7. Vienne : Les désarrois de l'élève Törless de Robert Musil
En Autriche, en 1906, Robert Musil (1880-1942) n'a que 26 ans lorsqu'il publie Les désarrois de l'élève Törless. Issu d'une vieille famille de
fonctionnaires et d'officiers autrichienne, Musil s'exile en Suisse dès 1938. Il meurt à Genève sans avoir pu achever sa plus grande entreprise : L'homme sans qualité. Son roman Les désarrois de l'élève Törless a pour cadre dans une académie militaire de
Galicie et raconte l'éveil à la conscience de Törless à travers des désarrois intellectuels, moraux et charnels. Un groupe de trois collégiens complote et torture un autre camarade.
Törless, le plus passif et tourmenté des tortionnaires, se laisse attirer par Basini, la victime du chantage. Ce dernier se laisse aller à des actes avilissants et humiliants mais
séduit finalement étrangement Törless. L'homosexualité est le vice dépravant, ou la cause refoulée de la perversité tortionnaire des trois garçons Törless, Reiting et Beineberg. Elle
est l'anomalie dégoûtante confinée au plus vif secret, certes, mais aussi un moyen pour Törless de lever un voile et d'entrevoir le côté obscur, silencieux et cosmique de la vie. La
façon dont Musil a intégré le thème de l'homosexualité et les fonctions qu'il lui assigne sont révélatrices des vues de l'époque sur l'homosexualité dans la société autrichienne. Dans
une lettre qu'il écrit à un critique à propos du succès de son livre, dont on a retrouvé le brouillon dans son journal intime, Musil s'explique sur le choix de l'homosexualité : "Je
ne veux pas rendre la pédérastie compréhensible. Il n'est peut-être pas d'anomalie dont je me sente plus éloigné. Au moins sous sa forme actuelle. (...) Les belles études des
psychiatres français, par exemple, me suffiraient pour comprendre, revivre, et me semble-t-il, recréer n'importe quelle anomalie aussi bien que celle, relativement courante, que j'ai
choisie."
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Robert Musil
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