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DOUG IRELAND, JOURNALISTE :

«  Stonewall est devenu un mythe… »

 

Par  Christophe Martet



Doug Ireland est un journaliste (notamment pour le site français Bakchich) et un blogueur américain. Il a collaboré, entre autres, au Village Voice, à New York Magazine ou encore à Libération. Doug avait une vingtaine d’années au moment des émeutes de Stonewall, il commençait alors sa carrière de journaliste au New York Post. Pour Christophe Martet et Yagg, il remonte le fil de ses souvenirs et livre son regard – forcément critique – sur l’héritage stonewallien et la communauté LGBT d’aujourd’hui.


© La pt'ite Blan

 

Si je vous dis Stonewall, quelle est la première idée qui vous vient à l’esprit ?

Les émeutes au Stonewall Inn, un bar gay, après une rafle policière musclée, était une étape marquant l’évolution de la lutte tranquille pour les droits civiques des homos, qui avait commencé dans les années 50, en mouvement militant et radical de libération gay. Mais depuis Stonewall est devenu un mythe, quoiqu’un mythe utile et rassembleur. Je dis « mythe » parce que Stonewall n’était pas la première fois que les homosexuels et autres dissidents sexuels s’étaient révoltés contre l’injustice policière. En août 1966, il y avait eu à San Francisco une émeute des travestis, des trans’, et des gigolos militants membres de Vanguard (la première association de la jeunesse gay aux États-Unis, qui avait été lancée localement quelques mois auparavant). L’émeute avait eu lieu au Compton’s Cafeteria – un lieu ouvert toute la nuit où l’on pouvait manger pour pas cher et où les trans’ et les gigs avaient l’habitude de se réunir – après qu’un policier avait frappé un des travelos. Se travestir était illégal à San Francisco à l’époque, et les arrestations des travestis et des trans’ était assez fréquentes et souvent violentes. L’événement a été presque oublié jusqu’en 2005, quand un excellent documentaire, Screaming Queens: The Riot at Compton’s Cafeteria [projeté récemment au Festival identiT à Paris, NDLR], a fait la reconstitution de l’émeute avec l’aide des témoignages de participants. Et deux ans avant Stonewall, en février 1967, à Los Angeles, il y a eu ce qu’on appelle le « Black Cat Riot », une émeute du nom d’un bar gay qui avait été la cible d’une rafle marquée par des violences policières assez brutales. Mais les émeutes de Stonewall ont eu une conséquence politique très importante: le lancement du Gay Liberation Front le mois suivant.

 

À la fin des années 60, vous étiez très engagé dans la lutte contre la guerre du Vietnam. Comment avez-vous vécu les tout premiers moments du mouvement gay ? Étiez-vous à New York en juin 1969 ? Comment avez-vous réagi ?

La première des trois nuits d’émeutes de Stonewall, je me trouvais dans un bar apprécié des journalistes, le Lion’s Head, qui était à quelques pas du Stonewall Inn. Je travaillais pour le New York Post, qui était à l’époque le quotidien le plus progressiste de New York City, mais j’étais au placard et un homo honteux. Donc j’ai assisté à l’émeute de Stonewall seulement en spectateur. Le seul client du Lion’s Head qui était sorti pour rejoindre les émeutiers, qui étaient essentiellement des trans’ et des jeunes folles de la rue la première nuit, était un chanteur folk dont les disques avaient eu un certain succès, Dave Van Ronk, un grand gaillard trotskiste qui aimait faire la bagarre avec les flics pour n’importe quelle raison. Van Ronk a été arrêté par les flics. En temps normal, il n’était pas particulièrement sympathique envers les homos. Moi non plus, par peur qu’on me prenne pour l’un d’entre eux.

Mais assez rapidement après Stonewall, le lancement du mouvement de libération gay et sa définition de l’oppression des homosexuels comme une question politique m’ont poussé à une prise de conscience et à une sensibilisation à l’injustice totale de l’opprobre que la société infligeait à une masse de gens dont je partageais l’orientation sexuelle.

