Onu : Les LGBT rayés de la résolution qui condamne les exécutions
arbitraires
Par Paul Parant - samedi 20 novembre 2010.
Sous la pression de deux pays - le Maroc et le Mali - les Nations-Unies ont supprimé la
référence explicite aux homosexuels de la résolution condamnant les exécutions arbitraires. Le Centre LGBT de Paris appelle à « un réveil laïc des institutions ».
Les Nations-Unies ont voté, le 12 novembre,pour exclure la référence explicite à l'orientation sexuelle dans un
texte appelant tous les pays à protéger la vie des individus. Et ce, sous la pression de deux pays: le Maroc et le Mali.
La résolution, proposée par la Commission des droits de l'homme de l'Assemblée générale des Nations-Unies, a pour
but de dénoncer et d'enquêter sur les exécutions extra-judiciaires arbitraires, motivées par la haine et la discrimination. Une première mouture du texte mentionnait « les préférences sexuelles
» parmi les motifs de discrimination. Mais un amendement, présenté par ces deux pays africains, supprimait cette mention explicite (voir ci-dessous). Il a été adopté par 79 voix contre 70, avec
l'appui de la majorité des pays africains et arabes, et a été approuvé par l'Assemblée générale de l'Onu par 165 voix en faveur et dix abstentions.
Cette résolution est votée par l'Assemblée générale des Nations-Unies tous les deux ans. Depuis dix ans, elle
comprenait une référence à l'orientation sexuelle. La Finlande, la France et la Suisse ont regretté la disparition de cette formulation.
Appel à « un réveil laïc des institutions »
« C'est un jour de honte dans l'histoire de l'Onu » a commenté l'activiste anglais Peter
Tatchell. C'est une « évolution dangereuse et inquiétante » selon l'organisation IGLHRC, qui « élimine la reconnaissance de la vulnérabilité particulière rencontrée par les lesbiennes, gays, personnes bisexuelles et transgenres. Une reconnaissance cruciale au
moment où 76 pays à travers le monde criminalisent l'homosexualité, cinq considèrent que c'est un crime capital, et des pays comme l'Ouganda envisagent d'ajouter la peine de mort à leurs lois
criminalisant l'homosexualité », a-t-il ajouté.
En France, le Centre LGBT de Paris-Ile de France ne sera pas le seul à considérer le retrait explicite de la
référence à l’orientation sexuelle comme scandaleux et particulièrement préoccupant. « A l’évidence, il s’agit de donner des gages aux intégrismes religieux. (…) Les évangélistes américains ont
bien travaillé, ne parvenant à leurs fins dans leur propre pays, ils ont fait de l’Afrique un laboratoire de haine à l’encontre des homosexuels et des lesbiennes. » L'association « en appelle à
un réveil laïc des institutions françaises, européennes et mondiales. Il est temps d’agir vite et fort et de tenter de renverser cette situation avant qu’il ne soit trop tard. »
© Paul Parant et Têtu.
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