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Fiche technique :
Avec Clive Owen, Lothaire Bluteau, Ian McKellen ,Nikolaj Coster-Waldau, Mick Jagger, Brian Webber, Jude Law, Gresby Nash et Suzanne Bertish. Réalisation : Sean Mathias. Scénario : Martin Sherman, d’après sa pièce Bent. Images : Yorgos Arvanitis. Montage : Isabelle Lorente. Directeur artistique : Andrew Golding. Costumes : Stewart Meachem. Musique : Philip Glass.
Durée : 118 mn. Disponible en VO et VOST.



Résumé :
Berlin, 1935. Max (Clive Owen), un dandy volage, fils de bonne famille en rupture de ban, hante tous les soirs le grand cabaret gay de la capitale du Reich. Il vit avec Rudy (Brian Webber), un des danseurs de la troupe du lieu. Ce qui ne l’empêche pas de faire de nombreuses conquêtes. Le soir du 29 juin 1934, il ramène au domicile conjugal un beau membre des S.A. Le matin suivant, les S.S. viennent égorger cet amant de passage. Max et Rudy prennent la fuite. Une errance de plusieurs mois dans l’Allemagne nazie commence pour les deux hommes. Ils sont finalement arrêtés et déportés à Dachau.


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Rudy est abattu durant le voyage. Max troque traîtreusement son triangle rose des déportés homosexuels contre l’étoile jaune des juifs, espérant ainsi être mieux traité par ses geôliers. Sa véritable identité est vite perçue par Horst (Lothaire Bluteau), un jeune homosexuel. Ce dernier lui reproche de ne pas assumer la fierté de ce stigmate de paria. Une histoire d’amour naît entre eux. Horst est assassiné par les S.S. Max, dans un geste d’ultime révolte d’homme libre, qui équivaut à un suicide, endosse la veste de son ami sur laquelle est cousue le triangle rose…


L’avis de Bernard Alapetite :
Avant toute chose, saluons l’ambition de l’entreprise et n’oublions pas l’importance de ce film. Il fut le premier, en 1997, à mettre en scène au cinéma une fiction sur la déportation des homosexuels. L’indispensable Paragraphe 175 (DVD Eklipse) date de 2000 et le très beau et – enfin – grand public Un Amour à taire (DVD Optimale) de 2004.

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Bent est l’adaptation de la pièce éponyme de Martin Sherman. Elle fut créée à Broadway en 1979 où elle connut immédiatement le succès. C’est Richard Gere, révélé l’année précédente au cinéma par American Gigolo, qui interprétait le rôle de Max. À Paris, en 1981, alors qu’il n’avait pas joué au théâtre depuis 10 ans, Bruno Cremer reprit le rôle. Il déclara alors : « La raison pour laquelle je joue la pièce, c’est de faire découvrir au public une chose qui est restée cachée, comme une tache. Un peu comme si les triangles roses ternissaient l’image qu’on se fait des victimes des camps. D’une certaine manière la persécution continue, elle arrange tout le monde et c’est là que c’est pernicieux. Ce que je trouve formidable aussi dans cette pièce, c’est son absence de didactisme, on imagine ce qu’aurait fait Sartre ou Camus. Cette pièce est très vivante et on y trouve de nombreux thèmes. »


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Le rappel de quelques dates me parait nécessaire pour situer le film dans l’Histoire. La fuite de Max et de Rudy commence au matin de la nuit des longs couteaux, soit le 30 juin 1934 (magistralement filmée par Visconti dans Les Damnés, DVD Warner). La prise de pouvoir d’Hitler date du 30 janvier 1933. Le 24 février 1933, un décret signé Goering ordonnait la fermeture des bars fréquentés par des homosexuels. Le texte interdisait aussi la publication de revues homosexuelles, ce qui fit réagir positivement le Pape : « Le Vatican accueille avec plaisir la lutte de l’Allemagne nationale contre le matériel obscène ! » Le 6 mai 1933, l’institut de Magnus Hirschfeld est pillé.


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Le choix d’une mise en scène baroque, plus proche de celle de l’opéra que du cinéma, si elle est plaisante à l’œil, bien servie par le grand chef opérateur, qu’est Yorgos Arvanitis, s’avère contre-productive tant pour la vérité historique que pour la charge émotionnelle qui devrait nous submerger devant une telle histoire. C’est sans doute par peur d’être accusé de faire trop théâtral que Sean Mathias n’a ni joué le jeu du naturalisme ni celui d’un symbolisme dépouillé, partis pris plus sages lorsque l’on traite de faits historiques. Alors que souvent dans les adaptations de pièces au cinéma, ce sont les « aérations » qui paraissent gratuites et trahissent l’origine du film, ici ce sont les décors qui semblent souvent sortis d’une trop riche production théâtrale. Les deux flagrants exemples sont le cabaret et le loft habité par Max et Rudy.


