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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

en collaboration avec  homo6 &

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Camellia rose, Cy Jung, Éditions Gaies et Lesbiennes, 2009,

127 p. 12,5 x 19 cm ‒ 5 €

 

Drôles de dames ... au camellia (ou Drôles de dames sans Farrah Fawcett qui nous manque tellement).

Marcelline Berthold, avec un h et un d, organise son pot de retraite. Cette institutrice a des projets de voyages et de loisirs divers avec la femme de sa vie, Laure Boitillart, avec un t... On entre dans une histoire qui prend immédiatement un tour très érotique avant de suivre nos deux héroïnes sur les pistes marocaines où tout va basculer cruellement, des roses des sables aux camellias roses. La collection s'intitule « Le bonheur est à tout le monde » et ce bonheur-là, nous sommes nombreux sur le site Handigay.com à en connaître le prix, les enjeux, les obstacles. Marcelline poursuit ses aventures dans un centre de rééducation de la MHHR (Mutuelle Historique des Hussards de la République : ça M'GENe pas de reconnaître une autre mutuelle !) où chagrin, désespoir, humour et esprit de combativité vont devoir mener un combat mis en musique par un merle mystérieux.

Cy Jung n'est pas une étrangère au monde du handicap : lauréate du prix d'honneur du roman lesbien 2008 pour l'ensemble de son œuvre, cette jeune non-voyante porte ici un regard vif et sans concessions sur le monde du handicap moteur. Avec des moments plus que sensuels et d'autres sans pitié, elle dissèque au scalpel les relations humaines dans des univers trop cloisonnés : l''école, l'hôpital, le CRF. Son style si personnel cisèle un univers familier que ce livre permet d'exposer à ceux qui ne l'ont pas vécu.

Un beau récit d'espoir et de lucidité sans aucun tabou ni prosélytisme, un miroir au tain frais de nos vies rapporté avec humour et tendresse... à s'offrir et/ou à apporter (moins cher qu'un paquet de cigarettes !!!) à nos copines de rééducation. À savourer sur la plage, entre deux séances de balnéothérapie ou.... à l'heure de la sieste crapuleuse !

 

En savoir plus :

Le site de l'auteur

Le site de l'éditeur

Cy Jung et le handicap visuel

Cy Jung lauréate du prix Louis Braille « Dire le non visuel »

Extrait de la nouvelle.


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INTERVIEW DE CY JUNG

par Gérard Coudougnan

 

Cy Jung a pris l'initiative d'un contact avec HANDIGAY. Nous avons lu et commenté avec un immense plaisir son dernier roman Camellia rose, qui nous a donné envie d'aller plus loin avec cette auteure. Notre dialogue fut un moment riche en échanges que nous offrons aujourd'hui aux lecteurs de Handigay.com et Les Toiles Roses.

 

Les Toiles Roses : Les mondes des différents handicaps sont assez cloisonnés : en voyant que tu avais remporté un prix « Louis Braille », j'en ai bêtement conclu que tu étais non-voyante alors que tu es amblyope. Ta description de l'univers du handicap moteur est à la fois fine et sensible : comment as-tu effectué ton travail de documentation ?

Cy Jung : Les amblyopes et les malvoyants ont souvent ceci de particulier que leur handicap n'est pas visible aux autres. C'est particulièrement le cas des albinos, dont je suis, tant la spécificité de notre déficience visuelle (inférieure à 1/10 en général avec d'autres troubles associés) nous permet d'être très autonomes, surtout si l'on nous en a donné les moyens dès notre plus jeune âge. J'ai ainsi échappé aux écoles pour aveugles et amblyopes, où j'aurais certainement appris le braille alors que je n'en ai nul besoin.

