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Huitième article de notre série. Steven Carrington, Matt Fielding, Xéna, Jack McPhee, Willow Rosenberg, Will Truman, Brian Kinney, Shane McCutcheon... Si vous ne voyez pas le point commun, c'est que vous n'avez pas la télé ! Par notre collaborateur : Kim, 31 ans.

Les préjugés viennent souvent d’une mauvaise information sur l’homosexualité. La mauvaise information découle d’une absence d’instruction (l’absence d’éducation et de prévention par exemple), mais aussi d’un manque de débats qui peuvent démolir les préjugés et les réticences à partir d’arguments. Si les préjugés et les réticences ont diminué, c’est qu’il y a eut soit information, soit débat, ou les deux. Vous remarquerez que je saute le mot prévention : c’est intentionnel, car c’est actuellement encore trop embryonnaire, mais nous y reviendrons dans un autre article.
Pour avoir débat contradictoire, il faut avoir en face de soi une personne ne disposant pas de préjugés homophobes. Or, au départ, dans une société homophobe, ce sont principalement les victimes d’homophobie qui pourraient en discuter et en débattre. Mais cela revient à se dévoiler. Or, dans une société homophobe, la tendance est plutôt de rester caché ou en tout cas de rester discret pour éviter cette homophobie. C’est un instinct de survie. Mais pour le coup, cela provoque un manque d’interlocuteur, en dehors des militants affichés. La baisse des préjugés ne vient donc pas en premier lieu de la rencontre et du dialogue avec des personnes luttant contre l’homophobie.
Donc, il faut regarder du côté de l’information. Pour être efficace, la transmission de l’information doit être facilement accessible, massive, suffisamment longue pour capter l’attention, et continue, voir répétitive.
Où la population peut-elle s’informer ? Il y a les livres et les journaux bien sûr. Mais surtout la télévision, car elle est le premier média de masse, de par sa quasi-gratuité, sa présence dans la quasi-totalité des foyers, et de par l’absence d’effort à fournir pour accéder à l’information (eh oui, pas d’effort de lecture à faire !).
Mais où se transmet l’information à la télévision ? Dans les journaux télévisés ? Dans l’article précédent, nous avions vu que les reportages duraient en moyenne deux à trois minutes. C’est donc trop court. Dans les magazines et les talk-shows ? Ils sont suffisamment longs pour retenir l’attention, mais le traitement de l’homosexualité est irrégulier.
En fait, le format de télévision à la fois long et fréquent qui peut traiter de l’homosexualité est … la série télévisée. Si celle-ci possède au minimum un personnage gay ou lesbien, elle permet au téléspectateur chaque semaine de voir ce qu’est l’homosexualité (ou en tout cas ce qu’on en montre), et donc en partie inconsciemment de s’informer, ce qui peut permettre de défaire les préjugés et les réticences envers l’homosexualité.
Ainsi, nous allons voir que les séries télévisées ont grandement participé à l’évolution des mentalités. Car il y a un quart de siècle, l’homosexualité était totalement absente du petit écran : il faudra attendre en France l’année 1982 pour voir un rôle d’homosexuel à la télévision ! Mais à partir de cette date, la machine vers plus de visibilité sera lancée ! Et de par là même la machine à informer. Modestement, bien sûr, mais suffisamment pour donner une autre image de l’homosexualité, plus visible, plus affichée, plus positive.
A partir de l’apparition du premier personnage gay à la télévision française, on assista à une triple évolution de la présence des personnages gays et lesbiens dans les séries télévisées, à la fois quantitative, qualitative, et segmentaire, qui se fera en quatre étapes.

1982-1983 : L’apparition des premiers personnages gays à la télévision.

La visibilité gay apparait vers les années 1982-1983. C’est en 1982 qu’apparait le premier personnage gay, Kitt Mainwearing, dans la série « Dallas » sur TF1. Il est un riche héritier de la famille Mainwearing, et accepte de se marier avec Lucy Ewing, la nièce de JR. Mais se rendant compte que Lucy Ewing l’aime vraiment, il décide de lui révéler son homosexualité et de rompre les fiançailles pour ne pas la rendre malheureuse. Il n’apparait que dans un épisode, mais c’est un début. Il faudra attendre l’année suivante, soit 1984, pour que soit diffusée sur FR3 la série « Dynastie » qui possède le premier personnage gay récurrent, Steven Carrington, appartenant pleinement à la distribution.

Document 1

Pour avoir une image en grand format, cliquez sur la miniatiure ci-dessous :

1983-1996 : les débuts de la visibilité.

Le personnage Steven Carrington sera pendant une décennie la seule véritable référence gay sur le petit écran. Et quelle référence : mal accepté par son père, ses petits amis ont une fâcheuse tendance à mourir, censure des gestes d’affection … Bref, même si Steven peut attirer la sympathie, on ne peut pas dire qu’il vit une vie joyeuse et ouverte. Il donnera à de nombreux parents téléspectateurs l’image qu’être homosexuel ne conduit pas spécialement au bonheur et rend la vie plus difficile qu’autre chose. Et ce, jusqu’en 1990, date de la fin de la dernière saison de la série en France. Il faut dire que peu d’autres personnages gays apparaitront entretemps.
En 1984 est diffusée sur la chaine Canal + la sitcom américaine « Soap » (1977-1981). Cette sitcom délirante, vaudevillesque, burlesque, et subversive, parfois poussant jusqu’à l’absurde, racontait l’histoire de deux familles, les Tate et les Campbell, et brisait énormément de tabous : majordome irrespectueux, prêtre qui se marie, mari volage, etc…. L’un de ces tabous fut la présence d’un personnage ouvertement gay : Jodie Dallas, interprété par Billy Cristal. Durant la première saison, il a pour petit ami le quaterback Dennis Phillips, mais celui-ci préfère rompre pour éviter que leur liaison s’ébruite. La série ne rencontrant pas de succès, Canal + interromps la diffusion … ce qui n’est pas plus mal vu ce qui arrive à Jodie par la suite : remise en cause de son homosexualité, volonté de changer de sexe, puis hétérosexalisation puisqu’il sortira avec Carol David, et même se fiancera avec Maggie Chandler. Bref, Jodie est un personnage maltraité de bout en bout par les scénaristes qui en font un inconstant. Dommage. Quoiqu’il en soit, cela entretient dans la tête du téléspectateur qu’un gay peut devenir hétérosexuel avec un peu de bonne volonté.
En 1989, toujours sur Canal +, est diffusée la série britannique « Allo Allo » (1982-1989). Ce chef d’œuvre d’humour anglais raconte comment durant la Seconde Guerre Mondiale, en zone occupée par les nazis, René Artois, un tavernier Français, tente de survire en travaillant pour la résistance, notamment en cachant deux parachutistes anglais complètement perdus ne pouvant renter chez eux, tout en collaborant à moitié avec l’occupant nazi, plus occupé à essayer de retrouver le tableau de « La Madone aux gros roploplos » qu’à traquer les résistants, et tout ceci en tentant de voir ses maîtresses sans se faire remarquer par sa femme Edith. Dans cette joyeuse et loufoque distribution, on trouve le lieutenant Hubert Gruber, un allemand donc, occupant de son état … et follement amoureux de René (qui décidemment à beaucoup de succès). Plutôt du genre sensible, pas franchement violent et autoritaire, légèrement efféminé. Finalement très sympathique, mais malheureux en amour car son objet de désir ne lui répondra jamais, hétérosexualité oblige, il est ici utilisé à des ressorts comiques. Comme tous les autres personnages de la série, car vous aurez devinez qu’il s’agit ici d’une comédie. Mais son principal ressort comique reste son amour impossible envers René, et tous les services qu’il peut lui rendre pour essayer d’obtenir discrètement ses faveurs. Il reste donc un personnage asexué condamné à ne pouvoir trouver l’amour.
En 1991, Canal + toujours diffuse le dessin animé « Les Simpsons » (1989). Subversif, critique, cette série toujours en cours montre le personnage de Waylon Smithers, l’homme de main du richissime Charles Montgomery Burns, dont il est secrètement amoureux. eh oui, car si des indices nous montrent bien qu’il est gay, tout n’est au départ que sous-entendus. En tout cas il reste un personnage « in the closet », au placard.
Dans « Une famille formidable » (1992), cette série française qui tous les deux-trois ans nous offre trois épisodes d’une heure trente nous contant les aventures du couple Catherine et Jacques Beaumont et de leur famille, montre le personnage gay d’Alexis qui fait son coming-out à son meilleur ami Nicolas Beaumont, fils ainé du couple phare de la série. Si Alexis est bien accueilli par la famille Beaumont, et qu’il se met en couple, montrant une image du bonheur, le problème est que l’on reste sur un cliché : car Alexis est en couple avec un homme bien plus âgé que lui. L’idée de l’homosexuel qui préfère les jeunes reste ancrée … et continue de se transmettre aux téléspectateurs.
Bref, pendant une dizaine d’années, la présence de l’homosexualité à l’écran reste rare, et conforte toujours les clichés, voire les renforce.