L’année après Stonewall, j’ai dirigé la campagne électorale de mon amie Bella Abzug – une avocate qui était l’un des leaders du mouvement contre la guerre au Vietnam – pour briguer un siège au Congrès, qu’elle a remporté. Bella était formée par la culture du Front populaire des années 40, et elle était la première radicale élue au Congrès depuis des lustres. En 1970, j’avais beaucoup fréquenté les militants du Gay Activists Alliance, une association lancée par des dissidents du Gay Liberation Front et devenue beaucoup plus importante à New York City que le GLF. Et parce que Greenwich Village était inclus dans notre circonscription, j’ai envoyé Bella à la pêche au vote homo dans les bars gays du Village, et même dans les célèbres bains gays où la chanteuse Bette Midler avait commencé sa carrière, les Continental Baths!, Bella était la première personnalité politique de taille à solliciter ouvertement le vote homo, et ce fut payant dans les urnes. En 1971, un de ses premiers actes en tant que membre du Congrès fut d’introduire le premier projet de loi dans l’histoire des États-Unis pour protéger les homos contre les discriminations, et je suis fier de pouvoir dire que j’en étais en partie responsable.

 

Quels sont, selon vous, les principaux apports de Stonewall ?

Stonewall était la cause directe du lancement du Gay Liberation Front, dont la première action fut d’organiser une marche pour protester contre la brutalité policière anti-homos, le mois après l’émeute. Il ne faut pas séparer Stonewall de son contexte politique. Les années 60 ont été très marquées par une renaissance du radicalisme mise en sourdine par la Guerre froide et la chasse aux sorcières du maccarthysme à gauche. C’était le temps des mouvements estudiantins gauchisants, des émeutes raciales urbaines et des Black Panthers, de la lutte contre la guerre du Vietnam qui a secoué le pays. Le Gay Liberation Front était ancré dans le radicalisme de l’époque, et beaucoup de ses fondateurs et premiers membres était des jeunes vétérans d’autres mouvements politiques de l’époque, y compris le mouvement pour les droit civiques des noirs. L’Amérique d’alors était bouillonnante de l’effervescence antiraciste, antiguerre, et pour la libération des femmes. Le mouvement de libération gay d’alors était anticonformiste et radical, une rupture avec la timidité de la Mattachine Society, l’association nationale « homophile », comme on disait alors. Quoique Mattachine avait était fondée au début des années 50 par Harry Hay, le styliste Rudi Gernreich, et autres gauchistes issus de la mouvance communiste. Les « modérés » de Mattachine avait vite expulsé ces gauchistes, et, par la suite, leur démarche assez timide (dans leurs rares manifs publiques, ils exigeaient le costume-cravate pour les hommes et des tenues également bourgeoises pour les femmes) et parfois même un peu honteuse, cherchait l’intégration des homos dans la société. Stonewall a symbolisé la rupture avec tout ça, car la libération gay célébrait le droit à la différence et le frisson d’être hors-la-loi et marginal. Le Gay Liberation Front était autant concerné par la guerre du Vietnam, la lutte antiraciste, ou le droit à l’avortement, que par les questions exclusivement homos et leur slogan « Gay is Good ». Philosophiquement et politiquement, il a compris le besoin pour les homos de travailler en coalition avec les autres mouvements politiques. Et au milieu des années 70, il y avait pas moins de 300 antennes du Gay Liberation Front partout dans le pays. Pour avoir une idée de ce qu’était la politique gay de l’époque, vous pouvez lire le bouquin de Dennis Altman, Homosexual: Oppression and Liberation, un des premiers textes théoriques de libération gay aux États-Unis et sans doute le plus influent à l’époque.

 

En quoi ces événements ont-ils changé la vie quotidienne des homosexuels ?

Les tactiques très médiatisées du mouvement de libération gay ont mis fin à l’invisibilité et à la passivité des homosexuels. Le slogan « Out of the closets and into the streets » a encouragé le coming-out comme un acte radical et fondamental et a changé les esprits de centaines de milliers d’homos. L’influence de ce mouvement est symbolisée par le succès de son insistance sur le mot « gay » à la place du mot unidimensionnel et trop médical « homosexuel ». Insister sur le coming-out a crée la base du vote gay visible, qui est responsable des succès législatifs qui se sont accumulés depuis 40 ans.

 

Vous avez été journaliste pour Libération et vous collaborez à des médias français. Comment qualifieriez-vous l’importance de Stonewall dans le mouvement homosexuel français et européen ?