Mais cette invisibilité de ma déficience visuelle ne m'extrait pas du handicap car mon autonomie n'est pas un donné, mais un construit de chaque instant. Je connais donc le prix et la valeur du dépassement de soi, cette sorte de volonté si particulière de celles et ceux qui savent que leur humanité ne peut s'absoudre de l'invalidité, qu'elle s'y confond et qu'elle peut se transformer en force qui peut aller jusqu'à un étrange sentiment de toute-puissance là où les valides ne verraient qu'infirmité et faiblesse.

Dans ce contexte, si le monde du handicap est institutionnellement cloisonné, je crois qu'il existe une identité entre les personnes handicapées. Je l'ai découvert en résidence universitaire, quand j'avais 18 ans. C'était la première fois que je rencontrais des personnes en fauteuil. Et j'ai senti que nous avions quelque chose en commun, un certain regard posé sur les valides, à coup sûr, mais au-delà, un rapport au corps, un certain type de volonté, une bonne quantité de peurs et de colère aussi, tant de choses qui font que notre rapport au monde est différent.

C'est, je crois, ce qui peut nous unir autour de Camellia rose pour lequel je n'ai pas senti le besoin de me documenter. J'ai eu quelques occasions de rendre visite à des amis ou de la famille dans des maisons médicalisées et des centres de rééducation. Si l'on ajoute à cela que mon univers comprend des personnes handicapées physiques, d'autres malades ou âgées, le handicap moteur m'est familier.

 

Il m'arrive de bondir quand je lis sous la plume de handicapés, que le fait d'être homosexuel(le) leur confère un « double handicap » : comment réagis-tu à ce genre de propos ? Peux-tu parler de cette identité à plusieurs facettes ?

J'ai mis longtemps à l'admettre (il m'a fallu écrire un livre pour cela) mais le handicap est un caractère de mon identité, au même titre que femme, fille de…, protestante, ou… homosexuelle. Je suis née amblyope ; j'ai donc eu tout le loisir de m'habituer à la chose et surtout, je n'ai pas connu d'autre condition visuelle. Quand j'ai pris conscience de mon homosexualité, j'avais 28 ans… Elle est venue sans souci et sans débat intérieur s'ajouter aux autres éléments constitutifs de mon identité. Mon homosexualité n'a ainsi jamais été un handicap, au moins dans la perception que j'en ai, et, quand j'ai enfin admis que ma déficience visuelle pouvait en être un, ce fut pour aussitôt transformer le handicap en une chance.

Mais cela n'enlève rien au fait que ce n'est pas facile d'être homosexuel, pas plus que cela ne l'est d'être handicapé, même si l'on est fier et que l'on a la niaque ! Un des soucis majeurs, il me semble, est que les valides n'imaginent pas que les personnes handicapées, notamment celles en fauteuil, puissent avoir une sexualité. Alors, une homosexualité… !

 

As-tu dans ta culture cinématographique des films qui te sont particulièrement chers et importants dans la construction de ton identité ?

De mon identité d'amblyope, aucun. De mon identité homosexuelle… Go Fish (1)

 

Même question côté littérature.

Même réponse, en remplaçant Go Fish par… Aucun livre en particulier. J'ai eu ma période de lecture frénétique de livres à contenu LGBT, toutes époques confondues. C'est leur somme qui fait ma culture homosexuelle avec juste un essai phare (Fahr !) : Le Désir homosexuel (2) de Guy Hocquenghem. Cela me fait penser que j'avais été fascinée par L'Amour en relief (3).Il y a donc bien un livre qui a marqué mon identité d'amblyope. Cela me fait plaisir de l'avoir retrouvé.

 

Merci d'avoir pris l'initiative de ce contact avec Handigay : as-tu des remarques ou des suggestions à nous faire pour rendre notre travail plus utile et plus intéressant ? Notre système d'agrandissement des caractères est-il utile ?

Les malvoyants et les aveugles disposent aujourd'hui d'outils très performants pour lire à partir d'un ordinateur. Des règles existent pour l'accessibilité des sites ; j'avoue ne pas les connaître et ne pas les avoir pas respectées sur le mien, considérant qu'il comporte essentiellement du texte, ce qui demeure le plus facile à lire.