La réapparition significative de personnages gays se fait au dans les années 1990’, notamment dans des séries à succès. Ainsi, en 1993, dans la sitcom « Roseanne » (1988-1997) diffusée sur M6, apparait le personnage de Leon Carp, le patron de Roseanne justement. Rien d’étonnant là encore car cette sitcom était très subversive pour l’époque, brisant elle aussi beaucoup de tabous. Leon Carp est un personnage secondaire, qui n’apparait pas dans tous les épisodes, mais suffisamment régulièrement pour être récurrent et marquant, d’autant qu’il s’affiche ouvertement homosexuel, et connaitra plusieurs histoires de cœur. Il est intéressant de voir qu’en plus le personnage permet aux autres personnages de parler parfois d’homosexualité. Ainsi, un jour que Dan, le mari de Roseanne, organise une partie de cartes dans la cuisine avec des amis à laquelle arrive et participe à l’improviste Léon, lorsque ceux-ci apprennent son homosexualité, un lourd silence s’installe… La conversation a du mal à être relancée. Le départ rapide de Léon soulage quelque peu le groupe de joueurs, ce qui ne passe pas inaperçu de l’œil de Jackie Harris, la sœur de Roseanne. Celle-ci lui reproche son attitude, et lui demande ce que cela lui ferait si l’un de ses enfants était homosexuel. Tout ce qu’il trouve à dire est qu’il ne préfère pas y penser et que cela n’arrivera pas. Lorsque Jackie réinsiste, il redit fermement les mêmes propos, à la limite de l’énervement. Cette scène, aussi réaliste soit-elle, mais violente, montre bien pour le spectateur lambda que l’homosexualité d’un enfant n’est pas désirée … ni forcément désirable pour un nombre important de personnes à l’époque.
Mais c’est surtout en 1994, sur TF1, qu’est diffusée la série « Melrose place » (1992-1999), où apparaît le personnage de Matt Fielding. Là, c’est un des personnages principaux de la distribution. C’est donc un tournant. Mais pourtant il restera un personnage « clean », alors que la série était quand même assez trash puisque tout le monde couchait avec tout le monde : peu de petits-amis et rarement pour longtemps, comme ce militaire qui se découvrait gay et n’a pas osé rester avec lui (durée = deux épisodes), des baisers censurés … Bref, un condamné au célibat. Et lorsqu’enfin on pense qu’il trouve l’amour et engage une relation sérieuse avec un autre homme, on apprend que celui-ci avait monté toute une machination pour faire accuser Matt du meurtre de sa femme (bon, en même temps, là, c’est vraiment du Melrose Place).
Toujours en 1994, toujours sur TF1, la sitcom « Les filles d’à côté » d’AB production est diffusé en semaine en accès prime time. C’est dans cette série que marquera pour une génération entière l’image de la « folle ». Gérard, le prof de gym qui tient la salle de sport au sous-sol de l’immeuble, est un homme très musclé, qui s’habille moulant et montre ainsi toujours ses muscles … mais beaucoup considère qu’il n’est pas très viril car il est très maniérée, a toujours le petit doigt en l’air, une voix très aigüe surtout lorsqu’il pique une colère ou une crise d’angoisse... Bref vous l’aurez compris, Gérard est une gym-queen efféminée. Qui plus est complètement asexué (aucun petit ami en vue à l’horizon, rien). Le personnage, certes, éminent gentil et plutôt populaire, va marquer durablement les esprits en renforçant les clichés homophobes…

La visibilité des lesbiennes sera plus tardive. Il faudra attendre 1996 pour voir apparaitre les premiers personnages lesbiens, elles-aussi dans des séries à succès. Eh oui, le sexisme existe aussi à la télévision. Sur TF1 apparait la série « Xena, la princesse guerrière » (1995-2001), où l’on voit deux femmes, Xena et Gabrielle, vivre à travers leurs aventures une profonde amitié, mais avec tant de sous-entendus que les personnes équipées d’un gaydar ont facilement reconnu des personnages cryto-lesbiens. Si dans les premières saisons, tout est dans le sous-entendu (plus difficile d’ailleurs à cerner dans la version française, tant le doublage a censuré des dialogues utiles pour comprendre leur relation, mais heureusement les regards ne trompaient pas), elles montreront leur amour vers la fin de la série.
La même année, sur Canal Jimmy, sont diffusés les premiers épisodes de la célèbre sitcom « Friends » (1995-2004), racontant l’amitié de Ross, Rachel, Joey, Chandler, Joey et Phoebe. Ross Geller doit se séparer de sa femme Carol qui est devenu lesbienne depuis qu’elle a rencontré Susan. Mais la séparation se fait lorsque Carol est enceinte de Ross ! Tous les trois décident que l’enfant, qu’ils appelleront Ben, sera élevé par Carol et Susan, et Ross restera présent et disponible pour son fils. Il s’agit ainsi non seulement de la première présence de lesbiennes à l’écran, mais en plus en couple, et qu’y plus est, faisant l’expérience de l’homoparentalité ! Homoparentalité plutôt réussi visiblement car Ben, en grandissant au fil des saisons, ne montrera pas de questionnement sur sa situation familiale. Il fut un moment question de créer un spin-off (série dérivée) centré sur ces personnages secondaires mais à la trame bien construite. Mais le projet n’eut pas de suite. Quoiqu’il en soit, ce couple lesbien, heureux en ménage et parents, est montré à la France entière face au succès de la série dès son passage sur France 2 deux ans plus tard.

Document 2

1996-2003 : la phase de l’affirmation

Après cette période de début de visibilité (entre 1982 et 1996 donc), la seconde moitié des années 1990’ voit la multiplication des séries télévisées ayant son ou ses personnages homosexuels. Désormais, c’est une période de profusion de l’offre de personnages gays et lesbiens à la télévision, aussi bien dans des rôles d’apparition que des rôles secondaires et surtout principaux. Tous les ans, au minimum trois nouvelles séries apparaissent sur les écrans avec au moins un personnage gay ou lesbien récurrent, le pic étant en 2001 avec douze séries recensées. Bref, il y a du choix. Cette profusion donne au téléspectateur lambda l’idée que les personnes LGBT existent, sont nombreuses et loin d’être une minorité invisible, et aux personnes LGBT isolées, particulièrement les plus jeunes en quête d’identité et de modèles, qu’elles ne sont pas seules.
Mais l’évolution est aussi qualitative : il ne s’agit plus seulement de multiplier les personnages gays et lesbiens, il s’agit de les développer, de les rendre plus consistants, et de par là même plus réels, plus proche de la réalité. Et donc de leur faire vivre de réelles histoires de cœur. Ainsi, la phase comprise entre 1996 et 2003 correspond à une période d’affirmation, c'est-à-dire une période où, contrairement à la précédente, les personnages gays et lesbiens vivent heureux, sans contrainte, ni tabou.
Chez les personnages gays, une série va apporter sa révolution : c’est « Oz » (1997-2003), la série américaine sur l’enfer carcéral. Diffusée sur la chaine Série Club qui s’en servit comme produit d’appel avec succès dès 1998. Cette série suit dans la prison d’Emerald City toute une série de prisonniers qui vivent dans une ambiance de répression des gardiens, de drogues, de violence et de meurtres, de viols. On suit notamment le personnage de Tobias Beecher, notre candide qui va découvrir l’horreur de l’univers carcéral. Dès le premier épisode, il est emprisonné pour meurtre involontaire par conduite en état d’ivresse. Il est accueilli par Vern Schillinger, un nazi qui va rapidement en faire son objet sexuel. A force de viols, Tobias finit par se révolter et à humilier Schillinger au plus haut point en lui déféquant sur le visage. Dès lors, Vern n’attend que sa vengeance. Il fait appel à un ancien de ses « protégés », Chris Keller, qui est chargé de le charmer pour gagner sa confiance, pour ensuite le briser psychologiquement. Ce travail d’approche va largement réussir, et se conclure par une scène de baiser mémorable (qui conduira d’ailleurs Chris en cellule d’isolement). Tobias tombant finalement amoureux de Chris, la supercherie est démasquée : abasourdi, il ne peut se défendre contre Vern et Chris qui lui brisent les bras et les jambes. La vengeance de Vern est totale car Tobias est totalement dévasté physiquement et moralement. Mais Chris regrette sa trahison envers Tobias… Ceci n’est que le début de la complexe histoire d’amour, de sexe, et de haine qui va lier les deux personnages. C’est ainsi que pour la première fois on verra à la télévision un baiser entre homme sans censure, et même avec passion, mais aussi des relations sexuelles entre hommes (même si la plupart du temps il s’agit plutôt de viols). Une telle liberté de ton ne fut possible que parce que cette série fut produite par la chaine du câble américaine payante HBO. D’ailleurs, à dire vrai, il ne s’agit pas seulement d’un baiser gay : il s’agit en fait d’un baiser bisexuel ! Tobias était avant un mari et père de famille, mais il devient bisexuel en tombant amoureux de Chris. Quand à Chris, même s’il a été marié à plusieurs reprises, il avait déjà eut des relations homosexuelles, certes en prison, puisqu’initié par Vern, mais aussi à l’extérieur (même si pour le coup il est aussi devenu un meurtrier homophobe… le personnage est très complexe et inquiétant, mais fascinant). Une série innovante et inégalée, mais uniquement visible sur le câble/satellite à l’époque.
Pour le grand public ne disposant pas du câble/satellite, il faudra attendre 2001 pour voir un personnage gay s’affirmer. Dans la série américaine pour adolescents « Dawson » (1998-2003), qui raconte les amours et amitiés d’un groupe d’amis dans la petite ville de Capside, le personnage de Jack McPhee apparait durant la saison 2. Le personnage avait déjà fait grand bruit lorsqu’il fit son coming-out dans la série. La première fois en plein cours, de manière forcée, parce que son professeur de littérature, qui avait donné comme devoir de rédiger un poème, le força à le lire devant toute la classe : sauf que le poème contenait ses confusions et ses troubles envers les garçons. La seconde fois à son père, dans les cris et les larmes, mais bouleversant. Ces deux épisodes furent très commentés, et touchèrent de nombreux jeunes téléspectateurs, mais particulièrement des gays et lesbiennes, dont certains firent leur coming-out sitôt après avoir éteint la télévision. Et bien dans la saison 3, il finit par tomber sous le charme d’un jeune garçon prénommé Tobey et échangent un baiser … en gros plan, sans coupe ni censure. Une première à heure de grande écoute. Il est dommage que le personnage de Jack McPhee fût mal construit après le départ du scénariste Kevin Williamson. Il n’y aura que des histoires d’amours chastes, le plus souvent conclus par un baiser au final de la saison … avant que la liaison ne se termine. Bref, si le personnage de Jack McPhee a ouvert des portes, il ne les a pas ouverte en grand. Frustrant.
Comme précédemment, les personnages lesbiens qui s’assument apparaissent plus tardivement. Lorsque le coming-out de l’actrice Ellen DeGeneres, aussi bien dans la vrai vie que celui de son personnage Ellen Morgan dans la sitcom éponyme « Ellen » (1994-1998), fait un battage médiatique qui réussit à traverser l’Atlantique en 1997, alors même que l’actrice et la série sont totalement inconnue, la chaine RTL9 décide d’acheter la série qu’elle diffusa en 1999. Ellen Morgan devient alors le premier personnage principal lesbien officiellement out (contrairement à Xena et Gabrielle dans « Xena la princesse guerrière qui en sont encore restées au crypto-lesbien). Toutefois son impact sera très limité en France, car d’une part c’était sur le câble/satellite, d’autre part elle a fait peu d’audience (la preuve, elle ne sera pas rediffusée). Qui plus est, même si ce personnage s’affirme lesbienne après un coming-out tonitruant dans une salle d’aéroport avec micro, les scénaristes vont ensuite lui écrire des histoires d’amour maladroites … avant qu’elle ne ressorte avec un garçon. Bref, un coup pour rien.

