par BBJane
Hudson
Cette interview fait suite à deux posts consacrés à I'll Bury You Tomorrow et The Blood Shed, les deux
premiers films réalisés par Alan Rowe Kelly. Pour en savoir plus sur son univers filmique, vous pouvez vous reporter à ces
articles.
Pour mieux connaître l'homme et l'artiste, c'est ici et maintenant
que ça se passe...
Réalisateur, comédien, scénariste, producteur de films fantastiques et d'horreur
indépendants, Alan Rowe Kelly est né le 13 janvier 1959 à Wharton, dans
le New Jersey. Il exerce durant vingt ans la profession de maquilleur pour divers magazines prestigieux comme Vogue ou Bazaar, ainsi que pour des émissions télévisées, des publicités, des catalogues de vente par correspondance, etc...
En 1999, une équipe d'amis cameramen propose de lui fournir le matériel nécessaire à la réalisation
d'un film ; ce sera I'll Bury You Tomorrow, dont le tournage s'étalera sur trois ans, et qui
rencontrera un vif succès d'estime auprès des amateurs d'un fantastique vraiment macabre et dérangeant. Non content de diriger le film et d'en rédiger le scénario, Alan y effectue ses débuts de
comédien dans un rôle... féminin – ce qui deviendra sa spécialité.
Immédiatement remarqué dans le milieu du film d'horreur indépendant, il enchaîne sur une seconde
réussite, The Blood Shed, et fait bientôt l'objet d'un culte grandissant, explicable à plusieurs
titres. Tout d'abord par l'exigence et la qualité de son travail, peu courants dans le créneau du direct-to-DVD ; ensuite par une volonté très nette de
bâtir un univers personnel, diversifié mais cohérent, sans souci des modes et vogues du moment. Enfin, par une personnalité à nulle autre pareille dans le paysage du cinéma fantastique américain,
où il introduit sans tapage un esprit doucement transgenre et subtilement queer – dans tous les sens d'un terme qui ne se borne pas à la question
homosexuelle, mais couvre tous les domaines du bizarre et de l'incongru.
Son dernier film, A Far Cry from Home, a raflé plusieurs prix dans divers festivals du cinéma fantastique au cours de
l'année écoulée, et vient de lui valoir celui du « Nouveau Cinéaste le plus Excitant » au Long Island Gay & Lesbian Film
Festival.
C'est quelques jours avant de recevoir cette récompense qu'Alan m'a accordé l'entretien qui
suit.
Te considères-tu comme un acteur jouant des rôles
de femmes, un artiste travesti dans la lignée de Charles Busch... ou une actrice n'ayant pas le sexe adéquat ?
Je me suis toujours considéré comme un acteur jouant des personnages féminins. Je ne suis ni un
fantaisiste ni un travesti. Mais je me sens assez à l'aise dans les deux genres [genders : masculin et féminin]. Cela a toujours fait partie de moi, du
plus loin que je me souvienne.
Avais-tu écrit d'autres scénarios avant
I'll Bury you Tomorrow, ou est-ce celui que tu souhaitais filmer
dès le départ ? Y a-t-il eu des modifications substantielles entre le script original et le film achevé ?
I'll Bury You
Tomorrow fut mon premier script. L'opportunité s'est présentée de faire un film, et j'ai sauté dessus. J'écrivais déjà depuis quelques années, et j'ai rédigé le scénario en trois
mois. J'ai essayé de conserver le charme gothique de la "vieille école", car c'était le genre de films que j'aimais à l'époque. J'ai voulu tenter un retour aux sources du vieux cinéma d'horreur
indépendant des années 70 et début 80. Bien sûr, le scénario a connu plusieurs remaniements quand nous avons débuté le tournage ; il a fallu trois ans pour achever le film, du commencement à sa
sortie. J'étais totalement amateur en matière de réalisation et j'ai tout appris en travaillant. Aujourd'hui, je considère ce film avec beaucoup d'affection ; je le remasteriserai dans quelques
années et j'y apporterai quelques retouches de montage nécessaires, des corrections au niveau de la couleur, et un nouveau son pour son 10ème anniversaire en 2012, ainsi qu'un commentaire bien
justifié.
