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Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le Japon offre une tradition culturelle de l'homosexualité. Qu'ils exaltent les vertus guerrières du samouraï ou qu'ils se travestissent dans le théâtre nô, les hommes ont tous le culte de la beauté et de l'amitié virile. Illustration de la décadence et de la persistance d'une certaine conception de l'homosexualité purement nippone.



Une autre tradition veut que le mythe originel de la pédérastie japonaise remonte au IXe siècle après Jésus-Christ. Ce serait le moine Kükai, appelé plus souvent Kôbô Daishi, qui l'aurait introduite dans l'archipel après un voyage en Chine. L'homosexualité ne serait donc pas consubstantielle à la société nippone mais aurait été importée de Chine.


Il ne faut pas oublier que pour les Japonais, tout ce qui vient du continent, entre le VIe et le Xe siècle, est considéré comme un bienfait (donc rien à voir avec l'attitude des Occidentaux qui rejettent sur leurs voisins l'origine de l'homosexualité – mal gaulois pour les Romains, grec pour les Gaulois, vice anglais pour les Français et inversement... – comme si c'était à l'autre que revenait la responsabilité d'avoir perverti l'Eden de la nation en question).


Puisque la dynastie chinoise des Tang (618-907) est synonyme de prospérité, de puissance politique, de progrès techniques et de rayonnement culturel, le Japon, encore par bien des côtés rétrogrades, en tire la leçon et décide de se mettre à l'école de la Chine. On adopte l'écriture, les institutions et organisations politiques chinoises, l'art et l'architecture, le bouddhisme et l'homosexualité.


L'amour des garçons, répandu d'abord dans l'enceinte du temple, puis dans celle du palais, avant de déborder hors les murs pour envahir toute la société, est donc conçu comme un indice de civilisation. Plus encore, un témoignage de civilité. Plus une société tolère, ou mieux encore, génère son homosexualité, plus élevé est son degré de civilisation, plus elle apparaît évoluée intellectuellement, artistiquement et socialement.


Le but est, conformément à la tradition bouddhiste, de rompre le cycle infernal des renaissances successives, porteuses de souffrance. Influencés par le Tao, les Japonais ont défini des voies, c'est-à-dire des moyens, pour parvenir à l'éveil, c'est-à-dire au salut. L'une d'entre elles passe par l'amour des garçons.


Attitude par certains aspects contradictoire, car l'homosexualité se conçoit comme préservation de la masculinité de l'homme menacée par l'élément féminin, on assiste à une féminisation à certaines époques de la société des mâles. Par ailleurs, si on recherche, surtout dans les milieux dirigeants, l'amour d'un garçon, jamais il ne viendra à l'idée du Japonais – et encore aujourd'hui – de ne pas perpétuer sa lignée.


L'homosexualité japonaise pourrait donc se définir comme une bisexualité à vocation de préférence homosexuelle.



A LIRE : La voie des éphèbes : Histoire et histoires des homosexualités au Japon de Tsuneo Watanabe et Jun'ichi Iwata, Editions Trismégiste, 1987, ISBN : 2865090248

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