Ce matin, je me suis levé à regret. Difficile de dire, sur le moment, si j’aurais préféré faire la grasse matinée ou ne pas me réveiller du tout.
Me lever, faire les mêmes gestes machinaux, encore et toujours, le quotidien d’une vie sans saveur. Me regarder dans la glace et traquer les signes éventuels d’un dépérissement parce qu’une connasse de collègue a trouvé publiquement que j’avais maigri, et que je suis un peu hypocondriaque et que tout de suite je me mets martel en tête.
Traverser le bordel de mon appartement, pire qu’un souk, et que je n’ai pas le courage de ranger. Pas envie. Et puis c’est un bon prétexte pour ne recevoir personne et vivre comme un ours dans sa caverne.
Me traîner jusqu’au métro pour me traîner jusqu’au bureau. Pas motivé. Fermer les yeux pour ne pas voir le monde qui m’entoure. Refuser de regarder la laideur de ces zombies qui font la gueule encore plus que moi. Éviter d’admirer une beauté qui ne fera jamais partie de ma vie. Cette vie que je méprise et que je n’aime pas.
Me dire que je suis un sale con. Je devrais faire des efforts, reconnaître que je suis moins malheureux qu’une multitude d’autres personnes. Depuis deux semaines, je m’amuse en écrivant sur ce blog, ça me défoule, ça me détend. Dans deux semaines maxi, un petit être viendra au monde qui devrait me rendre complètement gaga. Alors que j’ai des raisons d’espérer, pourquoi donc laissé-je ce désespoir récurrent m’envahir aujourd’hui ? Peut-être ne suis-je pas né pour être heureux. Je n’ai pas le don du bonheur.
Arriver au bureau. Allumer mon ordinateur. Lire mes mails…
Reprendre du poil de la bête parce qu’un connard a décidé de faire chier mon service jusqu’au bout, et que c’est nous qui allons le lui mettre bien profond, et pas l’inverse. Gueuler avec ma voix de baryténor que ça ne se passera pas comme ça et que s’il veut la guerre, il l’aura ! Regarder le blog Les Toiles Roses et lire les dernières citations mises en ligne par Daniel C. Hall. Réaliser que le combat à mener contre tous les crétins du monde et les esprits obscurantistes vaut mieux que de se laisser aller à des crises passagères de neurasthénie. Et réagir.
Ce matin, je me suis levé à regret mais je me suis levé du pied gauche. Et pour certains, ça va barder.
C’était Zanzi, mode Dark Zanzor activé.
Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
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