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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages...


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Edmund White, City Boy ‒ chronique new-yorkaise, préface de John Irving, traduction de l'anglais (américain) par Philippe Delamare,

Plon (collection « Feux croisés »), 2010, 326 p. ‒ 24 €.

 

Edmund White, né à Chicago en 1940 est une référence pour les lecteurs gays.

Un auteur à situer au même niveau que Dominique Fernandez, de l'Académie Française, à qui nous devons L'Étoile rose qui nous est chère, à plus d'un titre (1).

Dans son dernier livre, Edmund White nous invite à parcourir près d'un demi siècle de culture gay avec pour compagnon de route sa ville préférée, New York. Il est le fils adoptif de Big Apple dont on suit l'évolution avec lui, ville où l'on n'osait, dans les années 70, pas vivre et où l'idée d'une promenade nocturne paraissait suicidaire.

L'auteur de la série autobiographique dont nous avons lu un ou plusieurs éléments (2) complète ici le récit d'une vie centrée sur l'écriture. Dans ce pavé de plus de trois cents pages, où l'on quittera souvent New York pour San Francisco, Venise ou Paris, on va croiser Nabokov, Susan Sontag ou Michel Foucault.

Écrire gay est l'un des fils conducteurs qui sous-tend ce récit : la réflexion sur une identité gay qui s'ouvre après Stonewall conduit White à être le premier écrivain américain à poser ouvertement une question à laquelle ses contemporains écrivains américains ou européens vont apporter des éléments à un débat qui n'est toujours pas clos. Il défend l'idée d'un genre spécifique, qui tout en s'inscrivant dans la littérature universelle a des résonances particulières lorsqu'auteur et lecteurs ont en commun le filtre intellectuel d'une orientation sexuelle identique et non conforme au modèle dominant.

Fondamentalement littéraire, souvent lourd de longs récits relatifs aux faits et gestes de ses amis du monde des arts en général et des lettres en particulier, l'esprit de White semble en adéquation parfaite avec la réflexion des Toiles Roses, pour qui Stonewall est un événement clé de notre histoire. L'auteur nous offre même un « Si j'étais hétérosexuel » forcément littéraire et assez représentatif du ton de l''ouvrage.

White a connu le New York d'avant Stonewall ; il a vécu dans le quartier de Castro à San Francisco, a assisté à l'explosion post-Stonewall puis à l'épidémie du sida qui lui a enlevé de nombreux amis et fait planer sur lui le poids de la séropositivité.

Ce voyage est foisonnant, luxuriant de détails sans être en permanence haletant même si aucun élément ne manque de pertinence. C'est un exemple de partage de culture, une référence pour notre blog qui se veut instrument de transmission de valeurs d'ouverture et de réflexion autour de nos différences. Il n'est pas borné aux limites de New York, ni même à celles des USA : lors de ses séjours à Paris (1983-1990), White a confronté son regard de City Boy à celui de ses contemporains français, ce qui en augmente pour nous la richesse et les perspectives. Ses biographies de Jean Genet et de Marcel Proust (3) font référence et la première a remporté en 1990 le prix du National Book Critics Circle. City Boy avait été sélectionné en 2009 par ce même jury.

Ce n'est donc pas par hasard, ni pour une simple opération promotionnelle qu'Edmund White est venu à Paris présenter son livre du 15 au 17 mars dernier au Salon du Livre.

 

(1) http://www.lestoilesroses.net/article-29380208.html

(2) A Boy's Own Story, 1982. En français : Un jeune américain, 1984 (Mazarine) et 1992 (10/18).

The Beautiful Room is Empty, 1988. En français : La Tendresse sur la peau, 1988 (Bourgois) et 1992 (10/18).

The Farewell Symphony, 1997. En français : La Symphonie des adieux, 1998 (Plon) et 2003 (10/18).

The Married Man, 2000. En français : 'Homme marié, 2000 (Plon) et 2002 (10/18).

Genet : A Biography, 1993. En français : Jean Genet, 1993 (Gallimard).

(3) Genet : A Biography, 1993. En français : Jean Genet, 1993 (Gallimard).

Marcel Proust, 1999. En français : Marcel Proust, 2002 (FIDES).

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Biographie d'Emund White : http://fr.wikipedia.org/wiki/Edmund_White

Critique des Inrockuptibles du 23 mars 2010 :

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/43888/article/livre-city-boy-deambulation-dans-le-new-york-beatnik/

 



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Par Edmund White

 

Je me suis souvent demandé si je me serais mieux entendu avec mon père si j'avais été hétéro. Quand, en 2003, mon neveu a écrit un livre sur mon enfance, un voisin lui a dit que M. White était un homme merveilleux qui lui avait fait découvrir l'orchestre symphonique de Cincinnati en l'invitant à des concerts. Peut-être que si j'avais été hétéro et que j'aie joué au softball avec lui, papa m'aurait aimé.

Mais si j'avais été hétéro, j'aurais été quelqu'un d'entièrement différent. Je ne me serais jamais tourné vers l'écriture avec l'ardent désir de me confesser, de me comprendre, de me justifier aux yeux des autres. Si j'avais été hétéro, je n'aurais pas été obligé de vivre à New York et de préférer la dure pauvreté de la bohème au confort mou du monde des affaires. Mon père était déçu de ce que je n'avais pas repris son entreprise. Mon homosexualité le gênait.

Après sa mort, j'ai commencé à le considérer plutôt comme le raseur misanthrope qu'il était que comme le sadique que j'avais inventé. C'était certainement l'homme le plus ennuyeux qui ait jamais vécu – et il semblait à demi-mort de son vivant. Avant sa mort, j'avais fait, à la fin des années soixante-dix, d'horribles rêves dans lesquels j'étais coincé à l'intérieur d'une série de cercueils en forme de momie qui me ressemblaient parfaitement mais étaient inertes. Je craignais que, comme mon père, je ne sois déjà mort au monde, vivant mais enfermé dans un cadre qui me ressemblait tout en étant plus grand et sans vie.

 

Extrait de City Boy ‒ chronique new-yorkaise, traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Delamare.

© Edmund White, 2009.

© Plon, 2010, pour la traduction française.

Extrait publié avec l’autorisation des éditions Plon. Un grand merci à Elisabeth Kovacs, attachée de presse.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées :
lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

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