avec Tom Lanier (d.) et... Rock
Hudson (g.) Photo : Greg Leshe
La plupart des films d'horreur indépendants
jouent beaucoup sur les aspects comiques ou parodiques. I'll Bury You Tomorrow est au contraire un film sérieux et mature, avec quelques touches d'humour noir, mais ce n'est résolument pas une comédie (c'est d'ailleurs l'une des
choses qui me l'ont fait aimer...) On perçoit également, comme tu l'as dit, une forte influence gothique. En tant que spectateur, et aussi artiste, quelle école du fantastique t'a le plus
influencé ? Le gothique (Universal ou Hammer), l'horreur pure (Herschell Gordon Lewis, Tobe Hooper, etc...), ou un
fantastique plus naturaliste (des films comme Ne vous retournez pas, L'Autre, ou Le Cercle infernal...) ?
J'aime tous ceux que tu as cités. J'ai été particulièrement influencé par un film intitulé
The Uninvited, (La Falaise mystérieuse, Lewis Allen, 1944) avec Ray Milland et Ruth Hussey, comme par les travaux de Val Lewton dans les années 40 – de merveilleuses œuvres d'atmosphère et des histoires inhabituelles orientées vers l'horreur, mais qui
privilégiaient toujours la psychologie des comportements humains dans la dernière bobine. En grandissant, j'ai adoré tous les films de monstres des années 50 et 60, et je suis rapidement devenu
un grand fan de John Llewellyn Moxey (Horror Hotel, 1960), Curtis Harrington (The Killing Kind, 1973) et de tout ce qu'a produit Roger Corman.
J'ai lu que I'll Bury You TOMORROW a été partiellement filmé à Staten Island. As-tu rencontré le fantôme d'Andy Milligan, là-bas ? [Staten Island était le fief de ce cinéaste.] Plus sérieusement, comment
considères-tu l'œuvre de Milligan, en tant que réalisateur gay spécialisé dans
le fantastique ?
Nous n'avons tourné qu'une scène à Staten Island (celle de l'enterrement), parce que nous pouvions
utiliser le cimetière gratuitement. Et j'ai parfois lu que je pouvais être comparé à un « Andy Milligan contemporain ». La chose amusante, c'est que je n'ai JAMAIS vu un seul de ses
films.
Je trouve très drôle que dans tous les articles que j'ai lus sur ses films, son travail est considéré
comme « de la daube ». Mais quelques critiques (principalement anglais) trouvent aussi que je fais « de la daube ». (rires) Donc, je crois que lui et moi
sommes du même bord. Andy avait incontestablement de très bons titres d'exploitation, lui aussi ! Il faut que je me mette à voir ses films.
Contrairement à I'll Bury You Tomorow, The Blood Shed est Camp à cent pour cent. On
y trouve de nombreuses références-hommages à des films des années 70 et 80, et l'humour est constant. Le ton est beaucoup plus décontracté... Ce film prouve ton éclectisme et ta capacité à
changer de registre. L'ambiance du tournage fut-elle différente ? Te sentais-tu plus confiant en réalisant ce deuxième film, et avais-tu le sentiment qu'une équipe commençait à se former
?
Il fallait que j'accouche de mon film dingue ! (rires) En
outre, je ne voudrais jamais faire deux fois le même film, et je continuerai d'explorer tous les sous-genres de l'horreur tant que je pourrai tourner. The Blood Shed était une sorte d'hybride qui est arrivé par accident. À l'origine, ce devait être un
court-métrage pour une anthologie [film à sketches] sur laquelle je travaillais avec deux autres réalisateurs, mais le projet a capoté, et comme nous
avions assez de scènes et de métrage en boîte, nous en avons fait un long métrage. Et bien sûr, mes influences se retrouvent tout au long du film, de The Bad Seed (Mervyn LeRoy, 1956), à American Gothic (John Hough, 1987), en passant par Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) et Pink Flamingos (John Waters, 1972).
