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de  Nico Bally

 

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DU BON USAGE DU PIEU DANS LES

CAS DE POSSESSION VAMPIRIQUE

 

Nico Bally a publié une multitude d'histoires étranges sur divers supports, du webzine à l'anthologie, en passant par le livre photo-musical.

Après avoir sillonné les villes les plus exotiques et palpitantes du globe (Dunkerque, Manchester), il vit aujourd'hui à Lille où il fête tous les jours son non-anniversaire (trente ans tout rond) avec un lapin gay, une chatte blanche déguisée en chatte noire, et la fée Clochette.

En marge de l'écriture, il travaille comme contrôleur de contenu pour Recisio Music malgré de longues études en sciences, informatique et philosophie. Il respecte les lois du TATBAR (Touche À Tout, Bon À Rien) en s'adonnant à la photographie naïve, la musique noise-ambiant expérimentale, les courts-métrages DIY, l'auto-pornographie, le rot tonal et la peinture sur vélo.

Pour Les Toiles Roses, il élargit ses univers fantastiques-oniriques en développant les thèmes LGBT qu'il avait trop souvent mis de côté.

 

 

Le dix-neuvième siècle se terminait enfin. Ce soi-disant siècle de révolutions, qui n'avait apporté que guerres et décadence. Seule la musique en ressortait grandie.

Loin de mes chers Pays-Bas, je foulais les pavés d'un Paris dont on m'avait vanté – à tort ! – les mérites. La capitale était au centre de tous les tourments, les rues puaient, le peuple grimaçait. Une ville qui ne dort pas ne pouvait en aucun cas me sembler accueillante, moi qui cherchais justement la paix et le repos.

Paradoxalement, c'est un quartier appelé « Le Marais » qui m'offrit le lit le plus douillet. J'y trouvai une petite auberge dont le tenancier, Pascal, me parut rapidement sympathique. Le coffre large d'un bûcheron, le visage souriant et carré, les yeux clairs, il évoquait un ancien dieu bénéfique.

« Êtes-vous un Professeur ? me demanda-t-il.

— Hé bien oui. Un Docteur. Pour être plus précis : en médecine, philosophie, Histoire, etc. »

Ma tête mi-chauve et mes petites lunettes ne trompaient personne.

« Mais je suis plus jeune que je n'y parais, précisai-je. C'est le deuil qui m'a vieilli d'un coup. Ma pauvre femme.

— Mes condoléances. La maladie l'aura emportée ?

— Les vampires ! »

Pascal cessa d'astiquer ses verres pour me lancer un regard surpris.

« Que dites-vous ?

— Les vampires ! Les succubes, les horreurs de la nuit ! Elles sont partout, savez-vous ? Chaque femme est potentiellement infectée, ça se glisse, ça s'immisce. Mon Dieu ! Ma défunte épouse, si vous l'aviez vue, vidée de son sang ! Je remercie le ciel que ces monstres l'aient tuée plutôt que d'en faire l'une des leurs... »

Pascal m'écouta d'une oreille attentive. Me réconfortant et me comprenant. Alors qu'il m'avait été impossible d'être compris à l'université ou ailleurs, alors que tous les hommes d'esprit m'avaient repoussé en ricanant, un homme simple m'acceptait.

« Je vais vous dire, m'avoua-t-il. On se tient aussi à l'écart des femmes, par ici.

— Oh, attention, je ne dis pas qu'elles sont toutes mauvaises ! Ma défunte épouse est une preuve de leur pureté potentielle. Mais je ne peux m'empêcher de me méfier. Chacune d'elle est peut-être l'une de ces suceuses aux dents aiguisées... »

Je commandai un repas et une chambre, demandant si la sécurité était bien assurée dans la taverne.

« Nous ne nous plaignons pas. Mais si vous le désirez, pour plus de sûreté, je peux dormir avec vous cette nuit. »

Son sourire était si réconfortant que j'acceptai sans réfléchir. L'idée n'était pas sotte : à deux, nous serions plus forts en cas d'intrusion.

Ce que je n'avais point prévu, c'était l'étroitesse du lit. Même si le corps bien bâti de Pascal me rassurait, mes troubles nocturnes n'en furent pas apaisés pour autant. Mes nuits étaient régulièrement agitées de terreurs survenant dans un demi-sommeil où je voyais chaque ombre prendre la forme d'une silhouette féminine et diabolique. Et dans le doute, je préférais les prendre comme des réalités aperçues à temps plutôt que comme des pièges de mon esprit.

Cette nuit-là, je rêvais que de lentes caresses excitaient mon membre viril. Le sot ! Le funeste membre ! J'aurai le trancher après la mort de ma femme. Qui ne sait pas qu'en se gonflant de sang il devient la proie favorite des sangsues humaines ?

Bêtement dressé sous mes draps humides, le membre sentit courir sur lui la langue fourchue d'une harpie brumeuse.

Prisonnier de mon rêve, je ne pouvais bouger, et subissais ce viol ignoble en transpirant et gémissant. C'est seulement quand il fut brutalement vidé de sa substance que je m'éveillais en criant.

Pascal était là, penché sur mon entrejambe.

« Mais que faites-vous ?

— Je prenais soin de votre... anatomie.

— J'ai donc bien été mordu ?

— Mordu ? Ah, pardon…

— Ces vilaines succubes m'auront trouvé et englouti ! Heureusement que vous étiez là pour les chasser. Ai-je quelques traces ?

— Euh... Non. Il semble épuisé, mais demain il sera comme neuf. »

Je remerciai mon compagnon, et tentai – en vain, évidemment – de me rendormir.

