Quand le mâle persiste
Audrey Françaix
Pour inaugurer cette nouvelle série de textes basée sur les hypothèses "Si j'étais homosexuel(le)" pour nos
ami(e)s hétéros gay-friendly et "Si j'étais hétérosexuel(le)" pour nos ami(e)s gays hétéro-friendly, j’ai convié sur notre blog ma belle-sœur littéraire (private joke [Note de Daniel C. Hall]) : Audrey
Françaix. Audrey est née en 1980 dans le Nord de la France. Avide de fantastique depuis sa plus tendre enfance, elle a développé un goût prononcé pour l'écriture. Peintre, poétesse, mais avant
tout romancière, Audrey a à son actif plusieurs romans pour enfants dont Le Cercle des Elfes et Halloween
: le Club des Monstres. Elle fonde en 2004, les Editions Octobre en collaboration avec Pierre Grimbert pour avoir une plus grande liberté d'expression. Depuis elle a fait publié
toujours chez Octobre, la Trilogie de la Chair, qui se veut être de l'erotic fantasy
française. Alors un conseil, si après avoir dévoré ce billet vous ne vous précipitez pas sur ses romans, c’est à
désespérer…
Si j’étais homosexuelle, j’en profiterais premièrement pour être un homme. Ce serait plus simple. Car si
j’étais un homme, je serais forcément homosexuel, pour les raisons qui suivent…
J’aurais trop souvent la trique pour me faire curé, à moins d’invoquer la veuve poignet, celle qui finit par rendre les soutanosaures sourds
aux « marches nuptiales » et « prières des époux ».
Entre Père Pignole, souvent dans l’isoloir, et Père Dophile qui n’enfonce pas que des paroles d’évangile dans les orifices des marmousets, je
choisirais d’être Père Spicace. Je préférerais bander pendu au bout de ma cravate plutôt que matant le cul de ma grognasse dans son jean délavé. De toute façon, il serait pas question pour moi de
me convertir au masochisme en me maquant avec la première greluche venue : je ferais mon « coming-out » dès le berceau ! Au moins, je serais pas tenté de tâter de la mégère
avant de connaître le véritable Amour, avec un grand A comme Androgame ou Amateur de rosette. Je me laisserais pas le temps de jouer les guignols de naphtaline dans la maison du Seigneur pour
officialiser mon martyre avec ma future divorcée. Oh que non !
Parce que les bonnes femmes, y faut se les farcir. Et si c’était qu’au sens propre du mot, ça irait encore…
Pour un homme, le cauchemar commence généralement avec sa génitrice. Cette dernière ne souhaite que le bonheur de son fils, tout en comptant
bien le diriger ad vitam aeternam. La fibre maternelle a vite fait de se transformer en chiendent vorace. Môman dégomme une à une les belles-filles potentielles, car les femelles ont
souvent du mal à se blairer... même qu’entre elles, elles se blairent witches. Quand une nouvelle bru arrive, môman sort toutes les photos des anciennes soupirantes de son biquet. Car la mère
possède une sorte d’album sanctuaire qu’elle peut profaner à tout moment pour en extraire une putréfaction cadavérique destinée à décomposer les prochaines unions de son fils. Et cette technique
très subtile se transmet souvent de mère en fille. Ça devient un véritable fléau : l’invasion des profanatrices de sépultures ! Mais un beau jour, le célibat fait paniquer le fiston, alors il
enfile l’anneau à la dernière venue, sans même la présenter à môman.
Quand on est un mec, il suffit d’écouter ses potes se plaindre de leurs mouquères jalouses, possessives et castratrices, pour jurer fidélité à
l’homosexualité. Selon les branques, les maritornes sont de vraies poules caqueteuses qui finissent par vous transformer en chapon !
Elles ont la passion des sitcoms, des Voici, de la télé-réalité et des commérages entre filles… Elles font de vous des pros de la
logorrhée bandante à force de vous contraindre à mater les défilés de mode ou de Miss à leurs côtés dans le canapé, et sous leur surveillance bien sûr. Car elles ne supportent pas que vous ne
partagiez pas leurs goûts. « On doit tout faire ensemble ! beuglent-elles. Tu es moi, et je… ne suis pas toi. » Mais à cet instant, vous comprenez
« Tuez-moi » : et une envie de « femmicide » vous poursuivra jusqu’à la fin de votre vie ! Vie que vous continuerez malgré tout de partager avec votre
bourrelle. Les hommes hétéro seraient-ils maso ?
Bobonne parviendra même à vous rendre responsable des vergetures qui sillonneront son ventre gélatineux à cause des trois gosses braillards et
invivables, portraits crachés de leur père, que vous lui aurez parachutés dans le bide. Et vous ne compterez plus sur la lingerie sexy pour trouver encore un brin de plaisir dans la vie maritale,
puisque bobonne la sortait uniquement quand elle avait envie d’être engrossée… Il paraît que plus l’homme est excité, plus sa came regorge d’héritiers !
Si bien que, sans même vous en rendre compte, vous finirez en porte-couilles obèse, alcoolique, qui passera ses week-ends à picoler dans une
cabane de chasse avec ses copains plombistes.
La semaine, vous en aurez plein le dos des collègues de bureau, et vous attendrez le soir pour vider des kro en jouant aux jeux vidéo. Mais
votre femme, tel un pilier de bistro, vous soutiendra. Elle vous aidera à vous foutre en l’air en envisageant de prendre « un nouveau départ ». Et vas-y que je t’engraisse avec des
surgelés, mon amour, que je t’offre une rame de cigarettes pour la Saint Valentin, un nouveau fusil à Noël – y’a tellement d’accidents de chasse – en attendant que ça vienne.
Ça, ce truc qui lui a toujours manqué, qui ressemble au bonheur, mais qu’elle ne dégotera jamais parce que, au fond, elle n’a rien d’autre à glander qu’à l’espérer éternellement !
Alors, sincèrement, si j’étais homosexuel, oui, je serais un mec. Car, de toute évidence, j’aime les hommes. Ceux que rien ne peut détourner de
leurs passions et de leurs rêves, pas même une femme.
Audrey Françaix
(afrancaix@ed-octobre.com, blog : http://festindohmelle.canalblog.com/, site : http://www.ed-octobre.com)
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