La suite politique de Stonewall a été beaucoup imitée en Europe. Au Royaume-Uni, le Gay Liberation Front britannique a été reconnu comme un mouvement important par la presse nationale dès 1971. En France, mon ami aujourd’hui disparu Guy Hocquenghem, qui me manque toujours autant, m’a raconté comment lui et peut-être le Fhar avaient été influencés par les idées développées par le mouvement de libération gay américain après Stonewall. En Italie, même si Massimo Consoli, l’anarchiste qui était l’agitateur magnétique de la libération gay italienne et son père fondateur, avait commencé sa lutte pour les homos en 1963, c’est lui qui avait organisé la première commémoration annuelle de Stonewall en 1976, à un moment où peu d’Italiens savaient ce qu’était Stonewall. L’autre célèbre agitateur et théoricien des débuts de la libération gay italienne, Mario Mieli, également disparu, m’avait dit un jour qu’il avait été influencé par le radicalisme des Gay Liberation Front aux États-Unis et en Angleterre [à lire: Éléments de critique homosexuelle. Italie: les années de plomb, de Mario Mieli, EPEL, 2008]. Stonewall et la libération gay américaine ont même pénétré la Russie communiste, car il y avait à Saint-Petersbourg, au début des années 70, un petit journal homo éphémère qui avait parlé de Stonewall.

 

Vous êtes un chroniqueur acharné du combat pour l’émancipation des homosexuels dans le monde. Quarante ans après Stonewall, où en sommes-nous sur le chemin de l’égalité des droits ? Aux États-Unis ? Dans le monde ?

Le mouvement de libération gay est mort chez nous depuis presque une trentaine d’années, pour des raisons que j’ai analysées récemment dans un essai pour la revue de gauche New Politics. Il a été remplacé par ce qu’il convient d’appeler un mouvement de citoyenneté gay très embourgeoisé, mais qui a eu des succès politiques. Car aujourd’hui, aux États-Unis, qui est une république fédérale, 20 de nos 50 États ont des lois qui protègent contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, et 13 ont des lois qui protègent les dissidents du genre. Mais 38 ans après que mon amie Bella Abzug a présenté le premier projet de loi contre les discriminations homophobes, notre Congrès n’a toujours pas voté une telle loi, tant l’influence de la religion est grande chez nous. Le mariage pour les couples homos, qui n’est pas pour moi une question prioritaire, est maintenant légal dans six États. J’ai honte de dire que, sur le plan de la solidarité internationale LGBT, le mouvement gay institutionnalisé et nos associations les plus importantes, comme Human Rights Campaign et le National Gay and Lesbian Task Force, sont totalement isolationnistes et passent sous silence l’oppression des LGBT à l’étranger. Ce qui fait un contraste frappant avec les associations européennes, toujours solidaires avec les LGBT d’autres pays.

Dans le reste du monde, si l’Amérique Latine a fait des progrès énormes depuis une vingtaine d’années, en revanche, la situation en Afrique, au Moyen Orient, en Asie, et même en Europe de l’Est, n’a pas beaucoup avancé, à quelques exceptions près, car c’est là où se trouvent la plupart des 86 pays qui ont toujours des lois contre l’homosexualité, et c’est là que les comportements sociétaux, culturels, et religieux restent forts contre nous. Les pays où la situation est la plus critique sont l’Irak, où la campagne de « nettoyage sexuel » très organisée par des escadrons de la mort intégristes tue des LGBT chaque jour, et la République islamique d’Iran, où règne la terreur anti-homo du régime théocratique qui persécute avec violence, torture, et parfois tue nos frères et nos sœurs.

Il ne faut pas oublier non plus que la situation des trans’ est des plus dramatiques, vu le nombre de meurtres de trans’ partout dans le monde, y compris aux États-Unis. C’est pourquoi l’initiative lancée en France par mon ami Louis-Georges Tin et le Comité Idaho (Journée mondiale contre l’homophobie) pour une pétition globale adressée à l’Onu et a l’Organisation mondiale de la santé contre la transphobie et pour le droit des trans’ de choisir librement leur identité sans entrave me semble une démarche très importante que nous avons tous le devoir de soutenir, vu le rôle-clé joué par les trans’ durant Stonewall et dans les autres rébellions, mais aussi dans le mouvement de libération gay. Notre dette envers les trans’ est énorme!

 

George Chauncey nous a montré que le « Gay New York » n’est pas né en 1969. Comment est le gay New York d’aujourd’hui ?

Très commercial !

 

Interview reproduite avec l’aimable autorisation de Christophe Martet et Doug Ireland.

Première publication : Site Yagg, 26 juin 2009.

Tous droits réservés sur le texte et les photographies.

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