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Fiche technique :
France, 2006, 92 mn
Réalisation : Patrick Czaplinski, captation de la pièce Les grecs de Jean-Marie Besset. Mise en scène : Gilbert Désveaux. Décor : Serge Coiffard. Lumières : Franck Thévenon. Costume : Juliette Chanaud. Directeur de la photo : Cécile Trelluyer. Son : Raphael Dufour. Montage : Dominique Durand.
Avec Xavier Gallais, Marianne Basler, Laurent d’Olce et Salim Kechiouche.

Résumé :
Léna (Marianne Basler) mère de deux enfants, que l’on ne verra pas, mariée à Henri (Laurent d’Olce), a invité, un samedi soir, Alain (Xavier Gallais), son amour d'adolescence dans leur  villa cossue de la belle banlieue parisienne. Apparemment, elle règne, en ce début de soirée, entre un mari à ses petits soins et un ami, ancien amant, intellectuellement son complice. Alain et Léna se sont connus en Grèce. Ils avaient dix-huit ans. Ils ont eu alors une brève liaison, avant qu'Alain préfère les garçons. La vie les a séparés. Ils se revoient depuis quelques mois, grâce à la rencontre fortuite d'Henri avec Alain, et du désir souterrain qui existe entre les deux hommes. Léna se complaît à l’évocation de leur voyage en Grèce. Mais l'ancien amant, devenu homosexuel, est celui qui apporte la discorde dans ce couple bourgeois modèle, à la façon des Grecs ravageant la belle ville de Troie. L’Illiade est le sujet de la conversation écran du dîner. Alain est, à la façon d'Achille, le guerrier qui entre en conflit avec l'ordre établi, la famille, le couple... Insensiblement, par touches légères, par degrés progressifs, l’ordre apparent se désagrège. La façade sociale, l’illusoire amitié se révèlent factice. À l’acmé de ce dévoilement brutal des corps et des cœurs débarque Osman (Salim Kechiouche), le petit ami algérien d’Alain. Peu importe qu’il soit l’amant d’Alain, guidé par la jalousie, son intrusion épure le jeu : il enlève les masques, force chacun à avouer, devant les autres, ce qu’il désire. Osman rend manifeste l’ultime défaite de Léna. Elle se donne à lui, complice. Au petit matin, on pansera les blessures par des échanges jubilatoires autour de la table du petit déjeuner...

 