Handigay.com m'a l'air par contre de les respecter. Cette fonction est rare, je ne la cherche donc pas et utilise d'emblée mes propres outils. Mais je viens de le tester, il est bien ! Merci.

Quant aux activités de Handigay, je les crois absolument essentielles. Si les personnes handicapées doivent toujours faire l'effort d'aller à la rencontre des valides, il est de fait important d'avoir des endroits où l'on se sent bien, chez soi, où l'on n'a pas besoin de justifier de ceci ou cela. Tout ce qui rendra par ailleurs le handicap visible ne peut qu'améliorer notre situation à tous. Alors bravo à celles et ceux qui y contribuent ; vous avez tout mon soutien.

 

Nous sommes sensibles à tes encouragements ! Souhaites-tu nous parler de tes projets actuels ?

Je vais continuer ma série des roses : je crois important de proposer une littérature sentimentale à totale implication homosexuelle. En parallèle, je travaille à d'autres textes et à l'enrichissement de mon site.

 

Merci de ta disponibilité et permets nous d'offrir à nos lecteurs une visite guidée de ce site !

 

Biographie wikipedia,

Interview vidéo de Cy Jung sur Gaypodcast.

 

(1) Go Fish

(2) Une nouvelle édition de ce classique de la littérature gay paru en 1972 est disponible : Guy Hocqenghem et René Sherer (préface), Le Désir homosexuel, Fayard, 2000, 180 p.

(3) Guy Hocquenghem, L'Amour en relief, Albin Michel, 1982, 280 p. (édition de poche au Livre de Poche, 1992, 371 p.).


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BONUS :

INTERVIEW DE CY JUNG

par Isabelle B. Price, rédactrice en chef de  Univers-L.

 

Vous êtes licenciée en Droit public et titulaire d'un diplôme de 3e cycle de L’institut d'Études politiques de Paris. Comment en êtes-vous arrivée à écrire votre premier roman Once Upon A Poulette ?

Once Upon A Poulette n’est pas mon premier roman. Avant lui, j’avais écrit L’homme à la crotte gelée, un texte tout à fait impubliable et qui n’est d’ailleurs pas publié. Après ce premier roman où l’écriture prenait le pas sur le récit, j’ai eu envie d’écrire une histoire d’amour entre filles, parce qu’à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup de disponible.

 

Aujourd’hui vivez-vous de vos écrits ?

En dix ans, j’ai publié dix livres et cinq nouvelles qui m’ont été payés 12 000 euros bruts (pour vingt-cinq mille volumes vendus, tous titres confondus) ; je vous laisse faire le compte.

Selon les livres, je suis payée entre 2 % et 10 % du prix hors taxe du livre. Le « tarif syndical » est de 10 % mais, comme beaucoup d’auteurs, j’ai péché par crainte de ne pas être publiée lors de mes premières publications et ai signé des contrats fort peu respectueux du travail de l’auteur. Aujourd’hui, je suis payée normalement et invite les jeunes auteurs à ne pas faire la même erreur que moi.


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Comment vous organisez-vous pour écrire ? Vous avez des horaires réglés ou vous préférez suivre le cours de vos pensées ?

J’écris tous les matins (sauf le dimanche) de 9 heures à 13 ou 14 heures. Je m’assois à mon bureau. J’ai un programme précis et je le respecte. Si je travaille de nouveau l’après-midi, c’est pour m’occuper de la promotion, de la recherche de documents ou d’information, de mon site, etc.

 

Vos romans se déroulent tous en France et à Paris ou en Provence. Jamais eu envie de créer des héroïnes vivant dans d’autres pays ?