Pour ce qui est de l'équipe, nous nous sommes tellement amusés, la camaraderie et le
professionnalisme étaient si élevés entre nous, que nous avons réalisé combien nous formions une chouette équipe de cinéma, et que nous devions toujours faire des films ensemble. Nous avons
continué depuis, et notre travail s'améliore de film en film. Je suis vraiment béni et chanceux de pouvoir travailler avec ces gens, les comédiens comme les techniciens ! Nous partageons tous la
même conception de la manière de faire du cinéma.
L'homosexualité n'est pas une question centrale
dans tes deux premiers films. Hormis le fait que tu tiens des rôles féminins, il n'y pas de personnages gays ni d'allusion au sujet. Ton dernier film, A Far Cry from Home, est beaucoup plus
engagé sur ce point. Cette fois, tu parles de la violence à laquelle les homosexuels sont confrontés, et tu en parles violemment. Comment la communauté gay réagit-elle au film, qui semble extrême
et sans concession ?
Eh bien, je ne me considère pas comme un cinéaste homosexuel. Je suis un réalisateur de films
d'horreur qui EST gay. Je ne crois pas non plus que l'homosexualité doit imprégner tous mes films. Bien sûr, elle est perceptible dans chacun d'eux à travers mes choix esthétiques, parce que je
suis qui je suis. A Far Cry from Home (qui fait partie
de l'anthologie Gallery of Fear, qui sortira en 2010) se distinguait clairement de
mes précédents travaux, et je crois que c'est ma meilleure œuvre à ce jour. Je voulais faire un film hardcore, brutal, violent, où la haine est la
véritable horreur. Il n'a PAS été bien accepté du tout par la communauté gay. En vérité, il a été refusé par tous les festivals Gays & Lesbiens, à l'exception d'un seul – le Festival du Film Gay & Lesbien de Long Island [ndlr : Alan vient d'y remporter le prix du meilleur
cinéaste !] – qui possède une catégorie "horreur", et fut assez courageux et ouvert pour le projeter. On ne peut jamais présumer de la température de son public. C'est pourquoi je me borne
à faire les films que j'ai vraiment envie de faire en espérant une réaction – bonne ou mauvaise – des spectateurs. Mais nous avons eu beaucoup de chance avec ce film auprès des fans de films
d'horreur, qui l'ont vraiment aimé ; nous avons été récemment récompensés par le prix des meilleurs effets spéciaux, et j'ai reçu celui du meilleur acteur au Festival du Film de Terreur de Philadelphie, en octobre dernier ! Un grand honneur !
Vilaine sorcière dans Kodie (Abel Berry, 2009), avec Shawn Ewert
Depuis quelques années, la « gay horror »
rencontre un certain succès, avec, entre autres, les films de David DeCoteau. Personnellement, j'ai le sentiment que ces
films se contentent de reprendre de vieux thèmes en y introduisant des personnages gays. Ils n'ont aucune sensibilité authentiquement queer, même si leurs héros sont homosexuels. Ils pourraient être filmés par des réalisateurs hétéros, ça ne
changerait rien à leur fond. Tu es actuellement le seul cinéaste du genre, à ma connaissance, qui transcrive une sensibilité gay dans des films qui ne le sont pas spécifiquement (à l'exception
de A Far Cry from Home). Quelle est ton opinion à ce sujet ? Crois-tu qu'une « gay horror » adulte puisse exister, et connais-tu d'autres cinéastes indépendants (ou
scénaristes) qui travaillent en ce sens ?
