12.
MES ÉPHÉMÉRIDES DE MARS
Papy Potter
Papy Potter est né en pleine folie hippie de parents qui ne l'étaient pas. Depuis lors, il vit
au milieu de ses arbres avec son adorable pirate des trains, tout au bord d'un marais nommé « du ru d'amour ». À quelques kilomètres de là, s'étend une vaste forêt où il travaille. Dans le
chaudron rose, comme il est devenu vieux (il a presque 40 ans) et que Moudulard a fermé ses portes depuis longtemps, il glose sur le lien sulfureux et amoureux liant les gays aux diverses
spiritualités du monde.
Bonjour à toutes et tous,
N'étant plus sur Facebook, je vous livre directement sur le blog mes éphémérides de mars. C'est un
petit calendrier où, pour chaque jour, j'évoque un personnage lié aux LGBT et dont c'est l'anniversaire ou la fête ou le souvenir de la mort. Ou tout simplement, tel jour, je décide de penser à
une personne, un événement, un sujet sur lequel je souhaite m'interroger, creuser, réfléchir, étudier si j'en ai le temps. Comme vous le voyez, il y a de la matière.
1er mars : Naissance du
peintre Botticcelli en 1445. Il ne s’est jamais marié et on pense qu’il était homosexuel. Vrai ? Pas vrai ? Ses représentations de la femme étaient de toute manière d’une grande
finesse. Sa quête artistique tendit vers une recherche de l’absolu féminin. Quête, dit-on, assez fréquente chez les homos. Est-ce le cas ? Est-ce un cliché ? Il me semble que même
récemment, il en fut question, de cette quête, dans une émission à laquelle Daniel a participé en radio.
2 mars : Le terme
« faggot » par lequel les anglo-saxons désignent les homos renvoie, en fait, aux bûchers sur lequel on les brûlait. Il dérive aussi du français « fagot » qui signifiait à la
Renaissance « homosexuel actif ». On peut méditer sur cette réalité : le bois qui s’enflamme. Allégorie de l’embrasement, du désir. Rencontre aussi du bois et du feu, tous les deux
masculins. Mise à mort par le feu punissant une forme de sensualité elle-même très brûlante. Faut-il revendiquer ce terme ? Il est à la fois symbole génocidaire et métaphore du désir.
Troublant, quand même.
3 mars : Naissance en 1756 de
Françoise de Raucourt, fondatrice de la secte lesbienne des anandrynes. Qui sont aujourd’hui les descendantes spirituelles de ces femmes disparues ? Quelles étaient leurs
idées ?
4 mars : Le singe symbolise la
fête et le spectacle. Chez les Aztèques, on l’associe à l’homosexualité. Les homos ont, il est vrai, le sens de la dérision, de la fête et de la mise en scène. Et si j’étais un singe, de quelle
espèce serais-je ? Ouistiti ? Macaque ? Bonobo ? Chimpanzé ?
5 mars : La feri tradition,
fondée par Victor Anderson dérive de la wicca. Entre autres dieux, on y trouve le dieu bleu, être androgyne apprécié par les pratiquants homosexuels de cette religion. Un de ces attributs est la
plume de paon. Le gay le plus connu pour ces réflexions sur ces divers aspects est Storm Faerywolf.
6 mars : Mise à mort par le
feu en 1586 de Richard de Renvoisy, compositeur français, pour sodomie. Ses œuvres sont toujours jouées.
7 mars : Sainte Perpétue et
Sainte Félicité sont fêtées ce jour. Elles ont été mises à mort ensemble par les romains, après s’être converties au Christianisme. Perpétue eut de nombreuses visions de leur martyre. Plusieurs
fois, son père lui demanda d’abjurer la foi chrétienne, sans succès. On jeta une vache sauvage sur elles dans l’arène de Carthage en 203. On dit d’elles qu’elles étaient un couple lesbien. Elles
ont d’ailleurs été souvent évoquées comme saintes patronnes lors de mariages religieux lesbiens, semble-t-il.
8 mars : Mort de l’homme
politique Jean-Jacques Régis de Cambacérès en 1824. Il serait à l’origine de la décriminalisation de l’homosexualité en France. Quoique ce soit discuté, tout de même. Mais qu’est-ce qui a conduit
la société à considérer l’homosexualité comme un crime ?
9 mars : Le safran est utilisé
comme aphrodisiaque dans des sortilèges amoureux lesbiens. Et si on mangeait du riz au safran aujourd’hui ? Lol. Rien que pour voir ce que ça fait d’être lesbiennes quand on est
gay.
