voulais que le père, ce grand absent soit porté comme l’étendard algérien, qu’il soit un défunt gigantesque, capable d’élever un fils à son image. Je voulais que Slim soit plus algérien que le roi, mais avec une faille intime, quelque chose qu’il ne puisse pas soigner, contrecarrer. Je n’ai pas voulu le rendre menteur, ou kleptomane par exemple, parce que ces choses-là ne sont pas forcément impérieuses. Je tenais à ce qu’il se raconte bien des histoires sur sa sexualité pour se sentir toujours conforme à l’homme impeccable qu’il pensait être. Ce n’est que lorsqu’il met un pied dans la tourmente, lors de sa première dispute avec Moka, qu’il pense enfin à ce que son ami peut représenter pour lui. En même temps, il est conscient qu’il n’a jamais été amoureux d’une femme, à son âge… et qu’il a des rapports sexuels consentis avec son ami de toujours ! Quelque chose en lui commence à dire que ce ne sont pas que des rapports de confort ! En résumé, le père de Slim est absent, mais il compte davantage que s’il était vivant. Mort, il est parfait, sans failles ni aspérités, il est le modèle absolu de la virilité. Pourtant…

Quant à sa mère… J’en ai tant vu des mères arabes ! Inès n’est que plus « menteuse » que la moyenne des mères, mais ce qu’elle fait pour son fils au quotidien n’est pas excessif en regard de ce que j’ai pu observer. En revanche, le mensonge qu’elle a tissé autour de lui est tout à fait diabolique, mais les années l’ont poli puis confit d’amour et puis il est resté là à pendre au-dessus d’eux.

Bien sûr le profil est un peu caricatural, mais en réalité, je ne m’en suis aperçue qu’après. Je trouvais ce père absent tellement grand, et tellement présent !

Inès tombe du plafond quand son fils disparait après la révélation. Elle voit seulement qu’il lui en veut, mais elle ne perçoit absolument pas le cataclysme que la vérité engendre : elle n’imagine pas une seconde, qu’elle a fait de son fils l’ennemi de lui-même. Va-t-elle se demander ce qu’aimer veut dire ? D’ailleurs, au moment du drame, elle ne se demande rien. Elle agit et réagit, elle veut guérir son fils de cette maladie qu’est l’homosexualité, quitte à s’en séparer. Elle y met peut-être les formes mais en substance, elle le vire, elle le pousse à émigrer pour se soigner ! Le Casse-toi de Jean Marie Perrier est juste là !

 

nadia2.jpg © Léa Pieri


L'homosexualité n'est pas, comme l'explique clairement Moka, page 76, un choix par défaut, une sexualité de substitution, faute de filles disponibles. Pensez-vous que la libération gay soit, dans l'univers contemporain algérien, préférable au choix de Moka et Slim qui pourrait être résumé en « vivons heureux, vivons cachés » ?

Comment répondre. Franchement ? Je ne vois pas comment une telle chose serait possible. L’homosexualité est pénalisée par le législateur, l’Islam, le machisme et la loi du plus fort ! Si un homme veut monter son Golgotha chaque jour de sa vie, alors peut-être…

Et encore, se dévoiler… auprès de qui ? Une à deux personnes pour alléger le secret. Mais pas dans la rue, pas au travail, pas au sport, pas aux copains, pas à la mosquée, pas à la famille ! Le très beau travail de Philippe Castetbon (l’auteur de Condamnés chez H&O éditions) est révélateur de ces blocages. Je suis bien obligée de dire, qu’à mon point de vue, la société algérienne n’est pas prête. D’infimes lambeaux de ciel bleu apparaissent peut-être ça où là, au dessus de la tête de quelques uns, mais le ciel et si grand… C’est en tout cas mon sentiment profond.

Il y a eu un très beau papier sur le quotidien algérien www.elwatan.com en date du 4 septembre 2007 qui s’intitule Nous sommes tous des passagers clandestins (1). Il lève un pan du voile, mais il est signé… Delphine Gourlay. Sans nul doute, les hommes qu’elle a interrogés se sont-ils sentis plus en confiance avec une femme française qui ne remettait pas leur virilité en cause, cela en dit long sur les conservatismes de tous acabits !