L’avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
La première qualité de la pièce de Jean-Marie Besset, comme de tout son théâtre, est de ne pas se vouloir naturaliste. Le théâtre n’est pas la vie. Il est une autre vie, consolante dans la mesure où il nous rend maître de quelques lois et donne l’illusion de fixer le temps parce qu’il crée un temps qui lui est propre. Besset renoue avec le grand théâtre de l’entre deux guerres. Sa référence la plus immédiate est Bernstein, mais on peut y voir aussi des réminiscences de Giraudoux et de Bourdet.
Les Grecs se placent dans la droite ligne d’une de ses premières pièces, Ce qui arrive et ce qu'on attend, qui a révélé cet auteur brillant. On y suivait l'itinéraire chaotique d'un jeune architecte qui rencontre un ami d'enfance, dans l'antichambre du pouvoir. Tous les thèmes de Jean-Marie Besset étaient déjà réunis, les jeux de l'ambition, de la séduction, de l'amour à géométrie variable que l’on retrouve dans Les Grecs et que l’ on peut aussi rapprocher de Rue Babylone (dvd COPAT), son opus précédent, où également un étranger miséreux servait de révélateur à un homme nanti. Le dramaturge ne fait pas mystère de ses maîtres : « André Téchiné au cinéma par exemple, Houellebecq et ses écrits témoignent sans fard d'une réalité amoureuse et sexuelle. J'aimerais réussir ce travail dans mes pièces et tenter d'intéresser les trentenaires à l'art théâtral et qu'ils retrouvent le chemin des salles. »
Encore une fois, Besset place l’homosexualité au centre de son propos, ce qu’il confirme sans fausse pudeur : « Il y a des formes d’homosexualité qui sont aujourd’hui marginalisées, négligées. Ici, je parle de ce rapport à l’homosexualité très complexe qui est celui des Maghrébins, de la sexualité furtive et secrète du mari, et je présente avec l’ami un type d’homosexuel que je définis comme très parisien, à la Chéreau, Navarre, Foucault… très intellectuel, très dur, dominant l’autre... On m’accuse parfois de faire du prosélytisme : mais je n’ai jamais cherché à convaincre quelqu’un de devenir homo ! Je témoigne, je parle de ce que je connais, de la société comme elle est. Il y a beaucoup d’homos autour de moi, à commencer par moi : j’écris aussi à travers mon prisme. Ce n’est pas du militantisme, c’est une façon de rétablir une réalité souvent occultée même dans cette longue tradition française d’auteurs homos qui n’en ont pas parlé ! Ce n’est pas militant non plus dans la mesure où je ne fais pas des essais sociologiques. Et en même temps, l’homosexualité est aujourd’hui un des thèmes très importants du débat. »
Il est incontestable que les intellos-bourgeois (de gauche bien sûr, le bourgeois de droite ne peut être qu’inculte selon la doxa parisienne) se reconnaîtront dans les personnages de la pièce. Où est le mal à cela ? Je reconnais sans aucune honte que je suis plus près de ce groupe abhorré par ses propres sectateurs, qui constituent la grande majorité du public du théâtre, que des paumés du Gardien de Pinter, des actants loqueteux d’En attendant Godot ou bien encore des folles carnassières du grand Copi... Pourquoi cette timidité sur scène comme ailleurs, depuis la déshérence du marxisme, à dire le fait social ? On voit bien qu’autant Besset est brillant dans sa peinture du désir autant il est timoré en ce qui concerne le constat social. On apprend subrepticement que Léna est une brillante normalienne. On nous glisse qu’Alain est médecin, fonctions ou qualités qui d’ailleurs n’ont pas d’incidences sur le déroulement de l’intrigue; mais le mari n’a pas droit à une quelconque qualification. On sait juste qu’il était en séminaire à New York le 11 septembre 2001. Il faut dire que l’on a un peu de mal à s’en persuader, car aussi bien Laurent d’Olce que Jean-Michel Portal, leur talent indéniable n’est pas en cause, n’ont pas le profil idéal pour le rôle. Quant à Osman – personnage si archétypal que l’on sent bien que dans l’esprit de l’auteur, il ne peut être que chômeur ! – Salim Kechiouche, qui ne rentre qu’à la 46e minute du spectacle, reprend peu ou prou son personnage du film Grande école, qui n’existait pas dans la pièce de Besset dont est tiré le film, et qui y a été ajouté par Salis pour le grand écran.
Il est amusant de lire dans le dossier de presse que Gilbert Desveaux, le metteur en scène, qualifie Les Grecs de pièce optimiste et que l’accommodement du couple aux diverses entorses à la fidélité est bien préférable au divorce, sous entendu pour les enfants. Avec cette intronisation de l’homosexualité dans le couple bourgeois, on ne peut être qu’ébahi par la faculté de récupération par la bourgeoisie des revendications soixante-huitardes pour les libertés sexuelles. C’est à la fois effrayant et consolant...