10 mars : Abrogation en 1994
du paragraphe 175 qui criminalisait l’homosexualité masculine en Allemagne depuis 1871. C’est en son nom que des dizaines de milliers d’homosexuels furent déportés. Souvenons-nous.
11 mars : Le chant du cygne
doit son nom à la mélodie désespérée chantée par Cycnus, lorsque son amant Phaeton fut assassiné par Zeus. Les cygnes vont toujours par deux. On dit qu’ils sont fidèles l’un à l’autre. Un pied de
nez à ceux qui prétendent que les homos ne peuvent être fidèles ? Par dessus-tous, ce sont des animaux féériques. Donc, je les aime. Les elfes prennent parfois la forme de cygnes quand ils
entrent dans le monde réel. Ne sont-ils pas à leur manière des voyageurs d’entre les mondes eux aussi ?
12 mars : Chez les amérindiens
Tewa, Kanyotsanyotse est un homme-femme qui vécut à l’aube des temps. Il permit au peuple des hommes, vivant jusque là sous un lac, de gagner la terre ferme. Pour cela, il visita tous les animaux
et les esprits des différents lieux. Il leur recommanda d’être aimants avec les humains. On peut y voir une fonction chamanique. Il a joué, en fait, un rôle d’intermédiaire entre les animaux et
les humains, comme les chamans le font aussi entre le monde terrestre et celui des ancêtres. Les êtres aux deux esprits n’ont-ils pas justement l’aptitude à marcher entre les mondes, y compris
entre celui des hommes et des femmes ?
13 mars : Dissolution de
l’ordre des templiers, convaincu d’hérésie. En quelle année, au fait ? On évoque à leur sujet une divinité nommée Baphomet, à la fois masculine et féminine, ainsi que des pratiques
homosexuelles. À nouveau, cela tient peut-être de la légende. Les représentations qu’on a faites de Baphomet le font souvent ressembler à l’image que l’on se fait du diable. Muni de seins et d’un
pénis. Pourquoi ? Pourquoi aussi a-t-on diabolisé l’androgynie ?
14 mars : Chez les Tupis
brésiliens, les tyvire sont des chamans homosexuels efféminés.
15 mars : Les Cathares,
paraît-il, pour se libérer de tout ce qui rattache à la terre, cherchaient à ne pas faire d’enfants. Il leur arrivait dès lors d’avoir des rapports homosexuels. Voilà bien quelque chose qu’on ne
m’a pas raconté quand j’ai visité Carcassonne avec mon Grand. Mais est-ce vrai ? Les derniers d’entre eux auraient été exterminés à Montségur le 16 mars 1244.
16 mars : C’est la Saint
Abban, un abbé Catholique Irlandais qui, entre autres miracles, transforma une fille en garçon pour satisfaire un père déçu de ne pas avoir d’héritier mâle. Plus que de transgendérisme, ne
peut-on y voir une forme de misogynie d’une société patriarcale dédaignant le sexe féminin ?
17 mars : Aido Hwedo est un
esprit vaudou androgyne à la forme de serpent, qui apporte joie et prospérité. Sa facette masculine est nommée Damballah. Il habite les fontaines et les sources et est fêté aujourd’hui. On lui
fait des offrandes de riz, de lait, ou d’œufs. C’est le moment de se rendre près d’une fontaine (ou bien de brancher celle qui j’ai remisée dans le grenier). Et pourquoi ne pas semer du riz sur
son pourtour ?
18 mars : Hairy Meg est un
brownie féminin qui a des allures masculines. Le printemps approche. Les fées s’activent. Et si j’offrais à manger à Hairy Meg, la plus butch des créatures féériques ? Mais que peut être sa
nourriture préférée ?
19 mars : Cernunnos est un
dieu préceltique dont la célébration a inclus des rites homo-érotiques. Il est dieu de la forêt et de ses habitants, en même temps qu’il règne sur les mondes souterrains et l’érotisme. La forêt
renaît, les animaux sortent de leur hibernation. Cernunnos se réveille-t-il, lui aussi ? À quoi pouvaient donc ressembler les rites homo-érotiques par lesquels on le
célébrait ?
20 mars : Naissance en 1833 de
Daniel Home, occultiste écossais, bisexuel. Il était admiré pour la gratuité de ses offices, en tant que médium. Il fut condamné pour sorcellerie par l’église. Bien que marié, certains prétendent
qu’il était en fait bisexuel. Bon, je suppose qu’aucun magazine people n’en a parlé à l’époque. Lol.