Les choses vont en fait bouger en France avec une autre série, populaire celle-ci. La série américaine pour adolescent « Buffy pour les vampires » (1997-2003), diffusée sur Série Club et M6, ira plus loin. La série raconte les aventures de Buffy Summers - l’Elue - la Tueuses de vampires, et de ses amis du scooby gang, dont fait partie Willow Rosenberg. Durant la saison 4, s’initiant à la magie, elle tombe sous le charme d’une autre magicienne : Tara Maclay. Après des interrogations sur ces sentiments (son ancien amour, Oz, était un garçon), Tara accepte ses sentiments et toutes deux échangent un baiser, là encore en gros plan, ni coupe, ni censure. Il s’agit du premier baiser lesbien sur une grande chaine française. Et ce qui est mieux encore par rapport à Jack McPhee de « Dawson », c’est que leur relation durera et sera très visible, surtout durant la saison 6, où leur liaison sera affichée, pleine de mots tendres et de gestes d’affection. La mort de Tara à la fin de la saison 6 fera pleurer plus d’un(e) adolescent(es). La même série franchira encore une nouvelle limite, la dernière possible peut être, en mettant dans la saison 7 en 2003 une relation physique entre Willow et Kennedy, sa nouvelle amante. On attend toujours l’équivalence pour une scène gay dans une série à grande écoute !
Ainsi, cette phase d’affirmation a été une phase d’amélioration qualitative de la représentation de l’homosexualité sur le petit écran. Car s’il l’on récapitule, on représentait au début les homosexuels plutôt de la façon suivante:
- caricaturaux, efféminés (Gruber dans « Allo Allo », Gérard dans « les filles d’à côté », John Irvin dans « NYPD Blues, Jack McFarland dans « Will and Grace », Philippe Gatin dans « Camera café » notamment)
- changeant tout simplement de sexualité aussi facilement que l’on peut dire ouf (Steven Carrington de « Dynastie », Jodie Dallas de « Soap », Ellen Morgan dans « Ellen »...)
- souvent célibataires (Matt Fielding au début dans « Melrose Place », Gérard dans « les filles d’à côté », Will Truman pendant de nombreuses années dans « Will and Grace », Carter Heywood dans « Spin City », etc…)
- malheureux en amour (Steven Carrington dans « Dynastie » et ses petits amis qui ont une fâcheuse tendance à mourir ; ou Matt Fielding dans « Melrose Place »…)
- s’ils avaient des petits amis, on ne montrait quasiment jamais de sexualité ou de gestes affectueux avec un partenaire (Steven Carrington, Matt Fielding, Gérard, Will Truman, Jack McPhee dans Dawson, etc…)
- généralement seul homo dans leur environnement amical et familial
- généralement un mec (les lesbiennes, çà n’existe pas voyons)
- parfois suicidaires (Gaël dans « La vie devant nous »)
Enfin bref, pas de quoi forcément sauter de joie. Ni de contredire les préjugés. Pourquoi croyez-vous que des parents pensent que leur enfant risque d’être malheureux lorsque celui-ci/celle-ci a fait un coming-out ? Parce que c’est la télévision qui le dit voyons !

Heureusement, les choses changent progressivement pour montrer :
- la parité : oui enfin les lesbiennes prennent une plus grande place
- des coming-out
- des couples, qui s’embrassent voire font l’amour en plus (Carol et Susan dans « Friends », Willow Rosenberg et Tara, puis Kennedy dans « Buffy », David Fisher et Keith Charles dans « Six feet under », Dylan ou Alex et Paige dans « Degrassi », Thomas et Nicolas dans « Plus belle la vie », Laurent Zelder avec ses compagnons successifs dans « Avocats et associés », Alex et ses compagnons successifs dans « Et Alors ? », etc…)
- on commence même à mettre des personnes de couleurs (Keith dans « Six feet under », Original Cindy dans « Dark Angel »…)
- et même l’homoparentalité (Carol et Susan dans « Friends », David et Keith dans « Six Feet Under », Lindsay et Mélanie dans « Queer as folk US »…)
Cette meilleure représentation, où ils sont désormais traités comme les autres personnages, permet de faire changer les mentalités en brisant les préjugés (les pds sont des malades, pervers et malheureux…) : c’est en bonne partie ainsi que les gays et les lesbiennes ont conquis par l’effort de scénaristes une image moins caricaturale et plus « normalisée » au sein de la société. D’autant plus que cela permet de donner des modèles pour les jeunes générations encore marginalisées par le manque d’éducation ou de prévention. Ainsi, la multiplication des personnages gays et lesbiens à la télévision suit l’évolution de la tolérance et de leur acceptation dans la société.

Et demain ? Vers la segmentation ou l’intégration ?