La captation, probablement réalisée à l’aide de quatre caméras, est fidèle à l’efficace mise en scène de Gilbert Desveaux, tout en prenant de vraies partis pris dans la mise en image ; comme celui de privilégier les plans moyens par rapport aux gros plans et aux plans larges. Ainsi souvent on a le sentiment que les acteurs jouent sur un fond de toiles de l’abstraction géométrique à la Mondrian ou à la Magnelli, ce qui est du meilleur effet esthétique et nous recentre sur le jeu et le texte, nous évitant d’être par trop accaparé par le splendide décor de Serge Coiffard.
Ce décor est un atout essentiel pour la pièce, tant il est beau. Les producteurs de spectacles devraient toujours avoir à l’esprit, que c’est d’abord, le décor que l’on voit durant toute une représentation. Dans Les Grecs, il n’est pas seulement magnifique, il est informatif, beaucoup plus que le texte, sur la situation sociale et le goût des habitants du lieu.
Son importance était validé par la communication du Théâtre du Petit Montparnasse, dans lequel la pièce fut créée au printemps 2006, qui choisit, avec beaucoup d’audace, comme affiche, l’extérieur supposé de la villa où se déroule l’intrigue. La furtive mention du RER et de l’ouest parisien, me fait subodorer que cette belle maison d’architecte doit se situer du coté de Chatou et du Vézinet. Elle est curieuse cette répugnance des auteurs de théâtre français à ne pas vouloir situer géographiquement avec exactitude leurs pièces, alors que leurs confrères anglais se régalent des énumérations de lieux, rues et autres gares dont ils parsèment leurs œuvres. Ce qui a aussitôt pour effet de faire naître, pour bon nombre de spectateurs, bien des réminiscences qui enrichissent de leurs sous-textes les pièces. 
Le parti pris du plan moyen a pour conséquence que nous contemplons assez rarement la totalité du décor. Lorsque cela se produit, celui qui a vu la pièce, lors de sa création au Petit Montparnasse, s’aperçoit que la caméra n’a pas été positionnée comme le serait un spectateur situé au centre d’une rangée, face à l’action, mais de biais, tel un voyeur, situé à l’extrême du côté jardin. Choix curieux puisqu’un décor de théâtre est d’abord étudié pour être vu du centre, donc avec un regard perpendiculaire à la scène. Le résultat est que nous percevons le plateau plus grand qu’il n’est dans la réalité. Cette vue a pour corollaire de rendre plus froid et moins intime ce lieu de vie où déjà dominent les couleurs froides et le béton brut.
Il aurait été préférable que la captation s’effectue sans public, celui-ci reste toujours hors champ. Ses rares interventions sonores sont plus gênantes qu’efficaces pour la recréation de l’ambiance de la représentation théâtrale.
Le montage va bien au delà du sempiternel champ contrechamp. Il soutient bien le rythme de la pièce. On lui pardonnera quelques images presque subliminales et qui sont surtout intempestives.
La première surprise en découvrant la captation est de constater que Jean-Michel Portal, créateur du rôle d’Henri, a été remplacé par Laurent d’Olce qui était depuis dix ans pensionnaire de la comédie Française. Les Grecs est son premier spectacle depuis qu’il a quitté la maison de Molière. Même si Laurent d’Olce ne démérite en rien, on ne gagne pas au change. Tout comme Portal, il me parait un peu trop prolétarien pour incarner le personnage d’Henri. Il joue plus frontal et apporte moins de mystère à ce mari ambivalent qu’en apportait Portal. Marianne Basler est remarquable. Elle est merveilleuse dans la première partie de la pièce dans cette époustouflante conversation mondaine, proprement homérique, dans laquelle elle « dombaslise » avec gourmandise. Nous sommes soudain transporté dans un Rhomer un peu trop chic. Salim Kechiouche est impeccable, juste comme toujours, dans un emploi qu’il connaît bien, celui du beur tentateur mais méritant. C’est surtout Xavier Gallais, en tête à claques de charme, qui nous enchante de son jeu tout en finesse fait de petits riens qui construisent de minute en minute son personnage. En 2004, il a remporté le Molière de la Meilleure Révélation Masculine pour la pièce de Koltes, Roberto Zucco, mise en scène par Philippe Calvario.

L’habile construction de la pièce avec ses multiples relances, l’excellence de la captation aux cadrages soignés offrent un constant plaisir malgré les petites réserves que je développe ci-dessus.
La captation de la pièce sortira prochainement en DVD chez COPAT.fr

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