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par  BBJane Hudson

 




Fiche technique :

Avec : Gina Philips, Justin Long, Jonathan Breck, Patricia Belcher, Eileen Brennan, Brandon Smith, Peggy Sheffield. Réalisation : Victor Salva. Scénario : Victor Salva. Directeur de la photographie : Don E. FauntLeRoy (ben tiens ! le petit Lord...). Musique : Bennett Salvay. Montage : Ed Marx. Producteur exécutif : Francis Ford Coppola.

Durée : 91 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

 


Résumé :

Trish (Gina Philips) et Darry Denner (Justin Long), en route vers le domicile parental, sont pris en chasse par une camionnette vétuste, dont le conducteur leur apparaît quelques kilomètres plus loin, à proximité d'une église abandonnée. L'étrange personnage (Jonathan Breck), tout de noir vêtu, jette d'encombrants paquets de forme humaine dans une sorte de goulot de tôle. Résolu à percer ce mystère, Darry entraîne sa sœur vers l'église, dans le sous-sol de laquelle il découvre un amoncellement de cadavres. Son incursion dans l'antre du meurtrier n'a pas échappé à ce dernier, qui se lance à nouveau à ses trousses...


Pause pipi...

 

L'avis de BBJane :

Jeepers Creepers présente la particularité d'être le premier film fantastique « à succès » dont le caractère homosexuel fut unanimement reconnu, dès sa sortie en salles, par les fans du genre. La raison de cette clairvoyance inaccoutumée peut être trouvée dans le « scandale Salva », présent dans toutes les mémoires, bien que vieux d'une bonne dizaine d'années quand le film parut sur les écrans. En 1989, le cinéaste purgea quinze mois de prison pour abus sexuels sur la personne de l'un des jeunes comédiens de son premier film : Clownhouse. Gageons que si le public n'avait eu connaissance de ce fait-divers copieusement répercuté par la presse, Jeepers Creepers serait simplement considéré comme un excellent film de trouille, point barre. Un peu plus malsain que les autres, peut-être ? Quant à savoir pourquoi, on s'en branle, les mecs !... L'important, c'est qu'ça foute les j'tons !..

Comme dans la majorité des films fantastiques à caractère queer, l'homosexualité est ici assimilée à l'élément monstrueux, générateur de peur. Si Jeepers Creepers est aussi efficace sur le plan de l'angoisse qu'il génère (il fut d'emblée salué par le public et la critique comme l'une des œuvres les plus flippantes du début de la décennie), c'est que son auteur met ouvertement en scène ses propres démons, qui se trouvent relever de l'un des tabous les plus redoutés de notre époque : la tentation pédophile – ou plus exactement, la pédérastie, dans le cas qui nous occupe.

N'envisageant évidemment pas d'en faire l'apologie, Salva ne peut néanmoins renoncer à en tenter la justification – non sans mauvaise conscience, d'où une certaine ambiguïté dans le propos du film, et le déséquilibre qui l'affecte.

La réussite exemplaire des quarante premières minutes tient, d'une part, au fait que Salva s'abstient de tout effet de terreur surnaturelle, et d'autre part à ce qu'il épouse exclusivement le point de vue des proies du Creeper – particulièrement de Darry, le seul qui soit véritablement concerné par les visées du monstre. Or, il se trouve que l'adolescent, malgré la terreur que lui inspire son poursuivant, éprouve à son égard une irrésistible attraction, qui le conduit, tout au long du film, à aller à sa rencontre.

Si l'on prend Jeepers Creepers pour ce qu'il est (une allégorie pédérastique), on ne peut qu'être frappé par l'attitude qu'adopte la victime envers son agresseur, et qui témoigne d'autant d'attirance que de répulsion.

Il y a fort à parier qu'un tel propos, énoncé dans un contexte réaliste, et non sous le couvert du "fantastique", aurait de quoi susciter une rude polémique, propre à fermer à son auteur les portes des producteurs (et le soutien des spectateurs) pour nombre d'années, comme le fit son incartade passée.

Dès la première scène, la suspicion d'homosexualité pèse sur Darry. Ses efforts pour affirmer sa virilité (vitesse inconsidérée au volant, propos machistes envers sa sœur) sont ruinés par une malencontreuse série d'« actes manqués » (dans le « 6A4EVR » d'une plaque minéralogique, il lit « Gay forever », au lieu du plus judicieux « Sexy forever » indiqué par sa sœur ; plus tard, il constate que le linge lavé par sa mère a fâcheusement déteint : « J'ai douze paires de caleçons roses ! », lance-t-il à Trish, qui lui réplique ironiquement que « c'est peut-être un signe ».)

Après avoir tenté d'effrayer les occupants d'un camping-car en se ruant sur leur véhicule, il est à son tour harcelé de la même manière par la camionnette du Creeper – qui n'hésite pas, pour sa part, à lui rentrer dans le train (oserais-je parler d'« enculeur enculé » ?.. Oui, j'ai osé...) Une conjonction pulsionnelle est ainsi signalée entre le poursuivi et son poursuivant.


