ELISABETH LÉVY ET LAURENT GERRA DEVRAIENT
DÉFENDRE SEXION
D'ASSAUT
par Grégory
Protche
Grégory Protche est rédacteur en chef du site Le Gri-Gri International. Le Gri-Gri
International est un journal satirique bimensuel panafricain d’origine gabonaise édité en France. Il a été créé en juillet 2001 par Michel Ongoundou Loundah. On peut le
trouver en kiosques en France, en Suisse et en Belgique, il est aussi distribué par abonnement en Afrique. Il a été interdit par Omar Bongo au Gabon et a également été interdit au Cameroun, dans
la République du Congo et la République démocratique du Congo. Le journal travaille avec un réseau de pigistes et de journalistes en Afrique. Il dénonce les violations des Droits de l'homme en
Afrique, et les atteintes à la liberté d'expression, ainsi que les scandales et les réseaux pétroliers franco-africains. Le directeur du journal est aujourd'hui exilé en France.
Pendant la coupe du monde de foot, on a accusé les bleus de ne pas aimer la France, d’être mal éduqués, des
symptômes de la faillite de l’intégration. Une piste fut peu explorée… qui était pourtant – pour ceux qui ont pratiqué le foot en club – tout à fait évidente…
Si Gourcuff ne plaisait pas à certains joueurs… Ribéry, Anelka, etc. Ce n’est pas parce qu’eux étaient des cailleras
converties et lui un bouffon coq gaulois… mais, peut-être, parce que Gourcuff est un fils de dirigeant, race honnie des footballeurs… qu’ayant répondu à une interview de Têtu et
ronaldisé jusqu’à l’indécence dans les pubs, il est devenu une “icône gay”… ce qui est à peu près aussi apprécié dans un vestiaire qu’un fils de dirigeant…
Pourquoi cette possible explication est-elle si peu sortie ? Pour la même raison que peinent à tomber les
vraies-vraies condamnations contre Sexion d’assaut. C’est pas que l’homophobie soit populaire. C’est que le combat contre elle est pas fédérateur… Stalinienne dialectique de l’intérêt général
face aux revendications catégorielles. Occupons-nous d’abord des pauvres (et donc des pédés pauvres aussi). Car ils sont plus nombreux.
Est-ce que je défends Sexion d’Assaut ? Je serais tenté de répondre, avec le cynisme décomplexé du
sarko-lepéniste cocu que, comme TF1, j’ai un public à nourrir et que je suis pas convaincu qu’il ait, en la matière, les pudeurs des chroniqueurs de Morandini.
Alors que le groupe perdait le soutien de Fun radio Belgique (lol), des spots de pub Sexion d’assaut lardaient les
programmes de TF1… L’homophobie, comme le racisme, quand ça rapporte, ça devient presque une opinion, non ? Si TF1 ne les lâche pas encore complètement à l’heure où j’écris ces lignes (lundi
11 octobre, à 6H49), c’est qu’ils continuent, eux, de rapporter plus qu’ils ne coûtent…
Messieurs les gais censeurs, commercialement, dans la France de 2010, vous pesez moins que Sexion d’assaut…
C’est pourtant pas faute, de la part des gitons morandiniens, d’appeler chaque soir à des sanctions. Un seul mot
d’ordre : au trou les marabouts ! Chez Morandini, sur les gays et l’homophobie, on a le sourire décalé qui se fige en rictus… Allez savoir pourquoi.
Et les apôtres de la liberté d’expression, les Zemmour, sont-ils prêts à défendre celle-là, de “libre”
expression ? Et Finkielkraut, Frèche, Vanneste, Pétré-Grenouillau et leurs “souteneurs” anonymes ! J’espère bientôt les retrouver à mes côtés. Et Elisabeth Lévy ? On a bien besoin
de son abattage, de sa fougue et de son entregent.
Même Didier Bourdon, qui trouvait et chantait “qu’on ne peut plus rien dire”… ça aurait du poids le soutien
d’une Folle en cage… Patrick Sébastien… Et tous les laïcards qui “ripostent” en crachant des mollards de petits blancs humiliés à l’école qui leur retombent sur les pieds… viendront-ils défendre
la liberté d’expression des rappeurs noirs pas pro-gays ? Pas de loi Gayssot à redouter, les copains… même pas besoin d’être courageux. Suffit d’être conséquent et cohérent. Si c’est un
principe : s’y tenir. Si Redeker a le droit de parler et de dire ce qu’il veut, Sexion d’Assaut aussi.
Si je défends Sexion d’assaut, c’est, en premier lieu, pour contrer le discours des milices communautaires à
indignations sélectives et méthodes gerbantes… j’ai plus de larmes… Après le raciste et l’antisémite, l’homophobe… L’homophobe noir et rappeur. En grattant un peu, on finira bien par prendre un
des Sexion d’assaut en flagrant délit de musulmanisme…
Difficile, convenez-en, de résister au devoir moral, pour un journal satirique, de se retrouver en face d’Act Up…
(oui, je sais, c’est pas Act Up là qui est en jeu, mais c’est tellement pareil… J’ajoute que, de l’aveu même d’ancien dirigeant d’Act up, les milices gays peinent à trouver le courage d’aller en
banlieue discuter, débattre et confronter… faire chanter les médias et les annonceurs coûte tellement moins…)
Pour finir, a priori les poursuites ne concerneront que les propos rapportés en interview… ceux contenus dans les
disques (comme dans trois-quarts des disques de rap) seront couverts par la licence poétique, qui depuis Flaubert et Baudelaire protège les auteurs dans la plupart des cas. Et par la prescription
(l’utile idiot député Grosdidier s’en souvient sûrement…)
La première fois que j’ai entendu Sexion d’Assaut, c’était dans la bouche d’un enfant de 7 ans. L’âge où l’on
commence, dans les cours de récréation normalement constituées, à se traiter de con, de salaud et de… pédé… sans qu’il n’y ait ni homophobie ni homosexualité en jeu.
Grégory Protche
Rédacteur en chef du Gri-Gri International
http://www.legrigriinternational.com
Article initialement publié le 15 octobre 2010 sur le site www.enquete-debat.fr
et reproduit avec l'autorisation de l'auteur.
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