Bien sûr, je crois que c'est possible tant qu'on ne tombe pas dans les clichés et standards
démographiques américains sur ce que les gays devraient être dans un film – c'est tellement ridicule ! Nous n'avons plus besoin de stéréotypes gays. Nous sommes dans un nouveau siècle et une ère
d'acceptation, où les gens sont autorisés à être ce qu'ils doivent être, sans préjudice. Certes, la haine existera toujours dans certains esprits étriqués, mais si tu laisses ce fait te dicter ta
manière de décrire les personnages de tes films, alors c'est que tu n'as pas réellement évolué non plus. Je crois que nous sommes TOUS membres de la race humaine – égaux, intelligents, bons et
mauvais, et avec beaucoup à offrir en tant qu'individus. D'accord, je décris dans mes scénarios des personnages outranciers, démesurés, et « un peu trop » aux yeux de certains – mais dans
dix ans, plus personne ne pensera comme ça.
J'y vais assez franchement dans les portraits de mes personnages – ils ont tous des forces et des
faiblesses. Un bon et un mauvais côté. Ils sont humains. Il existe une telle voie pour la « gay horror » adulte, et je continuerai à l'emprunter dans mes films. Mais à long terme, on ne
saurait plaire à tout le monde. Alors faisons le mieux possible pour filmer ce que l'on estime être sa vérité et sa réalité au sujet des personnes humaines.
Peux-tu me parler des films dans lesquels tu as
joué pour d'autres cinéastes (Opening the Mind, Dead Serious, Vindication, etc...) ? As-tu une préférence pour l'un
d'entre eux ?
Jouer dans la production d'un autre réalisateur est toujours une expérience très instructive.
Premièrement, c'est génial de travailler dans un film en n'ayant qu'un seul boulot à faire – connaître son texte, jouer, et faire ce que veut le réalisateur. En tant qu'acteur, je suis une
éponge, et si le réalisateur attend plus ou moins de moi, je lui donne ce qu'il/elle veut. C'est pour cela qu'on me paie. De plus, j'aime voir les autres cinéastes diriger leur plateau et leur
équipe. Quelques-uns sont formidables et j'apprends beaucoup, d'autres sont des égocentriques qui n'offrent rien sur un plateau qu'une indigestion, et d'autres encore laissent simplement les
choses couler autour d'eux. Quand je suis sur un tournage, j'aime que le metteur en scène me prenne en charge – je déteste qu'on me dise : « Tu sais ce que tu as
à faire », parce que je ne le sais vraiment pas. Je ne suis pas dans la tête du réalisateur, alors comment pourrais-je deviner quel genre de performance on attend de moi
?
Dead Serious (Joe Sullivan, 2005) était mon deuxième film et fut intéressant, parce que le réalisateur était gay, faisait un film d'horreur gay, mais
estimait que j'étais trop EXTRÊME pour son film, et voulait que j'atténue mon apparence – en même temps, il prétendait vouloir dépeindre tous les aspects de la communauté. J'ai trouvé cela
insultant, mais étant un nouveau venu, j'ai fait ce qu'on m'a dit. Vindication de
Bart Mastronardi (2006) fut une grande expérience, parce que Bart nous faisait répéter encore et encore, comme pour une pièce de théâtre, et nous aidait à trouver le centre de nos personnages.
Opening the Mind (toujours en production depuis 8 ans), est un film de serial killer
très viscéral, qui m'a poussé dans mes retranchements au niveau des cascades et des tortures, un peu comme A Far Cry from Home. J'ai
consacré beaucoup d'énergie et de travail à ce film, et j'attends toujours sa sortie. Exceptées mes prestations dans mes propres films, pour lesquelles je détenais tout le contrôle, j'aime celles
que j'ai faites dans Sculpture, River of Darkness, Kodie, She Wolf Raising et W.O.R.M. Je peux facilement oublier le reste. En tant qu'acteur, on
ne s'investit jamais dans un film en pensant qu'il sera mauvais. C'est un défi, et on doit tout donner. J'ai refusé plusieurs rôles parce que je les trouvais contraires à mon éthique et
insultants. Je dois être très scrupuleux sur la façon dont j'apparais dans un film, et ne pas devenir un objet de plaisanterie.