Suck my truck !!!

 

Première indication d'une menace pédérastique : la camionnette de l'agresseur accuse plusieurs kilomètres au compteur (« Une vieille caisse toute pourrie », commente Darry, avant de s'insurger, non sans une pointe d'admiration : « Il a gonflé son moteur, ou quoi ?.. »)

Ancêtre boosté au Viagra, franc du pare-choc et avide de collision : le truck vétuste du Creeper est une image transparente du « monstre pédéraste ». (L'influence du Duel de SPIELBERG, évidente durant le premier tiers du film, et revendiquée par Salva, me confirme qu'il ne serait pas malvenu d'apporter une lecture queer au chef-d'œuvre du papa d'E.T.)

Quelques kilomètres plus loin, Darry et Trish découvrent la camionnette à l'arrêt près d'une église abandonnée, et son conducteur occupé à jeter de sinistres paquets dans une sorte de boyau de tôle. Darry ne sera pas long (Long, vous avez dit Justin ?..) à vouloir retourner sur les lieux, contre l'avis de sa sœur. Il inaugure ainsi la série des "rétrogradations" que j'ai signalées plus haut, témoignant de son empressement à se jeter « dans la gueule du loup ». Si la peur lui interdit de répondre spontanément aux avances du monstre, il ne peut néanmoins s'en détourner.

Trish lui reproche sa coupable envie « d'aller voir s'il n'y a pas un truc sordide ».

« Dans les films d'horreur, y a toujours un con qui déconne. T'es ce con-là ? » ajoute-t-elle, comme pour anticiper la réaction des spectateurs. Ce réflexe récurrent chez les protagonistes de films fantastiques, qui consiste à se diriger résolument au devant du danger, suscite invariablement les sarcasmes des adversaires du genre. Pour sa défense, les fans ont coutume d'objecter que, sans ce comportement des victimes, il n'y aurait jamais d'affrontement – et, partant, pas de film... Justification un peu courte, et argument fort pratique pour éluder la question sensible : l'attirance de la future victime pour son futur bourreau (et, dans le cas de films au sous-texte queer, l'irrésolution des héros dans leurs choix sexuels.)

Attiré par « les trucs sordides », Darry ira donc se pencher sur le curieux orifice dans lequel le Creeper balance ses cadavres. Ce conduit menant aux entrailles de l'Enfer, et qui exhale une forte puanteur, n'est autre que l'anus du Mal (qui a dit du Mâle ?.. Désolé, on l'a déjà faite, celle-là...), objet de curiosité autant que d'appréhension pour notre hétéro vacillant, et source de révélations prodigieuses.

La scène de la chute de Darry dans Le Trou multiplie les allusions olfacto-scatologiques à tendance homoérotique – depuis l'insistance de Trish à évoquer l'odeur de chaussettes et de baskets crades de son frère (on sait le fétichisme homo relatif aux « skets et panards » – et cette référence abonde dans le film...), jusqu'à la dégringolade dans « toute cette merde », en passant par les multiples cadrages accusant l'aspect organique du conduit.


Le trou du cul du Mal


Forcément, cet œillet ne sent pas la rose...


Ce que découvrira Darry dans le sous-sol, sera – selon ses propres termes – « la Chapelle Sixtine d'un fou » (l'allusion à Michel-Ange, de qui l'on connaît les inclinations sexuelles, n'est certainement pas innocente, dans le contexte.) Les parois de l'antre et sa voûte sont tapissées d'un enchevêtrement de cadavres pourrissants, vision dantesque empruntée au Frayeurs de Lucio FULCI (l'exploration souterraine du cimetière de Dunwich), mais également évocatrice des charniers de la Seconde Guerre Mondiale. Salva – comme la plupart des auteurs spécialisés dans le fantastique – semble suggérer que le retour du refoulé, et son déchaînement, ne peuvent qu'aboutir sur l'horreur du serial killer ou sur celle du nazisme – encore ne faut-il pas oublier que le refoulé n'existerait pas, et, de fait, n'aurait aucune raison de se déchaîner, sans les contraintes entretenues par la Raison Sociale. Ce sont les garde-fous qui engendrent les fous, ce que le "fantastique", essentiellement réactionnaire et puritain, répugne à considérer.

Darry regagnera l'air libre et la surface terrestre dans un état de stupeur identique à celui d'une victime d'un viol. Sa sœur, assez peu soucieuse de sa traumatisante expérience, ne cessera de lui marteler qu'il « sent la merde » – inévitable conséquence de l'exploration des fondements...

Comme s'il prenait soudain conscience de s'être aventuré (et d'avoir entraîné son public) dans des régions décidément trop obscures et trop intimes, Salva fait dès lors basculer son film dans le fantastique pur.