Il ne faut toutefois pas idéaliser ce qui vient de précéder. Les gays et les lesbiennes peuvent désormais être traité de manière égale aux autres personnages, vivre des histoires d’amour et de sexualité, s’embrasser à l’écran, certes. Les tabous sont donc tombés. Mais de là à dire qu’ils se sont généralisés serait abuser. C’est bien pour cela que l’histoire d’amour entre Andrew Van de Camp et Justin dans la série « Desperate housewives » (2004) déchaine de telles réactions : parce que cela reste relativement rare, surtout dans une série à grosse audience. C’est bien à partir de cette frustration de ne pouvoir avoir plus régulièrement ce type d’histoire et de traitement qu’ont commencé à émerger des séries se concentrant sur des personnages gays ou lesbiens et leurs histoires. C’est en 1999 qu’apparaissent deux séries de ce type.
La chaine Canal + diffusa en 1999 la série britannique « Queer as folk » (1999-200). Elle raconte l’histoire d’un triangle amoureux composé de Nathan, jeune gay de 15 ans qui découvre le quartier gay de Manchester et tombe follement amoureux de Stuart, un adulte dont la principale satisfaction est de plaire, ce qui lui permet de collectionner les conquêtes d’un soir, dont Nathan, qui s’avère beaucoup plus collant qu’il ne l’aurait penser. Vince vient compléter ce trio : c’est le meilleur ami de Stuart, lui aussi gay, mais beaucoup moins confiant en lui, ce qui ne lui permet pas d’avoir beaucoup de succès et explique aussi en partie son célibat. De toute façon, son cœur est en fait déjà pris car il n’ose s’avouer qu’il est amoureux de Stuart. Pour la première fois à l’écran, une série racontait uniquement des histoires gays. Elle était aussi beaucoup plus crue, puisqu’elle contenait des scènes de baiser et de sexe nombreuses et non censurées. Bref la série rendait visible ce qui ne pouvait être vue ailleurs.
Le succès de la série allait progressivement s’essaimer. Une version américaine, « Queer as folk » (version US donc), débarque elle aussi sur Canal + dès 2002. Son succès encourage la programmation d’autres programmes exclusivement gays ou lesbiens qui vont se multiplier à partir de 2005 : pour l’instant on compte « The L world » (2004), « Dante’s cove » (2005), et « Noah’s arc » (2005-->). Mais ces séries ne sont diffusées que sur des chaines payantes, Canal + ou Pink TV. De ce fait, elles ne sont pas visibles par une très grande partie de la population et ne permettent pas de changer les mentalités. Il s’agit donc de séries ayant pour but de satisfaire un public homosexuel, et non populaire. Voilà pourquoi on peut parler de segmentation … et certains diront même de repli identitaire, ce qui n’est pas forcément souhaitable. Tout dépend en fait de la volonté de chaines nationales de diffuser ce type de programme … à une case horaire descente. La diffusion en 2006 de la série « Queer as folk version UK » sur M6 après minuit montre pour l’instant leurs réticences : la sexualité gay affichée fait encore peur (en même temps les scènes de sexe sont assez « chaudes ».) La question est posée : les séries gays peuvent-elles en même temps répondre aux désirs des gays et des lesbiennes de se voir mieux représenter tout en restant grand public ?
Le deuxième type de série qui apparait en France en 1999 est la série « multi sexuelle ». Sur la chaine Téva débarque la série américaine « Les chroniques de San Francisco » (1994-2001), adaptation de l’œuvre d’Armistead Maupin. La série raconte les aventures des habitants d’une résidence tenue par Mme Madrigal (une transsexuelle) : Mary Ann et Brian sont hétérosexuels, Michael « Mousse » est gay, Mona bisexuelle … Bref toutes les sexualités et tous les genres sont présents. La série permet de suivre leurs histoires sentimentales … tout en évitant de montrer trop de nudité. Elle est donc plus grand public.
Ce type de série va elle aussi se multiplier et débarquer confidentiellement à la télévision française : en 2001 est diffusée sur Canal Jimmy la série britannique « Metrosexuality » (2001) ; la série britannique « Tinsel town » (2000-2001) arrive sur la même chaine en 2005 ; l’année 2005 voit aussi arriver la série canadienne « Bienvenue à Paradise Fall » (2001-2004) et la série américaine « Godiva’s » (2005-->) sur Pink TV. Ces séries vont ainsi montrer toutes les formes possibles de sexualité, et notamment la bisexualité jusqu’ici sous représentée. Ces séries sont en général construites pour être regardées par un large public … même si elles ne l’ont pas forcément trouver, en tout cas en France, soit au vue de leur chaine ou de leur horaire de diffusion, soit à cause de leur qualité scénaristique, voir les trois. L’amorce est en tout cas en route, d’autant qu’au Royaume-Uni est en train de naitre le phénomène « Torchwood » (2006), encore inédit en France.
« Torchwood » est un spin-off (série dérivée) de la populaire série britannique « Dr Who ». Torchwood est le nom d’un institut secret créé par la reine Victoria au 19e siècle pour lutter contre les phénomènes étranges ou extraterrestres (une conséquence de la rencontre avec le docteur Who – ah oui, pour ceux qui ne connaissent pas, ce docteur peut voyager dans le temps). La série se concentre sur l’une de ses cellules basée à Cardiff. Elle est composée de 5 membres : le chef de la cellule, soit le capitaine Jack Harkness (un ancien criminel qui s’est reconvertit grâce à Rose dans « Dr Who », ouvertement bisexuel), qui dirige les membres Gwen Cooper, Owen Harper, Toshiko Sato et Ianto. En fait, dans cette série, tout le monde est plus ou moins bisexuel. Les scénaristes se sont amusés à dessiner des relations multiples entre les différents personnages, aussi bien hétérosexuelles qu’homosexuelles.
Ainsi, lors d’une conversation entre quatre membres de l’équipe pour savoir qu’elle était la sexualité du capitaine Jack, Toshiko le décrit parfaitement comme étant quelqu’un que se taperait n’importe qui du moment que la personne est suffisamment belle. Toshiko est plus ou moins attirée par Owen, mais a aussi eut une relation sexuelle avec Marie, une fille venue du passé dans l’épisode « Greeks bearing gifts ». Dans l’épisode « Everything changes », Owen Harper séduit une femme dans un bar à l’aide d’un spray, une technologie extraterrestre qui rend la personne en face dingue de vous. Sauf que cette femme a déjà un petit ami, qui, pas content, les rattrape et le menace de lui casser la figure. Pour s’en tirer, Owen utilise le spray … pour charmer l’agressif petit ami ! Mais surtout, et c’est ce qui passionne le public outre-manche, Ianto est montré dans une relation hétérosexuelle avec Lisa, l’amour de sa vie, qu’il tente de ressusciter dans l’épisode « Cyberwoman », mais engage progressivement une relation avec le Capitaine Jack, d’abord par des allusions sexuelles (dans l’épisode « They keep killing Suzy », Ianto fait des avances très coquines à Jack en proposant d’utiliser une montre capable de jouer avec le temps) puis plus clairement (comme la scène du baiser final entre eux deux dans « End of days »). Ce type de série montre en fait l’intégration de toutes les sexualités pour la première fois dans une série populaire et grand public (ce n’est pas là qu’il faut aller voir de la nudité) : elle les banalisent, les romancent même, et permettent de faire effondrer des préjugés basés sur l’orientation sexuelle. Les fans français attendent sa diffusion à la rentrée sur Europe2TV.

Pour conclure

Ainsi, en l’espace de deux décennies, l’homosexualité dans les séries a profondément évolué vers une amélioration quantitative et qualitative. Cette évolution accompagne la progression de la tolérance et de l’acceptation de l’homosexualité en France, même si elle reste difficile à évaluer. On peut bien évidemment poursuivre le même raisonnement avec le cinéma, la littérature, la publicité, la téléréalité, la musique, etc…
Il se profile actuellement deux voies pour la présence de personnages gays et lesbiens affirmés dans les séries télévisées. La première est la voie de la segmentation, qui s’est développée en même temps que les chaines gays : on montre plus, on montre même parfois tout, ce qui n’en font pas tous des séries grand public. La deuxième est la voie de l’intégration, ou toutes les formes de sexualité sont montrés sans voyeurisme pour un public populaire. Le futur nous dira ce qui se passera…
Dans notre prochain article, nous montrerons l’impact des séries télévisées sur le public gay et lesbien.


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Petite biographie

* Des articles sur la présence lesbienne à la télévision des écrans mauves « parce que la visibilité importe »
http://ecranmauve.canalblog.com/archives/series/p0-0.html
Un classement des 10 meilleures séries à présence lesbienne d’après l’univers-L
http://www.univers-l.com/top_ten_series_page1.htm
* Une liste extrêmement complète des séries ayant des personnages gays, lesbiens, bisexuels, transsexuels des années 1960’ à nos jours (en anglais)
David A. Wyatt, "Gay/Lesbian/Bisexual Television Characters”
http://home.cc.umanitoba.ca/~wyatt/tv-characters.html#1961
http://home.cc.umanitoba.ca/~wyatt/tv-char1970s.html#1971
http://home.cc.umanitoba.ca/~wyatt/tv-char1980s.html
http://home.cc.umanitoba.ca/~wyatt/tv-char1990s.html#1991
http://home.cc.umanitoba.ca/~wyatt/tv-char2000s.html#2001
* Une liste moins complète en français sur Wikipedia
- « Homosexualité dans les séries télévisées » 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homosexualit%C3%A9_%C3%A0_la_t%C3%A9l%C3%A9vision
* Des annuaires encyclopédiques plus généralistes
annuséries. com : http://www.leflt.com/annuseries/encyclopedie/
allo ciné : http://www.allocine.fr/



Nouvelle campagne du Syndicat National des Entreprises Gay et Gay-friendly (novembre 2008)
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Septième article de la série consacrée à la place des gays et des lesbiennes dans la société française. On constate une évolution du traitement journalistique de la "Marche des Fiertés" à la télévision, vers plus de professionnalisme (ouf !). Par notre collaborateur : Kim, 31 ans.


La progression rapide de la tolérance et de l’acceptation des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles) en France ne peut s’expliquer que par l’effondrement des clichés (le garçon efféminé ou la fille masculine par exemple) et des préjugés (malade ou pervers par exemple) dont ils étaient victimes. Comment ces clichés et préjugés se sont-ils en partie effondrés ? Pour en parler, nous allons prendre en exemple le traitement journalistique de la Gay Pride (appelée "Marche des Fiertés" depuis 2002).

Celui-ci a un triple intérêt. Le premier est que c’est un sujet marronnier, c'est-à-dire qui revient périodiquement chaque année à la même époque, ce qui facilite les comparaisons d’années en années. Le deuxième est que le reportage télévisé est quand même le média le plus populaire comme source d’informations pour les Français, ce qui veut dire qu’il a plus d’impact que tout autre média au sein de la population. Le troisième est que le traitement de la Gay Pride dans le journal télévisé a été pendant longtemps l’un des rares moments où l’on pouvait voir des homosexuels à la télévision, ce qui bien évidemment marque plus facilement les esprits de ceux qui n’avaient pas ou ne connaissaient pas d’homosexuels dans leur entourage, et a donc longtemps forgé leurs représentations des homosexuels.

J’ai bien évidemment un problème de sources pour traiter ce sujet, car je ne dispose pas que de peu de journaux télévisés traitant de la Gay Pride. Ce qui est quand même problématique lorsque l’on veut étudier le sujet entre les années 1978 (année de la première Gay Pride en France) et 1996 (eh oui, le premier reportage que je possède ne date que de 1997 !). Mais bon, à la limite ce n’est pas trop grave, je me contenterai d’étudier trois journaux télévisés de trois années différentes : 1997 (journal de FR3), 2000 (journal d’Antenne 2), et 2006 (journal de TF1). On constatera qu’il ne s’agit pas des mêmes chaines ni donc des mêmes rédactions. Mais rien que l’étude de ces trois journaux montre une réelle évolution, et puis on peut quand même obtenir des confirmations de tendances en consultant le site de Média-G, donc...

