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« Il faudrait tous les tuer ces pédés ! »

par  Antonio Manuel

 

Antonio Manuel a eu pour berceau la fiction orale d'un exil. Il n'est donc pas étonnant que ses études l'aient conduit vers la littérature qui sait si bien travestir le réel afin qu'il soit conforme à ce que l'on pouvait l'imaginer. C'est donc tout naturellement qu'il choisit à l'université la voie qui va lui offrir l'art de voiler et de démystifier le réel : les Lettres modernes. Professeur de français, il continue d'être le lecteur très assidu qu'il fut dès l'enfance. L'écriture est vécue comme un prolongement du terme où les auteurs lus déposent les armes, et le questionnement perpétuel d'une réalité dont le mystère ne cesse d'exercer sur lui son grand pouvoir de fascination. Atteint d'une grave maladie auto-immune, il considère plus que jamais la littérature comme un espace de déambulation où toute rencontre se diapre de mystère et où toujours il rêve de plonger pour que tout lui soit révélé.

 


Je ne me souviens plus de l’émoi suscité par ces mots en moi. Cela m’étonne d’autant plus qu’ils furent souvent répétés, peut-être même commentés, leur affirmation développée, la pensée les sous-tendant affinée.

Mon père les prononça. Mais je sais que tous les hommes de ma famille auraient pu les prendre à leur compte. Tous partageaient cette opinion.

Être homosexuel n’était pas acceptable. Il s’agissait d’une hérésie, d’un scandale, d’un crime. Un crime bien plus condamnable à leurs yeux que le vol, le viol, le meurtre sans doute. D’ailleurs, j’ai entendu dire à de multiples reprises qu’il était préférable d’avoir un enfant délinquant que pédé.

C’est dans un tel climat d’homophobie que j’ai grandi.

Parallèlement, certaines après-midi, je jouais dans le salon devant le poste de télévision que ma mère regardait en repassant. Je voyais Dominique Fernandez, glorieux écrivain primé par le Goncourt, qui discutait avec la présentatrice de la célèbre émission des années 70 : « Aujourd’hui madame ».

Je savais que ma mère l’aimait beaucoup et admirait son talent. J’ai donc implicitement décidé d’épouser l’âme de cette femme qui reconnaissait l’art comme la cause d’une fascination qu’aucune circonstance liée à un quelconque attrait sexuel n’était susceptible d’altérer.

Quelques heurts sporadiques au collège : vindicte massive d’adolescents pubères excités par leur nombre et l’incertitude de leur développement à l’encontre de celui en qui ils ne percevaient pas le même respect pour la loi du sexe fort. Incongruité impardonnable pour leurs esprits trop peu certains d’avoir raison. Poussière de doute que seule une larme de joie mauvaise doit pouvoir laver.

Le lycée.

Puis l’université. Épanouissement souverain d’une homosexualité presque brandie comme un comportement d’un intellectualisme ultime. Il faut dire que François Mitterrand avait dépénalisé l’homosexualité entre temps.

L’enseignement, fruit de ces années d’études universitaires, droit vaincu de délivrer la parole savante, au prix de l’obtention d’un concours ardu et sélectif, allait me rappeler la rigueur de la réalité quant au bannissement social de l’homosexualité.

Il n’était donc pas uniquement le fait de mon père et de la plupart des hommes de ma famille, non. Ils l’avaient eux-mêmes appris dans la rue, à l’école, dans la vie de tous les jours, dans les dénis, les reniements, les mépris, les discours fascisants, les silences éloquents, les sourires ironiques et les regards avilissants.

Alors, afin qu’aucun soupçon d’incompétence sur soi ne pèse, il faut se taire. N’avoir nulle existence amoureuse ou bien ne point en faire état. Même si vos collègues évoquent sans le moindre souci l’accouchement de l’épouse, le baptême du petit dernier ou les nuits blanches occasionnées par la santé fragile d’un nouveau-né, partager leur allégresse, le récit de leur insomnie, l’attente inquiète du mari de la parturiente ou la fierté du futur marié, tout cela vous est autorisé, voire même fortement conseillé, mais oser faire allusion à l’homme avec lequel vous allez vous pacser faute de pouvoir l’épouser, il n’y faut pas même songer.

C’est ainsi qu’on se souvient des paroles de papa et que l’on se demande s’il n’avait pas raison, dans le fond, de préférer un enfant délinquant à un rejeton dénigré par la société…

Surtout lorsque cette branche mauvaise, cette herbe folle, malgré le désherbant puissant de la pensée ségrégationniste, s’est obstinée à croître et qu’elle a déposé, au creux du jour, un fruit, le seul qu’elle ait su engendrer, que de trop nombreux libraires refusent de voir figurer sur les étagères de leur boutique, prétextant que leurs lecteurs ne s’intéressent pas à cette pseudo littérature, avant de vous raccrocher au nez tout simplement.

En regardant Dominique Fernandez, dans le petit écran du poste de télévision, avec maman, j’avais cru qu’ « une œuvre d’art est bonne si elle est née d’une nécessité », comme l’a écrit Rainer Maria Rilke dans ses Lettres à un jeune poète. J’avais fini par penser que « c’est la nature de son origine qui la juge » et non l’orientation sexuelle de son auteur…

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