J’ai peu voyagé. Je ne connais donc bien que Paris et j’aime que mes récits soient plausibles en temps et en lieu. Je tiens également beaucoup à leur ancrage culturel ; j’aime les clins d’œil à l’histoire, à la politique, à l’actualité. J’aurais vraiment l’impression de me fourvoyer si je devais situer un récit ailleurs que dans mon univers culturel et géographique.

 

En 1998, votre premier roman Once Upon A Poulette était également la première publication des Éditions KTM. Quel était votre objectif à l’époque ? Poursuivez-vous toujours le même ?

Avec ce roman, je souhaitais proposer une belle histoire d’amour entre filles avec un peu de sexe dedans. Je suis toujours dans cette logique, notamment avec ma série des « roses » (Carton Rose, Bulletin Rose et Diadème Rose) même si avec Cul Nu, Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train, et Un roman d’amour, enfin, mon travail se veut aussi axé sur la recherche en écriture.


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En dix ans trouvez-vous que les choses ont évolué en matière de littérature lesbienne en France ?

Je lis peu. Ce que je note essentiellement c’est que l’offre de récits a prodigieusement augmenté grâce au travail des maisons d’édition LGBT. J’en suis ravie. Les lesbiennes ont besoin de se faire une bibliothèque riche d’auteures très diverses.

 

Vous avez été la première véritable auteure à parler du désir et de la passion au féminin. En quoi était-ce important pour vous d’aborder ces sujets ?

L’oppression des femmes se traduit toujours par la servitude sexuelle et je note que leur « libération » se fait par la reconnaissance de la libre disposition de leur corps (contraception, avortement, pénalisation du viol notamment conjugal, etc.).

Être lesbienne, dans ce contexte, peut être considéré comme le stade ultime de la libre disposition de son corps et de l’autonomie sexuelle. Pourtant, les lesbiennes ont tendance à « camoufler » leur sexualité, s’accordant de l’image d’Épinal qui la réduit à quelques caresses et autres frottements de Tribades. C’est parce que cette image les protège. En se retirant de la « réalité sexuelle », elles espèrent être préservées de la violence des hommes qui sont ‒ en tant que genre ‒ toujours très rétifs à l’autonomie sexuelle des femmes.

Tout en ayant conscience de cela, je crois qu’à l’instar des femmes, les lesbiennes ne seront véritablement acceptées et respectées que par la revendication de cette autonomie sexuelle qui passe par la visibilité de leur sexualité. Voilà en tout cas le sens de mon engagement.

 

Dans votre roman, Un roman d’amour, enfin, il est beaucoup plus question d’amour, de réflexion et de tout ce que cela implique que de désir. Vous êtes passée à l’étape suivante. Ce livre marque-t-il un tournant dans votre manière d’écrire ?

Une étape, sans doute ; un tournant, l’avenir le dira. Je n’ai pas l’intention d’écrire toujours le même livre, même dans ma série des « roses » que je continue tout en préparant déjà un roman en écho à ce Roman d’Amour et à Mathilde, qui l’a précédé (et préparé).


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Vous donnez le sentiment de vous écarter des conventions, je pense notamment aux scènes d’amour que vous décrivez dans vos premiers romans, à Cul Nu et à la manière dont vous parlez du couple dans Un roman d’amour, enfin. Est-ce une manière de vous engager pour la différence ?

Je suis albinos et lesbienne ; il me semblerait fondamentalement incongru de vouloir être « comme tout le monde » ; ce serait à coup sûr source d’une véritable souffrance. Je ne cultive donc pas ma différence ; elle est mon identité, simplement, et je défends mon identité.

 

Pour votre dernier livre, était-ce difficile d’écrire un roman basé sur la réflexion où les questions se bousculent plutôt que d’imaginer des scènes d’amour diverses et variées ?