Je passai la journée du lendemain à consulter mes livres. C'était la première fois que les vampires parvenaient à me mordre. Jusqu'ici elles s'étaient contentées de m'espionner et de tourmenter mon sommeil en accomplissant des danses sordides tout autour de mon lit.

Je ne pouvais devenir vampire à mon tour, étant un homme, mais elles pouvaient revenir chaque nuit pour me vider peu à peu, et m'amener à la mort comme elles l'avaient fait avec ma défunte épouse.

Les moyens de se débarrasser de ces créatures étaient aussi diversifiés que controversés et barbares. Mais le plus difficile était de les attraper pour leur faire subir ces morbides opérations.

Je décidai de feindre le sommeil afin de pouvoir leur mettre la main dessus.

Ainsi, après avoir soufflé la chandelle, et souhaité la bonne nuit à mon compagnon, je feignis un endormissement lent et vaporeux.

Je faillis m'endormir réellement lorsque je sentis la caresse glisser progressivement vers mon entrejambe. Je laissais l'excitation grossir pour mieux prendre la succube sur le fait, puis ouvrais les yeux.

Me croirez-vous ? C'était Pascal !

Je hurlai de surprise.

« Le vampire, c'est vous ! Mais comment ? »

Il sembla gêné, comme fautif.

« Oh, attendez, je comprends, dis-je soudain. Vous êtes possédé !

— Je suis possédé ! confirma-t-il joyeusement.

— La vampire s'est immiscé en vous pour mieux me sucer le sang !

— La diablesse ! »

Le pauvre homme !

Ressassant à haute voix les différents moyens de tuer les vampires, je cherchais comment l'en débarrasser sans attenter à sa vie.

« Eau bénite... Lumière du Soleil... La Faux Rouge... Décapitation... Immolation... Pieu...

— Mais oui, un pieu ! approuva Pascal.

— Un pieu ?

— Un gros pieu !

— Mais mon pauvre ami, si je vous enfonce un pieu dans le cœur, vous en mourrez !

— Je... Je ne crois pas qu'il faille viser le cœur. La vampire est entré en moi par un autre endroit, et m'est avis que c'est cet endroit qu'il faut viser... »

Comme il restait mystérieux quant à l'endroit en question, je finis par comprendre qu'il désignait un lieu honteux dont on ne fait usage que pour excrémenter.

Enfoncer un pieu là où la vampire s'était cachée ? Cela semblait effectivement être une bonne idée, d'autant plus que Pascal resterait en vie. Il aurait par contre à subir la douleur et la honte qu'un tel procédé amènerait. Mais il m'assura qu'il s'en accommoderait.

Il me fournit lui-même un pieu qu'il conservait dans sa chambre pour je ne sais quel usage. Le bout en était trop arrondi à mes yeux, mais de peur de le blesser avec une arme plus aiguisée, j'acceptai de tester d'abord ainsi.

Il se plaça sur le lit, me présentant son intimité, tandis que je lui introduisais l'objet.

« Enfoncez ! cria-t-il. Poignardez, trucidez ! »

Je laissais se déchainer ma haine vengeresse. Il me demanda parfois d'alléger les coups, puis me motivait à redoubler de courage. L'exorcisme fut long et pénible.

« Pensez-vous que le monstre soit mort ? demandai-je enfin en m'épongeant le front.

— Je ne sais, mais je suis fourbu. Dormons pour cette nuit. »

Et je sombrai dans le meilleur sommeil que j'eus connu depuis le décès de ma sainte femme.

 

Paris ne devait être qu'une étape, mais il aurait été cruel de laisser mon compagnon dans le doute. Je préférais procéder à un second exorcisme la nuit suivante. Il s'y prêta de bon cœur, et le sommeil fut bon une fois de plus.

Le lendemain, je fis mes bagages.

« N'êtes vous pas sûr de vouloir rester ? me demanda Pascal. Il y a d'autres techniques que j'aurais aimé essayer...

— Non, j'ai plusieurs lieux à visiter, encore. Mais mon futur n'est pas écrit. Il se pourrait que je repasse par Paris, ou même que je m'y installe un jour. »

Pascal eut alors un geste étonnant. Il m'embrassa. Je dois avouer que ça ne fut pas déplaisant, mais j'y vis un signe que la vampire n'était pas morte. Fallait-il qu'elle soit pieutée chaque nuit ? Devions-nous être plus violents dans nos exorcismes ?

Je fis part de mes interrogations à mon ami.

« C'est ce que je vous disais ! Nous n'avons pas tout tenté. Il faut expérimenter encore. Le pieu, par exemple, n'est fait que de bois mort. Je pense que pour tuer un être féminin, il faut utiliser un attribut masculin... »

Sa théorie me semblait valable. Mais jusqu'où nos expériences nous mèneraient-elles ?

Je frémissais de peur et d'excitation. Nous étions sur le point de découvrir mille choses fascinantes sur les vampires et sur les moyens de s'en défendre. Je ne pouvais pas laisser cette chance m'échapper.

« Très bien, déclarai-je. Je reste. Expérimentons jusqu'à épuisement. »

Deux ans plus tard, je publiai mon Traité de Démonologie Vampirique. Et bien sûr je fus raillé par mes confrères. Mais quel savant peut se vanter d'avoir été compris tout de suite ? Je sais que je suis en avance sur mon époque, et que la science de demain me donnera raison.

 


© Nico Bally – 2010.

Tous droits réservés.

Direction littéraire de la série : Daniel Conrad & Pascal Françaix,

avec l'aide de Gérard Coudougnan.


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