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4. QUE FONT LES RENNES APRES NOËL ?
Olivia Rosenthal

 

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Marie Fritsch

 

« Personne ne fera de moi ce que je ne suis pas

Tant pis si cela ne vous plaît pas

Les clichés glissent sur moi

Moi je suis une fille, une folle, un garçon

Je suis sur le fil, caméléon... »

 

23 ans après Mylène et son « Sans contrefaçons », Natacha Lejeune reprend le flambeau et vous parle de Marie. Elle traverse les  miroirs et les genres avec la même aisance…

 

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Que font les rennes après Noël ?

Olivia Rosenthal

Editions Verticales (2010), 16,90 €.

 

En 2009, la biennale d’art contemporain prend ses quartiers d’été à Nantes. Parmi les artistes qui exposent, Stéphane Thidet. Ce dernier entreprend de faire venir une meute de loups dans la ville. Cantonnés aux douves du château, les animaux sauvages seront épiés, contemplés et admirés par les visiteurs au gré des jours et des semaines. L’œuvre attire la polémique tant du côté des critiques que de celui des défenseurs de la cause animale. Afin de répondre au mieux à ses détracteurs, Stéphane Thidet s’adjoint la contribution de six romanciers (autant que de loups au château) pour s’exprimer sur la question de la symbolique animale. Outrepassant le format de la nouvelle exigé à cette occasion, Olivia Rosenthal se lance alors dans l’écriture d’un roman atypique et nous livre une réflexion rare sur l’homme dans sa singularité et l’animal dans sa diversité. De la coercition à l’émancipation, voici le beau portrait en creux d’une jeune femme moderne parmi les loups.

Prenant appui sur la problématique logistique que soulève l’œuvre de Stéphane Thidet, Olivia Rosenthal se pose une question fondamentale : quel usage faisons-nous des animaux ? Autour de cette interrogation centrale, clé de voûte du roman, se mettent en place les éléments narratifs qui rendront possibles l’identification et l’appropriation du sujet par le lecteur. Un court texte sur l’enfermement, ainsi qu’il avait été demandé de développer aux six romanciers, semble trop fastidieux à Olivia Rosenthal. Elle s’invente alors un personnage, en un geste biographique qui donnera une grande profondeur temporelle au récit. Le nom du personnage principal ne sera jamais dévoilé. L’auteur, ayant choisi comme parti pris la distanciation, installe le vouvoiement comme principe actanciel.


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Rosemary's baby

 

Le récit est dual, un paragraphe adressé à l’héroïne, l’autre décryptant le comportement animal. L’un servi par une écriture de l’affect, l’autre par un ton quasi clinique. Cette forme de dialogue entre deux univers donne au texte un goût inédit et permet une approche consubstantielle de différents sujets. Dans un premier temps, l’auteur s’interroge sur ce lien ambigu qu’entretiennent l’homme et le loup, l’homme et la bête d’une façon plus générale. Cette dernière est dressée, domestiquée, tuée, mangée, stérilisée, désexualisée, emprisonnée, commercialisée, etc… L’enfant, lui, est éduqué, rendu libre et responsable. Il est élevé dans la crainte de ce qui est différent et dans la défense de son autorité sur le règne de la nature. Au regard de cette peur du sauvage, Olivia Rosenthal choisit d’évoquer deux films, vus par l’enfant et sa mère. Le premier, Rosemary’s baby (Roman Polanski, 1968), relate l’histoire d’une jeune femme qui ne se souvient pas des circonstances de la conception de son enfant. Elle craint d’avoir été droguée à son insu et accouplée à un animal. La folie de cette femme rejoint celle d’Irina Doubrovna dans La Féline (Jacques Tourneur, 1942), quand elle se métamorphose en panthère au lendemain de son mariage. L’héroïne de Que font les rennes après Noël ? est fascinée et pleine d’effroi. Il s’agit d’une enfant, qui, dès son plus jeune âge quémande à ses parents l’acquisition d’un animal domestique. À son grand regret, il n’en sera pas question. La fillette comprend qu’elle doit s’émanciper pour obtenir le droit, paradoxalement, d’être possesseur d’un chat, d’un chien ou de n’importe quel autre oiseau.


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La Féline

 

Le roman ne se contente pas d’une articulation primaire entre le sauvage et le domestique, autrement dit entre Nature et Culture. Non, Olivia Rosenthal, une fois le balancier établi, s’attarde plus volontiers sur la question de la liberté et de la différence. Le personnage principal fait très jeune l’expérience d’une incompréhension totale de la part du monde adulte. Elle prend conscience que pour s’émanciper il faudra résister, trahir, rompre, s’échapper et n’être au final la propriété de personne. Pourtant, la métamorphose tant attendue par la jeune femme tarde à se manifester. Elle a beau ne plus appartenir à sa mère mais à un homme, quitter le domicile familial, elle attend toujours d’être réellement autonome. Pour y parvenir, il faudra qu’elle s’affranchisse de la peur de ne pas ressembler aux autres. En somme, elle devra se faire à l’idée que la culture vient contrarier sa vraie nature. Pour l’instant elle devient adepte de l’éthologie humaine, se marie et s’inscrit dans la droite lignée de son espèce. Jusqu’au jour où.

« Vous cessez de vous domestiquer », dit Olivia Rosenthal à son héroïne. Le roman bascule. La rencontre avec une autre femme la libère. La métamorphose a enfin lieu, accompagnée de son déferlement de désirs, de frénésie et de pulsions. L’émancipation entraîne le renoncement. En l’occurrence le renoncement à l’idée qu’elle se faisait de la vie d’adulte. C’est ici aussi que bascule la narration. La parole est donnée maintenant à un boucher, qui ponctue de scène de massacres bovins les propos de notre protagoniste. Finis les mensonges, quitte à avoir du sang sur les mains et à rompre avec la bienséance. L’auteur glisse ici ou là une pointe de féminisme, subtilement relevée par cette inextinguible comparaison entre le règne humain et animal. La viande de la femelle sera meilleure si elle n’a pas vêlé, par exemple. Et autres considérations bouchères du même type. Ce qu’il est important de noter, c’est le cheminement fait par le personnage principal jusqu’à être capable d’entrapercevoir sa différence et le droit à la singularité. L’homosexualité comme une exception certes, mais surtout comme le meilleur moyen pour la jeune femme d’affirmer sa culture personnelle, et comme preuve enfin qu’elle a définitivement apprivoisé l’animal qui la tourmentait. 

Olivia Rosenthal nous invite, par le biais d’un roman charmant et singulier, à prendre part à une réflexion originale sur le droit à la différence et sur la notion de culture et d’éducation dans le monde moderne. Se libérer de ses chaînes donne l’opportunité à l’humain tout autant qu’à l’animal de se reconnaître comme un être singulier. L’homme est un loup pour l’homme, et la société contemporaine érige des dogmes dont il est bien souvent difficile mais indispensable de se défaire. Une coercition mentale s’établit dont la violence tue parfois l’individu au nom du collectif. À lire et relire pour penser différemment. Crucial.

 

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