Pour mesurer l’évolution du traitement de l’information, nous allons établir deux choses. La première est le temps d’antenne consacré à des images que je vais (peut-être abusivement) qualifier de « racoleuses » (les images montrant des drag-queens, des travestis, des personnes dénudées - et ceci uniquement pour les montrer, un peu comme des bêtes de foire) parce qu’elles peuvent choquer un certains public et les conforter dans leurs préjugés. Vous avez le droit de protester, mais attention, je précise bien que ce qui est reproché n’est pas de montrer ce type de manifestants, mais une certaine façon de le faire – sans discours, commentaires, uniquement pour faire de l’image. La seconde est le traitement de l’information, où l’on verra comment est qualifiée la manifestation et si le mot d’ordre des revendications de l’année a été bien transmis. Bref, on analyse le discours et l’image.

La Marche des Fiertés : une mauvaise réputation tenace...

Pour rappel, en 1997, 55 % des Français considéraient que l’homosexualité est une manière de vivre sa sexualité. Fait nouveau maintenant : dans un sondage réalisé par IFOP et publié par le quotidien Le Monde le samedi 22 juin 1996, à la question « Trouvez-vous plutôt choquant ou pas choquant l’existence de manifestations ou de défilés homosexuels tels que la Gay Pride ? », 46 % des sondés avaient répondus choquant, contre 50 % pas choquant. Que trouvent-ils de choquant ?
Pour le savoir, et ce malgré une dizaine d’années d’écart, on peut regarder aujourd’hui sur des forums de discussions sur internet pour s’en informer. J’ai ainsi par exemple que j’ai pu trouver un topic de 2006 parlant de la gay pride. En voici quelques extraits (dont les auteurs resteront anonymes, même si je fournis le lien ici :
http://forums.france2.fr/france2/avousdejuger/homosexualite-sujet_3609_1.htm )

- « Et alors la Gay pride c'est du cirque de la provocation, pas besoin pour revendiquer une cause de s'exhiber à la limite de l'outrage aux bonnes mœurs ».
- « Je pense que la gay pride n'arragera pas votre combat, ce type de parade a la limite de la descence ne plaide pas en votre sens pour l'adoption ou tout autre évolution de votre statut, […] Comment une société pourait jouer la fragilité d'enfant dans des couples ou les personnes ce comporte comme dans vos défilé ? »
- « Je suis assez d'accord avec ceux qui pensent que la Gay Pride a des effets négatifs sur la perception du problème de l'homosexualité. »
- « la question que je me pose c'est pourquoi ant d'homo se definissent par leur sexualité? est ce que je m'affiche et me defini comme hetero? […] tout l emonde s'en fiche de ce qu'ils font dans leur chambre a coucher!»
- « peut-être parce qu'ils subissent des discriminations ? »
- « peut etre qu'en ne portant pas ses activités personnelles en etendard ils ne seraient pas discriminés!
que chacun fasse ce qu'il veut chez lui, personne n'a besoin de le savoir! Vivons heureux, vivons caché »
- « Bonjour, Je ne suis pas contre l'homosexualité. Par contre je suis contre le fait de faire des manifestations (gay pride, act-up, etc...) à tout bout de champ. Pourquoi devoir afficher partout ses préférences sexuelles ? Si une personne aime faire l'amour avec 2 ou plusieurs personnes, cela regarde qui ? Pourquoi en parler partout ? Pourquoi aller hurler ceci dans la rue ? Pourquoi "défiler" pour parler de ça ? C'est "personnel", on n'a pas à imposer ses propres préférences, à balancer à tout le monde ce que l'on fait au lit et avec qui. Encore une fois : c'est ce "déballage" qui fatigue tout le monde et qui fait que certains peuvent réagir violemment. Pourquoi toujours parler de sa sexualité ? »

Donc, si on résume, nous obtenons : provocation, exhibition, limite d’outrage aux bonnes mœurs, limite de la décence, aspects négatifs, affichage de la sexualité, déballage. Tous ces termes ont une forte connotation sexuelle. Lorsque l’on lit ses mots, et si l’on n’a jamais assisté à une Gay Pride, on jurerait donc que cette manifestation est une sorte d’orgie. Pourtant, ceux qui y sont déjà allés vous diront le contraire. D’ailleurs, ceux qui tiennent ce type de propos ont-ils assistés à une Gay-Pride ? Il y a de grandes chances que non. Alors, pourquoi cette réputation ?

La Gay Pride, auparavant une mauvaise représentation à la télévision...

On peut postuler, sans trop se tromper, que l’image de la Gay Pride qu’ils ont vient des médias. Il est donc intéressant de regarder comment les médias traitent cet événement.

L’année 1997. Le sujet (présentation + reportage) dure 2m24s. Vous pouvez consulter gratuitement ce reportage du journal de FR3 du 28/06/1997 sur le site de l’INA
Cliquer ici pour voir le site


Le présentateur, Yvan Hallouin, lance le reportage plutôt correctement, même s’il compare la « marée humaine » des manifestants à une « troupe » (des musiciens forment une troupe, des majorettes forment une troupe, mais des manifestants forment une foule, hein). Le reportage commence aussi plutôt bien : vue sur des manifestants derrière un char, quelques personnes qui s’embrassent tout en défilant, tandis que la voix off indique que « Europride, cela veut dire fierté de se montrer, d’assumer qui l’on aime et qui on est. Les gays et les lesbiennes était 300 000 cette après midi dans les rues de Paris et se sentaient bien ensemble ». Bref, les 35 premières secondes constituent une bonne introduction loin des clichés.

Ensuite le reportage s’attarde 7 secondes sur un gogo boy, des drag-queens, et un postérieur dénudé. Juste après la voix off parle de la situation au Danemark qui a ouvert le mariage aux homosexuels et montrent d’ailleurs deux femmes habillées en robes de mariées. Suivent deux interviews de Danois. Si ce qu’ils disent est intéressant, la ménagère ne manquera de voir que le premier est torse nu. Puis le reportage donne la parole à deux Suisses travestis en tenue folklorique féminine, mais plus pour les montrer que pour le contenu de leurs propos.

Bref, pendant les 35 premières secondes du reportage, on oscille toujours entre information (plutôt sérieuse), et images « racoleuses » bourrées de clichés qui ne vont pas forcément faire reculer les préjugés de certains spectateurs.


Le reportage enchaine ensuite sur le projet du CUCS (Contrat d’Union Civile et Sociale, ancêtre avorté du PaCS), et l’interview de Lack Lang. Suivent 7 secondes top chrono parce qu’il faut aller très vite de toutes les revendications (je cite : « Mais pour l’instant il reste encore les points noirs : le désir d’enfant, l’adoption, impossible, les droits sociaux, fiscaux, l’héritage dans le couple, toujours pas reconnus. »). Puis deux témoignages sur l’acceptation des gays et des lesbiennes dans monde de l’entreprise et les maisons de retraites.

La voix off dénonce ensuite la difficulté de s’afficher en public et les préjugés : « Et puis il reste les filles qui n’osent pas forcément la visibilité, et tous ceux qui ne voit les homos que comme des folles ou des drag-queens » (en montrant des drag-queens faisant du french cancan d’ailleurs). Vient ensuite une interview d’un jeune père hétérosexuel qui soutient la manifestation : « Il faut avoir conscience que demain nos enfants peuvent être homosexuels. Donc faut déjà l’accepter au départ. »

FR3 nous a ainsi offert 65 secondes de journalisme.


Et pour conclure, le reportage remontre le côté festif de la manifestation avec de nouveaux drag-queens et hommes musclés au torse nu.

Bon, si on compte, on dénombre donc environ 38 secondes d’images « racoleuses » sur les 122 secondes qu’a duré le reportage, soit 31 % de sa durée. On n’oubliera pas 7 couples visibles, principalement lesbiens, dont 3 qui s’embrassent (ah, l’amour – donc ça je ne l’ai pas mis dans les images « racoleuses » hein !). La Gay pride a été dénommé « marche gay et lesbienne » et « Europride », ça c’est bien. Le mot d’ordre de l’Europride était « gays et lesbiennes : pour une vraie citoyenneté européenne » : personnellement je dirais que cela n’a pas été très clairement dit, donc peu mieux faire.

Quoiqu’il en soit, en deux minutes et demi, le spectateur lambda n’en retiendra que les images sensationnelles de drag-queens, de personnes dénudées. On comprend mieux leurs propos de « provocation, exhibition, limite d’outrage aux bonnes mœurs, limite de la décence, aspects négatifs, affichage de la sexualité, déballage » cités précédemment. Oui, la télévision peut faire des dégâts… et expliquer que 46 % des Français jugeaient la Gay Pride choquante en 1996…

Mais le traitement journalistique de la Gay Pride évolue vers plus de professionnalisme...

Les choses vont toutefois évoluer. Démonstrations avec les journaux de 2000 et de 2006.

L’année 2000. Le sujet (présentation + reportage) dure 2m08s. Vous pouvez consulter gratuitement ce reportage du journal d’Antenne 2 du 24/06/2000 sur le site de l’INA :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=gay+pride&num_notice=1&total_notices=1

Et tout de suite le ton est donné : la présentatrice, Béatrice Schonberg, indique dans sa présentation que « le cortège de la Gay Pride déambulait cette après-midi dans Paris » et que « parmi les manifestants, et dans une ambiance de carnaval, cette fois-ci des politiques n’ont pas hésité à être en tête du défilé… ». Bon, certes, elle indique que le mot d’ordre est la lutte contre l’homophobie, mais coincé entre une déambulation (parce des manifestants ne manifestent pas, ne marchent pas, ils déambulent, c’est connu) et une ambiance de carnaval, cela ne fait pas très « information sérieuse ».
Mais les choses s’empirent avec le lancement du reportage : il commence par 15 secondes d’images où l’on voit des personnes déguisées, ou travesties, ou en tenue de cuir, quasiment nues, ou en train de se maquiller, etc… Pendant ce temps-là, la voie off indique que « L’extravagance est toujours là. Par provocation, ou simplement pour le plaisir d’un jour de fête ».


