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(4.22)


Vidéo (c) Zanzi


Dans la foulée de la disparition brutale de Luc Bourdon, que j’ai évoquée dans mon précédent billet, les médias locaux se sont exprimés sur le sujet et certains chroniqueurs ont livré à leur lectorat des propos fort intéressants. Celui qui m’a le plus interpellé vient de Martin Latulippe, chroniqueur à L’Acadie Nouvelle, dans l’édition de samedi 31 mai 2008, le jour où j’appris la tragédie qui s’était produite l’avant-veille. Les mots qu’il publia dans son billet provoquèrent dans ma tête ce fameux carambolage qui me remua, le soir venu, alors que j’étais seul avec moi-même et mes pensées. Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, je me dois d’en citer verbatim les passages les plus significatifs :

« Ma réflexion est la suivante : suis-je à jour avec la vie ? Si j’avais à mourir aujourd’hui, aurais-je profité de cette journée pour dire aux gens que j’aime à quel point je les aime ? Aurais-je été satisfait de ce que je suis devenu et de qui je deviens ? Aurais-je pris le temps de remercier les gens qui m’ont aidé et ceux qui le font toujours avec tant d’amour et de générosité ?
Comment savoir quand cette journée arrivera ? Comme savoir que je ne partirai pas d’une « salope » de façon comme Luc et les jeunes qui étaient dans la fourgonnette en janvier dernier ? Impossible à savoir. Il ne me reste donc qu’à essayer le plus possible d’être à jour avec la vie. Quand j’y pense, l’idée même de partir en dette envers la vie me donne des points au cœur. Qu’est-ce qu’une dette envers la vie ? Tous les mercis qui ne sont pas exprimés, les je t’aime qui sont passés sous silence parce qu’on se dit « elle le sait », les mots d’encouragement qui ne sont pas verbalisés parce qu’on se dit « elles le savent », les petits moments magiques que l’on remet parce qu’on se dit « demain », etc.
Et vous, êtes-vous à jour avec la vie ? Avez-vous dit « aujourd’hui » aux gens que vous aimez à quel point vous les aimez ? Avez-vous serré dans vos bras « aujourd’hui » les gens que vous voulez le plus serrer dans vos bras ? Avez-vous remercié « aujourd’hui » les gens qui vous ont aidé et que vous appréciez ?
 »

J’ai lu et relu ces phrases, et n’ai pu faire qu’un amer constat : non, je n’aurais pas eu le temps de dire je t’aime aux gens que j’aime, ni merci à ceux qui m’ont aidé ; et de plus, non, je n’aurais pas été satisfait de ce que je suis devenu si j’avais à mourir aujourd’hui. En cliquant sur « rewind » et en me repassant le film de ma vie, pis qu’insatisfait, je ne me suis pas senti fier. J’ai beau me dire que toutes ces années de plus que j’ai vécues par rapport à ceux qui sont partis plus jeunes, sont des années d’expériences accumulées, qu’elles n’ont pas été vaines, je ne peux m’empêcher de songer qu’elles représentent un immense gâchis. La vie trop brève de Luc Bourdon est une symphonie inachevée ; la mienne, déjà plus longue, ressemble à un concerto qui n’aurait pas encore débuté et dont la partition, encore au stade de l’ébauche, est ponctuée de notes bleues.

 



Non, je ne suis pas à jour avec la vie. Oui, une mise à jour s’impose. Et si de la tragédie vécue par d’autres et des réflexions qu’elle inspire à des tiers surgissait l’électrochoc salvateur ? Ceux qui, comme moi, regardent en spectateur le film de leur vie plutôt que d’en être les acteurs, sont coupables et partiraient avec une dette énorme envers la vie s’ils mouraient aujourd’hui. J’avais déjà pris il y a quelques semaines la décision de réorienter ma vie et d’en faire vraiment quelque chose. L’année prochaine, je quitterai mon emploi dans le but de réaliser mes rêves et mes ambitions. Avant qu’il ne soit trop tard. Je me souviens de ce que Daniel C. Hall m’a dit un jour : « il vaut mieux regretter d’avoir fait quelque chose que de regretter de ne pas l’avoir fait ». Merci, Daniel, pour cette phrase que je n’ai pas encore mis en pratique. Merci à Martin Latulippe pour son message : la vie c’est « aujourd’hui et maintenant », pas « demain ». Et merci à toi, Luc : par ta mort, tu me montres qu’il ne suffit pas de théoriser ses rêves. La réalisation de soi n’attend pas : c’est maintenant, c’est tout de suite que cela doit se produire.

Je me suis senti redevable. Dimanche 1er juin, j’ai conduit quatre heures d’affilée pour revenir de Grand-Sault à Moncton et assister à une cérémonie commémorative animée par des anciens combattants. Je suis passé rapidement chez moi et j’ai repris la route, pour trois heures de plus, afin d’aller à Shippagan me recueillir de façon anonyme devant le cercueil de celui qui me montre l’exemple. J’ai passé dix heures sur la route ce dimanche-là. D’habitude, au bout de deux heures de conduite j’ai tendance à somnoler au volant. Curieusement, j’ai parcouru 900 kilomètres sans éprouver la moindre fatigue.

Ce soir (lundi 2 juin, il est 15h36 et au moment où j’écris ces lignes le service funèbre de Luc Bourdon se termine), en rentrant chez moi, je dirai des « je t’aime » et des « merci », et commencerai mon aggiornamento. Cela passera aussi par des petits riens, des choses que je n’aime pas faire, comme le ménage, la vaisselle, la lessive. Je commencerai aussi à planifier le calendrier de mon nouveau départ, pour être à jour au moment où je livrerai ma partition et où se joueront les premières notes de la symphonie de ma vie. Si je mourais aujourd’hui, je n’aurais encore rien donné. Je ne laisserais qu’un prélude, des poèmes jamais publiés, des chansons jamais interprétés, des scénarii jamais filmés, des œuvres à l’état d’ébauche dormant dans un tiroir, quatre saisons de Zanzi and the City et des souvenirs qui se feraient de plus en plus vagues au fil des années, avant de disparaître de la mémoire des survivants. Ainsi qu’un océan d’amour jamais dit, jamais fait. Il est grand temps que je fasse ce don, à vous qui me lisez ainsi qu’à tous les autres, car comme le dit un proverbe soufi : « ce que tu donnes est à toi pour toujours, ce que tu gardes est perdu à jamais ».

 





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