Opening the Mind, de Michael Todd Schneider
avec Bart Mastronardi(g.) et Jerry Murdock
(d.)
Tu dirigeras bientôt un remake de
Don't Look in the Basement (S.F. Brownrigg,
1973). Ce choix m'a beaucoup surpris, parce que le film d'origine est un slasher classique, pas très inventif. Je t'aurais plutôt vu t'atteler à un remake de The Baby de Ted Post (1973), par exemple. Tu aurais été formidable dans le rôle de Ruth Roman, la mère délicieusement abusive ! Pourquoi avoir choisi
Don't Look in the Basement ? Est-ce que le film original t'attire particulièrement – et pour quelles raisons ?
C'est marrant que tu mentionnes The Baby !
À chaque fois que quelqu'un le voit, il m'écrit pour me dire : « Là, il y a vraiment un rôle pour toi ! » Et c'est très drôle parce que j'adore ce
film et j'ai toujours pensé que Ruth Roman et moi partageons un look, des attitudes et un style de jeu similaires devant la caméra – le côté un peu dur, roublard, et têtu comme une mule. Je
tuerais pour recréer ce rôle dans un film – spécialement pour porter ces combinaisons en jean ! (rires)
Don't Look in the Basement a une signification spéciale pour moi. J'ai aimé ce film dès que je l'ai vu pour la première fois dans les années
70. En fait, je crois que ce fut le premier splatter [film gore] que j'aie vu. C'est pourquoi il m'a marqué, tout
comme la grande performance d'Annabelle Weenick dans le rôle du Dr. Masters. Mon scénario est très proche de l'histoire
originale, mais j'ai ajouté de nouveaux personnages et de nouveaux rebondissements pour l'actualiser, et, je l'espère, créer un film neuf qui suscitera chez le public la curiosité de voir le
modèle. Ce sera également un petit budget pour maintenir l'esprit "indépendant" de la production originale. J'ai toujours estimé que l'histoire était très forte et ne devait pas donner lieu à
l'un de ces remakes clinquants, envahis d'effets numériques, que le public oublie cinq minutes après les avoir vus.
De plus, sur le plan professionnel et en tant que producteur, puisque Don't Look possède une solide base de fans, on peut espérer que davantage de fans et de spectateurs voudront le voir, et lui donner une meilleure
chance pour un plus large contrat de distribution. Je dois être attentif à l'avenir de tous mes films, et m'assurer qu'ils seront bien placés pour obtenir une meilleure
visibilité.
Je te promets que tu ne seras pas déçu quand tu verras ce que nous avons fait à ce classique. Et tous
mes acteurs-stars sont à bord, comme Jerry Murdock, Zoë Daelman Chlanda, Katherine O'Sullivan, et d'autres grands de
la production indépendante comme Terry West et Debbie Rochon. Avoir l'opportunité de travailler encore et encore avec tous ces gens formidables est tellement gratifiant.
Ne dois-tu pas réaliser un autre film pour
l'anthologie Gallery of Fear ? J'ai entendu parler de Down the Drain... Ce film
est-il déjà tourné, et que peux-tu nous en dire ?...