Bref, pour faire court, le journal d’Antenne 2 déballe en introduction tout de suite les gros clichés, ce qui ne fait que les renforcer dans la tête de nombreux téléspectateurs, dont certains ont peut-être déjà zappé, ou commencé à commenter les images (ça c’est une spécialité de ma grand-mère par exemple) sur exactement ce que l’on ne veut pas forcément insister le plus (puisque Béatrice Schonberg l’a dit elle-même, c’est une manifestation qui revendique la lutte contre l’homophobie). Et en plus en utilisant des termes qui montrent que la rédaction voit cette Gay Pride d’abord comme un événement festif et extravagant. Donc pour l’instant un quart du reportage est passé et rien n’est fait pour défaire les préjugés.

Ensuite, le reportage montre une ambiance de fête tandis que la voix off introduit enfin le cœur du sujet :
« Une fête aux couleurs gaies, celles du drapeau arc-en-ciel. Et si elle reste festive, la parade est de plus en plus militante et doit avant tout contribuer à lutter contre l’homophobie ». On commence donc à changer de ton pour un fond plus sérieux. Oui enfin, on montre quand même encore une fois deux personnes déguisées juste après hein, mais bon comme elles tiennent des pancartes militantes, c’est pour terminer la transition, hein…


Ce n’est donc qu’au bout de 50 secondes (donc quasiment la moitié du reportage) que commencent des interviews pour expliquer pourquoi les gens manifestent. Et pendant 70 secondes, on voit 5 interviews sur l’homophobie, le combat, les revendications d’égalité des droits, et l’estime de soi. Curieusement, il n’y a pas d’interviews de politiques, alors que la présentatrice avait lourdement insisté sur la présence de Bertrand Delanoë en présentation du sujet. Les journalistes devaient probablement être débordés pour ne pas l’interviewer…


Ce travail enfin réellement journalistique est toutefois un peu gâché par la conclusion en voix off : « La Gay Pride 2000, ce n’est plus être que dans l’extravagance pour exister ; tout comme la société, le mouvement homosexuel a grandi ». Oui parce que c’est connu, si les gays et les lesbiennes manifestaient avant, ce n’était surtout pas pour réclamer des droits, seulement pour faire la fête hein.

Bon, on critique, on critique, mais on sent tout de même qu’un an après le PaCS, il y a une évolution vers moins d’images racoleuses.

En faisant le compte, on dénombre 18 secondes environ sur les 108 secondes qu’a duré le reportage, soit 16 % de la durée du reportage. Soit une division par deux par rapport au reportage précédent. Bon en même temps là les images étaient dix fois plus « racoleuses » alors… La Gay Pride a été qualifiée de « carnaval », « d’extravagant », donc ça ce n’est pas bon. Le thème cette année-là était « l’homophobie est un fléau social » : la voix off le dit, l’interview de la présidente de SOS Racisme aussi, mais après les reportages suivants parlent un peu d’autre chose, mais c’est un peu près clair.


L’année 2006. Le sujet (présentation + reportage) dure 2m03s. Vous pouvez consulter gratuitement ce reportage du journal de TF1 du 24/06/2000 sur le site de TF1 :
http://videos.tf1.fr/video/news/newsthemes/france/0,,3311727,00-preoccupations-politiques-centre-gay-pride-.html

Claire Chazal annonce bien le thème de la manifestation (qu’elle appelle au passage correctement la Marche des Fiertés), à savoir le mariage et l’homoparentalité. Le reportage débute par deux « extravagants », le corps peints de couleurs vives, notre éternel homme papillon (les habitués de la manifestation le voient chaque année), un danseur sur un char torse nu. La voix off commente : « Homos, et fiers de l’être. Les manières de le dire ont été illimitées cette après-midi. Haute en couleurs souvent, bruyante aussi, festive toujours ».

Ensuite le reportage montre des jeunes défilés au rythme de la musique, puis quelques drag-queens. Mais le traitement est totalement différent, comme nous l’indique la voix off : « Comme chaque année, gays, lesbiennes, trans et bi ont défilés sous les fenêtres, près à soutenir n’importe quel regard, et certains (image sur les drag-queens là) ont apporté leur provocation comme une réponse aux discriminations ». Encore plus de surprise lorsque deux sœurs de la perpétuelle indulgence (mais bon les hétéros qui n’y connaissent rien se tromperont et diront drag-queens) sont primo interviewées et secundo pour faire autre chose qu’un simple commentaire sur leurs tenues : « Faut pas oublier les personnes qui sont … pas là, justement ; opprimées, discriminées, fatiguées, malades, ou planquées. » Et là je dis « Woaoua » (ben oui, je vous rappelle que là on est sur TF1 !).


La voix off annonce ensuite le thème de la marche cette année, à savoir le mariage et l’homoparentalité : « Alors durant cette Gay Pride, ils ont demandé l’égalité en 2007 : le mariage, mais aussi l’adoption… ». Puis cela rebondit sur la politique. Des personnages politique de premier plan sont interviewés (François Hollande qui réaffirme la promesse électorale du PS de voter le droit au mariage et à l’adoption s’ils sont élus en 2007 – ainsi que Jean-Luc Romero représentant la droite).


En faisant le compte, on dénombre 26 secondes d’images « racoleuses » environ sur les 93 secondes qu’a duré le reportage, soit 28 % de la durée du reportage. Cela parait plus que le reportage précédent, mais attention, il y a eut très peu « d’extravagants », et 18 secondes ont été prise pour l’interview intéressante des deux sœurs de la perpétuelle indulgence. Ainsi, si on ne comptabilisait pas cette interview, on ne compterait que 8 secondes, soit 8 % de la durée total du reportage. La manifestation a été correctement qualifiée de Marche des Fiertés, même si elle a été aussi appelée Gay Pride. Le thème a été annoncé (« pour l’égalité en 2007 ») et surtout cette fois-ci de manière concrète et à plusieurs reprises sur les thèmes du mariage et de l’homoparentalité.

Pour conclure :

Le traitement journaliste de la Gay Pride par les journaux télévisés s’est ainsi nettement amélioré qualitativement. Des « extravagants » moins présents (donc plus représentatifs par rapport au nombre de manifestants) mais surtout mieux introduits (ce ne sont quasiment plus des objets de foire et de curiosité si vous préférez), une réelle compréhension que la Marche est une manifestation pour réclamer des droits (ce qui était un peu oublié par certains qui n’en retenait que le côté festif), et une réelle et claire annonce des revendications de la marche.


S’il peut moins y avoir de témoignages sur les problèmes rencontrés par les homosexuels, c’est tout simplement que depuis quelques années ce sujet marronnier n’est plus la seule occasion de parler de sujets gays dans le journal télévisé, ces sujets s’invitant désormais à n’importe quel moment de l’année. Tout ceci contribue à effacer peu à peu les clichés, même si cela va prendre du temps, car cela est une évolution récente.

Mais si cela peut permettre de lever des clichés et des réticences, il n’y a pas de quoi lever des sympathies. En fait, d’autres changements ont participé aux changements de mentalités de la société française. C’est ce que nous verrons dans un prochain article…


Petite biographie :

1 ) Le jugement de la Gay Pride par la population
* sondage d’IFOP publié dans le quotidien Le Monde du samedi 22 juin 1996
http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/homo.asp
* topic d’un forum parlant au début de la gay pride
http://forums.france2.fr/france2/avousdejuger/homosexualite-sujet_3609_1.htm )

2 ) La représentation dans les journaux télévisés.
* reportage dans le journal de FR3 du 28/06/1997 sur le site de l’INA
Cliquer ici pour voir le site
* reportage dans le journal d’Antenne 2 du 24/06/2000 sur le site de l’INA
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=gay+pride&num_notice=1&total_notices=1
* reportage dans le journal de TF1 du 24/06/2000 sur le site de l’INA
http://videos.tf1.fr/video/news/newsthemes/france/0,,3311727,00-preoccupations-politiques-centre-gay-pride-.html

* on peut obtenir des comptes rendus de journaux télévisés sur le site de Média-G :
Notamment pour l’année 2000
- sur TF1 : http://media-g.net/detail.php?id=SZLBCDEXXB
- sur France 2 : http://media-g.net/detail.php?id=MOGEBZYBQB
- sur France 3 : http://media-g.net/detail.php?id=GMSPBAEWEC
- sur M6 : http://media-g.net/detail.php?id=LNMVB0HBJR
- sur LCI : http://media-g.net/detail.php?id=HEWBC0RZKJ
Et pour l’année 2005 (toutes chaines confondues)
http://www.media-g.org/detail.php?id=JJARBOKUOB 
Allemagne, 2008 : ("Il est gay, et alors ?", "Elle est lesbienne, et alors ?")

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Sixième article de la série consacrée à la place des gays et des lesbiennes dans la société française. On y propose une méthode d'évaluation de l'homophobie - ou de l'homophilie - dans toutes ses facettes. Par notre collaborateur : Kim, 31 ans.