Les deux se valent. Ce n’est pas le même travail. Je revendique le fait qu’écrire est un métier : je dois donc être capable d’écrire tous les genres, tous les formats, tous les sujets. En dehors de ce que je publie, j’écris régulièrement des textes que je ne signe pas dans le cadre de mes activités associatives et militantes. À cette occasion, j’épouse le style de l’auteur présumé du texte. Écrire est une technique, ni plus, ni moins. La maîtriser implique que l’on sorte l’écriture du mythe du génie créateur. Je sais que je vais en choquer plus d’une ; tant pis, je milite aussi pour la désacralisation de l’écriture.

 

D’où est venue l’idée de changer ainsi constamment le prénom de l’être aimée dans Un roman d’amour, enfin ?

Dans Mathilde, je l’ai rencontrée dans en train, le prénom était unique pour des personnages multiples. Mon travail sur l’écriture m’a menée à vouloir tenter l’expérience de l’inverse. Cela a fonctionné et n’a en fait rien contrarié du récit. J’en suis encore un peu surprise, mais ravie.

 

Aujourd’hui vous êtes une auteure très visible et abordable, est-ce une manière pour vous de vous impliquer encore plus dans la visibilité homosexuelle ?

J’ai toujours souhaité être visible et abordable. Je ne conçois pas de vivre sans un engagement permanent. Le métier d’écrire va bien à cette volonté.


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Votre premier roman est sorti en 1998, aujourd’hui, 10 ans après, jugez-vous que le monde a beaucoup évolué en matière de visibilité et de représentation lesbienne que ce soit à la télévision, au cinéma, dans la littérature ?

La visibilité a beaucoup augmenté, en quantité. Cette « multiplication de l’offre » permet de multiplier les représentations donc de permettre à chacun de trouver plus facilement ce qu’elle cherche comme manière de se représenter, donc de vivre, sa propre homosexualité.

Je ne peux que me réjouir de tout cela parce qu’en fin de compte, le but est que chacune soit heureuse.

 

Des sujets que vous n’avez pas abordés et que vous rêvez de traiter dans un prochain livre ?

Il y en a des tonnes ! Pour l’instant, je travaille sur la vieillesse, la mort et le deuil au sens large du terme. Mais rassurez-vous, ce n’est pas forcément triste.

 

Vos parents et votre famille sont fiers que vous soyez écrivaine ? Comment ont-ils réagi à la sortie de votre premier livre ? Et de Tu vois ce que je veux dire. Vivre avec un handicap visuel qui touche un tout autre registre puisqu’il parle de votre albinisme ?

Oui, ma famille est fière et, depuis dix ans, elle a soutenu tous mes projets, tous mes écrits. Il en est de même de mon entourage. Mais je crois qu’elle serait aussi fière de moi si j’avais choisi n’importe quel autre métier. Ce qui l’importe avant tout, c’est que je réalise mes projets et construise ma vie en tendant vers le bonheur. Je m’y emploie tous les jours. Le moyen est secondaire.

 

Dernière question. Quels sont vos auteurs favoris ? Votre livre de chevet ?

À mon chevet, j’ai une radio.

J’ai beaucoup lu, plus jeune. Aujourd’hui, j’ai un peu de mal, mes yeux fatiguent vite. Alors je me concentre sur la presse. Mais si je ne devais garder qu’un livre, j’hésiterais entre La Légende des siècles de Hugo et Les Essais de Montaigne. Et si j’ai droit à un troisième, je prendrais la Bible. Je ne l’ai pas lue. J’aimerais en prendre le temps un jour. J’aime les livres qui interrogent notre humanité.

 

Interview réalisée par Isabelle B. Price en juillet 2008.

Première publication : Univers-L.

Reproduite avec l’autorisation d’Isabelle B. Price.


Note de Daniel C. Hall : Si les éditeurs ou les auteurs (auto-édités ou non) souhaitent envoyer un service de presse à Gérard en vue d’une critique sur ce blog, merci de prendre contact avec le chef Daniel C. Hall qui vous communiquera ses coordonnées :
lestoilesroses@hotmail.fr.


TO BE CONTINUED…

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