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Si c’est très probablement l’Eldorado, la boite de nuit, qui était le point de convergence des nuits homosexuelles de Berlin, qui a inspiré le cabaret au début du film, il ne faut pas y chercher une quelconque reconstitution historique car ce que l’on voit ressemble plus à un caravansérail gay en ruines qu’à un établissement de plaisir des années 30. Les chorégraphies que l’on aperçoit sont totalement anachroniques, même si elles sont fort agréables à regarder. Bent contredit l’adage qu’un film réussi est une suite de scènes réussies. Bent n’est pas une complète réussite alors que presque toutes les scènes qui le composent sont remarquables. En particulier celles de la fuite de Max et Rudy dans la ville, puis dans la campagne, qui m’ont évoqué Tarkovsky. Mais l’on perçoit trop l’hétérogénéité du film et la certitude que le cinéaste n’a jamais eu une vision globale de son sujet.


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Il est probable que Yorgos Arvanitis, lorsqu’il a tourné le dernier plan du film – le beau mouvement de grue qui, lentement, fait s’élever et s’éloigner la caméra du corps du déporté crucifié sur les fils de fer barbelés, pendant que l’image se solarise passant par le sépia pour arriver au blanc absolu – avait en mémoire la trop célèbre diatribe de Jacques Rivette sur la morale du travelling dans le Kapo de Pontecorvo (dvd ed. Carlotta). Cela nous ramène à la question tant de fois débattue : « A-t-on le droit de faire du beau, ce final est magnifique cinématographiquement parlant, avec l’horreur et en particulier avec celle des camps d’extermination ? » Pour ma part, je répondrais qu’il est moral que le metteur en scène et son chef opérateur mettent tout leur savoir-faire pour faire communier le spectateur dans la colère et la répulsion qui les animent. Cet engagement de leurs talents respectifs sera toujours préférable au silence et à l’évitement qui ne sont que démission.


 


Pour sa première mise en scène, et unique jusqu’à ce jour, Sean Mathias a bénéficié de collaborateurs d’une exceptionnelle qualité. Les images lumineuses de Yorgos Arvanitis, un chef opérateur de grande notoriété, qui a travaillé avec des réalisateurs aussi différents que Catherine Breillat (Anatomie de l’enfer), Podalydès (Liberté-Oléron), Agnieszka Holland (Total eclipse) et bien d’autres, avec leurs travellings fluides et leurs cadrages inventifs, forment un bel écrin, surtout à la fin du film, pour le texte. Le célèbre compositeur Philip Glass, a écrit une musique élégiaque qui souvent transcende les images. Ils sont tous au service de la grande pièce de Martin Sherman, qui est jouée dans le monde entier jusqu’au Japon, depuis plus de 25 ans. Cet auteur a aussi signé les scénarios du dernier film de Stephen Frears, de Callas forever (Franco Zefirelli) et du très beau film gay Indian Summer (DVD Eklipse), mais surtout dotés d’une distribution éblouissante. Clive Owen porte tout le film sur les épaules, passant du veule dandy au héros. Mike Jagger, en avatar de Marlène Dietrich, est époustouflant. Ian McKellen, qui créa le rôle de Max à Londres en 1979 au Royal Court Theater, croque avec le talent qu’on lui connaît une caricature de honteuse précieuse. Lothaire Blutheau (Le Confessionnal) est très émouvant. Dommage que l’on ait pas revu sur les écrans le charmant petit nez retroussé de Brian Webber, qui est remarquable en Rudy.


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Le film contient de nombreuses scènes poignantes, dont une d’anthologie : Max et Horst font l’amour côte à côte, sans se toucher ni même se regarder. Cette scène était encore plus forte au théâtre, pourtant dans le film les deux acteurs sont parfaits.


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Curiosité cinéphilique, le scénariste Martin Sherman a emprunté la situation du déplacement inutile de blocs de pierre par les déportés à un autre grand homme de théâtre, Armand Gatti. Ce dernier en avait fait une des séquences mémorables de son premier film de fiction, le beau et peu connu, L’Enclos (DVD Doriane films).
Si les erreurs historiques ne manquent pas, le film montre bien la collaboration active ou – comme en France, et majoritairement – passive du peuple allemand à ces déportations, ainsi que l'absurdité d'un tel régime.
Le film a obtenu en 1995 « le prix de la jeunesse » au Festival de Cannes.
Un livre indispensable sur cette période : Histoire de l’homosexualité en Europe : Berlin, Londres, Paris 1919-1939 (Seuil) et un site qui ne l’est pas moins : http://www.triangles-roses.org.


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Le film est édité, en France, chez KVP. Une édition scandaleuse de médiocrité. Non seulement l’image 1/85 d’origine est recadrée en 4/3, mais le DVD ne comporte absolument aucun bonus ! Il me semble qu’y joindre des extraits, ou mieux la captation, d’une mise en scène de la pièce aurait été passionnant, par la comparaison que ce bonus aurait permis et la réflexion sur l’adaptation d’une œuvre théâtrale au cinéma qu’il n’aurait pas manqué de susciter… Un éclairage historique aurait été aussi bien venu, de même que les commentaires de Martin Sherman, qui est aussi coproducteur…


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Si l’on ne retrouve pas l’émotion qui nous étreignait à la découverte de la pièce, la vision d’un film aussi ambitieux, servi par de si grands talents, ne peut pas laisser de glace.
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