Comme nous l’avons dit dans notre article précédent, il n’y a pas de petits combats, pas de petites actions, même un simple coming-out peut servir à faire évoluer les mentalités d’un entourage, et lorsqu’ils se cumulent, d’une société. Mais comment savoir si cela marche ? Comment évaluer les réussites ou les échecs ? Il manque des outils statistiques…
L’évaluation du degré d’acceptation de l’homosexualité étant difficilement chiffrable, il est plus pratique d’utiliser une échelle de degrés. Celle-ci doit être calculée à partir de l’évaluation des trois facteurs explicatifs de la théorie définie précédemment : le calcul de la moyenne entre ces trois facteurs permet alors d’établir le degré d’acceptation de l’homosexualité par cette société. Ce qui revient à dire, vu les facteurs retenus, qu’il faut aussi créer des échelles de degré des droits et libertés des gays et des lesbiennes, de leur visibilité et des mentalités de la société sur l’homosexualité.
Nous nous sommes pour cela inspirés de ce que fait l’organisation Freedom House pour évaluer le degré de respect des droits et libertés démocratiques (sur 7 degrés), et des travaux du docteur Dorothy Riddle, psychologue américaine, qui a elle-même établit une échelle de degré d’acceptation des individus vis-à-vis de l’homosexualité (sur 8 degrés).
Pour chaque critère a été défini une échelle numérotée de 1 à 7, le chiffre 1 correspondant à un rejet total de l’homosexualité, les notes suivantes se succédant ensuite graduellement jusqu’au chiffre 7 correspondant à une acceptation totale de l’homosexualité. Toutes ces échelles sont interdépendantes pour que le résultat du calcul d’une moyenne entre les trois facteurs pour obtenir le degré d’acceptation de l’homosexualité par une société reste cohérent.

L’échelle du degré de droits et de libertés dont disposent les gays et les lesbiennes.

L’évaluation du degré des droits et des libertés des gays et des lesbiennes a été réalisé à partir de l’observation de l’histoire de l’homosexualité en France (voir document 1 - déjà montrée dans l’article n° 2) et de la géographie des différentes législations sur l’homosexualité dans le monde (voir carte sur les législations dans le monde déjà montrée dans l’article n° 4). Chaque degré correspond donc à une forme de législation facile à mettre en place.

Niveau 1 : Condamnation à mort.
Niveau 2 : Condamnation à des peines de prison / travaux forcés.
Niveau 3 : Discriminations homophobes légales.
Niveau 4 : Aucune législation. Parfois toutefois l’homosexualité reste réprimée, mais sur d’autres prétextes (atteinte à la morale, à la pudeur, à la jeunesse…).
Niveau 5 : Reconnaissance légale des individus homosexuels par la pénalisation des discriminations homophobes. Attention, parfois, selon les histoires nationales, cette reconnaissance c’est faite directement par la reconnaissance du couple homosexuel, mais sans pour autant pénaliser l’homophobie (ce fut le cas de la France et c’est le cas actuellement de quelques états fédéraux des Etats-Unis et d’Australie).
Niveau 6 : Reconnaissance légale des couples homosexuels. Persistance toutefois de différences entre couples hétérosexuels et homosexuels (union civile au lieu du mariage, ou interdiction de l’adoption et/ou de la procréation par insémination, clonage…).
Niveau 7 : Reconnaissance légale des familles homosexuelles. Egalité totale des droits entre hétérosexuels et homosexuels.

Attention, parfois la reconnaissance légale des individus homosexuels s’est faite directement par la reconnaissance du couple homosexuel par la mise en place du couple homosexuel se fait avant la pénalisation des discriminations homophobes (le cas est peu fréquent, mais ce fut le cas de la France, et c’est le cas actuel de quelques Etats fédéraux des Etats-Unis ou d’Australie). Dans ce cas il faut inverser les niveaux 5 et 6 (et oui, parfois les histoires nationales modifient l’ordre de création de législations protégeant les individus et les couples – mais en règle général les deux niveaux se succèdent rapidement).

Document 1


L’échelle du degré des mentalités de la société sur l’homosexualité.

L’évaluation du degré des mentalités de la société sur l’homosexualité a été réalisée à partir de l’étude des différents sondages étudiés dans les articles 1 et 2, ajoutés à quelques autres. Pour plus de facilité, de lisibilité et par souci de synthèse, les différents sondages ont été regroupés dans le graphique ci-dessous (document 2).

Les opinions proposées par les différents sondages ont été classées graduellement, des opinions les plus intolérantes (en rouge) aux opinions les plus tolérantes (en violet). La nomenclature des opinions proposées aux sondés et le recoupement des évolutions des opinions de la société française (les courbes) nous ont permis d’établir une échelle de degré de l’acceptation de l’homosexualité par la société.

Niveau 1 : La répulsion / le rejet. L’homosexualité provoque un sentiment de répulsion, de dégoût, qui justifie les actes de suppression (physique, curative ou eugénique).
Niveau 2 : L’incompréhension. L’homosexualité est jugée comme anormale, et peut provoquer incompréhension, dégout, peur, honte, ce qui justifie le rejet et l’évitement des homosexuels ou la volonté qu’ils deviennent hétérosexuels.
Niveau 3 : La tolérance. L’existence de l’homosexualité est implicitement reconnue, mais reste considérée comme anormale et non souhaitable, et doit rester discrète car relevant de la vie privée.
Niveau 4 : La reconnaissance. L’homosexualité n’est plus considérée par principe comme anormale mais comme une manière acceptable (ou comme une autre) de vivre sa sexualité. Un inconfort individuel face à l’homosexualité peut persister lorsqu’elle devient visible et concrète.
Niveau 5 : L’acceptation. Les homosexuels sont reconnus comme des êtres égaux aux hétérosexuels. Toutefois, une gêne peut persister lorsque l’homosexualité concerne un proche dans l’environnement familial.
Niveau 6 : L’intégration. Les gens n’ont pas de honte ou d’inconfort à aborder le sujet de l’homosexualité, ou à côtoyer des gays et des lesbiennes.
Niveau 7 : L’homophilie. Les homosexuels sont appréciés, voir leur compagnie recherchée. Possible transformation des normes sexuelles vers une augmentation d’expériences homosexuelles.

Document 2

En observant l’évolution des mentalités en France, on peut dire qu’en 1973 la France appartenait au niveau 1 des mentalités en 1973.
Puis elle est passée au niveau 2, lorsque la proportion de personnes déclarant que l’homosexualité est une maladie que l’on doit guérir, une perversion sexuelle que l’on droit combattre, ou une sexualité anormale (courbe rouge), a représenté moins de 50 % de l’avis de la population.
Elle est passée ensuite au niveau 3 lorsque la proportion de personnes déclarant qu’elles laisseraient vivre comme il l’entend leur fils homosexuel malgré la peine que cela leur provoquerait (longue courbe jaune) dépassa la proportion de personnes déclarant qu’elles agiraient pour essayer de faire « retrouver » l’hétérosexualité de leur enfant homosexuel (courbe orange), en même temps qu’elle dépasse la proportion de personnes trouvant l’homosexualité anormale (courbe rouge).
La France atteint le niveau 4 lorsque la proportion de personnes désapprouvant les démonstrations d’affection d’un couple dans un lieu public (courte courbe jaune) devint moins importante que celle des personnes déclarant qu’il laisserait vivre leur enfant homosexuel comme il le voudrait malgré la peine (longue courbe jaune) et que celle de personnes déclarant que l’homosexualité est une forme de sexualité acceptable ou comme les autres (courbes vertes).
Le France atteint le niveau 5 lorsque la proportion de personnes favorables à l’homoparentalité (courbes violettes) devient supérieure à celle des personnes pensant que l’homosexualité doit rester une affaire privée (toujours l’histoire du baiser en public mal toléré – courbe jaune courte) et que la proportion de personnes déclarant que cela ne les gênerait pas que leur enfant soit homosexuel (courbe rose) dépasse celle des personnes considérant l’homosexualité comme une maladie, une perversion, une sexualité anormale (courbe rouge).
Les niveaux 6 et 7 n’ont pas encore été atteints (en espérant qu’ils le soient).

L’échelle du degré de visibilité des gays et des lesbiennes dans la société.

L’évaluation du degré de visibilité des gays et des lesbiennes dans la société est plus difficile a cerné car elle peut s’effectuer à plusieurs niveaux : au niveau de chaque individu homosexuel (vivant dans le placard ou outé), au niveau communautaire (les gays et les lesbiennes vivant isolés ou regroupés), et au niveau médiatique (on en parle dans les médias ou non).
Nous avons tenté de faire une classification à partir de plusieurs sources :
- les travaux du Dr Dorothy Riddle, psychologue, qui a définit des échelles de l’homophobie intériorisée des homosexuels – pratique pour étudier la visibilité au niveau individuel ;
- la courbe représentant le nombre de participants à la gay-pride parisienne déjà montrée dans l’article n° 2 ;
- des travaux de géographie urbaine sur les quartiers homosexuels. Il me manque toutefois des données précises sur l’année où l’on a pu réellement parler du Marais comme quartier homosexuel parisien. Il faudra travailler sur ce sujet plus tard (je n’ai pas encore tout lu du géographe urbaniste spécialiste de la question, Emmanuel Redoutey)
- des statistiques sur la représentation homosexuelle dans les séries télévisées (çà, je le montrerai dans mon prochain article).