Gallery of Fear est presque terminé – ce fut une grande expérience de travailler avec autant de pros sur des histoires si différentes, et mon
partenaire Anthony Sumner, qui a dirigé le segment By Her Hand, She
Draws You Down, n'est pas le dernier venu en matière de talent. J'ai presque fini le montage de Down the Drain, l'histoire d'un
enseignant solitaire (Jerry Murdock) qui se trouve un "ami" vivant dans une bouche d'égout voisine. C'est une charmante petite histoire de monstre, très différente des autres histoires de
l'anthologie. Le film a encore besoin de quelques retouches de montage, de musique et de mixage sonore, et devrait être prêt pour le printemps 2010 ! Je crois que c'est un vrai retour aux vieux
films à sketches de la fin des années 60 et du début des années 70 – très fignolé, joliment produit et merveilleusement joué par plusieurs stars du cinéma indépendant comme Debbie Rochon, Jerry
Murdock, Raine Brown, Katherine O'Sullivan, Don
Money, Terry West, Zoë Daelman Chlanda, moi-même et quelques brillants nouveaux venus.
Entre tes travaux de réalisateur, de scénariste,
d'acteur, de producteur, tu n'as guère le temps de t'ennuyer. Comment se déroule une journée-type pour Alan Rowe Kelly ?
Travail, Travail, Travail... (rires) C'est ce que je fais et
ferai jusqu'à ce que j'expire ! J'aime tellement ce métier. Mais ce que je hais après toutes ces années est d'être si sacrément fauché... (rires)
Tu sembles très attaché au New Jersey. Tu as
d'ailleurs écrit un livre sur ta ville natale, avec ta mère. Dans quelle mesure le New Jersey inspire-t-il ton travail ?
J'ai habité New York pendant de nombreuses, nombreuses années, mais c'est tout bonnement trop onéreux
d'y vivre tout en étant le cinéaste que je souhaite être. Alors, j'ai franchi deux miles à travers la Hudson River pour gagner le New Jersey. J'aime y tourner pour plusieurs raisons. La première
: c'est simplement beaucoup plus économique pour mes budgets, et très abordable sur le plan des autorisations, des assurances, et de la liberté de filmer tranquille. Secundo : le New Jersey
possède tous les éléments nécessaires à des décors parfaits, sur un périmètre couvrable en deux heures de voiture : paysages ruraux, urbains, ou de banlieue. Grandes cités, petites villes,
champs, fermes, lacs, l'Océan et son long littoral de plus de 400 kilomètres, montagnes, plaines, marais, et même vieilles villes et villages abandonnés.
De plus, c'est un vieil état très curieux, avec plus de légendes et de folklore que dans n'importe
quel autre état de ma connaissance – dans certains endroits, on peut littéralement respirer cela... du moins, moi, je le peux. Ma famille descend des
Indiens Lénapes, qui ont vécu là durant des centaines d'années. J'ai une profonde affinité avec cette terre, parce que
mes racines y sont profondément ancrées – un sentiment de déjà vu, si tu veux.
Mais je n'y suis pas pour autant englué, et je suis prêt à me déplacer dans n'importe quel endroit
pour tourner un film – n'importe quel état, pays ou planète ! (rires) Je suis prêt à partir ! Et pour l'heure, je ne peux rien envisager de mieux que de
tourner dans la campagne française, un film "à la" Haute Tension ou And Soon the Darkness !
Pour finir : si la vie d'Alan Rowe Kelly devait
être adaptée à l'écran un jour, et si on te demandait quel acteur tu souhaiterais pour jouer ton personnage, et quel metteur en scène pour diriger le biopic, qui suggèrerais-tu ?
Je ne peux pas imaginer que ça se produise ! (rires) Je crois
que j'ai encore beaucoup de choses à vivre et de scandales à accumuler avant qu'on puisse écrire mon histoire. Et puis, il me faut encore réaliser quelques très bons films d'horreur, avec
l'espoir que l'un d'eux restera dans les annales du genre et sera considéré comme un classique, des années après. Je crois que c'est ce que nous souhaitons tous, cinéastes : faire une grande
œuvre dont on se souviendra longtemps après notre disparition.
Joalan Rowford
(photo : Robert NORMAN)
Le Site Officiel d'Alan : ici
Thank you infinitely, dear Alan, for your cooperation, your friendship and...
your great work ! Good continuation !
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