Longtemps, mon côté « vieille France » et mes références familiales et religieuses m’ont fait considérer qu’il était à l’opposé du romantisme de s’abandonner, dès le premier soir, à des plaisirs coupables avec quelqu’un fraîchement rencontré. Il me semblait même qu’une histoire d’amour n’avait aucune chance de voir le jour, si l’on ne se faisait pas quelque peu désirer. Même Ally McBeal ne couchait pas le premier soir, et j’ai le souvenir de chastes baisers qu’elle donnait à ses soupirants devant sa porte d’entrée, et bien sûr sous la fenêtre de sa copine Renée…
Hier, en fin d’après-midi, j’avais rendez-vous avec un jeune homme d’une trentaine d’années, typé italien, que par commodité j’appellerai « Célio ». Célio fait partie de l’éventail des soupirants qui me courent après sur certains sites de rencontres qu’il convient de ne point nommer pour ne pas leur faire de publicité gratuite sur ces pages, et qui a pris l’initiative de me fixer un rendez-vous « pour boire un verre ». C’est ainsi qu’à l’heure de l’éclaircie sous un ciel d’août désespérément gris, je l’ai retrouvé à la station de métro qui porte le nom du roi de la pomme de terre.
Il m’a fait découvrir un café sympathique du quartier, et sans prétention, où l’on est bien et surtout où l’on peut consommer à des tarifs bruxellois. Par exemple : 2 € le verre de Kronenbourg ou de Coca. Si vous souhaitez découvrir cette adresse, écrivez à la rédaction ou sollicitez un rendez-vous avec Zanzi. Mais je m’égare… Je n’ai pas tardé à m’apercevoir que je plaisais à Célio, car j’avais réussi à allumer dans son regard une flamme bien particulière qui signifie : « j’ai envie de toi ».
Après lui avoir montré en direct-live un aperçu de mes talents (deux poèmes écrits devant lui en un temps record sur les pages en papier recyclé d’une revue gratuite), nous sommes allés nous promener le long du Canal Saint-Martin et, au retour, il m’a invité à « prendre un dernier verre » chez lui. La littérature et le cinéma foisonnent de ce genre de scène qui généralement ouvre la voie à une plus grande intimité entre les protagonistes. Aussi, après quelques tergiversations, s’est-il jeté sur moi avec la ferme intention de me manquer de respect.
Contrevenant à mes habitudes en la matière, je me suis laissé entraîner sur son lit où, effectivement, j’ai pu vérifier la fermeté de ses intentions à mon égard… Une heure plus tard, je venais donc de coucher le premier soir avec un garçon rencontré à peine quatre heures plus tôt. La bonne question est de savoir pourquoi je l’ai fait.
Au hasard des rencontres avec des gens aussi farfelus que doués d’un certain bon sens, il m’est apparu comme une évidence que le premier soir peut aussi être le dernier. Comme on ne sait jamais s’il y aura un lendemain, un après, il faut saisir l’opportunité au moment où elle se présente et tant pis pour la morale de grand-maman ! Jadis, j’ai laissé passer des occasions à cause de vieux schémas mentaux que je tends à renverser. Hier soir, j’ai donc abattu un pan de mur. Cela dit, le partenaire en valait la peine. Il ne faut tout de même pas se livrer à ce petit jeu avec toute la City.
Voici ce qu’il faut retenir de ce premier billet. Carpe diem, et carpe noctem.
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