Cela a donné l’échelle de degrés de visibilité suivante :
Niveau 1 : Le refoulement. Les considérés ne se définissent même pas eux-mêmes comme homosexuels.
= aucune visibilité.
Niveau 2 : L’isolement. La prépondérance du mode de vie rural rend difficile les rencontres entre homosexuels qui doivent rester discrets.
= visibilité anecdotique.
Niveau 3 : La discrétion. Réseaux homosexuels en milieu urbain peu structurés, informels, invisibles et fragiles (exemples : quartiers de dragues en plein air, bars cachés…). La pression sociale contraint la plupart à mener une double vie entre couple hétérosexuel et rencontres furtives homosexuels.
= visibilité informelle.
Niveau 4 : Le regroupement communautaire. Visibilité par l’inscription spatiale en milieu urbain de communautés homosexuelles (quartiers gays, commerces, associations…). Formation d’une culture homosexuelle.
= visibilité spatiale.
Niveau 5 : La diffusion des cultures gays. Forte médiatisation de l’homosexualité qui s’inscrit dans la culture de masse comme un exemple de diversité culturelle de la société. Essor des événements communautaires comme les gayprides.
= visibilité identitaire.
Niveau 6 : L’affirmation homosexuelle. L’homosexualité se vit au grand jour. La grande majorité des homosexuels ont fait leur coming-out. Les événements communautaires comme les gay-prides peuvent devenir des événements populaires
= visibilités individuelles.
Niveau 7 : La fusion des sexualités ? Immersion totale des homosexuels dans la société. Disparition possible des frontières sexuelles favorisant les expériences homosexuelles et bisexuelles.

Ainsi, on peut considérer que la visibilité des gays et des lesbiennes en France était au niveau 3 en 1973.
Le niveau 4 fut atteint au milieu des années 1980 avec la constitution du quartier gay du Marais (mais n’ayant pas de statistiques permettant d’évaluer une date précise, je ne peux noter cette visibilité entre 1982 et 1986 – mais manque de statistiques de veut pas dire manque de sources, seulement pas de travail sur le sujet voilà tout, à moins d’avoir mal cherché, ce qui est fort possible – en tout cas cela signifie qu’il faudra travailler sur les statistiques possibles à créer sur la visibilité gay et lesbienne).
Le niveau 5 fut atteint en 1996 lorsque le nombre de personnes participant à la Gay Pride commença à exploser, et que le nombre de séries télévisées ayant des personnages gays et les biens récurrents commença à s’imposer (voir un prochain article).
La France n’a pas encore attient les niveaux 6 et 7 (mais c’est pareil, il manque un sondage sur les coming-out pour le confirmer).

L’échelle du degré d’acceptation de l’homosexualité par une société.

Les trois échelles décrites précédemment ont été retranscrites dans le tableau ci-dessous (document 3). Chacune est dépendante et proportionnelle aux deux autres. Leur moyenne permet d’évaluer une échelle du degré d’acceptation de l’homosexualité par une société.

Document 3 : Les échelles de degré des critères de la théorie de « la transition de l’acceptation de l’homosexualité par la société ».

Notre échelle de degré d’acceptation de l’homosexualité par une société (en partie inspirée par les travaux du docteur Dorothy Riddle) est détaillée de la façon suivante :
Niveau 1 : L’élimination. L’homosexualité est considérée comme contre-nature et le devoir de la société est de l’éliminer, soit physiquement, soit par traitement médical, soir par reconversion hétérosexuelle volontaire ou forcée.
Niveau 2 : La condamnation. L’homosexualité est considérée comme contre-nature et menace l’équilibre de l’ordre social. Possible forte présomption de pédérastie (appelée à tort par mauvaise information « pédophilie »). Elle doit être contenue pour qu’elle ne contamine pas le reste de la société par leur isolement et leur retrait de la société. La société attend que l’homosexuel se conforme à ses règles sociales en renonçant à son homosexualité.
Niveau 3 : La tolérance. L’homosexualité n’est pas souhaitable, mais comme on ne peut pas la changer, elle est tolérée à condition qu’elle reste discrète, cachée. Fort hétéro centrisme : forte pression sociale pour que les homosexuels fondent une famille hétérosexuelle.
Niveau 4 : L’indifférence. L’homosexualité ne soulève ni sympathie, ni rejet, ni interrogation, ni réflexion. Elle n’est considérée que comme une forme de sexualité relevant de la vie privée dont n’ont pas à intervenir l’Etat ou la société, à partir du moment où elle reste discrète.
Niveau 5 : L’acceptation. L’homosexualité est considérée comme une manière acceptable ou comme une autre de vivre sa sexualité. La société accepte que les homosexuels vivent comme ils l’entendent. L’homosexualité doit être traitée à égalité avec l’hétérosexualité et donc ne doit pas subir de discrimination. Les questions du mariage, de l’adoption et de la procréation peuvent néanmoins être sujettes à des interrogations, des réticences, car l’environnement homosexuel n’est pas toujours jugé comme favorable pour élever des enfants.
Niveau 6 : L’intégration. L’homosexualité est reconnue comme une composante de la diversité humaine. Cette reconnaissance transforme les bases de la société avec notamment la notion centrale de la famille qui intègre désormais les couples homosexuels. Le droit à la descendance est reconnu.
Niveau 7 : L’indifférenciation. L’homosexualité ne soulève aucune problématique, comme la couleur des yeux ou des cheveux. Possible expansion de la bisexualité dans la population.

Allez, maintenant, notons le degré d’acceptation de l’homosexualité en France à l’aide de cette échelle.

Tout ceci a pu permettre de calculer le degré d’acceptation de l’homosexualité par la société française. Son évolution est représentée dans le tableau et le graphique ci-dessous (documents 4 et 5).

Document 4

Document 5

En plus de montrer une évolution constante vers toujours plus d’acceptation de l’homosexualité dans la société française, passant de 2 en 1973 à 5,3 en 2006, ce graphique nous enseigne une information importante à transmettre à nos classes politiques : la peur de faire évoluer une législation parce que l’opinion publique n’est y pas encore favorable est un mauvais calcul, car les mentalités sont souvent en retard par rapport aux autres critères … et finissent par suivre. En tout cas dans ce cas précis. D’ailleurs, paradoxalement, ce sont en France les progrès législatifs qui ont souvent favorisé l’augmentation de la tolérance et de l’augmentation de l’homosexualité en France, les deux lois étant la dépénalisation de l’homosexualité en 1982 et le PaCS en 1999…

Pour conclure :

Pour faire bouger les choses, il faut malheureusement chiffrer. Parce que chiffrer permet d’alarmer les politiques et l’opinion publique sur ce qui ne va pas. Parce que chiffrer permet d’évaluer échecs et réussites de politiques et actions luttant contre l’homophobie et pour favoriser l’intégration des gays et des lesbiennes dans une société. Nous sommes dans une société désormais statisticienne, ne l’oublions pas. Or, lorsqu’il n’y a pas de chiffres, il n’y a bien souvent pas d’actions qui suivent. D’où la nécessité d’en créer. Preuve en est que c’est ce que cherche à faire actuellement des organisations luttant contre le racisme.
Alors, bien sûr, certains diront que l’on ne peut évaluer de tels faits, que l’échelle proposée est inexacte, inappropriée, avec des erreurs… C’est tout à fait possible. Alors à vos critiques mesdames et messieurs !
Reste que nous sommes conscients qu’il manque des outils statistiques sur la visibilité des gays et des lesbiennes : c’est ce sur quoi nous allons travailler dans nos prochains articles.


Bibliographie :

Les sondages.
Reprendre les sources des sondages concernant la France dans la bibliographie des articles 1, 2 et 3.
On y rajoutera :
* sondage IPSOS (2004) – adhésion à l’opinion : « Les homosexuels ont une sexualité anormale »
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/poll/7893.asp
* sondage réalisé par IFOP en France en 2006 sur l’adhésion à l’opinion « Un enfant s’épanouit de la même manière si ses parents vivent en couple hétérosexuel ou homosexuel ».
en 2000 : http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/vfamille.asp
en 2006 : http://www.ifop.com/europe/docs/famille.pdf
J’ai perdu par contre ma source pour 2002 (je ne la retrouve plus).

Les outils pour réaliser les échelles de degré de la visibilité des gays et des lesbiennes ou des mentalités sur les gays et les lesbiennes.
* quelques outils du Dr Dorothy Riddle, psychologue, à Tucson, Arizona, Etats-Unis, sur les échelles de degré d’attitude vis-à-vis de l’homosexualité par les individus ou les différentes catégories d’homophobie ou les phases de l’homophobie intériorisée des homosexuels sont disponibles dans le livret pédagogique « Vivre ses différences. Comment parler de l’homophobie » (2003).
* voir la bibliographie de l’article 2 pour les chiffres de participation à la gay-pride parisienne.
* quelques travaux géographiques sur les quartiers homosexuels à Paris
- Stéphane Leroy, 2005, “Le Paris gay. Eléments pour une géographie de l’homosexualité”, Annales de Géographie, n°646, pp.579-601
- Emmanuel Redoutey, 2002, “Géographie de l’homosexualité à Paris, 1984-2000″, Urbanisme, n°325, pp. 59-63.
- Emmanuel Redoutey, 2004, “Le Marais à Paris, un quartier gay ?”, Urbanisme, n°337, pp.20-23.
- un compte rendu d’une session des cafés géographiques de 2003 : « La ville et les communautarismes : le cas du Marais, un « ghetto gay » à Paris ? »
http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=270

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