Et puis Internet est arrivé. Les cybercafés sont légions maintenant en Algérie, c’est un oxygène, la parole se libère, entre soi, mais elle se libère. Enfin, les homosexuels peuvent se compter, sentir qu’ils sont moins seuls, échanger à mots vrais sans avoir recours à des contorsions langagières pour tourner autour du pot. C’est maigre certes, ça ne remplace pas de marcher au soleil en se tenant par la taille, mais les mots, c’est une formulation de la pensée qui à force peut déclencher certaines décisions.

Je crois néanmoins que l’El Dorado est loin, et qu’il faudra bien des années encore et bien des tracas pour que l’intimité des couples soit réellement le reflet des apparences. Car le mariage en Algérie est si indéboulonnable, qu’on n’a, hélas, pas fini d’assister à l’union de la carpe et du lapin pour faire bonne figure.

 

Quid des épouses qui servent d'alibi à ces hommes ?

Cyniquement, je dirais qu’elles sont mariées comme il se doit à toute femme bien, ont moins d’enfants et de devoirs conjugaux que les autres… ! En vrai, je ne sais pas. En cas de mariage non consommé, la jeune femme peut retourner chez son père, ce qui en général fait tout exploser. Du coup, le malheureux époux s’oblige à l’honorer pour la forme et la descendance. L’histoire ne dit pas quelle doit être la fréquence de leurs rapports. Tout ça est affaire d’équilibre Une vie entière ainsi… ?

Parfois, je le leur souhaite, les époux ne se font pas de mal, ils sont bons amis, donnent le change, et respectent le couple qu’ils représentent. C’est une autre forme de mariage arrangé. Il y a de quoi pleurer.

 

Qu'apporte à la romancière le handicap physique de Moka face à la beauté de Slim ?

Mais le handicap existe ! Je voulais me servir de ce petit côté dansant pour parler du handicap sans drame, Moka est handicapé (assez peu, je le reconnais) mais c’est pareil que s’il avait les yeux vairons, ça ne change rien au fait qu’il soit aimable au sens plein du terme. On aime les gens pour ce qu’ils sont, ce n’est un secret pour personne.

Et puis pour l’histoire j’avais besoin que Slim soit une sorte de divinité un peu autiste, et que Moka soit le cœur bouillonnant des deux, je voulais que rien ne l’arrête, que son obstination force le respect de tous. D’ailleurs, même face aux gendarmes, même en prison, il conserve son rôle de sentinelle et personne ne le lui conteste ! Moka est pour moi, l’archétype du mec bien, un peu débrouille, un peu borderline, imparfait mais une belle personne. Non ?

Je voulais que Slim ait conscience de leurs physiques à tous deux, sans pour autant qu’il se comporte en aristo de la gueule. Moka est vraiment son ami de toujours. J’espérais que Slim ne nourrisse aucun mépris pour le corps et les traits de Moka, afin de montrer à quel point seule la sexualité prime de son point de vue : « une sexualité cafardeuse comme une brume de contrebandier » dit-il lui-même mais il n’empêche, qu’il en est partie prenante. L’amour, sera pour plus tard.

Également, j’ai feuilleté quelques journaux gays qui m’ont déprimée. Les hommes y sont majoritairement magnifiques. Ça m’a paru loin de la vraie vie. Il m’arrive parfois, en croisant des couples homo dans la rue, de me dire qu’ils sont bien loin des pépites des magazines, et qu’ils suscitent visiblement autant d’émoi et de désir que le papier glacé. Et puis un jour, j’ai croisé un couple hétéro, lui boitait, elle était splendide et ils s’embrassaient à pleine bouche. Il n’y avait pas de raison que je ne m’inspire pas de cette situation que j’ai trouvée cool. Le terme de cool n’est peut-être pas très approprié, mais je trouve qu’il porte plus de choses belles que dire que j’ai trouvé la situation normale. Elle ne l’était pas puisque je l’ai remarquée.

Je ne sais pas si je suis claire…

Et puis, aussi, à titre tout à fait personnel, je n’aime pas ce qui est lisse, poli. Un défaut m’attendrit, un bon ventre, des pattes un peu courtes, une gueule, un caractère… !

 

C'est très clair Nadia, et même si votre regard n'est pas le plus fréquent pour nous, soyez certaine que sa traduction par votre plume ne nous laisse pas indifférents et que Le Cimetière de Saint-Eugène est une recommandation de lecture que nous faisons à tous nos internautes, tout en vous remerciant de la chaleur de votre accueil pour ce dialogue !

 

Note :

(1) On peut lire ici cet article passionnant.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées :
lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

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