Plus question de laisser planer le doute sur l'origine surnaturelle du Creeper ; tout est mis en œuvre pour que le spectateur renonce à s'interroger plus longuement sur les motivations profondes (trop humaines ?) du monstre. Textuellement, il devient un épouvantail de plus dans la galerie des famous monsters.

L'accumulation frénétique de détails abracadabrants et d'invraisemblances scénaristiques témoigne de la panique de Salva, atterré par les implications profondes de son œuvre, et par le ton de confession qu'il avait jusqu'alors adopté.

Décidé à se ressaisir, le cinéaste fait sombrer son film dans le n'importe quoi : intervention soudaine d'une voyante noire qui connaît tout sur tout et nous assène l'historique complet du monstre en deux coups de boule de cristal ; scène parfaitement superfétatoire de la « Vieille aux Chats », victime du Creeper ; introduction de gimmicks ineptes et jamais justifiés (pourquoi la chanson "Jeepers Creepers" annonce-t-elle inévitablement le surgissement du monstre ?.. pourquoi se manifeste-t-il uniquement « tous les 23 printemps pendant 23 jours » ?..)


"La Vieille aux Chats". On déplorera que Victor Salva n'ait rien trouvé de mieux à offrir que ce rôle ridicule à la sublime Eileen Brennan.

Jezelle, la voyante black, dans tous ses états...
(Divine avec du cirage ?..
Non : Patricia Belcher)


Pour excuser ces lacunes, Salva fait remarquer par sa providentielle voyante black que ses révélations ne sont pas « comme un film... il y manque des bouts, parfois... »

De-ci de-là, cahin-caha, le sous-texte rejaillit pourtant à la faveur d'un plan ou d'une réplique. Ainsi, le Creeper est décrit comme « une créature avide, échappée de la face cachée du Temps » (ou du "placard" de l'Histoire ?...) ; on nous apprend également qu'il est « habillé en homme pour cacher qu'il n'en est pas un », et qu'il « mange des organes qui le renouvellent » (retour au croquemitaine pédéraste, trouvant dans la jeunesse de ses proies matière à tromper son vieillissement).

De même, au plus fort du danger, Darry continue de renâcler lorsqu'il s'agit d'échapper au monstre : « Ralentis ! Tu vas nous tuer ! », lance-t-il à sa sœur, qui les exposerait pourtant à une mort plus sûre en roulant plus lentement...

Dans la plus totale confusion scénaristique (ou en raison de cette confusion), Salva laisse néanmoins certains indices lui échapper. Ainsi, à l'issue de la première confrontation entre le Creeper et « la Vieille aux Chats » : « Qu'est-ce que TU m'as ramené ? », lance cette dernière à Darry, en lui balançant la crosse de son fusil dans les parties. Elle suggère par-là que l'adolescent (non sa sœur) est la proie d'élection du monstre. Ce que nous confirme le finale : ayant reniflé tour à tour Darry et Trish, le Creeper envoie dédaigneusement valdinguer le jeune fille, et prend la poudre d'escampette avec son frère.

Trish a beau prétendre désespérément, pour inciter la créature à la choisir, qu'elle a « la même chose que Darry en elle » ("chose" qui, là encore, n'est jamais explicitée, mais est très clairement un parfum d'homosexualité), rien n'y fera : le croquemitaine n'en pince résolument que pour les garçons...


Encore un bel exemple d'« acte manqué »...
Comment réparer les outrages homosexuels ? En nouant un slip rose à son pare-choc arrière, bien sûr !..


Le dernier plan du film nous montre le Creeper regardant la caméra à travers les orbites vides d'un Darry fraîchement dépecé. Ces yeux qui nous fixent, brillant de haine – ou de convoitise – sont ceux du jeune garçon, que le monstre vient de se greffer. Par cet acte, il consacre l'union avec sa victime – et par ce regard, il nous rappelle qu'au fond, tous deux ont toujours partagé le même point de vue.


Par le petit bout de la lorgnette : « l'enculeur enculé ».


Parce qu'il amena les fantasticophiles à s'interroger (enfin !) sur le sous-texte homosexuel de leur genre favori, Jeepers Creepers peut être regardé, en dépit de ses faiblesses et de ses regrettables ruptures de ton, comme un film-charnière. En ce sens, on peut considérer qu'il y a désormais un avant et un après J.C.


J.C.

 

N.B. : Sauf erreur de ma part, aucun commentateur n'a signalé l'évidente parenté entre le Creeper et les « Maigres Bêtes de la Nuit » lovecraftiennes – créatures ailées arrachant leurs proies à la Terre pour les emmener vers un ailleurs de cauchemar, qui hantèrent les nuits du « reclus de Providence », sa vie durant. Hommage conscient, ou similaire sublimation onirique/artistique d'obsessions pédérastiques ?.. Je vous laisse en juger...

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