21 mars : L’équinoxe de
printemps célèbre l’égalité en durée du jour et de la nuit, donc les semblables. Bien qu’on dise souvent que le roi houx et le roi chêne opèrent leur passation de pouvoir aux solstices, je reste
persuadé qu’à ce niveau les équinoxes ont une valeur plus forte. À cette époque, les deux rois sont pour moi de force égale et donc plus aptes à livrer une lutte, même amoureuse.
22 mars : Ardanishvara est un
dieu indou dont la moitié est une femme. Ce n’est pas le seul, car il en est ainsi de beaucoup de divinités indoues. En particulier, il représente, si je ne me trompe, l’union de Shiva et de
Shakti. En tant que tel, il représente la supériorité du tout sur les parties. Il est lié au chakra de la gorge, également associé à l’érotisme. Ardanishvara apporte la prospérité. Sa moitié
féminine porte une fleur de lotus et la masculine une peau de tigre. Il a été fréquemment représenté en peinture et sculpture. Quel sens les indous attribuent-ils à ces dieux "fusionnés" et du
coup "hermaphrodite" ?
23 mars : Bran est un dieu
celte, célébré par des prêtres homosexuels et nanti d’un chaudron magique. Il avait le pouvoir de ressusciter les morts, ce qui en fait une divinité à célébrer en ces temps printaniers.
Irrésistiblement, je pense à Asushunamir dont j’ai déjà parlé dans le chaudron.
24 mars : Les galli, prêtres
romains transgenres et homosexuels tenaient des rituels sacrés au printemps. En cette nuit du 24 mars, ils se rassemblaient en un lieu souterrain et y jouaient la mort et la résurrection du dieu
Attis. On appelait cette journée « le jour du sang » car des flagellations et des castrations rituelles avaient lieu. Les ainés incarnaient le dieu Attis célébré par les novices
au travers de chants sacrés. S’ensuivait un rituel où les anciens galli et leurs initiés communiaient. Ils consommaient alors du moretum, vin rouge dans lequel on fait macérer pendant 2 jours 3 à
4 kilos de mûres avant de le filtrer et d’y ajouter du miel. Ensuite, les anciens galli et les novices s’unissaient en noces. À partir de ce moment, les nouveaux initiés pouvaient à leur tour
incarner le dieu Attis. Vin rouge, mûres, miel. Bon, il faut que je retienne la recette…
25 mars : Tlatzoteotl est une
déesse aztèque liée à l’homosexualité et à une forme destructrice de la magie. On la représente cornue, chevauchant un balai et tenant un serpent. Le lapin est un de ses animaux fétiches (tiens,
le fameux lapin dont j’ai parlé il n’y a pas si longtemps, comme le serpent d’ailleurs). On la célébrait par des danses où l’on portait des masques, des chapeaux et des attributs phalliques
desquels dérivent les carnavals. Une de ses dénominations est : « la déesse de l’anus ». Ça ne s’invente pas !
26 mars : La Kalogheri est une
danse thrace toujours pratiquée où deux hommes déguisés en bouc se combattent. Celui porteur du phallus en bois épouse ensuite un homme plus jeune déguisé en femme. Curieux, faut que je me
renseigne !
27 mars : Les jogappa sont les
serviteurs travestis de la déesse indoue Yellamma. Ils se marient entre eux et tiennent des rituels principalement à la pleine lune. La déesse peut infliger divers tourments à ceux qui ne la
respectent pas. Comme l’impuissance. C’est par des troubles physiques qu’elle les informe qu’elle les a choisis pour devenir des jogappa et être initiés à son culte. Des oignons et du sucre de
canne sont parfois offerts à la déesse pour qu’elle bénisse des événements comme une naissance ou un mariage. Les jogappa mènent une vie ascétique mais réalisent des danses sensuelles. Ils sont
extrêmement respectés. Faudra leur consacrer un billet, tiens.
28 mars : Naissance en 1859 du
kabbaliste Joséphin Peladan, ayant centré son travail sur l’androgynie.
29 mars : Les galatura sont
des prêtres transgenres mésopotamiens, musiciens sacrés de la déesse Inanna.
30 mars : Les hwame sont des
chamanes lesbiennes de la tribu des Mohave.
31 mars : L’Evangile apocryphe
de Philippe affirme que le retour de Jésus permettra à l’homme et à la femme de reformer l’entité androgyne primordiale à la fin des temps. De même que l’origine de la chute de l’être humain
serait d’avoir été séparée en deux sexes. Le chaudron rose de Pâques va explorer en long et en large cet aspect étonnant de Jésus.
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